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Critiques de W. G. Sebald (109)
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Austerlitz

Austerlitz est l'ultime roman de W. G. Sebald, décédé, accidentellement, en 2001.

Fils d'un pasteur anglican, sévère et secret, le héros du livre découvre, à la mort prématurée de ses parents, son adoption et son vrai nom Jacques Austerlitz.

Au fil des pages, devenu professeur d'histoire, il raconte à un de ses anciens élèves, son périlleux parcours pour retrouver la trace de ses parents.

ce récit profond et saisissant , est truffé de digressions sur l'architecture, l'histoire, la nature.

Des photos, en noir et blanc, soulignent l'anecdote, un arrêt sur images pour approfondir la vérité et refléter l'angoisse.

Cette œuvre majeure de la littérature allemande, écrite avec précision et sobriété,dépeint un tableau sombre et déchirant de la seconde guerre mondiale, et, dessine le portrait d'un être accablé et déséquilibré par une enfance déplacée.

Une quête des origines aux confins de la souffrance.

Magnifique.
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Austerlitz

D'abord la photo de la page couverture : un garçonnet déguisé en petit prince, sa blondeur auréole son visage un peu triste. Et Austerlitz, le nom d'une ville. Tout pour m'intriguer car je ne lis jamais le résumé d'un roman. Donc, j'ouvre ce livre et commence une lecture d'un seul souffle, celui de Jacques Austerlitz, enfant pragois envoyé par sa mère en Angleterre au début de la Seconde guerre mondiale, confié aux soins d'un prédicateur et de sa femme. À cinq ans, Austerlitz perdra sa langue, ses repères et sa vie d'adolescent et d'adulte en sera irrémédiablement transformée. L'écriture est magnifique, l'évocation des souvenirs, prenante, empruntant parfois des accents austeriens. On sent aussi l'ombre de Dora Bruder et Patrick Modiano derrière le récit de cet homme angoissé, à la recherche de ses origines, longtemps refoulées à l'arrière-plan de ses pensées. « (...) cette résistance que j'entretenais depuis tant d'années contre la montée du souvenir ». Émouvante lecture...
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Austerlitz

« Sebald, né en Bavière au moment même où Hambourg, Dresde, Cologne, Berlin s’abîmaient dans le feu, a remis sur le métier de nos consciences les interrogations traînantes mais jamais vraiment résolues sur ce moment de l’histoire allemande. Sebald était écrivain, c’est donc assez naturellement que son questionnement a pris des chemins proches de ceux qu’emprunta Dagerman. Mais sa réflexion se déploie bien après que les évènements ont eu lieu, c’est-à-dire dans un temps où l’on peut raisonnablement penser que la mémoire et la littérature ont pu officier. Dans une série de conférences prononcées en 1997 et réunies plus tard en un volume intitulé De la destruction comme élément de l’histoire naturelle (…), Sebald constate que non, la littérature est restée muette, ou quasiment, ce qui n’est pas sans signification. A l’exception, dit-il de deux romans : l’un, la Ville au-delà du fleuve de Hermann Kasack, publié en 1947, connaît aussitôt un grand succès en Allemagne et sonne étrangement vide, lu de ce côté-ci du Rhin soixante ans plus tard, même si ce vide est évidemment davantage le reflet de la glaciation profonde dans laquelle sont saisis les hommes et les lieux du livre que d’une vacuité de propos ; l’autre, Le Silence de l’Ange, de Heinrich Böll, a été écrit entre 1949 et 1951 mais publié seulement en 1992. Et, de fait, ce dernier se tient au plus près de la décomposition matérielle et humaine qui accable l’Allemagne et fait errer dans les ruines d’une ville sans nom deux êtres vidés de leur substance, sorte d’écho vaincu, éteint, des deux protagonistes du film de Douglas Sirk. Mais il n’a été publié que près de cinquante ans après avoir été écrit, et dix ans après la mort de son auteur. Le temps n’est pas encore passé explique sans doute en partie cette impression de vide qui sonne le roman de Kasack, celui qui est passé dans le silence et dans la peine, l’impression d’hébétude quasi ataraxique qui envahit le livre de Böll. Pareil retard de publication vaut pour un Voyage de Hans Gunther Adler, rédigé en 1950 péniblement publié en 1962 en Allemagne dans une indifférence de plomb, même s’il fut salué par Elias Canetti ou Heimito von Doderer, dont la force insolite et le constant décalage du regard sur les faits mit des années à s’imposer (la traduction française datant de 2011). Il n’est pire sourd… Il reste que le constat dressé par Sebald, qui a par ailleurs écrit une œuvre considérable sur la mémoire européenne dans sa langue natale mais depuis l’Angleterre où il vivait, est sans appel :’(…) il semble que nous, Allemands, soyons devenus aujourd’hui un peuple étonnamment coupé de sa tradition et aveugle face à son histoire.(…) Et lorsque nous regardons en arrière, en particulier vers les années trente à cinquante, c’est toujours pour détourner les yeux de ce que nous voyons.’ Plus loin il ajoute : ‘Il m’apparaît que si les écrivains allemands de toute une génération ont été dans l’incapacité de rendre compte de ce qu’ils avaient vu et de l’inscrire dans notre mémoire, c’est, dans une large mesure, parce qu’ils étaient principalement soucieux de retoucher l’image qu’ils livreraient à la postérité.’ Fermez le ban. » Mathieu Riboulet, Les œuvres de miséricorde, 151 pages, Ed VERDIER 2012, pages 101-102
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Austerlitz

