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Critiques de Wendy Guerra (58)
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Negra

Wendy Guerra fonce bille en tête pour déboulonner le mythe cubain, gratifiant son roman d'un titre revendicatif qui claque comme un coup de fouet, "Negra".

Destinée tragique et flamboyante que celle de Nirvana del Risco, femme prise au piège d'une société paternaliste, noire dans une île où le métissage triomphant n'est qu'un leurre, mannequin vantant des produits de consommation au sein d'une société qui redoute la libre entreprise, fille et petite fille de santeros discrédités par une révolution "rationnelle".

"Je voyage au centre d'un Tiers Monde instruit, un no man's land et un autre Occident" Cette phrase pourrait synthétiser ce roman poil à gratter, qui narre le quotidien aliénant d'une jeune femme noire, de La Havane à Marseille, marqué par les préjugés raciaux, les pressions administratives et policières, le carcan sociétal, parfois illuminé par le danzón, les livres, les fantômes et le sexe.

Cabrera Infante et sa Havane pour un Infant défunt, Miguel Barnet et sa Biografía de un cimarrón, Lezama, Gutierrez, les souvenirs des intellectuels de la "gauche sucrée", Sartre et Beauvoir, venus autrefois se frotter à l'utopie tropicale... font de Negra un roman qui réjouira tous les amoureux de la culture cubaine.

Mais au delà d'une radiographie de la vie quotidienne, des souvenirs de La Havana vieja, de la carte postale pour Occidentaux en quête d'un idéal, racontés en leur temps par Zoé Valdes ou Pedro Juan Gutierrez, Wendy Guerra met le doigt sur quelques tabous et dit tout haut les contradictions qui régissent cette île versatile.

Le racisme qui aurait été banni de l'île par la Révolution, est toujours présent, ségrégation larvée, évidente, là où les noirs sont absents des postes clés, des emplois importants, des quartiers résidentiels. A part feu Juan Almeida Bosque, compagnon de Castro, et vice-président du Conseil d'Etat, a t-on depuis vu des noirs aux plus hautes fonctions de l'état alors que les Américains ont élu un président métis ? En 2013, nous sommes bien loin de la "Balada de los dos abuelos " chantée par Nicolás Guillén, le père du "negrismo" .

Negra est aussi une une voix singulière, unique, qui clame et revendique l'héritage afro-cubain de la Santeria, présent depuis l'arrivée des premiers esclaves. Les Orishas sont toujours là, à Cuba ou dans la vie de Nirvana del Risco et la magie est partout, dans les voix qui murmurent, dans les invocations, dans les recettes. On se souvient alors d'Aphrodite, de la Chilienne Isabel Allende, même souffle, même sexualité joyeuse.

Il y aurait mille choses à dire sur ce roman d'une grande richesse, sur ce beau personnage de femme et sur les hommes-métaphores qui partagent sa vie, Jorge, le Cubain blanc, Philippe, le soixante-huitard de la vieille Europe, Tom la Caraïbe unie aux Etats-Unis... Mais en dehors de la polémique et des interrogations que l'ouvrage ne manque pas de susciter chez le lecteur, Negra est, et reste, une lettre d'amour adressée à La Havane. C'est ce que dira Nirvana à son amant français: "Je ne veux pas te montrer le pire aspect de ma ville; c'est le moment de tomber amoureux du meilleur de moi, qui est aussi l'endroit où je vis."
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Un dimanche de révolution

« Personne ne devrait rester très longtemps dans un endroit où on le rejette, mais je navigue en cercles, sombrant dans l'étang de ma propre défaite sociale. Je me sentais sur le point de me noyer dans mes larmes, mes propres vers, écoeurée par ma propre écriture blablabla (...) ».

