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Critiques de W. G. Sebald (114)
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Les Anneaux de Saturne

Voyage dans l’espace et le temps d’un chasseur de fantômes.



«Fin août 1992, comme les journées caniculaires approchaient de leur terme, je me mis en route pour un voyage à pied dans l’est de l’Angleterre, à travers le comté de Suffolk, espérant parvenir ainsi à me soustraire au vide qui grandissait en moi à l’issue d’un travail assez absorbant. Cet espoir devait d’ailleurs se concrétiser jusqu’à un certain point, le fait étant que je me suis rarement senti aussi libre que durant ces heures et ces jours passés à arpenter les terres partiellement inhabitées qui s’étendent là, en retrait du bord de mer. D’un autre côté, pourtant, l’antique superstition selon laquelle certaines maladies de l’esprit ou du corps s’enracineraient en nous de préférence sous le signe de la Canicule m’apparaît aujourd’hui plus que justifiée. Par la suite, en effet, je ne fus pas seulement aux prises avec le souvenir d’une belle liberté de mouvement mais aussi avec celui de l’horreur paralysante qui m’avait saisi à plusieurs reprises en constatant qu’ici également, dans cette contrée reculée, les traces de la destruction remontaient jusqu’au plus lointain passé. Et c’est peut-être pour cette raison qu’une année jour après jour après le début de mon voyage, je me trouvai dans l’incapacité totale de me mouvoir, si bien qu’il fallut me transporter à l’hôpital de la capitale régionale, Norwich, où j’entrepris, du moins en pensée, de rédiger les pages qui suivent.»



Ayant entrepris d’arpenter à pied les côtes du comté de Suffolk dans la chaleur et le silence de l’été, traversant des villages dépeuplés et des propriétés en déshérence, au bord de la dissolution et de la ruine silencieuse, le narrateur des «Anneaux de Saturne» relève au cours de ce voyage les traces du passé, qui lui renvoient l’image de l’Histoire comme une succession tragique de destructions, de génocides et d’abus de pouvoir. Ces drames irrésolus, en écho à la paralysie émotionnelle et au mutisme du peuple allemand après la seconde guerre mondiale évoqué dans «De la destruction comme élément de l’histoire naturelle» viennent hanter le présent et la mémoire de Sebald, narrateur de la constellation de récits qui composent ce chef d’œuvre.



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Les Émigrants

Quatre récits, chaque fois effectués par un narrateur qui raconte non pas son histoire, mais celles de rencontres ou de personnes de sa famille plus ou moins proche. Souvent, ce rapporteur se lance dans des recherches qui confinent tantôt au généalogiste, à l'historien ou encore à l'enquêteur. L'émigration de l'Allemagne ou de sa zone d'influence vers l'Angleterre ou les États unis est un des fils conducteurs de chaque trame, tout comme la présence de la mort et de la folie. La plupart de ces personnages sont juifs et fuient la chasse qui leur est faite ou sa menace fatale imminente. Ces récits sont poétiques, très fins et mélancoliques ; ils sont également illustrés de nombreuses photographies. Belle lecture.
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Les Émigrants

Les Émigrants est la chronique de quatre exils, ceux d'hommes que l'auteur a connus. Il en retrouve la trace, organise autour de chacun d'eux un récit enrichi de photographies et de fac-similés. Grâce aux recherches patientes, au questionnement et au pouvoir d'évocation du narrateur-auteur, les quatre destins relativement obscurs, sortent de l’oubli, reprennent vie, l’auteur resituant leurs parcours envoûtants et tragiques : trois d'entre eux se terminent par le suicide ou une mort qui y ressemble.

Le docteur. La première personne évoquée dans Les Émigrants est morte depuis des années quand W. G. Sebald entreprend de reconstituer son histoire. Tout commence par une rencontre. Le narrateur, qui cherche à loger, fin septembre 1970, dans les environs de Norfolk, à l’est de l’Angleterre, emménage chez le Dr Henry Selwyn, chirurgien à la retraite, désormais coupé du monde et se sentant de plus en plus étranger dans son propre pays. La présence du narrateur va être l’occasion, pour le vieil homme, d’évoquer ses souvenirs d’exil. En effet, comme deux millions de leurs concitoyens, sa famille juive lituanienne émigra vers l’Angleterre, pour fuir la famine de 1867-1868 et l'extrême pauvreté. Les images effacées de cet exode resurgissent, envahissantes. « Au bout d’une semaine environ, beaucoup plus tôt que nous ne l’avions escompté, nous arrivions à destination. Nous entrâmes dans une large embouchure de fleuve. Il y avait des cargos partout, des grands et des petits. De l’autre côté de l’eau s’étendait une terre plate. Tous les émigrants s’étaient rassemblés sur le pont et attendaient que surgisse de la brume mouvante la statue de la Liberté, car tous avaient acheté un passage pour l’Amerikum – comme on l’appelait chez nous. Quand nous touchâmes terre, il ne faisait pour nous aucun doute que nous foulions le sol du Nouveau Monde, de la ville promise de New-York. Mais en réalité, comme il s’avéra à notre grand regret au bout de quelque temps – le bateau était reparti depuis belle lurette -, nous avions accosté à Londres. La plupart des émigrants se firent, contraints et forcés, une raison, mais quelques-uns néanmoins, en dépit de toutes les preuves contraires, persistèrent à croire qu’ils se trouvaient en Amérique ». Pour échapper à l’antisémitisme et à la xénophobie régnant dans l’entre-deux-guerres, Hersch Seweryn anglicise son nom en Henry Selwyn, épouse une riche héritière, devient chirurgien. Mais, les années passant, il baisse la garde, finit par oublier de dissimuler ses origines et, aigri, s'enterre entre plantes, animaux et vieille servante. Un autre souvenir le hante, celui d’un ami de jeunesse, guide de montagne à Bern. Le malheureux disparut lors d’une ascension en 1914, avant que son cadavre ne soit restitué par un glacier suisse, sept décennies plus tard. Et si le vieux chirurgien, dépressif, désespérément seul, évoque cette tragique disparition, le lecteur en comprend la raison à la fin de ce portrait.