Il y a dans « Austerlitz » une émotion qui n’est pas réductible à la seule histoire racontée par W. G. Sebald. Le roman lu, compris, ne meurt pas à la dernière page. A nouveau parcouru, il renait à lui-même et redevient ce qu’il a été. Il ne transmet pas ce qu’il y a d’intelligible de Jacques Austerlitz mais inspire un certain état d’esprit, celui-là même du personnage principal. A la gare centrale d’Anvers, entre le narrateur et le héros sebaldien, il est sans transition et urgemment question de dysfonctionnement et de monumentalisme de l’architecture du vingtième siècle avec verrières, quais, cité ouvrière idéale, palais monstrueux, défense des villes et fort nazi … Chaque bâtiment dans l’œuvre de Sebald est saturé de traces, d’histoire, c’est pour lui tout un passé qu’il convient de se réapproprier. Pétris de savoir, vagabonds et polyglottes, les personnages tentent dans un monde d’invraisemblable oubli une récupération désespérée de la culture. Trente ans après la première conversation, Jacques Austerlitz qui a abandonné ses recherches architecturales, dévoile ce qu’il a appris très tardivement de sa propre biographie. C’est une vie pleine de catastrophes, de mystères qui refait surface sous forme de découvertes, de crises existentielles, d’accès de paniques et de paranoïa, de périodes de dépression et d’envies de suicide. Enfant de la shoah réfugié en Angleterre, Austerlitz retrouve, à Prague, au camp de Terezin, à Marienbad et à Paris … les traces de ses parents tragiquement disparus. Le roman de Sebald est un récit couleur de cendre qui brouille sans cesse fiction et histoire, il est un prodigieux montage de textes et d’images floutées, un télescopage formidable d’époques et de lieux qui réveille inexorablement les mémoires et fait surgir les fantômes. Le silence omniprésent qui hante ces pages, les nombreux blancs dans le récit, la parole toujours mélancolique rappellent, sans jamais l’évoquer directement, l’existence des camps de concentration. La conscience de Jacques Austerlitz est à n’en pas douter l’ombre portée des miradors. Trop petit pour se souvenir mais incapable d’oublier, W. G. Sebald dans son œuvre ne cesse de s’attaquer aux troubles de la mémoire allemande, à ses ravages dans les têtes et dans les corps. Il entend « Par-delà le crime et le châtiment » le cri d’un Jean Améry : « Le peuple allemand ne peut laisser neutraliser par le temps une partie de son histoire nationale, il faut au contraire qu’il l’intègre. « Auschwitz est le passé le présent et l’avenir de l’Allemagne » (Hans Magnus Enzensberger) ».
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Austerlitz

Kolossal ennui, kolossale rigolade à la lecture des critiques.
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Austerlitz

C’était toujours comme si toutes les traces se perdaient dans le sable



« Au cours de l’une de ces excursions belges, qui toujours me donnaient l’impression de voyager très loin en terre étrangère, je me retrouvai, par un jour radieux de l’été commençant, dans une ville qui jusqu’alors ne m’était connue que de nom, Anvers ».



Portait d’un homme, d’un émigrant dans le siècle. Une recherche traduite en un texte dense et lumineux. Le temps non-paisible des quotidiens effrités. Connaissez-vous Terezin, Prague, le ghetto de Theresienstadt… ?



Derrière ce portrait, la mémoire de celles et ceux, vaincu-e-s ou oublié-e-s de l’« Histoire », celles et ceux qui furent pourchassé-e-s, déplacé-e-s, déporté-e-s, concentré-e-s ou exécuté-e-s.



« Vera se rappelait aussi la petite fille de douze ans au bandonéon à qui elle m’avaient confié, l’album de Charlot acheté au dernier moment, les mouchoirs blancs claquant au vent, comme l’envol d’une nuée de colombes, avec lesquels les parents restés à quai avaient fait signe à leurs enfants, et l’impression étrange qu’elle avait eue de voir le train, après qu’il se fut mis en branle avec une infinie lenteur, non pour s’éloigner mais sortir de la verrière et là, à peine à mi-distance, se volatiliser ».



Un récit d’un très grande beauté.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Austerlitz

Austerlitz ....

Grande victoire napoléonienne .....combien de personnes peuvent se vanter d'avoir ce patronyme pas banal ?

Des personnes au destin hors du commun sans doute...on comprendrait mal que de tels personnes restent dans l'ombre...

Jacques Austerlitz, personnage principal de ce livre de W.G Sebald est l'un de ceux-là, un érudit, un passionné, un philosophe, un homme à la recherche de son passé, de celui de sa famille...Quelle a été sa vie avant l'âge de 4 ans 1/2? ....S'est-il toujours appelé Austerlitz? A t-il toujours vécu au Pays de Galles, dans une famille de pasteur?.

