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Citations de Virginie Ollagnier (169)


La folie qu'on attribuait aux femmes était souvent l'expression des violences qui leur avaient été faites.
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[...] Il était le référent de la General Electric, d’Union Carbide, de DuPont ou encore de Monsanto. En d’autres termes, Nichols gaspillait son temps à le contredire et perdait de vue l’ensemble du projet. Secundo, Nichols n’était que le financier de ces entreprises. N’avait-il pas obtenu une rallonge de six mille tonnes de lingots d’argent du Trésor américain en prévision d’investissements pharaoniques des grandes entreprises au service de la guerre ?
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[...] Mardi 2 juillet 1946, New York « L’affaire est sans espoir. » Oppenheimer froissa le journal et le jeta sur la table du hall de l’hôtel. Le Washington Post annonçait le succès de l’essai nucléaire sur Bikini. [...] C’est fini. Nous ne trouverons plus d’accord aux Nations unies. Les militaires ont fait péter la première bombe atomique en temps de paix.
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[...] Oppenheimer avait-il été naïf, mais il comptait bannir les armes atomiques, comme en 1925 les gaz de combat, vestiges de la Première Guerre mondiale, avaient été interdits.
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[...] Peut-être se croyait-il plus qu’un autre responsable de l’apocalypse nucléaire.
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[...] Après avoir compris que le rouge, l’ennemi héréditaire, masquait l’injustice sociale accomplie sur le sol américain par les multinationales.
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La charité n'autorise pas la maltraitance.
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Lundi 16 novembre 1942, Mesa de Pajarito, Nouveau-Mexique.
Oppenheimer rencontra le Nouveau-Mexique du temps où il se voulait écrivain. Il devint cow-boy. La découverte de la vitesse du galop, du lustré de la robe et de l'odeur animale chez l'adolescent contemplatif eut l'effet d’une bombe.
Le galop et Katherine Chaves-Page. Le camp de base aux randonnées était une simple cabane de rondins surplombant la rivière Pecos, louée à une famille d’aristocrates désargentés dont Katherine Chaves-Page était l'héritière. Très vire elle avait montré son admiration pour la culture et la vivacité de l’adolescent. Très vite il était tombé amoureux du regard posé sur lui. Il avait redressé la tête, bombé le torse et tenté d’impressionner la cavalière. Pour la première fois, il voyait la fin de son enfance comme un espoir. Il existait un moment proche où l'incompréhension dans laquelle il se débattait depuis son entrée à l'école prendrait fin. Un temps où il aurait une place. Il n'avait jamais été enfant et, s'il était né vieux, ce n'était bientôt plus une fatalité. p. 39
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À la retraite, j’ai pris mes aises dans le grenier. Sur le mur de droite, j’ai suspendu la photographie de Frank et de Robert enfants. Cheveux peignés, pose artificielle et culottes courtes. Je n’en connais pas la date exacte, mais la situe autour de 1914 ou de 1915. Le costume sombre, trop grand de Robert est épinglé d’une cravate. Le costume marin blanc de Frank, de nœuds. Portrait de studio. Bottines noires à lacets craquantes de cirage. Bottines blanches à boutons et chaussettes blanches en accordéon. Deux enfants, deux esprits brillants nés à huit ans d’écart. Assis, Robert tient Frank serré contre lui. Robert sourit à peine, promesse d’un bon fils. Frank sourit large, encore trop jeune pour promettre. Entre eux se tient invisible la mort de leur frère Lewis Frank Oppenheimer, quarante-cinq jours après sa naissance. Un frère disparu quatre années après Robert, quatre années avant Frank. Dans l’étroitesse de leur fraternité, capturé par le photographe, se cache le serment de protection.
Voilà toute l’histoire. Pour assassiner Robert, la guerre froide commença par exiler Frank. Après avoir assigné Hollywood puis quelques politiciens de Washington, le Comité sur les activités anti-américaines a braqué ses lumières sur les scientifiques. Il faut dire qu’ils prenaient des libertés sur le discours officiel. Encore convaincu d’être un citoyen parmi les autres, Robert déclarait : « Il faut nous souvenir que nous sommes une puissante nation. Les États-Unis ne doivent pas conduire leurs affaires dans une atmosphère de peureuse méfiance. Des politiques développées et menées dans une telle atmosphère nous engageraient dans toujours plus de secret et une menace de guerre imminente. » Il était temps de le faire taire. Pour le faire taire, il fallait menacer l’être sur le berceau duquel il s’était engagé à protéger la vie. Et Frank était en danger. Si le Comité sur les activités anti-américaines condamnait le communisme de Frank, il n’enseignerait plus la physique à l’université du Minnesota, il deviendrait un paria. Et paria, il le devint.
