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Citations de W. C. Heinz (68)


Ici, le métro est aérien. Il y a quelque chose d’étrange avec ça, mais dans le Bronx, de longs tronçons de rails sortent de terre et filent loin au-dessus des rues, comme la ligne E1. J’imagine qu’un jour, ils vont l’enterrer, elle aussi, et ça sera dommage, parce que de là-haut, un jour comme celui-ci, on peut voir plein de choses de New-York.
Je veux dire que souvent, même trois ou quatre nuits après une averse, on peut encore voir sur les toits plats et goudronnés, les flaques d’eau scintillantes qui reflètent le ciel. Et quand le vent souffle, les extracteurs métalliques, certains tournent, tournent, et d’autres, leurs pales telles des crinières, s’agitent brusquement, susceptibles et nerveux, à la manière dont parfois on voit un pur-sang prendre le mors aux dents à l’approche de la ligne de départ, alors que son jockey essaie de l’apaiser, avant – si on parvient à l’entendre – de l’injurier.
Il y a aussi les pots de fleurs sur les escaliers de secours. La plupart avec des géraniums, parfois même un rosier, et toujours, bien après la saison, des lys avec les longues feuilles jaunies, un emballage de papier rose encore autour des pots.
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Nous redescendions l'allée. Jay désignait un petit oiseau au plumage vert olive avec des ailes brunes striées de blanc qui sautillait sur la branche rouge d'un érable rabougri à une dizaine de mètres de nous.
- Ça ressemble à un chardonneret, dis-je. Mais ce n'en est pas un.
- On dirait un canari, dit Jay. C'est pas un canari ?
- Tu vois cette espèce de capuche rouge ? Ça veut dire qu'il s’agit probablement d'un roitelet à couronne rubis?
- Ah ouais ?
A peine l'avais-je nommé que l'oiseau s'envola entre les pins, exhibant son ventre couleur d'olive à chaque battement d'ailes.
- C'était bien un roitelet à couronne rubis? S'il avait la tête rouge, c'était soit parce qu’il faisait sa cour, soit parce qu’il était en conflit avec un autre mâle.
- D'où tu sors tout ça ? dit Jay. Tu t'y connais en oiseaux ?
- Non, pas vraiment. Je le sors d'un livre de john Kieran.
- John Kieran... Celui qui était journaliste sportif ?
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- J’ai lu un article sur le Texas dans le journal. Ils disaient que ça faisait très longtemps qu’il n’avait pas plu. Je me rappelle plus combien, mais j’ai pas j’ai pas mal boxé au Texas, vous savez ?
- Je le sais.
- Eh ben, même quand j’y étais, c’était pas beau à voir. Je veux dire, ce coin-là, c’est pas vert comme ici. Et même à c’t’époque, les gens avaient pas l’air heureux. Je me suis dit que leur pleuvait pas assez dessus, donc je me suis dit qui faut de la pluie pour être heureux, alors moi, j’appelle plus ça du mauvais temps.
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Je ne me rappelle plus quand j'ai rencontré Doc Carroll, mais je me souviens de la nuit où j'ai vu Eddie Brown pour la première fois. J'étais à Pittsburg à la recherche d'un sujet, c'était la fin juillet et un combat en extérieur était organisé à Forbes Fields. Il faisait chaud et humide depuis des jours, et un orage avait éclaté vers le milieu de l'après-midi, obscurcissant la ville, mais déchirant le ciel d'éclairs éblouissants comme une immense faux. A présent le crépuscule tombait, et je me dirigeais vers le stade sous les frondaisons de Schenley Park, sentant l'air frais sur mon visage, mes mains et dans mes poumons, et je le voyais, après plusieurs jours presque irrespirables, ramener à la vie les gens autour de moi dans la rue. Je le voyais raviver leurs regards, ils entrouvraient le désir de marcher sans entrave, et je l'entendais, désormais sans retenue, prêt à éclater, dans les rires naissants qui montaient de leur voix.