Les récits suivants sont plus longs, plus fouillés, leurs héros ont compté davantage dans la vie de l'auteur.

L'instituteur. Paul Bereyter fut l’instituteur de W. G. Sebald, au début des années 1950. Le souvenir de cet homme surgit soudain lorsque l’auteur apprend qu’il a mis fin à ses jours, de manière atroce, en 1984, à l’âge de soixante-quatorze ans. L’article annonçant sa mort mentionne incidemment que ce pédagogue talentueux et excentrique, obsédé par les chemins de fer, ne put exercer sa profession sous le Troisième Reich, au prétexte qu’un de ses grands-pères était juif. Il perd sa fiancée dans la tourmente antisémite et ses parents meurent dans un camp. Exilé un temps en France, il retourne en Allemagne pour s’enrôler dans la Wehrmacht ; après la guerre, étrangement, il décide d’enseigner dans la ville qui l’a tant fait souffrir. En 1984, alors qu'il vit en partie en Suisse, Paul Bereyter cède à sa fascination de toujours pour le train et se couche sur les rails. Apprenant la nouvelle du suicide de son ancien instituteur, le narrateur tente de percer l’histoire de cet homme très secret, consumé par le désespoir et la solitude. « Les chemins de fer revêtaient pour Paul une profonde signification. Vraisemblablement avait-il toujours pensé qu’ils menaient à la mort. Les itinéraires, les horaires, les indicateurs, toute la logistique ferroviaire étaient à certaines périodes devenues pour lui, comme son appartement de S. le trahissait aussitôt, une véritable obsession ».

Le grand-oncle. Troisième histoire tragique d’exilé, celle d'Ambros Adelwarth, le grand-oncle de l'écrivain, un homme fort distingué, né en 1886, contraint de travailler très tôt et n’ayant donc jamais eu ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une enfance. Il accueillera plusieurs neveux et nièces dans les années 20. Intrigué par un album de photographies familial, le narrateur entreprend un voyage aux États-Unis en 1981, à la recherche des traces de l’histoire de cet homme. Émigré d’Allemagne à l’adolescence, ayant travaillé et voyagé à travers le monde, et enfin entré au service d’une des familles de banquiers juifs les plus riches de New-York, Ambros Adelwarth était devenu le valet de chambre et compagnon de voyage du fils, Cosmo Salomon, « connu dans la haute société new-yorkaise pour son extravagance et ses incartades perpétuelles ». Après la déroute mentale du fils et de la famille, Ambros Adelwarth, qui n’a jamais existé comme personne privée, ayant toujours été au service des autres, est à son tour rattrapé par la mélancolie, la folie et interné. « La dernière notation que mon grand-oncle fit dans son petit agenda date de la Saint-Étienne. Cosmo, peut-on lire, avait été pris d’une forte fièvre après le retour à Jérusalem, mais était déjà en bonne voie de rétablissement. En outre, le grand-oncle indiquait que la veille, dans les dernières heures de l’après-midi, il s’était mis à neiger et que, contemplant par la fenêtre de l’hôtel la ville blanche flottant dans les ombres naissantes du crépuscule, le passé avait resurgi en force dans sa mémoire. Le souvenir, ajoutait-il dans un post-scriptum, m’apparaît souvent comme une forme de bêtise. On a la tête lourde, on est pris de vertige, comme si le regard ne se portait pas en arrière pour s’enfoncer dans les couloirs du temps révolu, mais plongeait vers la terre du haut d’une de ces tours qui se perdent dans le ciel ».