Lire la suite...



Un homme qui page après page reconstruit sa mémoire, cherche à comprendre son passé et celui de ses parents, depuis le Pays de Galles, jusqu'à la Tchécoslovaquie, en passant par l'Allemagne, Paris, Londres....et d'autres encore...une mémoire qui se construit par la visite de lieux, de bibliothèques, de villes, de fortifications, par des rencontres avec d'autres passionnés, par des croisements entre L Histoire et l'actualité du moment, entre ses connaissance et celles de ses interlocuteurs, par des lectures, par un travail d'enquête.

Le narrateur qui eu Jacques Austerlitz comme instituteur, s'entretient avec lui. Jacques est maintenant chargé de cours dans un institut d'histoire de l'art londonien....mais il a eu tant d'autres centres d'intérêts, tant d'autres passions, tant d'autres vies, tant d'autres métiers

Un livre passionnant, qui "se mérite", pas facile à lire et à suivre...déstabilisant parfois..les narrateurs se croisent, leurs propos se suivent,...les connaissances de Jacques, se mêlent à celles du narrateur, ou de personnes rencontrées.

Aucune des personnes que rencontrera Jacques n'est banale. Toutes ont une foule de connaissances, sont passionnées, par un lieu, une ville, une fortification ...elles ont une histoire, une vie à raconter...elles sont presque obsédées chacune dans leur coin par des insectes ou des papillons, des perroquets, l'histoire de villes, des gare, de cimetières, d'immeubles tranquilles aujourd'hui mais qui ont été des lieux de torture, de déportation...

Austerlitz nous force à réfléchir quant à la vanité de l'homme et de certaines constructions humaines, des forteresses obsolètes et dépassées par le progrès quand elles sont achevées, construites pour défendre et utilisées finalement pour tuer des innocents, des bibliothèques modernes construites pour promouvoir la culture...et laisser la trace dans l'histoire de leur initiateur, et finalement inadaptées pour la promotion de la culture...un livre fait pour rappeler un passé qu'on cherche à laisser de côté, l'importance des traces du passé à ne pas oublier...message d'un auteur allemand anti-nazi

Chaque mot est pesé, chaque description de lieu, chaque référence historique ou culturelle est un plaisir...Que de connaissances accumulées, mises à la disposition du lecteur ...peut-être un peu trop complexes, parfois semblant inutilement accumulées.

Une construction du livre pas banale et qui peut être rebutante, certains refermeront ce livre après 20 pages...l'auteur l'a construit sans aucun chapitre, sans paragraphe, sans guillemet..mais on ne lit pas la poésie, la mélancolie, les références culturelles et historiques, les réflexions philosophiques ou sociologiques, la construction de la mémoire "en diagonale".... Non ! on s'accroche!.

J'en sort un peu groggy, mais heureux.
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Austerlitz

Dans ce roman de non-fiction, on pense à la Mystérieuse flamme de la reine Loana d'Umberto Eco pour la forme, et pour la trame, à Danube de Claudio Magris et bien sûr à L'histoire des grands-parents que je n'ai pas eus d'Ivan Jablonka. A noter l'amusante critique de la bibliothèque François Mitterrand.
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Austerlitz

Austerlitz n'est pas simplement un roman sur la guerre et ses conséquences, il questionne aussi la mémoire et l'identité. Au niveau des souvenirs, l'homme est parfois aussi efficace que l'écureuil qui au printemps ne se rappelle plus les endroits où il a mis sa nourriture tant il l'a éparpillée dans tous les coins. Il y a toujours des choses qui restent enfouies, introuvables, condamnées à l'oubli. Le récit a pour but la reconstruction des origines du sujet. le morcellement des origines a vraisemblablement été causé par un refoulement. L'Histoire enterre L'Histoire. C'est un roman qui montre bien à quel point nous sommes des produits du temps, mais d'un temps qui ne s'achève jamais, qui se répète, qui se fait oublier et redécouvrir quelquefois. Splendide roman!

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Austerlitz

Ayant découvert récemment W.G.Sebald avec 'les émigrants', j'ai lu ensuite 'Austerlitz'. J'aime lire ces récits de vie: comment Jacques Austerlitz mène sa vie en affrontant des choses aussi douloureuses que le fait de ne rien savoir de ses parents, et quand il apprendra très tard ce qu'il n'a jamais voulu savoir durant tant d'années, ce qu'il confesse à Sebald . La façon si personnelle dont l'auteur (Sebald) nous relate l'histoire de Jacques est tellement émouvante et empreinte de nostalgie.

Mais peut-être le livre aurait-il du se poursuivre avec la recherche du père; interrompue par le décès prématuré de l'auteur, ou par le fait de Jacques? Je ne sais pas.
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Austerlitz

Comment chroniquer ce beau roman sans divulgâcher?