Tel est le destin cornélien de Cleo, la narratrice, poétesse et écrivaine cubaine, publiée et primée à l'étranger, mais censurée dans son propre pays. Pourquoi ? On ne sait pas trop, mais ses écrits sont sans doute jugés trop subversifs. Pourquoi alors ne quitte-t-elle pas définitivement son île-prison, puisque apparemment elle arrive de temps à autre à obtenir des visas pour l'Espagne, le Mexique ou les Etats-Unis ? Probablement parce que, d'une part, à l'étranger, les Cubains exilés la suspectent d'être une espionne du régime castriste (sinon pourquoi finit-elle toujours par rentrer à Cuba?). Et d'autre part, parce qu'on devine qu'elle est viscéralement attachée à sa patrie, quitte à passer pour une masochiste. Peut-être aussi parce qu'elle semble profondément dépressive et n'a pas la force de volonté nécessaire pour s'arracher une fois pour toutes à cette dictature où les vexations, les menaces, les perquisitions et les violations de vie privée sont pourtant insupportables.

Peut-être aussi parce que c'est le pays de ses parents, elle qui est dévastée par leur mort dans un accident de voiture un an auparavant. Enfin, ça c'est la version officielle. Parce qu'un beau jour débarque à La Havane un certain Geronimo, acteur d'Hollywood qui prépare un film. Et qui révèle à Cleo que son père n'est pas son père, qu'elle est née aux USA et que l'accident de voiture de ses parents n'en était donc peut-être pas un. D'où tient-il ces informations, qui connaît-il en (très) haut lieu pour obtenir ce genre de quasi secret d'Etat ? Entre la paranoïa ambiante et les manipulations à tout-va, on s'étonne que Cleo ne se pose pas plus de questions. Comme on s'étonne qu'elle admire à ce point Gabriel Garcia Marquez qui, tout prix Nobel qu'il soit aujourd'hui, n'en a pas moins fait copain-copain avec Fidel dès 1959.



Tout cela aurait pu être très intéressant, mais, comme Cleo elle-même, j'ai été « écoeurée par [son] écriture blablabla ». Rien n'est clair, tout n'est que sous-entendus et faux-semblants, « apocryphe » même, selon Cleo. Comment voulez-vous tirer ça au clair ? Trop lyrique et elliptique, ce récit, en plus, ne provoque pas d'empathie envers Cleo, qu'on observe se vautrer dans ses pleurnicheries et sa dépression.

Bref, beaucoup de questions que l'auteure ne se donne pas la peine de résoudre. Evidemment, me direz-vous, dans un régime aussi insécurisant, déclinant et absurde que la dictature cubaine, il n'y a peut-être pas de réponses. Possible, mais d'autres en ont beaucoup mieux parlé.



Merci aux éditions Buchet-Chastel et à Masse critique de Babelio pour cette découverte.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Un dimanche de révolution

Très déçue par cet ouvrage que je me réjouissais de découvrir !

Un récit tellement décousu, vide de sens , l'auteur passe d'un sujet à l'autre sans lien avec ses précédents ressentis , elle est officiellement ostracisée par le régime castriste, souffre de dépression après la mort de ses parents, introduit ses poémes dans la narration d'une manière inattendue....tente de travailler à son nouveau livre ...refuse de se renier. Elle est une femme cubaine, une artiste! Ce régime s'immisce dans le quotidien jusqu'à l'absurde ......

Les clichés se mulitiplient , elle parle de fouille et d'interrogatoire puis saute à un autre sujet, s'éparpille , affirme qu'elle est née en captivité, plongée dans son immense solitude ......

Les questions restent sans réponse, la narratrice parle t-elle de l'auteur ? Sans doute !

La sensualité irrigue cette quête , cette enquête , ce refuge par l'écriture ...et la poésie !

Ce récit étonnant laisse un goût d'inachevé.

Ou alors je n'ai rien compris .......

C'est possible, ce n'est que mon avis , bien sûr !
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Un dimanche de révolution

Je remercie les éditions Buchet-Chastel et Babelio pour la découverte de ce livre de la rentrée littéraire.



Je me suis réjouie d'avance de faire connaissance avec la littérature cubaine et découvrir via le prisme de l'intrigue une culture et un peuple.

Wendy Guerra nous présente la Havane, le mélange de modernité et de décrépitude, d'abandon et de foisonnement ainsi que l'état d'esprit de ses habitants depuis sa vision plutôt déprimante de la vie.



L'écriture est vraiment particulière, l'auteure passe constamment d'un sujet à l'autre sans transition et on glisse rapidement d'étonnements en mystères sans jamais pouvoir s'accrocher à quelque information tangible, qui ferait un lien ou qui donnerait des réponses aux innombrables questions posées.