Le peintre (mon préféré). Brouillant la relation entre réalité et littérature, entre auteur et narrateur, c’est par le récit de son propre exil en Angleterre en 1966 que le narrateur débute le dernier chapitre des Émigrants consacré à Max Ferber juif allemand exilé à Manchester en 1939 à l’âge de quinze ans. Il devient peintre, mais très marginal, travaillant dans un atelier improvisé au milieu d’une ancienne usine désaffectée. Hanté par le paysage industriel, les cheminées et la poussière de Manchester, il confie à Sebald, en 1989, le journal tenu pour lui par sa mère. Ce journal dit l'enfance et la jeunesse perdues de sa mère morte en déportation. L'écrivain retourne sur les lieux où a vécu la mère de Ferber, les villes de Steinach, Bad Kissingen, Grossenbach, Kleinbach, Aschach, Höhn, et découvre qu’il n’y a plus acune trace des Juifs dans ces cités, comme si l’on avait voulu effacer l’histoire souvent heureuse des communautés haïes par une partie de la population. Max meurt dans un hospice pour indigents, après que le narrateur lui ait rendu une dernière visite. À l’arrière-plan de ce parcours, Sebald décrit longuement les quartiers en ruine du Manchester des années 1970-1980, cette ville, fleuron du libéralisme triomphant, d’où partit au XIXe siècle, à la fois la révolution industrielle et l’irrésistible impérialisme britannique. Ces ruines, cette désolation que le peintre s’acharne à reproduire sur ses toiles et dans son atelier (la poussière sur les carreaux, les paquets de peinture et de fusain sur le sol), font comme un écho à la destruction et aux cendres du pays perdu, cendres qui finissent par retomber sur les hommes après des décennies, les entraînant dans la mélancolie, la folie et le suicide.


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Les Émigrants

Pas de lecture depuis un bout de temps ... ou plutôt si, je me suis embourbée depuis un mois dans Waltenberg dont j'aurais bientôt l'occasion de parler - un pavé donc, que j'ai malencontreusement sorti de mon sac en début de semaine pour caler le vidéoprojecteur, et qui est donc malencontreusement resté au lycée le soir.



Impossible pour moi de rester sans lecture le soir ... je me lance donc dans un nouveau bouquin : Les émigrants de Sebald, un auteur que pour l'occasion je découvre.





C'est à mon sens un très beau livre, que j'ai dévoré d'une traite, qui n'est ni vraiment un roman, ni vraiment une autobiographie, ni vraiment une fiction, mais plutôt une sorte d'enquête, de quête, même, agrémentée de photographies, un peu comme les magnifiques Disparus de Mendelsohn, ou, dans un tout autre genre Istanbul de Pamuk. J’aime assez ce procédé, qui ajoute une dimension sensible très touchante à l’œuvre - qui correspond d’ailleurs, dans les trois cas, à un véritable parcours personnel.



Bref, pour en revenir aux Emigrants, il s’agit de quatre « récits » de vie, qui redonnent leur dignité à ces migrants ou ces déracinés, marqués par le destin chacun à leur manière (j’ai bien aimé l’instituteur et ses méthodes pédagogiques … particulières … ou le très beau texte sur Manchester qui clôt le livre). En filigrane se dessine la tragédie du génocide juif, mais toujours effleurée sans être réellement évoquée. La pensée vagabonde, c'est fin, et c'est sensible. Beau récit sur les êtres brisés par les départs et les retours toujours recommencés.



« Je vois les pièces vidées. Je me vois assis tout au sommet de la carriole, je vois la croupe du cheval, la vaste étendue de terre brune, les oies dans la gadoue des basses-cours et leurs cous tendus, et aussi la salle d'attente de la gare de Grodno avec, au beau milieu, le poêle surchauffé entouré d'une grille et les familles d'émigrants regroupées tout autour. Je vois les fils du télégraphe montant et descendant devant les fenêtres du train, je vois les alignements des maisons de Riga, le bateau dans le port et le recoin sombre du pont où, autant que l'entassement le permettait, nous avions installé notre campement familial. »
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Les Émigrants

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Les Émigrants

Roman, biographies, enquêtes…un peu de tout sans doute. Quatre récits illustrés de photos anciennes « collant » au texte, une construction – texte-photos – comparable à celle d’Austerlitz, avec lequel j’avais découvert cet auteur..une découverte que je souhaitais poursuivre avec ce livre encensé par la critique lors de sa parution en 1992.

Quatre personnages tous différents qui ont fuit, enfant avec leurs parents ou adultes, l’Allemagne ou la Lituanie, leurs pays de naissance. Quatre personnages d’origine juive menacés par les nazis. Quatre hommes qui apprendront plus tard la disparition des leurs.

Peu à peu ces quatre hommes, sans aucun lien entre eux, réussissent leur vie sociale dans leur pays d’accueil, ils seront chirurgien, pédagogue, majordome, peintre de renom. Certains modifieront leur nom, pour mieux s’intégrer à leur pays d’accueil. Ils auront tous de beaux métiers mais seront des hommes assez seuls, l’auteur ne nous parle que très peu de leurs familles, de leurs amies féminines.



Ils auront quelques amis, qui tour à tour raconteront leur vie, comment il les ont connus, aimés. Tous quatre seront dans leur nouveau pays et malgré leur réussite professionnelle d’éternels tourmentés. L’émigration laisse parfois des traces indélébiles, un vide.