Et pourtant ce n'est ni un policier, ni un thriller. Au contraire, c'est un livre qui flâne entre gares et bibliothèques, aux promenades rêveuses dans des manoirs abandonnés et parfois fantastiques entre coupoles byzantines, escaliers et lianes, portes ouvertes vers le passé qui ressurgit par surprise. Ecriture vagabonde qui emmène le lecteur à Londres, Anvers, Prague et Paris, qui traverse cinq décennies. Vous le suivrez aussi à  Marienbad  et à Theresienstadt, de bien triste mémoire...  Ecriture circulaire - l'expression est de D Mendelsohn qui m'a fait connaître Sebald. 



Ce n'est qu'au mitant du livre que j'ai compris ce titre d'Austerlitz, pour moi une gare ou une victoire napoléonienne, mais pour un enfant Gallois?



A vous de vous perdre dans les méandres des déambulations, de découvrir les belles photographies, cela en vaut la peine.
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Austerlitz

Jacques Austerlitz est un homme à qui ses origines, son histoire de famille, ses racines, ont été ôtées, et qui un jour ne peut faire autrement que partir à leur recherche. Il va découvrir l’histoire tragique de ses parents, comprendre comment il fût un jour un autre par la volonté de ses parents adoptifs. Et retrouver comme miraculeusement intacts les souvenirs de sa petite enfance. Et en même temps reconstituer l’Histoire du continent qui est le nôtre.

J’éprouve un sentiment mélangé à cette lecture. C’est incontestablement un très grand livre, sensible et poignant, d’autant plus qu’il évite les facilités, les bons sentiments faciles, qu’il ne condamne ni ne juge, mais se contente de montrer, ce qui est en fin de compte beaucoup plus fort. Jacques Austerlitz ne se plaint, il se contente de dire les choses telles qu’il les vit, sa souffrance n’apparaît que par des symptômes quasi médicaux, et par ce besoin de savoir, de rechercher, quasi obsessionnel qui le possède à tel ou tel moment et qui l’oblige à tous ces déplacements qui lui permettent de recueillir des éléments d’information. Raconter une historie tragique avec dignité et sans pathos et sans vouloir faire couler des larmes, est suffisamment rare pour être une très grande qualité.

Ce qui m’a toutefois posé problème dans cette lecture, c’est l’écriture de l’auteur. Pas sont style à proprement parlé, pas ses mots, qui sont superbes, mais le rythme, la respiration du texte. Pas mal de longues phrases et surtout la quasi absence de paragraphe, ont quasiment provoqué à certains moment un sentiment d’asphyxie, impossible de savoir où arrêter la lecture, et cette prose forte ne permet pas à mon sens une lecture de plusieurs heures car sa densité exige une grande concentration. Et donc j’ai par moment décroché, pas vraiment réussi à intégrer certains passages. J’ai tout de même mieux apprécié la deuxième partie du livre, à partir du voyage à Prague, à partir de là j’ai d’une certaine façon réussi à trouver mon rythme, et j’ai d’avantage était aspiré par le texte.

Je ne regrette absolument pas d’avoir fait cette lecture, même si elle m’a demandé un effort appréciable, et je suis pas sûre d’avoir complètement intégré tout ce que j’ai lu, et je ne me sens pas prête dans l’immédiat à reprendre ce livre.

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Austerlitz

« Des animaux hébergés dans le Nocturama, il me reste sinon en mémoire les yeux étonnamment grands de certains, et leur regard fixe et pénétrant, propre aussi à ces peintres et philosophes qui tentent par la pure vision et la pure pensée de percer l'obscurité qui nous entoure ». WG Sebald.

J'ai repensé à la phrase d'Adorno que G Didi-Huberman avait cité au début de son essai Remontages du Temps Subi, l'oeil de l'histoire (2) : «  Quand il pense, son oeil s'étonne, presque désemparé, puis s'illumine tout à coup. C'est avec un tel regard que les opprimés peuvent devenir maître de leur souffrance ».

Faire la lumière, du moins tenter de la faire vivre, du moins, de lui permettre de survivre.

Il y a entre W.G. Sebald, plus exactement entre Jacques Austerlitz, le personnage central de ce roman, Aby Warburg, historien de l'art , et Walter Benjamin ,l e philosophe, une réelle correspondance. Ils se font signe et nous font signe.

L'image est au centre de leur travail. La mémoire, la genèse de l'histoire , la problématique de l'image. Sa rémanence. Quelque chose est là, inscrit, qui fait signe, qui nous parle, qui communique. L'image non officielle, « l'image de ce tous à chacun ». Cela peur être une photographie, ou la vue directe d'un objet, la lumière de la verrière d une gare, l'escalier d'une bibliothèque, un sac à dos, un livre, un accent, une comète gravée sur un compteur électrique, le quai d'une gare ….

Jacques Austerlitz, retrouve sa mémoire comme on recouvre la vue.

La persistance rétinienne de l'âme.

Il est possible de tout perdre sans véritablement rien oublier.

L'image, l'articulation, le remontage des temps cataclysmiques, traumatiques.

Comment formuler une phrase ? . Comment affronter la déchirure, la béance du temps ? .

Notre passé, notre devenir est ce ...là ? Sous nos yeux ? Était- ce déjà entre nos mains ?

La survivance des lucioles n'est pas absente de ce roman. le travail de G. Didi-Huberman fait écho. Ces images de, et, en mémoire... leur résonnance.