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Où comment Robert Oppenheimer propose le site de Los Alamos pour fabriquer la bombe
Au Nouveau-Mexique, la puissance de la nature est plus sensible qu’ailleurs. Elle jaillit des cascades, de la fraîcheur de l’ombre des arbres, du chant de la brise, du frémissement de la peau des chevaux, de la gorge des oiseaux, des parfums fauves de la terre. Cette musique colorée d’immensité révèle la mélodie intérieure de Robert. Contrairement à nombre de ses collègues, il n’était pas musicien. Sa musique à lui s’habillait de mots. De mots tranchants comme l’air des hauts plateaux, soyeux des torrents et solides de soleil. Voilà ce qui lui a été reproché, faire entendre sa voix tranchante, soyeuse et solide. Révéler à mots choisis ses doutes.
J’ai volé le deuxième volume de Hound & Horn dans une bibliothèque. Je n’ai pas oublié de le rendre, non, j’ai glissé la publication de Harvard contre ma poitrine, sous ma veste, délibérément. Je voulais posséder un poème de Robert dans son emballage d’origine. Je sais, c’est ridicule, mais en le serrant à nouveau entre mes doigts, en respirant son papier jauni, pas un instant je ne regrette mon geste. Le poème Crossing raconte le Nouveau-Mexique, la patience des chevaux, l’immensité de la terre et des cieux, l’effort, la nécessaire liberté.
Lundi 16 novembre 1942, mesa de Pajarito, Nouveau-Mexique
Oppenheimer rencontra le Nouveau-Mexique du temps où il se voulait écrivain. Il devint cow-boy. La découverte de la vitesse du galop, du lustré de la robe et de l’odeur animale chez l’adolescent contemplatif eut l’effet d’une bombe.
Le galop et Katherine Chaves Page. Le camp de base des randonnées était une simple cabane de rondins surplombant la rivière Pecos, louée à une famille d’aristocrates désargentés dont Katherine Chaves Page était l’héritière. Très vite elle avait montré son admiration pour la culture et la vivacité de l’adolescent. Très vite il était tombé amoureux du regard posé sur lui. Il avait redressé la tête, bombé le torse et tenté d’impressionner la cavalière. Pour la première fois, il voyait la fin de son enfance comme un espoir. Il existait un moment proche où l’incompréhension dans laquelle il se débattait depuis son entrée à l’école prendrait fin. Un temps où il aurait une place. Il n’avait jamais été enfant et, s’il était né vieux, ce n’était bientôt plus une fatalité.
Le galop et Katherine Chaves Page avaient changé le jeune homme fragile en un athlète fantasque. Il sondait son talent pour l’endurance, parcourant la région de Sangre de Cristo d’une montagne à l’autre, traversant rivières, canyons, vallées. L’équitation corrigea sa gaucherie, sans pour autant guérir son étrange manière de se déplacer. Mais, Katherine trouvant sa démarche charmante et audacieuse, il s’autorisait à conquérir l’immensité d’un État plus vaste que certains pays européens, à conquérir Katherine de dix ans son aînée. Sans retenue, sans excuse ni permission, il se découvrit heureux.
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Lorsque Oppenheimer était allé trouver Truman pour dénoncer le sang qui rougissait ses mains depuis Hiroshima, ce dernier lui avait rappelé sa place négligeable dans la chaîne de commandement. Lui seul avait ordonné le bombardement. Lorsque le président avait exhorté Oppenheimer à rejoindre l’équipe du test Able, le scientifique avait refusé, considérant la démonstration mathématique établie : plus proche de l’explosion égale plus de dégâts. Après cela, ils étaient demeurés chacun de son côté de Virginia Avenue.