Aucun n’oubliera son départ : « Je vois les pièces vidées. Je me vois assis tout au sommet de la carriole, je vois la croupe du cheval, la vaste étendue de terre brune, les oies dans la gadoue des basses-cours et leurs cous tendus, et aussi la salle d’attente de la gare de Grodno avec, au beau milieu, le poêle surchauffé entouré d’une grille et les familles d’émigrants regroupées tout autour. Je vois les fils du télégraphe montant et descendant devant les fenêtres du train, je vois les alignements des maisons de Riga, le bateau dans le port et le recoin sombre du pont où, autant que l’entassement le permettait, nous avions installé notre campement familial. »

L’écriture de Sebald qui a lui même choisit d’émigrer, s’appuie sur des photos d’époque, laissant à penser qu’il s’agit d’enquêtes minutieuses, auprès des familles, ou auprès de personnes qui ont côtoyé et aimé ces quatre personnages; quatre puzzles qu’il essaie de reconstituer. Ont-ils existé? Quelle est la part de roman?

En tout cas, Sebald sait décrire les tourments de ces âmes, tracer l’histoire et la mélancolie de ces hommes calmes et nous faire ressentir leur fragilité intérieure. Dans chaque vie alternent le rose et le gris. La vie rose avant l’arrivée des nazis, vie sans soucis, devint grise et le resta dans leur pays d’accueil, non pas du fait de leurs conditions de vie, mais du fait de ce manque au fond du cœur.

Une grisaille qui les confrontera, soit dans leur chair ou dans celle de proches, à la folie et à l’internement psychiatrique ou au suicide violent.

« Dans le silence général, les beaux rêves qu’il avait échafaudés tout au long de l’été, s’effondrent comme un château de cartes. L’avenir se brouille devant ses yeux et il éprouve, il éprouve alors pour la première fois cet implacable sentiment de défaite qui plus tard devait si souvent l’envahir et auquel il allait finir par succomber ».

« Émigrés » un mot qu’on entend de plus en plus…j’ai voulu en savoir plus grâce à Sebald, et je n’ai pas regretté mon émotion.
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Les Émigrants

« Les émigrants » m’a réconcilié avec G.W. Sebald. Les deux derniers romans que j’ai lus de cet auteur m’avaient déçu. Les mille et une pistes, les nombreux détours tortueux de son érudition qui font sa marque n’avaient pas fonctionné. On y retrouvait trop de détails dont beaucoup me semblaient inutilement complexes, presque inutiles. Bref, trop cérébral ! J’aime bien un défi intellectuel mais ça dépassait mon entendement.



Oui, « Les émigrants » contient de cela. Évidemment. Mais au moins je sentais que ça menait quelque part. Il s’agit de quatre récits racontant le destin d’individus déracinés, exilés. Chacun a son histoire, un parcours qui l’a mené des confins de l’Europe (de l’Allemagne ou de la Lithuanie) à un point X. Un parcours souvent difficile et cahotique. Un parcours fascinant. Surtout, un destin tragique (les quatre ont terminé par un suicide). À travers un mélange de souvenirs, de recherches, Sebald retrace, recréé la vie de ces êtres torturés. Ces êtres qui étaient les témoins et les représentants d’un monde qui n’est plus.



Les mille et un détails qui m’agaçaient dans ses autres œuvres trouvent ici leur place. Ils aident à reconstituer l’ensemble, à rendre tellement crédible les histoires racontées. L’Histoire. Parce que, ce qu’on vécu Henry Selwyn, Paul Bereter, Ambros Adelwarth et Max Feber, assurément d’autres personnes en ont fait l’expérience. La nuit de crystal, les exactions contre les juifs, les déracinements, l’éloignement des siens, les dures séparations, les retours aux sources… Les souvenirs… surtout ceux qui nous hantent. Une partie d’eux-mêmes qui n’est plus, qui leur a été arrachées.



En lisant « Les émigrants », j’avais l’impression d’être aux côtés de Sebald alors qu’il reconstituait les morceaux du puzzle de la vie de ces quatre individus. Comme si on entrait dans leur univers à pas feutrés, comme s’il fallait les apprivoiser afin que leur histoire se dévoile, se déroule sous mes yeux. Et les émotions sont au rendez-vous. Malgré la mélancolie qui m’a saisi tout le long de cette lecture, je n’étais pas triste, le ton est juste. La plume de Sebald, très évocatrice, y est pour beaucoup. Je lui trouve un certain lyrisme, presque de la poésie. Mais toujours on est ramené à la réalité, aux faits.



Comme toujours, un bon mélange de réalité et de fiction. Les œuvres de Sébald (même celles que j’ai moins appréciées) sont si particulières, mémorables, uniques ! À lire !
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Les Émigrants

L’exil inguérissable et le retour inéluctable des souvenirs.