Cela a été une lecture laborieuse car le récit manque de clarté et d'audace ou tout simplement d'un fil rouge.





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Tout le monde s'en va

c’est un journal romancé / autobiographique sur une jeunesse cubaine. Wendy Guerra y relate une enfance martyre entre en Père alcoolique, violent et une mère battue, qui va quitter son père, vivre une vie de bohème mais qui ne saura ou ne voudra pas protéger sa fille des violences de son père. Ce livre est magnifique.



On y découvre la vie Cubaine avec les gens qui petit à petit disparaissent en exil (d’où le titre). Aujourd’hui W Guerra vit encore à Cuba et est romancière. Elle explique que son journal est sa planche de salut.



Lors des AIR, c’était une jeune femme tout de noir vêtue avec un joli chapeau et une coupe à la Mireille d’Arc.



Bref conquise par ce premier roman, je m’étais promise de lire ses autres œuvres.
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Un dimanche de révolution

Autre roman emprunté à la bibliothèque : Un dimanche de révolution de Wendy Guerra.

Cléo est une poétesse et écrivaine reconnue partout dans le monde sauf sur son île, à Cuba. Là, on la soupçonne de pactiser avec l’ennemi, on la surveille. Ailleurs, dans le monde où elle cherche refuge on la traque...

Plongée dans cette immense solitude, Cléo tente de travailler à son nouveau livre. Mais la mort de ses parents l’a laissée exsangue, ses amours battent de l’aile.

Alors quand apparaît à sa porte Gerónimo, un acteur hollywoodien qui prépare un film sur Cuba et détient des informations bouleversantes sur sa famille, sa vie bascule...

Avant de me plonger dans Un dimanche de révolution, j'aurais du regarder les chroniques sur Babelio car cela m'aurait permis d'éviter de m'ennuyer le temps de ma lecture. C'est rare toutefois je n'ai pas du tout apprécié cet ouvrage.

Il est brouillon, je me suis demandé à plusieurs reprises où l'autrice m'emmenait pour au final me dire : tout ça pour ça !

Je n'ai pas réussit à accrocher avec le personnage de Cléo, elle m'a paru un peu insipide.

Je n'ai pas non plus apprécié Gerónimo car lui m'a paru très faux.

Quand à l'histoire, je suis totalement passée à coté. C'est lent, il y a des longueurs et je n'ai pas trouvé ça crédible.

Je ne vais pas continuer, vous avez compris que je n'ai pas du tout accroché avec ce roman.

Ma note : un petit deux étoiles.
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Un dimanche de révolution

Première impression très favorable pour cette histoire cubaine de Cleo, "dissidente malgré elle" dont les poèmes ont été primés en Espagne, mais isolée dans son île et rejetée par la diaspora des exilés.

Une lecture fluide et agréable pour un sujet qui ne l'est pas. Les incontournables de la dictature socialiste (je repense à quelques scènes de la vie des autres) avec la dimension cubaine sont remarquablement imagés: "ton âme pour un téléviseur chinois ou une lada 5 vitesses", "la transparence de l'été, là où on ne peut rien cacher, ni de soi ni des autres", "tu rentres (de la plage) en pensant que tu aurais pu naître au Paradis", "il n'y a...que moi pour me sentir seule à La Havane, cette ville...où l'intimité et la discrétion, le silence et le secret, tiennent du miracle, ce lieu où la lumière te trouvera dans ta cachette", "il est si difficile de rester seule sur une plage cubaine", "quel gâchis de ciel, de maison, de femme". Des personnages secondaires pourraient donner de l'épaisseur à l'oppression: l'ami de ses parents, informateur de la police (en fait un informateur qui, à force de présence et de délation consentie, a fini par devenir un ami de la famille) ou la femme de ménage, elle aussi informatrice n'oubliant pas d'être discrètement bienveillante. Et puis à mi-roman, tout dérape avec l'arrivée de Geronimo – célèbre acteur hollywoodien (j'imagine un physique à la Antonio Banderas) qui prétend que son père, qu'elle a vu mourir deux ans plus tôt dans un accident de la circulation, aurait été fusillé peu après sa naissance – et cette phrase terrible "dans le socialisme personne ne connaît le passé qui l'attend"...