Travailler sur l'image, y plonger, en remonter des mots, des parfums, des couleurs, faire passage à la musique des ombres, Comme des fragments de poterie, laisser venir l'émotion, formuler, traduire, procéder à la lecture, tout cela me parle, fait écho dans les méandres de mon esprit.

«  J'ai d'emblée été étonné de la façon dont Austerlitz élaborait ses pensées en parlant, de voir comment à partir d'éléments épars il parvenait à développer les phrases les plus équilibrées, comment, en transmettant oralement ses savoirs, il développait pas à pas une sorte de métaphysique de l'histoire et redonnait vie à la matière du souvenir ».



Nous avons tous cela en nous. Cette capacité à capter, à recevoir ce que les objets d'image nous adressent, et ce qui nous est adressé c'est un geste. L'homme qui a dessiné une forteresse, l'enfant qui regarde l'objectif, celle qui choisi l'instant de la photographie,ce livre déposé , ce visage sculpté, tout cela ce sont des gestes. Geste de vie, geste d'amour, geste de peur, de colère geste de fuite. Preuve de vie. Preuve d'absence. J'ai toujours été fascinée par l'image manquante, l'idée d'une image lacunaire, l'idée d'une clé.

De la clé au passage il n'y a peut être que les portes de notre esprit. «  là où la vie emmure, l'intelligence perce une issue » écrivait Marcel Proust.

Penser un savoir. C'est parfois l'oeuvre de toute une vie, parfois même le devoir de l'humanité.

Pour penser juste il faut penser vrai. Et ce respect du savoir que WG Sebald a su faire entrer dans cette fiction. Cela aurait pu être totalement impossible. Mais il a réussi. Comme Laszlo Nemes a réussi , dans son film le Fils de Saul, à nous faire entrer dans une des Nuits les plus terrible de l'Histoire. Ne n'en sortons pas intacts mais plus forts parce que nous devenons plus vrais, plus justes.



J'ai découvert Austerlitz de W. G Sebald à travers le chef d'oeuvre cinématographique de Stan Neumann , et je l'ai lu sur les lèvres de Denis Lavant.

Lorsque je j'ai ouvert le livre et que j'ai commencé sa lecture, je suis entrée plus précisément dans l'articulation du langage de Sebald , d'une construction étonnante.

Ce roman est construit en écho. Une fiction en écho. Les choses ne peuvent pas parfois revenir, ressurgir directement,. Les hommes les mots brûleraient, ils seraient foudroyés par l'horreur, le chagrin , la douleur.

G Sebald a choisi la forme du témoignage, sous forme d'enquête, pour mener son récit.

Jacques Austerlitz raconte au narrateur. le narrateur retranscrit. Il y a donc un effet de profondeur qui a été introduit. Effet photographique, mnémonique. Perceptive du temps qui donne lecture à l'avenir.

Les images témoignent de leur temps. Elles nous rapprochent de la vérité.De leur sauvegarde dépend notre survie.

Jacques Austerlitz part en quête de ce qu'il pressentait et cela depuis toujours. Il est en quête de sa vérité. Photographie amateur, passionné d'architecture, il perçoit, recherche le lieu, il a cet instinct de survie, Anvers...Londres, Bruxelles, Paris, Marienbad, Prague, le Ghetto de Terezin, Paris... ce lieu c'est sa mémoire.

J'ai un profond attachement pour ce personnage auquel W.G Sebald a donné vie.

Une oeuvre étonnante, magistrale. L'histoire de Jacques Austerlitz est présente.

Un jour les Amériques, un jour ...Prague, un jour Drancy , un jour l'Anatolie, la Namibie, ou la St Bathélémy, demain Srebrenica ou Sabra ou Chatila, le Cambodge , l'Ukraine, le Rwanda, encore un autre jour ...l'unité 731, et puis un autre jour …. Alep.

Ce lieu devient la mémoire ,

la mémoire, de tous à chacun d'entre nous.





À écouter, la très belle émission que France culture consacrait à l'oeuvre de W.G Sebald en septembre 2012 :

https://www.franceculture.fr/emissions/une-vie-une-oeuvre/wg-sebald-1944-2001



à voir :

« Austerlitz » film de Stan Neumann 2015

http://www.lesfilmsdici.fr/fr/catalogue/5040-austerlitz.html





Astrid Shriqui Garain



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Austerlitz

Une oeuvre de grande qualité. Remarquable.



Le narrateur relate ses rencontres curieuses et récurrentes avec un certain M. Austerlitz, qui constituera le personnage principal du roman et qui, au travers du récit par le narrateur, va expliquer son cheminement très long, complexe et approfondi pour retrouver son passé, comprendre ses origines et retracer sa vie.



La lecture est parfois laborieuse, requiert un effort d'attention soutenue, mais quelle merveille d'expression et de langage! Les phrases peuvent être longues, les digressions sinueuses, pour autant la profondeur de ce chemin personnel vers le passé, de ce dialogue avec les origines, avec les morts, est d'une intensité forte et empreinte d'une émotion subtile, prégnante. On est baigné dans cette recherche touchante, bouleversante. On chemine avec Austerlitz dans sa quête, avec une implication presque personnelle.