Ce récit ponctué de photographies de l’auteur, publié en 1992, et traduit en 1999 par Patrick Charbonneau pour les éditions Actes Sud, juxtapose les biographies littéraires de quatre hommes hantés par des fantômes de souvenirs indéfinissables, indéfinissables sans doute car l’horreur ne peut être dite frontalement. Le narrateur des «Émigrants» restitue, à partir de traces patiemment recueillies, les histoires de ces individus hantés par l’exil et la disparition, par des souvenirs traumatiques qui un jour les rattrapent, inéluctablement.



Le narrateur rencontre le premier de ces hommes, le Dr Henry Selwyn, tandis qu’il cherche à emménager fin septembre 1970 dans l’est de l’Angleterre, dans les environs de Norfolk. Il va habiter pendant quelques mois dans la maison de ce chirurgien à la retraite, désormais coupé du monde et se sentant de plus en plus étranger dans son propre pays. Le narrateur explore par touches le retour du souvenir de l’exil de la famille juive lituanienne de Selwyn vers l’Angleterre, dans les dernières années du XIXème siècle ; les images effacées de cet exode resurgissent, irrépressibles, à la manière de la dépouille de ce guide de montagne de Bern qui fut l’ami de Selwyn dans sa jeunesse, disparu en 1914 en montagne et restitué par un glacier suisse sept décennies plus tard.



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Les Émigrants

Il y a dans l'écriture de Sebald une intemporalité si particulière qu'elle me fait penser à ces vieilles plaques photographiques en verre auxquelles l’œil doit accomplir un effort d'adaptation pour dépasser l'opalescence qui s'en dégage et dont la manipulation doit s'exécuter avec la légèreté et la douceur que requiert le déplacement d'un objet fragile et sacré.
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Les Émigrants

Je n'ai pas terminé ce livre déçu parce que je n'ai pas retrouvé la.préciosité littéraire de ma précédente lecture (Austerlitz).
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Les Émigrants

The Emigrants est un recueil de quatre nouvelles écrites par l'écrivain et académicien W.G. Sebald, qui a écrit le livre à l'origine en allemand. Comme son titre l'indique, il raconte l'histoire de quatre émigrants, tous juifs, qui ont fui l'Allemagne pour éviter les poursuites judiciaires et vivre dans leur nouveaux pays.



La première histoire est celle d'un médecin vivant dans la campagne anglaise, le Dr Henry Selwyn, la deuxième est celle d'un professeur, Paul Bereyter, qui vit maintenant en Suisse, la troisième est celle d'Amboros, qui vit aux États-Unis avec ses riches parents - avec lesquels il voyage dans des endroits coûteux du monde entier, et le dernier personnage est Max Ferber, qui est un jeune peintre de Manchester, que l'auteur rencontre.



Le roman traite de différents aspects de la vie, en particulier celle des émigrants, où l'on ressent toujours un désir d'appartenance à son nouveau lieu de vie, ainsi que la nostalgie de l'endroit que l'on a quitté, mais où l'on a ses propres raisons pour lesquelles il n'est pas plausible de revenir à l'endroit précédent. C'est ce que montre le mieux l'histoire de Paul, qui a eu du mal à s'intégrer dans son nouveau lieu de vie, même s'il était très respecté et qu'il a toujours eu la nostalgie des montagnes bavaroises.



L'auteur a bien décrit le cadre dans chacune des histoires, qu'il s'agisse de la campagne dans l'histoire du Dr Selwyn ou des différentes villes de Suisse. La meilleure utilisation d'une ville a été la description de Manchester dans l'histoire de Max, où j'ai eu l'impression que l'auteur avait bien utilisé la ville. L'auteur a également un style unique qui consiste à ajouter des images sans aucune légende, ce qui m'a permis de visualiser un grand nombre de scènes décrites par l'auteur.



L'histoire que j'ai le moins aimée est celle d'Amboros, où il y a trop de personnages pour que l'on se perde dans la mer d'informations et où ils continuent à voyager autour du monde, allant d'un endroit à l'autre. On a plus l'impression de lire un carnet de voyage qu'un roman. A moins que ces personnages ne soient entièrement basés sur des personnes réelles, j'ai eu l'impression que les histoires étaient inutilement tristes, même des histoires qui, selon moi, n'avaient pas besoin d'un tel niveau de tristesse pour émouvoir le lecteur (comme l'histoire de Paul), et au bout d'un moment, cela devient prévisible, j'ai eu le choc en lisant l'histoire du Dr Selwyn, mais finalement, j'ai commencé à m'attendre à de tels événements.



Dans l'ensemble, je dirais qu'il s'agit d'une bonne lecture, qui n'est pas la plus facile, mais qui contient tout de même quelques histoires intéressantes. J'attribue à ce livre une note de trois sur cinq, et je suis certainement intéressé à essayer les autres romans de l'auteur.
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Les Émigrants

À l’automne 1899, la famille du Dr Henry Selwyn quitta son petit village de Grodno, en Lituanie, et s’embarqua pour «l’Amerikum», mais après une semaine en mer, l’exode se termina pour eux à Londres où ils furent contraints d’émigrer.