Qui était Mauricio le vrai père, pourquoi a t'il été fusillé ? Pourquoi la mère et le père de substitution n'ont-ils rien dit ? Pourquoi les autorités ont-elles toléré ou organisé la substitution d'état-civil ? Pourquoi Geronimo vient-il réaliser un film (il est acteur et à présent réalisateur) sur ce personnage ? Après une demande de visa pour le Mexique fort bien décrite dans ce qu'elle a d'humiliant, les voici à Mexico sur les traces de Gabriel Garcia Marquez qui aurait peut-être les documents permettant d'élucider le mystère. Mais leur arrivée coïncide avec celle de l'ambulance qui emmène le corps du grand homme décédé. le mystère accompagnera l'écrivain sur la civière et, en dépit, de quelques coups de feu, de quelques bribes d'interview de vieux révolutionnaires nous en resterons là. Point de Robert Littell ou de John le Carré pour nous révéler en deux volumes les tenants et les aboutissants de ces mystères, Wendy Guerra ne s'intéresse que très peu aux réponses qu'elle ne nous fournira pas.

Selon moi, autant la description d'un Cuba non libre est réussie (couleurs, promiscuité, perquisitions, caméras pas cachées, indicateurs, censure, demande de visa, contrôle à la frontière), autant les histoires d'amour me semblent d'une grande platitude (avec Enzo l'amour de jeunesse exilé à Mexico ou avec Geronimo qui est venu chercher un sujet de film plus qu'une femme dont il ne manque pas par ailleurs); les personnages secondaires sont à peine esquissés et l'héroïne (qui doit ressembler à l'auteure) semble ensorcelée par la célébrité nouvelle qui est la sienne. Nous découvrons que Sting, tombé en admiration devant ses poèmes publiés dans la revue de la compagnie d'aviation Virgin lui rend visite sans prévenir au petit matin; il s'endort sur son canapé avant de repartir non sans l'avoir embrassée sur le front. On apprend encore qu'on boit du Moët&Chandon rosé dans les réceptions de la Havane, que le St Regis est un hôtel de luxe à Mexico et que pour la montée des marches à Cannes Cleo a des chaussures trop petites. "Sans Cuba, je n'existe pas" dit l'héroïne à la fin du roman et on ne peut que le regretter avec elle...le décor ne fait pas tout !
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Un dimanche de révolution

C'est dans le cadre d'une opération Masse critique de Babelio que les Editions Buchet-Castel m'ont envoyé Un dimanche de révolution de Wendy Guerra. Encore merci à eux !

Je sors un peu mitigée de cette lecture qui me laissera un gout d'inachevé...

J'ai apprécié cette plongée à Cuba , mais j'ai eu plusieurs fois l'impression que l'auteur s’éparpillait et qu'il manquait des éléments qui permettraient peut être au lecteur de mieux appréhender la lecture de ce livre.

On suit la narratrice Cleo, vivant à La Havane. Cette jeune femme qui se relève d'une dépression ( si j'ai bien compris ), pour un motif que je n'ai pas très bien compris ( peut être la mort de ses parents ), est reconnue comme poète de talent dans d'autres pays mais pas à Cuba. Elle est persécutée par les autorités en place . Est ce seulement à cause de ses écrits ou faut-il chercher la raison dans son passé et ses parents ?

J'ai eu l'impression tout au long de ma lecture que l'auteur, qui semble avoir une plume de qualité assez inégale, ne savait pas exactement où elle allait...

Un peu dommage, car je pense que le postulat de base est vraiment intéressant....