Ce livre est une ode au souvenir, au dialogue avec le passé, au travail de mémoire, mais en filigrane également infuse tout au long du récit, une humanité pleine de pudeur ou, plutôt, une pudeur pleine d'humanité.

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Austerlitz

Se présentant comme un bloc monolithique, sans chapitre ni retour à la ligne, comme écrit dans l'urgence, dans l'urgence de fixer le récit oral, le souvenir, toutes les traces fugaces de la réalité et de nos vies, tel est Austerlitz. Le texte est intemporel et se fiche des frontières : on passe des années 1930 à Prague aux années 1970 à Paris ou à Marienbad, puis aux années 1940 et 1950 au Pays de Galles avant de revenir dans les années 1990 à Londres ou sur l’esplanade de la BNF ... Plus de frontière donc, ni géographique ni temporelle : l'être seul compte, son expérience, et le récit suit ainsi les pérégrinations de l'esprit qui se raccroche, qui se souvient, qui saisit ce qu'il faut absolument écrire pour ne pas le perdre.



Les photographies représentent une part importante du récit. Elles interrogent les notions de réalité et de fiction. Est-ce un roman ? Un témoignage ? Un documentaire ? Un essai philosophique ? Les photographies induisent un sentiment de réalité et brouillent les pistes : sont-celles de l'auteur, W.G. Sebald ? Sont-elles personnelles ? Ou ont-elles été prises dans le cadre du travail d'écriture ? Les lieux, les objets décrits se matérialisent, existent, sortent du cadre de la fiction. Pour autant, une photographie n'est jamais qu'une image cadrée d'un endroit précis : sous l'illusion du vrai, c'est une réalité tronquée qui est présentée, puisque coupée de son environnement. Partant, les personnages photographiés - la mère supposée d'Austerlitz notamment - posent eux aussi la question de l'identité ? Qui sont-ils ? Cette femme est-elle la mère de Jacques Austerlitz ? La mère de W.G. Sebald ? Une anonyme ? Une célébrité d'antan ? A-t-elle quelque rapport avec cette histoire ?



Ce qui marque également, c’est l’imbrication des personnages, du narrateur et de l'auteur. Le narrateur croise Jacques Austerlitz dans la gare d'Anvers. Ils parlent aussitôt, évoquent l'inutilité des constructions militaires des 18ème et 19ème siècles, trop longues à construire, déjà dépassées par les progrès de l'armement sitôt qu’elles sont terminées. Puis Austerlitz évoque sa vie, sans retenue mais pas sans gêne ni sans pudeur puisqu'il s'arrête parfois. Et comme ni le temps ni les frontières n'existent, si le narrateur et Austerlitz se perdent de vue, un jour, une semaine, un an ou bien vingt-cinq, Austerlitz reprend toujours son récit là où il l'a laissé. Dans le récit se superposent les personnages, leurs récits, leurs voix puisque le narrateur rapporte la parole d'Austerlitz qui, lui-même, reconstruit son passé grâce aux témoignages d'autrui.



Au-dessus d’un récit aussi sensible qu’intelligent, à l’apparence légère et aux accents poétiques, tâchant de saisir la beauté des instants en des descriptions longues, il plane comme une menace constante. C’est la mort qui plane. Elle plane lorsqu’Austerlitz évoque son amitié avec Gerald, qui se tue en avion ; elle plane quand Austerlitz parle avec Véra, sa nourrice praguoise, de ses parents, disparus ou morts. La mort apparaît comme urgence qui exige maintenant de dire et d'écrire, puisque tout est destiné à disparaître.



La quête de l'identité est le thème central du livre. Qui est Jacques Austerlitz (mais aussi : qui est le narrateur, et pourquoi Austerlitz semble se confier si facilement à lui ?) ? Ses premiers souvenirs remontent, au début du récit, à un pasteur gallois et à sa femme dont il ne comprend pas la langue. Rigueur des premières années, sermons chrétiens où pointe une terrifiante eschatologie. Puis les années d'étude, le rugby où il excelle, l'amitié avec Gerald, sa place de professeur d'histoire de l'art, une thèse monstrueuse sur l'architecture monumentale et sociale de la fin du 19ème siècle. Mais Austerlitz s'interroge, lui qui s'est toujours senti un étranger en n'importe quel lieu. Peu à peu s'éclaircissent les pièces d'un puzzle historique et personnel : Jacques, enfant de Praguois francophiles, dont la mère est déportée à Terezin (ancien ghetto de Terezienstadt), le père enfui en France, lui, l’enfant, sauvé par un voyage en Angleterre alors qu'il n'a que 4 ans et demi. Survivant de la guerre et de l'Holocauste, Austerlitz a été néanmoins durablement marqué par cette histoire - pis, il a été changé, construit, modelé par cela. En lui les langues - l'anglais, le français, le tchèque - résonnent, se confondent, ont à voir avec son être profond ; mais, pour autant, polyglotte et homme de toutes les cultures, il est aussi, à sa manière, un apatride, étranger en tout lieu. Si Austerlitz paraît comme un survivant de la guerre, il en est bien une victime.