Paul Bereyter, instituteur allemand «trois-quarts aryen», empêché par les nouvelles dispositions raciales d’exercer son métier d’enseignant, s’en alla de l’Allemagne une première fois, y revint en 1939, fut mobilisé au début de la guerre, puis émigra définitivement en France dans les années 1970.



Au début du XXe siècle, Ambrose Adelwarth rompait tous liens l’assujétissant à son milieu social d’origine, quittait l’Allemagne à 14 ans, partant à la conquête du monde : après avoir vécu plusieurs vies en une seule, de la Suisse à l’Amérique du Nord , en passant par le Japon ou le Moyen-Orient, ses souvenirs finiraient par s’égarer dans les couloirs de sa mémoire de nomade encombrée.



Max Ferber, artiste peintre envoyé en Angleterre en 1939 et dont les parents, déportés quelque temps après ne pourraient hélas l’y rejoindre comme prévu, n’a plus jamais voulu remettre ses pieds en Allemagne et n’a plus prononcé un seul mot en allemand depuis les adieux faits à sa famille sur l’aéroport munichois d’Oberwiensenfeld, à l’âge de 15 ans.



Quatre vies racontées, quatre destinées d’émigrants. Pourquoi celles-ci précisément, parmi tant d’autres? Quel lien réunit ces sujets-ci, au-delà de leur statut commun d’émigrés ? La réponse est toute simple : l’auteur lui-même. Paul Bereyter fut son premier instituteur, Ambros Adelwarth son grand-oncle. Quant à Henry Selwyn et Max Ferber, Sebald les avait croisés et côtoyés un temps en Angleterre où lui-même s’était expatrié à partir des années 1970.



Plutôt qu’historien, au travers de ces quatre récits l'auteur pratiquerait une sorte "d’archéologie mémoriale", fouillant systématiquement dans les débris laissés par la mémoire du XXe siècle en Europe, et plus particulièrement dans celle de son pays d’origine, l’Allemagne, ébranlée par l’irruption inconcevable de la barbarie nazie, ensevelie en grande partie sous la douleur et la destruction léguées par la Seconde Guerre Mondiale.

C’est ainsi que, pour lui, aller sur le terrain, organiser des «fouilles sur site» (dont une escapade, très édifiante sur le passage cruel du temps, à Deauville, où l’auteur était descendu au Normandy aux fins de son enquête autour d’Ambros Adelwart), extraire, ordonner et assembler les vestiges personnels que le temps et l’anonymat de ses sujets de choix auront brisés, mélangés, éparpillés, recouverts de cette poussière sépia que dépose l’oubli - photos et cartes postales, vieux albums de familles, feuillets épars, cartes de visites, carnets de voyages… - , constituent les moyens privilégiés par sa démarche, primant systématiquement sur toute tentative de conceptualisation ou de généralisation, sur toute visée analytique ou critique de l’histoire du XXe siècle.

Il ne cherchera pas à rattacher leurs choix, motivations et agissements personnels à un référentiel plus général ou à une grille particulière de lecture : chaque individualité restera chez Sebald invariablement contemplée dans son irréductibilité, rendue à son ipséité et, in fine, aussi à sa propre part de mystère.

L'auteur se cantonne en quelque sorte à essayer d’exhumer de l’incommensurable fosse commune où gisent les âmes mortes n’ayant laissé aucun registre historique de leur passage dans le monde, quelques individualités, d’en répertorier quelques-unes de leurs traces encore tangibles ou dont certains vivants pourraient encore témoigner. Afin de restituer leur parcours terrestre, tout en évitant précautionneusement de les épingler comme étant exemplaires ou emblématiques de quoi que ce soit. Au lecteur d’en tirer ses propres conclusions. Sebald, plutôt qu’interpréter, collige.



Enrichi de supports visuels (photos, dessins, feuillets, manuscrits…), d’images qui parlent quelquefois mieux que toute autre forme de discours, son récit se construit essentiellement à partir de témoignages et d’archives.

Iconographique, son travail documentaire n’exclut pas, en revanche, ni l’empathie, ni l’émotion :



«Si les inscriptions gravées n’étaient pas toutes déchiffrables, les noms encore lisibles – Hambruger, Kissinger, Wertheimer, Friedländer, Arnsberg, Frank, Auerbach, Grunwald, Leuthold, Seeligmann, Hertz, Goldstaud, Baumblatt et Blumenthal – m’inclinèrent à penser que les Allemands n’avaient peut-être rien tant envié aux Juifs que leurs beaux noms, si liés au pays et à la langue dans lesquels ils vivaient. Un frisson me parcourut devant une tombe où reposait Meier Stern, décédé le jour de ma naissance, et de même le symbole de la plume d’oie sur la stèle de Friederike Haldleib, morte le 28 mars 1912, provoqua en moi un trouble dont je dus m’avouer que je ne parviendrais jamais à percer complètement les raisons. Je me l’imaginais écrivain, penchée solitaire et le souffle court sur son travail, et à présent que j’écris ces lignes, il me semble que c’est moi qui l’ai perdue et que la douleur de sa perte reste entière malgré le long temps écoulé depuis sa disparition."