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Negra

Nina (Nirvana selon son état-civil), l'héroïne de Negra, est une guerrière. Et il en faut aujourd'hui de l'énergie, du courage et de l'audace pour (sur)vivre à Cuba, dans un pays étranglé économiquement et moralement, au bout du rouleau après plus 50 ans de dictature et de privations. Libre dans sa tête et dans son corps, Nina est une figure symbolique de la résistance. Wendy Guerra s'est imposée en peu de livres comme une romancière cubaine majeure (Karla Suarez en est une autre), qui n'a pas peur de décrire la réalité telle qu'elle est. "Nous vivons entre l'interdit et l'obligatoire" a t-elle écrit dans un livre précédent. On ne saurait mieux dire mais dans Negra elle aborde un sujet relativement peu évoqué jusqu'alors, à rebrousse poil des tenants de la "Cubanidad" qui voudraient nous faire croire que toutes les races et toutes les couleurs vivent en parfaite harmonie. Etre noire à Cuba, c'est pourtant se soumettre à une discrimination sournoise dans cette île de tous les métissages. Dans une prose flamboyante, Wendy Guerra a écrit un livre qui semble déborder de ses pages. Un mélange détonant qui manque peut-être de méthode mais certainement pas de style. Le roman part souvent en vrille, se joue de sa propre fiction pour nous faire humer les odeurs de Cuba. Une terre sensuelle et complexe, difficile à comprendre pour les occidentaux, jusque dans ses pratiques païennes et religieuses qui se heurtent au matérialisme socialiste. Negra a tout de la tempête tropicale. On en retient l'essentiel : l'attachement à une terre splendide où l'on ne cessera de croire en des jours meilleurs tant que ses habitants continueront à danser et à se moquer de leurs propres malheurs.



PS : Le 3 décembre, Retour à Ithaque sera sur les écrans. Les amoureux de Cuba ne doivent pas rater ce film formidable coécrit par Laurent Cantet et Leonardo Padura.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Tout le monde s'en va

Nieve jeune fille de La Havane nous raconte la vie dans la capitale cubaine, du divorce de ces parents et de leurs incessantes disputes, son enfance difficile marquée par cette blessure jusqu'à ce que la jeune fille devient femme. Niévé porte un regard critique qui s'affirme au hasard des aléas de sa vie. Et tandis que de nombreux compatriotes et amis quitte le pays et le régime castriste, Niévé reste au pays, malgré un regard acerbe, réfléchit et critique sur la poltique de Castro. Avec beaucoup de sensibilité. Wendy Guerra brosse le portrait, à travers Niévé, d'un pays marqué dans son coeur et sa chair par le régime en place et nous offre une image politique intéressante de Cuba. Avec culot et sincérité, un premier roman réussit. Et si rester était une forme de résistance ?
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Poser nue à La Havane

Cette fois, cette note concerne un livre emprunté à la bibliothèque. J’ai découvert cet auteur à l’occasion des AIR 2010. J’avais alors lu « tout le monde s’en va qui m'avait conquise.



C’est une belle écriture mais elle m’a laissée indifférente. Basée sur l’année passée par Anaïs Nin à Cuba, Wendy Guerra invente le journal qu’aurait pu écrire Anaïs. Je comprends l’attirance de Wendy Guerra pour cette femme car elles ont des trajectoires et des habitudes semblables mais voilà je me suis ennuyée.



Je comprends le besoin de révolte d’une femme à cette époque où seul le mariage compte, je comprends le vide laissé par l’abandon du père et les difficultés face à la pauvreté. Car finalement descendre de milieu social est probablement pire que d’avoir toujours appartenu à un milieu (même pauvre). Mais pourquoi cette rébellion me semble t elle si stérile ? Alors que dans « tout le monde s’en va » la petite fille m’avait émue et j’aurais aimé la prendre dans ma bras, cette Anaïs Nin me semble seulement neurasthénique. En même temps, j’ai l’impression d’être passée à coté de quelque chose… Si seulement je savais quoi…



En conclusion, si vous ne connaissez pas Wendy Guerra, je vous conseille vraiment de la découvrir dans « Tout le monde s’en va », concernant « Poser nue à la Havane » vous l’aurez compris je ne peux pas vraiment le recommander…
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Un dimanche de révolution

Etoiles Notabénistes : **



Domingo de Revolución

Traduction : Marianne Millon



ISBN : 9782283030660



Merci à Babélio et aux Editions Buchet-Chastel qui, dans le cadre d'une opération "Masse Critique", m'ont expédié à titre gracieux un exemplaire du nouveau roman de Wendy Guerra. ;o)



Le livre terminé, on en tire cette conclusion navrante : "Tout est triste à Cuba" et l'on en vient presque à regretter la république bananière qui y précéda la "révolution" de Fidel Castro. Il faut dire que l'héroïne, Cleo (diminutif de Cleopatra), en principe porte-parole de l'auteur, est fortement dépressive et qu'elle ne croit plus que la révolution, quelle qu'elle soit, soit possible à Cuba. Morte et enterrée, la Révolution contre l'oligarchie, castriste ou autre. Le gouvernement est trop bien noyauté et, ce qui est pire, les Cubains ont trop bien appris à marcher ... au pas de l'oie, à se trahir l'un l'autre, à espionner, à fabriquer de fausses preuves, à ...



