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Citations de Virginie Deloffre (76)


Depuis le temps que la Sibérie sert de dépotoir aux gouvernements, tsariste ou communiste, voilà une chose qui ne change guère à travers les siècles qu'on fait office de poubelle de la Russie.
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L'été sibérien est aussi bref et éblouissant qu'un éclair. Dès les premiers signes de printemps, la nature se précipite. Elle sait que le temps lui est compté, alors les plantes rivalisent de vitesse. On verdit, on bourgeonne, on fleurit, on s'active au galop. Chacune fait ses préparatifs dans le plus grand secret, l'air est encore froid, le sol trouble et hésitant. Mais quelques jours passent et soudain, l'été est là. La végétation se montre dans ses plus beaux atours, parée comme une mariée pour la noce. Des rouges incandescents, des rouilles, des safrans, des pourpres embrasent alors la terre l'espace d'un point d'orgue, avant de disparaître sous le poids de l'hiver.
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Elle a beau dire, un enfant ça bouge. Sans être spécialiste, c'est même ce qui vous saute aux yeux les concernant, c'est une espèce mobile, très différente des pierres auxquelles il était familier.
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Paraît que ça existe le scorbut des âmes. Quand on s'étiole, par manque de subsistance à l'intérieur.
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C'est trop grand, ce pays, c'est démesuré à la fin ! C'est ça qui nous porte sur le système. J'ai lu quelque chose là-dessus dans un des livres de Dimitri : le problème en Russie, qu'y avait écrit, c'est que 5 000 kilomètres séparent une idée de la suivante.
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- Pensez donc, elle n'est pas venue depuis son mariage ! Ca fait au moins cinq ans.
- Six, a corrigé Varvara, six ans ça fait. Il a fallu qu'on lui spoutnike son mari pour qu'elle se souvienne de nous.
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On avait atteint une sorte d'acmé quand le gouvernement avait annoncé que les examens d'histoire n'auraient pas lieu parce qu'il fallait refaire les manuels. C'est là qu'on avait pris la mesure du vide de passé dans lequel on était plongés, et de l'apnée que cela représentait. Les fariboles avaient repris de plus belle. Quand on n'a pas de mémoire en soi, et pas d'avenir devant, il faut bien inventer.
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Le seul espoir de survie quand la glace cède sous vos pieds, c'est de lancer au loin un crochet, un harpon, n'importe quoi qui puisse tenir un peu, et d'essayer de se hisser tout doucement, à plat, en rampant sur la plaque. Le problème, c'est le traîneau. Les affaires qu'on tire derrière soi, parce qu'on ne peut vivre sans, la tente, le duvet, le réchaud. Ou encore la petite balle rouge qu'on trimbale partout. Quand la glace se rompt, si le traîneau part aussi c'est fini. Il vous entraîne vers le fond de tout son poids. Il faut le détacher, il n'y a pas d'autre solution de s'en sortir. [...]
C'est cela qu'elle n'avait pas voulu faire. Elle avait cru que Vassia avait suffisamment de force et qu'en s'accrochant à lui, il arriverait à haler le tout, elle et ce passé qu'elle portait, si lourd, dont elle cherchait sans fin le souvenir en restant immobile sur la chaise.
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La Lune a un petit frère ! Elle s'est cachée, comme tous les aînés elle fait la fête. Son frère s'appelle Spoutnik, ça veut dire compagnon. Il est russe, minuscule, et en plus il ne sait dire que bip bip bip.
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Mais c'est à cause de lui, aussi. Il vient, puis il repart à la Base. Il vient et il recouvre tout avec sa force, ses tourbillons d'écume, son énergie. Puis il se retire, il ne reste qu'une immensité déserte, jonchée d'instants échoués sur le sable, où je marche seule. Vassia, il est la marée.
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Encore une lettre, chargée de son départ, puis en viendra une autre, pleine de son arrivée, et ainsi de suite, ainsi va le métronome de mon histoire, une longue procession de lettres qui s'amoncellent et jonchent le tiroir de Mitia.
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Le bonheur est-il comme la pâte dont on fait le pain, qui se lève, puis bientôt se rassit ? Me voilà désertée à nouveau, Vassili est reparti à la Base.
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C'est la fameuse Laideur Soviétique, inimitable, minutieusement programmée par le plan, torchonnée cahin-caha dans l'ivrognerie générale, d'une tristesse inusable. Un mélange d'indifférence obstinée, de carrelages mal lavés, de façades monotones aux couleurs uniques -gris-bleu, gris-vert, gris-jaune-, témoins d'un probable oukase secret ordonnant le grisaillement égalitaire de toutes les résines destinées à la construction du socialisme avancé. Un genre de laideur qu'on ne trouve que chez nous, que l'Ouest n'égalera jamais, malgré les efforts qu'il déploie à la périphérie de ses villes (p.49/50)
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La terre et la mer se confondent, uniformément blanches et plates l'une et l'autre, sans ligne de fracture visible. L'oeil porte si loin dans cette blancheur, qu'on croit percevoir la courbure de la terre à l'horizon. A ce point d'immensité l'espace devenait une stature, imprégnant chacun des êtres qui l'habitent, une irréductible liberté intérieure qui fait les hommes bien nés, les Hommes Véritables, ainsi que ces peuples [les Nénètses] se désignent eux-mêmes. (p.85)
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Mais alors je vous assure, quel galimatias ! Elle peut pas parler comme tout le monde, non ? Des manières poétiques de s'exprimer, que vous dites. C'est drôle comme cette enfant vous a toujours rendu andouille. Petite, il suffisait qu'elle s'assoie sur une chaise pour que vous deveniez tout à fait bourrique. Parce qu'elle remuait à peu près autant qu'une souche au milieu de la forêt, vous la trouviez admirable. (p.76)
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Le bonheur est-il comme la pâte dont on fait le pain, qui se lève, puis bientôt se rassit ?
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