La subjectivité de l’auteur constitue ainsi, une partie essentielle du dispositif et de l’approche du chroniqueur, le tout résultant en un procédé d’autant plus percutant et riche qu’il se fait à contre-courant de la démarche d’investigation consacrée en Histoire : le général et supra-individuel passant ici avant tout par le particulier et l'infra-historique, la valeur du matériel documentaire par la puissance d’évocation émotionnelle que ce dernier recèle.



La démonstration en est d’autant plus pertinente et réussie, ou en tout cas son impact sur le lecteur sera particulièrement saisissant et convaincant de vérité.



Quoiqu’on ait pu prétendre que W. G. («Winfried Georg» – Sebald n’ayant jamais voulu signer in extenso son prénom, considéré par lui comme trop connoté à un univers symbolique nazi..), n'aurait pas été de son vivant spécialement «tendre» envers son pays d’origine, je n'ai, pour ce qui me concerne, jamais retrouvé dans ses livres -tout au moins dans ceux que j’ai eu l’occasion de lire jusqu’à présent-, aucune mise en accusation directe formulée à l’encontre du peuple allemand. Sebald, me semble-t-il, s’en réserve formellement, alors même que son expérience et son parcours personnels auront été marqués, façonnés par le souvenir funeste des crimes commis par le régime nazi, par le panurgisme ou l'indifférence manifestés par ses compatriotes, par les séquelles douloureuses, enfin, qu'aura laissé la destruction morale et matérielle de la nation allemande, reléguant à la fin de la guerre une partie considérable de la mémoire collective au silence et à l’oubli.



Qu’en est-il aujourd’hui ? Y-a-t-il une prescription aux nouvelles générations par rapport à l’effroi provoqué par l’horreur absolue perpétrée dans un passé relativement récent? Combien de temps faudra-t-il, en définitif, aux allemands avant d’avoir terminé d’ouvrir la totalité des archives de guerre, à la fois publiques et collectives, personnelles et généalogiques, et pouvoir envisager enfin, avec une certaine distance et sérénité, leur propre passé ? Cinquante ans ? Un siècle ? Qui dirait mieux ?



L’essentiel de la production littéraire qui fera la renommée de la courte carrière d’écrivain de Sebald, disparu à 57 ans dans un accident de voiture en 2001, avait commencé à prendre corps vers la fin de années 1980, moins de cinquante ans donc après la «destruction». C’est notamment grâce à une reconnaissance internationale que la critique littéraire allemande s'intéressera progressivement à son œuvre à partir du milieu des années 1990..



Comment les nouvelles générations d’allemands feuillètent aujourd’hui d’anciens albums de famille (si tant est qu’il en reste encore beaucoup qui n’aient point été détruits ou expurgés…) ? Et nous-même, partant du principe d’une certaine capacité d'identification à autrui, proprement humaine, pouvons-nous l’espace d’un instant essayer de nous mettre à leur place?



Un humanisme teinté d’empathie et de générosité, son érudition immense et en même temps humble, sa sensibilité délicate, intériorisée et réservée, l’exercice littéraire original et subtil auquel il se livre (qu’il refusait lui-même à considérer comme «romancé», y compris pour ce qui est de son chef-d’œuvre incontestable, «Austerlitz», qui ressemble cependant drôlement à un roman !) : voilà en somme ce qui me touche particulièrement chez lui.

Sebald est devenu avec le temps un de mes auteurs «compagnons-de-route», vers lequel j’éprouve le besoin de revenir régulièrement afin de réentendre une voix qui m’est devenue familière et, malgré la mélancolie susceptible de s’en dégager, qui réconforte.

Voix incitant à pratiquer une sorte de «roman de la mémoire» comme une moyen possible d’apaisement face aux souvenirs douloureux, au temps qui passe indifférent, au caractère instable et éphémère de nos existences.

Un peu comme cette vision insolite qui revient curieusement à différents passages de son livre: celle d'un inconnu qui fait subitement irruption dans le récit, en pleine lumière, image non pas d'un ange qui passe, mais d'un «butterfly man» muni d’un filet à papillons…

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Les Émigrants

C’est un grand plaisir que cette écriture remplie de passés et de subjonctifs, nostalgique et légèrement désuette qui évoque des drames de vies singulières.
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Les Émigrants

Les Émigrants est ce qu'on peut appeler un livre transgenre. Ni vraiment roman, ni vraiment autobiographie, à la fois reportage, enquête, et témoignage. Les Émigrants, ce sont donc quatre récits de vie, ayant pour protagonistes des êtres déracinés, exilés, et en proie à un violent mal du pays. La quête de leur histoire et de leurs origines correspond en même temps au parcours personnel de l'auteur, qui met un point d'honneur à témoigner de la vie de ces personnes.