Mais, comme ceux qui y sont restés alors qu'ils avaient les moyens de partir (ou comme ceux qui ont quitté l'île sans grand chose avec eux), Cleo a Cuba dans le sang. Poétesse, elle se veut tantôt île, tantôt île de Cuba. Ses parents sont morts dans un accident d'auto sans doute voulu par les autorités. Après ça, elle est demeurée recluse chez elle, ne se souciant plus de rien, pendant près d'une année entière. Sans compter que ses livres, qui ont du succès à l'étranger, sont interdits de parution à Cuba.



Par nature (et parce que je connais bien la dépression), j'ai une horreur quasi physique des déprimés qui goûtent un plaisir malsain à ressasser leurs malheurs. Or, Cleo, que l'auteur l'ait voulu ou non, m'a semblé appartenir à cette déplorable catégorie. Oh ! Je ne nie pas l'existence de ces malheurs mais pourquoi, toujours, se plaindre ? Certes, on peut craquer à certains moments - il le faut d'ailleurs - mais enfin, sortir des Kleenex à tout bout de champ en insistant bien sur le fait qu'on les utilise, ce n'a jamais été mon genre. Se cacher pour pleurer et ressortir ensuite, tout (e) pimpant (e) d'humour noir, ça, par contre, ça me plaît. C'est vous dire que la pauvre Cleo était plutôt mal partie avec moi ... Je ne lui trouvais aucun ressort (je ne lui en trouve toujours aucun, je me permets de le préciser ;o) ) et je me demandais simplement si, comme elle n'était capable de gaieté qu'après avoir fumé de l'herbe, elle ne ferait pas mieux de se suicider ou alors, je ne sais pas moi, de filer au Mexique ou ailleurs pour se faire religieuse ! Un truc utile, vous voyez.



J'en étais là de mes cogitations quand se pointe un certain Géronimo, star hollywoodienne et internationale, désireux de réaliser son premier film sur le père de Cleo. Attention ! Pas le père parti en fumée dans l'explosion de la voiture mais le vrai père, un certain Mauricio, qui aurait été un espion de Castro, voire un agent double ou triple.



Ah ! ça se corsait ! Super !



Bien entendu, Cleo n'a jamais entendu parler de tout cela. Elle ne sait pas non plus qu'elle est née en réalité aux USA. Sa défunte mère qui, comme son deuxième "père", était une scientifique qui travaillait sur des expériences biologiques dans l'intérêt de la Cuba communiste, l'a soigneusement gardée dans l'ignorance. Sur ordre ? Par peur ? Ma foi, ça, l'auteur ne nous en pipe pas mot . Toutes les pistes sont ouvertes, d'autant plus largement que, dans une dictature, le flou est de rigueur, les archives disparaissent ou sont retouchées, les preuves finissent aux oubliettes et les juges exercent la volonté du dictateur suprême.



Dans une dictature, pointe émergée de cet iceberg qu'est la Politique mondiale, tout le monde manipule et tout le monde est manipulé, mes petits amis. (Et là, je suis tout à fait d'accord avec l'auteur.)



Si l'amour porté par Wendy Guerra à son pays natal m'a touchée, j'ai le regret de dire que, pour le reste, je n'ai vu dans ce livre - mais ce n'est que mon avis - que clichés et intrigue très mal ficelée. Quant à tous ces ressassements dépressifs ... Par le Ciel et le Diable confondus, ce n'est pas comme ça qu'on s'en sort, dans la vie ! Et c'est avec un soulagement indéniable que, à la toute fin du livre, j'ai vu les autorités cubaines interdire à Cleo, retour de Cannes, de reposer le pied sur un sol dont je ne sais toujours pas, manipulation oblige, s'il s'agit de son sol natal ou pas.