Austerlitz serait un roman. Il est, à coup sûr, un objet littéraire. Qui puise sa source dans l'histoire la plus sombre du 20ème siècle, dans la folie la plus noire. Inhabituel dans sa forme, il est littéraire dans ses longues phrases sans but autre que celui de la description, serpentant dans les souvenirs, dans les images instantanées aux couleurs et aux contours flous, œuvre de mémoire - puisque, selon l'adage, les paroles s'envolent et les écrits restent - autant que livre qui interroge celle-ci, la remet en question.
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Austerlitz

« L’une des personnes qui attendaient dans la salle des pas perdus était Austerlitz, à l’époque en 1967, encore presque jeune d’allure avec ses cheveux blonds étrangement frisés, seulement comparables à ceux du héros allemand Siegfried dans les Nibelungen de Fritz-Lang ».



Une beauté et une souffrance, voilà ce qui me vient à l’esprit pour qualifier ce récit. Une beauté tant l’écriture exigeante de Sebald est hypnotique, fascinante, des phrases longues qui défilent sous les yeux, des détails qui suintent la mélancolie, poésie qui envoûte, une lenteur qui nous oblige à nous poser, à ne rien négliger mais une lenteur qui absorbe jusqu’à notre moi intime, jusqu’à notre inconscient qui finit par s’identifier à Jacques Austerlitz pour devenir une douleur. Eprouvantes aussi, ces lignes magnétiques, ces pages qui se tournent sans chapitre, tout est écrit comme dans l’urgence, pour ne pas oublier, on suffoque entre la fascination de l’écriture et le malaise qui s’en dégage, il faut faire une pause malgré l’envie de continuer.



De cette rencontre entre notre narrateur – Sebald ? – avec Jacques Austerlitz, dans la Gare d’Anvers, va naître une intimité qui de rencontre en rencontre, de confidence en confidence, durera trente ans.



Est-ce de chez Austerlitz qu’exhale, enfoui au plus profond de lui-même, une douleur, comme un sentiment obscur d’incomplétude, une personnalité tronquée, ou bien est ce de la plume de l’auteur, de ses mots que s’exprime cette souffrance. Lui, dont le père fut sous-officier dans la Wehrmacht, lui dont les prénoms Winfried Georg Maximilian ne sont plus que des initiales, lui qui se disait un « produit du fascisme ».



En chroniqueur de la mémoire, l’auteur s’efface devant cet ami, parti de Prague en 1939 à destination d’Angleterre, à l’âge de quatre ans. Adopté par un pasteur sectaire, névrosé, dont il ne comprend pas la langue, élevé dans le silence, sous le regard d’un Dieu qui châtie, sans plus aucune marque d’affection tant de l’épouse que du pasteur, comment ne pas ressentir comme une béance affective, un vide profond traversé par des angoisses, une instabilité émotionnelle. Austerlitz ne découvrira sa véritable identité qu’à l’âge de quinze ans.



Véritable quête identitaire, Austerlitz se doit de rassembler les morceaux du puzzle pour tenter, peut-être, d’apaiser cette sensation terrible du manque, ne plus vivre la superposition du passé et du présent, cette construction qui rend votre relation au monde totalement flou. Un rien : une couleur, un lieu, un mot en relation avec le traumatisme ravive le choc, la blessure et vous envoie valser avec la détresse. Austerlitz devra parcourir un long chemin sur des lieux semés d’ombre qui se réactiveront au fur et à mesure de ses découvertes. Aidé par sa nourrice qu’il retrouvera, ses pas l’emporteront vers des lieux emblématiques comme Terezin et Gurs à la recherche de ses parents. L’émotion surprend à toutes les pages. Austerlitz en perpétuelle recherche, perpétuelle incomplétude, se questionne et questionne le monde autour de lui et nous entraîne à sa suite, épousant ses vagues émotionnelles.



Que de silence, que de douleurs, éprouvant ce sentiment de ne jamais être à la bonne place, de ne pas avoir sa propre existence, d’être à côté de la réalité « qui je suis, d’où je viens, où vais-je ».



Faisant preuve d’une grande érudition, Austerlitz est chargé de cours dans un institut d’histoire de l’art londonien, ses recherches l’ont mené à l’élaboration d’une thèse monumentale sur l’architecture, tout particulièrement sur les réseaux, tels les chemins de fer. Il ne pouvait expliquer cette fascination qui lui permettait, surtout, ne pas parler de lui, de se réfugier derrière son intellect pour ne pas affronter cette béance, un abri en quelque sorte bien dissimulé derrière la reconnaissance intellectuelle.



La rencontre entre le narrateur et Austerlitz se fait dans la gare d’Anvers, salle des pas perdus. Austerlitz observe la gare, la coupole, et couche sur le papier toutes ses réflexions, ses observations. C’est le prétexte que choisi le narrateur pour aborder Jacques Austerlitz. Ces premiers entretiens se limiteront très longtemps à l’histoire de l’architecture dont les connaissances d’Austerlitz forcent l’admiration jusqu’au jour où, la confiance aidant, une once d’estime naissante, Austerlitz s’abandonnera aux confidences.