Tous, d'une façon ou d'une autre, ont eu un destin tragique.

En filigrane, c'est bien sûr le génocide juif qui se dessine, et la diaspora forcée qui en a découlé. En creux, c'est le propre déracinement de l'auteur que l'on peut lire. Les personnages, l'auteur inclus, semblent figés dans cet élan de départ, comme bloqués à un moment ou à un autre de l'histoire; paralysés par le silence forcé sur les raisons de cette émigration, ils semblent tous amputés d'une partie vitale d'eux-mêmes, et dépourvus du goût de vivre. Le titre, d'ailleurs, dit bien ce départ forcé: ils sont émigrants et non émigrés, parce qu'on les a forcés à quitter leur terre (même si les raisons ne sont jamais clairement ni crument évoquées, on sait pourquoi ils ont dû fuir).



Le style de Sebald, éminemment poétique et d'une grande finesse, rend le récit très prenant; on se retrouve incapable de décrocher, et secoué par tout un tas d'émotions très fortes. La souffrance que l'on sent dans le texte est violente, terrible, et effrayante. Mais jamais l'auteur ne se fait voyeuriste, se contentant de livrer par petites touches la douleur des déracinés. Les photos qui rythment le récit lui donnent un aspect encore plus réel - bien qu'on ne sache jamais si les personnages ont réellement existé - et donnent une dimension patrimoniale à ce texte. La traduction, enfin, est d'une grande qualité et le texte file sans aucune difficulté.



Sans être un coup de cœur, Les Émigrants est un texte émouvant, bouleversant, dont la seule difficulté réside dans le message qu'il véhicule. A lire, vraiment!
Lien : http://0z.fr/GYcg0
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Les Émigrants

Un livre émouvant et poétique sur la difficulté de l'exil.

Il évoque le destin de 4 déracinés, ayant réellement existé, qui ne se remettront jamais de leur expatriation : Dr Henry SELWYN, Paul BEREYTER, Ambros ADELWARTH, Max FERBER.

Ce livre est rendu encore plus vivant et émouvant par l'ajout de nombreuses photographies.
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Les Émigrants

L'immense Sebald nous présente cette fois quatre destins tragiques, quatre idées du déracinement, quatre désespoirs. Et à nouveau, nous voilà happés dans les brouillards de l'histoire, à nouveau nous sommes conviés à un banquet du souvenir, attablés parmi les ombres des disparus nous chuchotant doucement à l'oreille, comme pour conjurer l'oubli. Tout simplement précieux.
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Les Émigrants

Belle écriture fine et précise. D’où vient alors l'ennui qui vous gagne à mesure que l'on avance dans l'ouvrage ? Aucun des personnages ne semble fait de chair et incarné.On pense souvent à P. Roth,mais ici rien ne prends véritablement.
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Les Émigrants

Une vraie qualité d'écriture. Des histoires vraies, certaines plus prenantes que d'autres. Cet auteur a un talent pour évoquer les émotions que j'admire.
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Les Émigrants

J'ai été à nouveau complètement pris sous le charme de cet auteur. Ce livre-ci regroupe quatre récits, de longueur inégale. Quatre portraits d'homme marqués par la fuite ou la tentative de fuite, pour des raisons diverses, du monde allemand ou autrichien. Quatre récits assez sombres, évidemment, mais aussi très doux. Deux récits se rattachent à l'angleterre, des rencontres qui ont marqué Sebald lui-même émigrant; Un autre est un portrait en biais de son grand oncle Ambros et le dernier la vie de son instituteur. Chaque fois, il y a plus qu'une empathie entre l'auteur et son sujet, celui-ci allant jusqu'à revenir sur les lieux, enquêter. Illustré de photos. De la vraie et grande littérature, sans concessions mais aussi capable d'universalité et d'aller toucher tout lecteur qui s'y aventure.
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Les Émigrants

A la croisée du roman et de l'enquête documentaire, Sebald évoque le destin (parfois tragique) de quatre personnes qui ont marqué sa vie, à différents moments de celle-ci. C'est aussi un rapport d'enquête qui se mélange au carnet de voyage. Du gardien d'immeuble à l'instituteur, en passant par le grand oncle mystérieux, l'auteur se souvient et retranscrit ses mémoires pour redonner corps à ces personnages oubliés qui ont tous en commun d'être juifs d'origine allemande et d'avoir fuit le nazisme dans les années 30.

Le texte est agrémenté de photos de personnes, d'objets ou de lieux qui marquent le récit et le rendent évocateur.

Chacune des histoires m'a touché et l'écriture est d'une grande maîtrise, mais parfois, face à tant de détails, mon esprit s'est échappé et j'ai eu du mal à me raccrocher aux flots de souvenirs, de personnages et d'histoires qui composent certains récits.
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Elle rejoint le groupe impressionniste et s'intéresse à des thèmes très variés: des compositions d'intérieurs, de théâtre, d'opéra, et surtout des portraits, avec notamment sa sœur pour modèle. Il s'agit de: indice 🗽

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