Oppenheimer regarda au-dessous de la terrasse, tout en bas, jusqu’au vertige, les passants minuscules. Le 14 juin 1946, le gymnase du gothique Hunter College de New York avait été l’épicentre du monde, la capitale de l’élite diplomatique ; un ballet de voitures pavoisées, de drapeaux nationaux, pour un espoir de paix au sein du bâtiment temporaire de ¬l’Organisation des Nations unies. Peut-être Oppenheimer avait-il été naïf, mais il comptait bannir les armes atomiques, comme en 1925 les gaz de combat, vestiges de la Première Guerre mondiale, avaient été interdits. Il prétendait à la création d’une Autorité inter¬nationale de développement atomique à laquelle seraient confiés la recherche et le développement des applications pacifiques de l’énergie nucléaire, ainsi que la prévention de la construction et l’élimination des armes de destruction massive. Le Doctor Atomic avait déclaré le contrôle de l’atome, par toutes les nations, pour tous les peuples. Préférant les promesses économiques de la guerre froide à la concorde, Truman avait envoyé le courtier Bernard Baruch pour le remplacer. Baruch, membre du conseil d’administration des Mines Newmont propriétaires de mines d’uranium, était venu encadrer l’extraction minière. Là où le rapport Acheson-Lilienthal rédigé par Oppenheimer entendait contrôler la chaîne nucléaire des mines aux affectations scientifiques, Baruch avait prêché un désarmement total, promettant aux contrevenants des représailles atomiques exercées par l’Amérique seule. L’application de ces sanctions exigeait des membres du Conseil de sécurité de l’ONU de renoncer à leur droit de veto. Les négociations avaient été rompues.
L’optimisme féroce d’Oppenheimer l’avait poussé à suivre la délégation Baruch et à assister au dévoiement de ses propositions. Peut-être reste-t-il encore une chance, avait-il espéré.
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Mardi 2 juillet 1946, New York
« L’affaire est sans espoir. » Oppenheimer froissa le journal et le jeta sur la table du hall de l’hôtel. Le Washington Post annonçait le succès de l’essai nucléaire sur Bikini. La veille, la Navy avait vérifié qu’une bombe atomique était en mesure de couler un bateau de guerre, question à laquelle Oppenheimer avait répondu au président Truman, des mois auparavant, d’un laconique : « Oui, ce type de bombe peut couler un navire, l’unique variable à votre test est la distance séparant le bateau de l’explosion. »
Devant les ascenseurs, son regard gris fumée croisa le sourire désolé de son ami Isidor Rabi. Le sourire triste disait : « On s’est fait baiser, mon gars. » Depuis quelques jours, sans se le dire, ils avaient admis l’échec de leur plan, et la bombe atomique Able sur Bikini venait de l’homologuer. Rabi appuya sur le bouton-poussoir de l’ascenseur. « Opération Croisée des chemins : tu ne peux leur reprocher de manquer d’humour ! » Oppenheimer ne répondit pas, il tentait de juguler le froid de la colère plongeant dans ses veines. Des deux, il était le plus bouleversé, le moins résolu à l’abdication. Peut-être se croyait-il plus qu’un autre responsable de l’apocalypse nucléaire.
Dans le grincement mécanique de l’ascenseur les tirant vers le ciel nocturne, vers la terrasse de l’hôtel, au-dessus de New York, ils n’échangèrent plus un mot. À l’étage, le long couloir sentait la poussière de tapis et le vieux tabac. Parvenu devant la porte de sa chambre, Rabi hésita. Il reconnaissait les symptômes de la colère d’Oppenheimer. Givre intérieur, elle blanchissait ses lèvres. Il posa sa main chaude au-dessus du coude de son ami. « On fait monter le service d’étage et c’est toi qui régales. »
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Mardi 25 septembre 1945, Capitol Hill, Washington D.C.
Pour sa première conférence de presse, tous levèrent les yeux vers lui. En haut de l’escalier blanc, sa silhouette avait capté leur attention à la manière des super-héros à la mode. Comme eux, il était identifiable à un abrégé de vêtements, comme eux il possédait une faculté exceptionnelle. C’était cette dernière que les journalistes étaient venus observer. Oppenheimer avala les marches, projeté en avant dans un balancement de bras trop grands, de jambes trop longues. Comme les super-héros, le Doctor Atomic révélait une humaine et décevante banalité.