Quatrième de couverture : « Par ce portrait saisissant d’un émigrant déraciné, fragile, érudit et digne, l’auteur élève une sorte d’anti-monument pour tous ceux qui, au cours de l’Histoire, se retrouvent pourchassés, déplacés, coupés de leurs racines – sans jamais en comprendre la raison ni le sens ».



C’est un livre sublime, sensible, à l’évocation puissante que je relirai, c’est évident ! Merci à Eduardo et à Dan pour ce conseil de lecture mais j’ai beaucoup moins souffert avec « Séfarade ».



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Austerlitz

J'ai fait la connaissance de cet auteur avec Les Émigrants qui ne m'avait pas enthousiasmée mais cependant intriguée suffisamment pour que je revienne à cet auteur. C'est chose faite avec Austerlitz qui aborde le même thème, à savoir le déracinement que les juifs ont dû choisir pour échapper à leur assassinat orchestré par le Troisième Reich. Il s'agit ici non pas de nouvelles mais bien d'un roman qui s'attache d'ailleurs essentiellement à un seul personnage: Jacques Austerlitz. Arrivé en Grande-Bretagne au cours de l'été 1939 à l'âge de 4 ans, en provenance de Tchécoslovaquie, et adopté par un vieux prédicateur non-conformiste gallois et sa femme, il se voit contraint de s'adapter à une nouvelle vie une, nouvelle langue, une nouvelle culture et même un nouveau nom. le roman retrace, à travers le récit qu'il en fait à l'auteur, son parcours pour renouer avec sa véritable identité. C'est proche du récit d'une psychanalyse et c'est ce qui m'a fait penser que ce récit était autobiographique mais il n'en est rien : Austerlitz est d'origine tchèque, Sebald est allemand. Austerlitz est juif, Sebald ne l'est pas (son père était dans la Wehrmacht)…. Comme dans Les Émigrants, le récit est émaillé de descriptions précises de lieux et agrémenté de photographies qui lui donnent un aspect documentaire et contribue à la fascination qu'il a exercé sur moi. L'écriture est un peu surannée, rappelant les grands auteurs du XIXe siècle et la double indirestion du style contribue à nous distancier du vécu d'Austerlitz.

Bien que relativement peu connu dans le monde francophone, je me suis rendu compte que Sebald avait été pressenti pour le prix Nobel. Il est malheureusement mort prématurément à l'âge de 57 ans. Comme Austerlitz, Sebald est retourné dans le néant de l'oubli…

Ce roman m'a permis de mieux apprivoiser le style original de Sebald. Je l'ai trouvé beaucoup plus abouti que les nouvelles des Émigrants et je me promets de poursuivre l'exploration de cet auteur. À ceux qui ne le connaissent pas, je recommande d'en faire la découverte.
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Austerlitz

Je viens de finir ce livre extraordinaire qui rentre dans mon panthéon de la littérature moderne. Ce livre est un bijoux de subtilité et amène à des réflexions sur le temps, la mort et l’histoire d’une profondeur rarissime.



Les 50 premières pages sont difficiles car Austerlitz et le narrateur y discutent principalement d’architecture, mais comme Austerlitz a pris le temps de connaître notre narrateur avant de lui confier sa vie, il faut faire confiance à Sebald et continuer la lecture pour découvrir la quête des origines à laquelle Austerlitz a voué une partie de sa vie. Au final on suit Austerlitz à travers l’Europe, Londres, Paris, Prague, Nuremberg à la recherche des traces d’une enfance ensevelie sous le poids terrible de l’histoire, cette quête est aussi douloureuse qu’elle est envoûtante et on ne décrochera ensuite plus jusqu’à la dernière ligne.



Ce roman est merveilleux de justesse et m’a procuré la sensation étrange de toucher quelques idées sublimes. Je m’en vais sur le champ de ouvrir toutes les autres œuvres de Sebald.
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Austerlitz

Parce que, même si je n'ai pas son érudition, sa démarche est celle dont je me sens le plus proche. Sa manière d'errer à travers livres et villes définit, de mon point de vue, assez bien la position de l'écrivain d'aujourd'hui. Dans la même démarche voir aussi La vitesse des choses de Fresan ou A la recherche du voile noir de Moody...
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Austerlitz

Étrange ouvrage que cet Austerlitz à la fois fascinant et oppressant. Sebald met en scène un personnage énigmatique qui croise régulièrement la route du narrateur à qui il fait partager son immense culture et ses souvenirs. La forme est tout à fait inhabituelle; phrases sans fin, sans paragraphes ni alinéas dans lesquelles l'auteur joue de ce suspense que la langue allemande favorise en permettant de toujours repousser le verbe, laissant ainsi planer un doute sur le sens même de la narration. Ce flux logorrhéique n'est interrompu que par des photos, des bribes qui aident à construire le souvenir, à faire émerger les moments de vie aux côtés de faits qui semblent non triés. De cette reconstruction minutieuse de la mémoire finit par émerger une vérité, un drame, une histoire à la fois singulière et universelle.
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