Citations de Virgile Dureuil (126)
C'est le soir, il est 9 heures. Je suis devant la fenêtre.
Une lune timide cherche une âme soeur mais le ciel est vide.
S'asseoir devant la fenêtre, le thé à la main, laisser infuser les heures, offrir au paysage de décliner ses nuances, ne plus penser à rien...
... et soudain saisir l'idée qui passe, la jeter sur le carnet de bord.
Usage de la fenêtre: inviter la beauté à entrer et laisser l'inspiration sortir.
Quand on se méfie de la pauvreté de sa vie intérieure, il faut emporter de bons livres: on pourra toujours remplir son propre vide.
Qu'était l'histoire? Un rêve effacé, d'aucune utilité pour notre présent trop petit.
En voyage, l'arrivée me procurait toujours un soulagement doublé de mélancolie : l'aventure était finie, le rêve était mort, il s'était mû en souvenir. J'avais convoyé mes fantômes, j'avais porté leur mémoire. Nous étions arrivés, J'allais me défaire du fardeau.
Les arbres ont repoussé, mais la terre, elle, continue à souffrir. Alors, il faut la regarder en silence car les fantômes la hantent.
Un haut lieu, c'est un arpent de géographie fécondé par les larmes de l'histoire, maudit par une tragédie, un terrain qui, par-delà les siècles, continue d'irradier l'écho des souffrances tues ou des gloires passées.
Nous autres, latins, nourris de stoïcisme, nous tentions de saisir le bonheur partout où il chatoyait.
Les cylindres hurlaient dans les ornières car nous étions trop lourds et la piste était une balafre de boue gelée.
Devant les bulbes multicolores de Basile, je songeais aux soldats français.
Comme ils durent être saisis en ce 14 septembre, lorsqu'ils aperçurent ces dômes byzantins, ces crénelures rouges et ces bulbes pâtissiers, plantés dans la ville au douze cents clochers et coupoles bleu de ciel, semées d'étoiles d'or et reliées entre elles par des chaînes dorées.
Le cigare et la vodka, compagnons idéaux de ces moments de repli.
Et les ligues hygiénistes voudraient interdire ces bienfaits ! Pour nous faire parvenir à la mort en bonne santé ?
Au fond de la taïga, je me suis métamorphosé.
Le souvenir est une impulsion électrique comme une autre.
Rien ne vaut la solitude. Pour être parfaitement heureux, il me manque quelqu'un à qui l'expliquer.
Qui a raison ?
Le moujik autarcique qui remet son âme au ciel mais ne pénètre jamais dans un magasin ?
Ou le moderne athée, affranchi de tout corset spirituel, mais qui est contraint de téter les mamelles du système et de se plier aux injonctions imposées par la vie en société ?
Faut-il tuer Dieu, mais se soumettre aux législateurs, ou bien vivre libre dans les bois en continuant à craindre les esprits ?
J'ai découvert qu'habiter le silence était une jouvence.
J'ai laissé s'envoler le bonheur.Etre heureux, c 'est savoir qu'on l'est.
Dans la forêt, seules choses fiables : la hache, le poêle, et le poignard.
Je n'ai pas l'intention de cohabiter six mois avec une âme en peine, j'ai assez de la mienne.
Si la nature pense, les paysages sont l'expression de ses idées.
Je marche, je marche, c’est tout ce que je sais faire.