Oppenheimer se plaça devant les micros, face à la caméra, retira son chapeau, passa sa langue sur ses lèvres séchées de gravité. Ce qu’il s’apprêtait à énoncer sous un soleil d’été indien, face aux jardins du Capitole, serait concis, brutal. Des mots coûteux. Vers la droite, il jeta un œil au petit homme brun à lunettes, une main inquiète portée au visage. Alors, il regarda derrière la caméra, derrière le Washington Monument, derrière le Lincoln Memorial, planta ses yeux dans les yeux des téléspectateurs derrière l’œil mécanique et, sur un geste du caméraman, dit : « Il m’a été demandé si dans les années à venir il serait possible de tuer 40 millions d’Américains dans les vingt plus grandes villes du pays en une seule nuit grâce à des bombes atomiques. Je le regrette, mais la réponse est oui. » Il fit une pause après l’annonce de la mort potentielle de 40 millions ¬d’Américains. Un instant, le temps d’humecter ses lèvres, il chercha l’acquiescement derrière les lunettes du petit homme brun. Puis il déroula son allocution, capturant cet après-midi-là l’attention de ses compatriotes installés dans leurs salons devant le journal du soir. La bobine de film copiée serait diffusée aux grands médias de Washington, puis voyagerait vers les chaînes de télévision de chaque État. Le soir même, tous sauraient. « Il m’a été demandé s’il existait des contre-mesures aux bombes atomiques. Je sais que les bombes que nous avons créées à Los Alamos ne peuvent être détruites par des contre-mesures. Je crois qu’il n’existe aucun fondement qui permettrait de croire que de telles contre-mesures puissent être développées. Il m’a été demandé si la sécurité nationale repose sur l’espoir de tenir secrètes nos connaissances dans le domaine des bombes nucléaires. Je suis désolé, mais un tel espoir n’existe pas. Je pense que le seul espoir pour notre sécurité future repose sur une collaboration avec le reste du monde, basée sur la confiance et l’honnêteté. »
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(Les premières pages du livre)
Ou comment Robert Oppenheimer entre en politique

Avant d’ouvrir les yeux, au moment où je sais que je rêve ou ne rêve déjà plus, les sons familiers me rappellent mon existence. Pour la dernière fois, le soleil se lève sur mon quartier. Avant d’ouvrir les yeux, je connais l’heure, je sais la pluie ou comme aujourd’hui la lumineuse aurore. J’entends rouler le camion des ordures, siffler le môme qui distribue mon journal, la voiture de Christine parfois, lorsque je traîne au lit.
Ne cède pas encore, écoute, me dis-je pour repousser les emmerdements qui s’ouvrent devant moi. C’est ainsi que je fais, je ferme les yeux. Par-dessus le barrage de ma volonté, malgré mon désir de reporter ce déménagement, malgré la colère, l’image de Robert renaît à mon esprit. Ça faisait longtemps, lui dis-je en comprenant combien sa présence est singulière et cohérente. C’est aujourd’hui que je me défais de mon temps, de ma vie telle que je l’ai toujours connue, mais j’emporte Robert dans mes cartons. Je quitte la maison mais il me suit. Pourquoi est-ce l’idéaliste Robert Oppenheimer, du haut des marches du Capitole, qui me vient ? Pourquoi l’homme puissant décidé à changer le monde ? Pourquoi pas le scientifique éreinté au lendemain de son procès, le visage défait, qui me hante depuis cinquante années ? Je me tourne vers mon poste de radio. Il ne ronronne pas encore les informations, mais son cadran lumineux dénonce l’heure et la date. Nous sommes le 29 juin 2004, il est 7 h 34. Exactement cinquante ans. Jour pour jour. Dix-huit mille deux cent soixante-deux aurores d’une vie à l’autre, d’une époque à l’autre, d’absurdes parallèles. Absurde coïncidence qui me réveille tout à fait. Un méchant hasard sépare mon matin du 29 juin 1954, jour du rendu du procès de Robert. Je me retourne, fâché. Mon matin attendra encore un peu.
Mais le matin ne m’attend pas, il fourmille de souvenirs. Comment ai-je pu autoriser l’assassinat de cet homme ?