Je m'installai près du ring et assistai aux premières rencontres, sans en attendre grand-chose, et entre les rounds et les combats, j'écoutais l'agitation de la foule et goûtais à la nuit et cherchais à déceler les étoiles que je savais présentes par-delà les lumières et le léger voile bleuté des fumées de cigarettes qui stagnait, translucide, au-dessus de nos têtes. Puis sur le ring, la demi-finale arriva, et je vis Doc, qui passait entre les cordes et les maintenait écartées pour un gamin aux cheveux clairs en peignoir de satin vert et blanc.
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- Qu'est-ce que c'est que ce truc ? dit Doc en regardant la bouteille d'eau pétillante.
- C'est très bon, dit le groom. Tout le monde en boit.
- Connais pas, dit le Doc.
- Peu importe, dis-je en signant la note. Moi, je n'en bois pas.
- Vous n'avez rien d'autre ? dit Doc.
- Tout le monde en boit, dit le groom.
- D'accord, d'accord, dit Doc en donnant un pourboire qui, surpris, le remercia et sortit en refermant la porte derrière lui. Le Doc me montra la bouteille avec sa drôle d'étiquette. "Tout ce qu'il faut, c'est une baignoire, de l'eau du robinet, une bonbonne de gaz et vous pouvez fourguer de l'eau gazeuse. J'aurais dû penser à un truc comme ça."
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- Vous ne pouvez pas sérieusement détester la télé. Mais pourquoi ? qu’est-ce qu’elle vous a fait ?
- La réponse est : tout. Aux deux questions. Votre métier pourri le mien. Quatre ans après le début des retransmissions à la télé, quarante-trois petites salles de boxe de ce pays ont fermé, parce que même un crétin ne va pas payer pour quelque chose qu’il peut avoir gratos. Et vous demandez pourquoi je déteste la télé ?
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« Mon Dieu ! dit Doc en me donnant un coup de coude. Vous voyez ce que je vois ?
- Les bonnes sœurs qui chantent ?
- Oui. Allons-nous en. C'est quoi ce bordel ?
- Le meilleur des mondes.
- Terrible. »
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Un boxeur ne fait pas partie de l'ordre normal des choses, dit-il en me fixant à travers ses lunettes. Sortez-vous ça de la tête. Vous devriez le savoir, pourtant. Un boxeur est un monstre. Il va passer dix ans dans le milieu le plus dur au monde, un milieu qui va lui siphonner chaque gramme de sa force et chaque seconde de sa vie. Il n'y a pas un geste qui ne va pas avoir d'impact sur sa boxe. Il est pas peintre en bâtiment, pas avocat, pas écrivain. Il a pas trente ou quarante ans devant lui. Il doit tout donner maintenant, ou jamais.
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- Un type loyal, vraiment. Il n’avait rien. Vous savez ce qui comptait pour lui ?
- Non.
- Les cartes de Noël. Il envoyait des cartes de vœux à tout le monde.
- Je sais. J’en recevais une chaque année.
- La moitié des gens ne le répondait jamais.
- J’en fais partie. Vous me filez à nouveau la honte.
- Peu importe. Certains le faisaient. Il les suspendait à un fil devant la vieille cheminée dans sa chambre. Il les gardait toute l’année, jusqu’au Noël suivant, et il les remplaçait par les nouvelles. Puis il rangeait les vieilles dans des boîtes sous son lit. Il a fait ça pendant plus de trente ans, elles étaient pleines à craquer. C’est son Noël à lui. Maintenant, il va falloir que je me débarrasse de tout ça.
- Vous aurez le temps après le combat.
- Je le ferai. Il faudra bien. Il n’avait rien à lui. C’est pour ça que, pour son anniversaire, je lui avais offert cette bague. J’ai cru qu’il allait se mettre à pleurer. Personne ne lui avait jamais fait un cadeau.
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Chaque personne passe sa vie à se battre, peu importe son métier. Les gens qui l'entourent peuvent chercher à comprendre, mais au fond, ils ne sont que spectateurs.
