Citations de Viktor Lazlo (65)
Je suis ces mois qui m'ont fait sortir de l'enfance par une porte qui s'ouvrait sur l'horreur. Je suis cette jeune femme encore debout que le viol n'a pas tuée. Je suis un maillon de l'interminable chaîne de mes semblables dont la destinée fût moins clémente que la mienne. Je suis une résistante car je suis ce que j'ai vécu, ce qui m'est arrivé et ce que j'en ai retenu.
Monsieur et Madame assistèrent à la cérémonie, je fus inscrite au registre des biens meubles du domaine des Bois-Tranchés sous le nom de Marie Olvidia.
Mademoiselle, osez vivre dans cette société qui ne claironne pas votre bienvenue, qui refuse de vous faire sentir que vous lui appartenez. Ne lui appartenez jamais, servez-vous d'elle. Je vous parle ainsi parce que vous êtes intelligente. Les femmes sont tellement éloignées de la bêtise des hommes ! C'est le mode de vie de nos ancêtres, la peur qu'elles inspirent aux hommes qui les a confinées dans la sottise, pas leurs gênes!.
Le regret est une victoire, Ephraïm. Puisque aucun être humain n'est parfait, chacun de nous doit porter un regard critique sur ces actions et c'est ce que tu es en train de faire.
Et quand il joue de son violon, c'est une vallée tout entière qui coule de son instrument, une vallée heureuse et triste. Samuel est un poète, un rêveur, un enfant, mais pas un homme.
Elle voulait jouer, rire et s'ébattre avec les garçons sur les rives sableuses de l'Oubangui, elle ne voulait pas être une femme puisqu'elle n'avait pas encore fini d'être une enfant.
Les regrets sont un maigre recours quand la culpabilité ronge le coeur.
Les applaudissements feutrés des dames gantées s'élevaient au-dessus des coiffures et les regards satisfaits se renvoyaient leurs approbations mutuelles.
Un soir, lassée par ces sonorités exaspérantes, je me suis retranchée dans ma chambre et j'ai repris le livre de Billie Holiday. Il m'arrivait souvent de l'ouvrir, comme un recueil de haïkus dans le quel on trouve toujours un sujet de réflexion. Il était mon livre de chevet, ma bible.
Devant le regard hypnotisé de Wilfred, la plus grande chanteuse de jazz de tous les temps, l’idée absolue que n’importe quel amateur se fait de LA chanteuse de jazz, la voix la plus douloureuse et la plus blessée du jazz, demeure intouchée, même pas écornée.
C’est étrange comme elle lie dans une fraternité morbide son mari Louis McKay et l’héroïne, sa sœur des jours mauvais. L’un inséparable de l’autre. Les jumeaux d’un carnage annoncé.
comme on inviterait un intrus à prendre place car on sait qu’il est là pour un moment et qu’on ne le délogera pas. De toute façon, rêver est inutile.
Il y a tant de choses, mon Fred, tant de choses à dire et si peu de temps… » Ce temps qui n’obéit qu’à lui-même, qui file quand on veut le retenir et traîne sa vacherie quand on veut en finir, c’est de lui et de sa supérieure, la destinée, que dépendent les autorisations à vivre.
Son phrasé, ah ! Ce phrasé à nul autre pareil, cette façon rien qu’à elle de se déplacer dans la chanson en donnant l’impression qu’elle n’est jamais loin du gouffre, qu’elle va se planter hors du tempo. Mais le tempo, il est en elle, enfoui en toute sécurité dans ce phrasé né sur les trottoirs de Baltimore. Né dans la trompette de Louis Armstrong.
Billie Holiday occupait désormais le terrain. Son seul souvenir suffisait à faire passer le temps.
On ne brûle pas impunément la chandelle par les deux bouts.
C’est quand la porte se referme que surgissent les mots qui n’ont pas été dits, ceux auxquels on n’a même pas pensé tellement on était occupé à grandir comme une fleur sur une bouse de vache.
L’homme est cruel lorsque ses choix le forcent à tourner le dos à ses promesses.
La publicité, voilà un métier d’avenir et franchement, s’il a l’intention de continuer à brûler la vie par les deux bouts, mieux vaut choisir une profession dans laquelle la fréquentation de la nuit est vivement souhaitée, voire encouragée.
Il a un talent caché, une botte secrète qu’il conserve jalousement, avec l’idée de plus en plus pressante qu’elle lui servira bientôt. Il dessine. Il caricature. Il croque. Tout ce qu’il veut, dans tous les styles existants, et ce talent, il est seul à le connaître.