À Newton la pomme tombée. À Einstein la langue pendue. À Robert le chapeau. À Robert le soleil du Nouveau-Mexique. Une allégorie de l’Amérique dans ce qu’elle se voyait de vaste, d’indomptable et de moderne. Robert, la bombe atomique, la domination, l’impérialisme, mais aussi la protection, le refuge, la défense. Robert, le sentiment national, l’unité, l’appartenance, mais aussi la déchirure, la désunion, la séparation. Robert le gauchiste, le communiste, l’ennemi de l’intérieur, le traître, l’espion, le conseiller des présidents traîné devant les juges du maccarthysme.
Le sommeil m’a laissé tomber. Chaque matin, je me réveille dans la peau du juriste qui a monté le dossier contre Oppenheimer. Je me réveille dans une peau vieillie et lâche... Lâche. Le mot, à peine passé, est pensé, puis pesé. C’est certain, je suis le lâche qui a fourni les armes, celui qui a introduit le soupçon dans le Droit, celui qui a mis fin à la présomption d’innocence aux États-Unis, à commencer par celle de Robert. J’étais l’outil d’un conglomérat qui me dépassait. J’étais l’avocat de la Commission à l’énergie atomique, un juriste qui a bien fait son travail, le juriste qui a assemblé les événements pour les travestir en preuves, qui a offert aux politiciens, aux militaires, aux industriels, aux prophètes de la Big Science la tête de Robert. J’ai permis de faire condamner pour défaut de loyauté un consultant sans pouvoir décisionnaire. Je suis tous ceux qui ne l’ont pas soutenu, qui n’ont pas dénoncé la forfaiture des puissants.
Avant l’humiliation du génie, la Commission à l’énergie atomique et ses partenaires militaires, industriels et universitaires ont profité de son éclat. Un héros trop utile. Afin de promouvoir l’avenir nucléaire, ils ont même embauché des substituts de l’icône. Je me souviens d’un film promotionnel de 1951 mettant en scène la ville atomique de Los Alamos. Après avoir présenté les habitants, les activités et masqué les secrets sous une musique enregistrée par l’orchestre de l’US Air Force, la Commission achève son film sur un vrai ou un faux docteur Oppenheimer. Les images dignes de Hollywood ont de la gueule. Les derniers rayons de soleil éclaboussent l’objectif de la caméra depuis la Colline de Los Alamos dans un chatoiement d’or et d’ocre typique du Nouveau-Mexique, les traits de lumière dorée dessinent une silhouette de danseur. Ainsi posté en haut d’une tour d’observation, Robert jette un rapide coup d’œil sur la journée écoulée, avant de courir ailleurs, à pas pressés, là où le public l’imagine à de nouvelles conquêtes scientifiques. Un plan si bref qu’aucun spectateur ne discerne le visage de l’homme, un plan si large que le spectateur imagine reconnaître les traits du père de la Bombe. Pour les derniers incrédules, une explosion atomique, l’allégorie avant l’ultime fondu au noir sur la Colline du Capitole. La voix off rappelle la nécessité de l’arme, la force de défendre ce qui nous est le plus cher, cette terre transmise en héritage, cette terre qui est notre foyer.
La silhouette n’est pas la sienne. Le chapeau n’est pas son pork-pie. À l’époque de ce film, Robert était déjà devenu l’homme à abattre.
J’entends la voiture de Christine quitter son parking. Elle part travailler. C’est l’heure de mon thé de retraité. C’est aujourd’hui, me répété-je pour me donner du courage, je déménage aujourd’hui. C’est finalement arrivé. Et je me lève.
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Je vais enquêter, puis écrire un article pour que nous ayons de quoi manger... Mais aussi pour donner la parole à tous ceux qui en sont privés.
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Depuis toujours, des gens font fortune sur la tristesse, sur la pauvreté, sur la fragilité.
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Il y a tant d'injustices à dénoncer que ma vie ne suffira pas.
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La folie peut devenir une consolation à la réalité.
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La liberté tient souvent à la qualité du masque qu'on s'est choisi.
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Il y a tant de choses à apprendre, ma chérie. Partout dans le monde, de tout ce qui peuple la terre.
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