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- C’était un corps-à-corps terrible, ils essayaient littéralement de se démolir, pendant qu’une marée humaine, assise dans les ténèbres hurlait pour en avoir plus. C’était comme deux monstres préhistoriques, enfoncés jusqu’aux genoux dans la vase primitive, prêts à combattre à mort, pendant qu’autour d’eux la jungle résonnait du bruit et de l’horreur de leur affrontement.
- C’était si beau que ça ?
- Oui. C’était la vérité même. Quand on veut battre un type, on cherche à l’abattre, au sens propre. On n’essaie pas de toucher un coureur, de pousser un lanceur à la faute ou de donner de l’effet à une balle. Ça, ce sont des raffinements apportés par la civilisation.
- Ce sont deux choses différentes. Un boxeur boxe, et un joueur de base-ball joue au base-ball.
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Ça devait arriver. Quand un homme vient de mourir, il devient pour un temps, plus vivant que jamais.
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— Doc est pointilleux sur le moindre détail d’un combat, mais ses journaux, il les balance n’importe où.
— Peut-être parce qu’il méprise ce qu’il y a dedans.
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— Et vous ? Pourquoi vous aimez autant la boxe ?
— J’y trouve tellement de choses.
— Quoi ?
— Une loi fondamentale de l’homme. Le vrai sens de la vie. Un combat d’homme à homme, où quitte à battre son adversaire, mieux vaut le battre à plate couture. Pas la peine de le faire crever de faim, comme ça se fait dans le monde merveilleux du commerce. Le but, c’est de l’allonger, inconscient, sur le sol.
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Ça devait arriver. Quand un homme vient de mourir, il devient, pour un temps, plus vivant que jamais.
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Des dizaines ? J’ai bien dû en recaler une centaine. J’ai dit à chaque gamin qu’il n’allait pas y arriver, qu’il ferait mieux de devenir plombier, même mauvais il gagnerait mieux sa vie et serait pas blessé. Alors que s’il devenait mauvais boxeur, il risquerait de se faire tuer. Le môme s’en va, il me hait, il va voir ailleurs et s’améliore justement parce qu’il me hait. Il veut lui montrer, à ce Doc Caroll, mais ça ne fait pas de lui un boxeur. Parce que rien ne fera de lui un boxeur. Alors, le môme fait confiance à un pignouf qui le met entre les mains d’un amateur avec une serviette sur l’épaule, et il se fait massacrer. Il y a douze mille types qui boxent dans le monde aujourd’hui, vous savez combien sont vraiment des boxeurs ?
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Je ne crois pas dramatiser quand j'affirme que l'on, meurt un peu avec chacun d'eux, que quelque chose, si peu que ce soit, vous quitte avec lui. Je sais que plus on vieillit, plus on s'efforce de limiter cet effritement Je sais que l'on se demande quel degré d'émotion, quelle' quantité de sensibilité pathétique, combien de soi-même, on pourra continuer à donner tout au long de sa route — avant qu'il ne reste plus rien pour soi...
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Un homme qui ne prend pas la voie la plus courte quand cela lui est possible est soit incompétent, soit froussard — mais s'il est assez brave, il vaut tout de même mieux qu'il soit suffisamment documenté pour savoir ce qui se passe sur ses deux côtés, sur son avant et son arrière, et qu'il ait la précaution de garder ses routes d'échappement ouvertes jusqu'à ce qu'il soit pleinement sûr de ce qui l'attend plus loin.
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Il ne doit jamais être question de réaliser un exploit pour épater la galerie, mais il faut prendre son temps pour aller d'arbre en arbre par le chemin le plus sûr, d'autant qu'avec l'anesthésie moderne, on dispose du temps voulu et que personne n'est obligé de couper une jambe en vingt-huit secondes comme Liston le faisait il y a plus de cent ans.
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Il me semble à moi que, si je conserve à une unique personne seulement une unique journée de vie, j'aurai fait davantage pour l'humanité que tout ce que je pourrai réussir dans n'importe quelle profession, n'importe quel métier, n'importe quelle affaire.
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