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Citations de Virginie Mouzat (58)


Elle disait mon prénom [Dominique]. Ce prénom choisi par elle avant ma naissance, renié en son absence, renié dès le début de sa fuite. Ce prénom choisi dans le doute, parce qu'elle ne savait pas si elle attendait une fille ou un garçon, parce qu'elle ne voulait peut-être ni d'une fille ni d'un garçon, ce prénom laissé ensuite, par paresse, faute de mieux. (p. 133)
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A la mère :

Pourquoi je t'écris aujourd'hui ? Je ne sais pas. Si, je sais, enfin disons qu'une des raisons est que je rencontre dans ma vie des colères karmiques, des rages qui appartiennent à d'autres et que j'aimante malgré moi. Tu en es la source, une lave éteinte qui brûle encore. Je ne te reproche rien. J'y reconnais les traces d'une lecture familière, ta lecture du monde. Elle provient d'un passé qui n'est plus le mien. Il y a une race d'êtres humains chez qui l'apaisement trahit leur raison d'être.
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(...) ma grand-mère avait offert à mon frère sa première mobylette. Il m'avait confié que les trépidations de la selle provoquaient chez lui, les premiers temps, des érections suivies d'éjaculations répétées. Puis il avait rougi, s'apercevant qu'il me parlait, à moi, sa soeur de deux ans sa cadette, deux ans, autant dire un gouffre. Au moment d'enfourcher sa mobylette, j'avais été un peu dégoûtée. (p. 59)
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J'ai compris qu'il savait que je mentais, c'est ce qu'exprimait sa main sur mon bras. "Pauvre petite fille", c'était le message. Raconter n'importe quoi à quelqu'un, c'est le transformer en n'importe qui. (p. 79)
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Le temps est compté. À midi pile le patron pointera sa télécommande vers le petit écran pour regarder une émission de culture générale où des candidats répondent à des questions a, b, ou c, avant de s’auto-applaudir et de se dandiner au son du jingle sous une pluie de paillettes.
À chacun ses victoires.
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Pétain a créé un nouvel ordre des architectes. Corbu, Auguste Perret et Freyssinet, sans diplôme ont droit à une dérogation. Moi pas.
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A quelle seconde [ma mère] a-t-elle décidé de partir ? J'imagine qu'un jour, c'est venu comme un vertige. Ca s'est déclaré à elle, parce qu'une voix a résonné dans sa tête. (...) Elle avait allumé une cigarette. Et puis elle a plongé lentement, en secret, au-dedans d'elle-même. Son corps mince est resté là, figé, mais son esprit, tout son être en fait, a basculé dans le vide, une formule rêvée, une formule utopique, idéale de la féminité. Immersion progressive dans le silence, dans l'intrigue de sa naissance, dans la question de sa place, dans le fatras des ambitions fanées de son mariage, son "ménage", disait sa mère, dans l'anti-destin que constituaient ses jours et ses nuits. Quel souvenir garde-t-elle de nous, de ce temps maternel qu'elle a décidé de suspendre, d'avant l'étiolement, d'avant la fuite ? (p. 48-49)
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« Mais j'avais rencontré la maison comme on rencontre quelqu'un...pour faire connaissance... »
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Il est vivant, bien vivant. La matinée ruisselle de lumière. Le bleu est bleu. Le jaune est jaune. Tout est à sa place. Déjà la tour Eiffel se profile au loin, du haut de la colline de Saint-Cloud. Il a toujours aimé glisser sous ce tunnel. Quand il fait très beau, il adore prendre ce shot de soleil dans les yeux à la sortie. C’est un sourire de bienvenue que lui adresse le monde.
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[Ma mère] était partie, pourtant mon père faisait des oeufs au plat. Et moi je venais d'entrevoir le pouvoir phénoménal des absents. (p. 21)
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Il me semble que tout disparaît, que je ne me souviens plus de rien. Tu es celui par qui advient l'oubli. Celui par qui je cesse d'être celle que j'étais. Je ne suis plus faite de la même matière. Je ne suis déjà plus celle que tu as rencontrée. Cette nuit est un passage. Un pont vers un autre cercle.
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Les gens ont peur de moi. Les femmes ne m'invitent pas. Je n'ai pas beaucoup d'amis. J'effraie les femmes seules, les femmes mariées, celle qui vont se marier, les divorcées, celles qui cherchent un homme. Je ne suis pas invitée parce que je suis sans généalogie, sans précédent, parce que je suis sans suite. Parce que je ne suis pas inscrite et que je ne le veux pas. Pour cette raison, elles n'ont pas fait de moi leur sœur.
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Le plus surprenant, c’est que les mères de famille ne descendent pas dans la rue pour dénoncer cette arnaque. La seule fois où je les ai vues manifester, c’était justement pour protéger la sacro-sainte famille, un père, une mère, des repères. Que veulent-elles préserver au juste ?
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Pierre et moi toujours jubilants en pleine nature, les poches pleines de cailloux et de feuilles mortes. Nous sommes des glaneurs de beauté.
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paraît qu’à notre insu, nous gardons en mémoire une centaine de comptines, un patrimoine où tremper les enfants, des meuniers endormis aussi improbables que des souris vertes. Moi qui ai toujours eu besoin d’alcool pour chanter en public, voilà que j’oublie de me regarder. Est-ce là que l’amour se tricote ? Je chante faux et le bébé est heureux. Il ne songe pas à se plaindre, ni à chercher une mère qui chanterait mieux, non, il affiche un aplomb sans faille.
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Tous ces objets naturels, anonymes, humbles et fonctionnels m'ont mille fois mieux parlé du Japon que ses tentatives d'imiter l'Occident. Ici, il n'y a pas une si grande différence d'esprit entre la conception d'une maison familiale et le palais de l'empereur. Un choc quand on vient comme moi d'une Europe ou l'architecture aristocratique et bourgeoise toise l'habitat populaire.
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"Un soir, j'ai vu avant lui le trésor d'une maison, au bord d'une plage courbe. Les promesses ont afflué immédiatement. Il était sept heures du soir et la maison racontait déjà les heures à venir, les soirées, les verres givrés de glaçons dans l'air chaud, la peau cramée, les matins tôt, les siestes et les départs, l'attente, les heures vides, le corps nu en pleine lumière..."
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[1974]
(...) Paris, pôle absolu de notre vie d'ici, ville dont on disait qu'elle n'était plus vivable et à laquelle on préférait la banlieue ouest où fleurissaient partout des "résidences", promesse d'un american way of life, de l'easy living californien, bordées de maisons avec jardins et piscines qui verdissent pendant l'hiver. (p. 14)
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Ma mère était partie. Volatilisée. Et nous, mon frère et moi, ne savions pas où elle était. Nous ne savions pas pourquoi. Mon père, son mari, en nous disant qu'il allait la voir, gardait un secret. (p. 16)
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Partout il me semblait que j'étais seule, sans mon père. Mais avec elle, ma mère. Prégnance de son image, de son fantôme en fourrure, jambes nues, à l'angle des allées, dans les galeries, sur une marche d'escalator. Trace de Chamade. Pouvoir des absents.
Partout, je surprenais une femme qui ne m'aurait pas vue mais que j'aurais suivie, jusqu'à sa voiture puis jusque chez elle. J'aurais découvert par surprise le cadre de sa nouvelle vie.
Mon père était là, à mes côtés, je le sentais qui voulait prendre ma main mais je n'étais plus une petite fille, sa petite Dominique, sa petite Dom. p.44
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