Ca et là, insertions de poèmes, pas tous d'ailleurs de Cleo. Et le livre est dédié à Gabriel Garcia-Marquez, visiblement un saint pour tant de Latino-américains et de Cubains en particulier, lesquels ne semblent ne s'être jamais étonnés que ce défenseur des Droits de l'Homme se soit complu à fréquenter Fidel et ses séides.



Moi, vous m'excuserez, ça me choque et ça me choquera toujours.



Mais enfin, lisez vous-mêmes, faites-vous votre opinion. Vous m'en voyez désolée mais je ne donnerai aucun extrait, fait assez rare chez moi pour que je le souligne. Vous comprenez, j'ai envie d'aller ressasser mes propres malheurs dans mon coin ... Curieux, non ? ... ;o)
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Un dimanche de révolution

Je remercie Babelio et les éditions Buchet-Chastel pour cette découverte.

Une nouveauté pour moi, de la littérature cubaine avec l'ile comme premier personnage. Le résumé était appétissant.



J'ai vite été déçue. Je n'ai pas aimé le style de l'auteure. L'écriture a un côté poétique et imagée mais on s'y perd très facilement. Je ne voyais plus ce qu'elle voulait dire, où elle voulait emmener les lecteurs. De même, qu'elle saute du coq à l'âne dans les sujets, le temps et les lieux. Je ne savais plus du tout où j'en étais, j'avais du mal à comprendre et à suivre l'histoire.

L'histoire avait de quoi plaire, assez complète, avec La Havane comme contexte, sa politique et sa façon de vivre particulière, une histoire d'amour, et une enquête sur la famille de Cléo. Malheureusement rien n'a été mis en valeur. Ce n'est pas vraiment une enquête, juste un détail dans la vie de Cléo évoqué. Il n'y a pas vraiment de recherches sur la vérité, on est vite perdu et pas très intéressé. Et au final l'auteure n'en fait pas grand chose. C'est très décevant. L'histoire d'amour me parait sortie de nulle part et incohérente. Seule la fin me réconcilie un peu. Par contre on sent l'ambiance pesante de Cuba, la surveillance continue, les libertés bafouées, mais aussi le sentiment d'être chez soi malgré tout. C'est agréable de découvrir une autre culture malgré que je ne comprenne pas la finalité de tout ça. De même la fin m'a plus avec cette recherche d'identité mais les difficultés qui ne s'arrêtent pas ainsi.

Cléo pourrait être un personnage intéressant, dans lequel on pourrait se projeter mais elle parait assez loin de nous. On a du mal à s'attacher à elle, à la comprendre.



Le court roman m'a laissé sur une déception. A aucun moment j'ai réussi à me plonger dans l'univers.
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Un dimanche de révolution

Au travers d’une histoire un peu alambiquée d’écrivaine cubaine qui découvre après la mort de ses parents que son père n’était pas celui qu’elle croyait au travers d’un acteur préparant un film sur Cuba, Wendy Guerra parle de sa relation avec son île, son pays et la Havanne.



Une relation trouble, schizophrène, faite d’amour pour son pays et sa culture mais de haine pour le régime, de fierté révolutionnaire et de honte face à cette dictature fonctionnaire et paranoïaque. Une relation viscérale désincarnée.



Un livre qui peine pourtant à prendre, faute à une histoire peut-être un peu bancale, comme son héroïne, Cléo
Lien : https://www.noid.ch/un-diman..
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Un dimanche de révolution

Le 31 août dernier, Karla Suarez a publié en France son cinquième roman, Le fils du héros. Certainement l'un des meilleurs romans de cette rentrée littéraire. Une semaine plus tôt, sa compatriote, Wendy Guerra, d'un an sa cadette, livrait Un dimanche de révolution, également son cinquième roman. Au jeu des comparaisons, autant la prose fluide et la qualité narrative de la première séduit, autant la confusion du récit et le style ébouriffée de la seconde suscite agacement voire ennui. Pourtant, depuis leur entrée en scène en littérature, les deux cubaines presque toujours traité de thèmes voisins : leur "cubanité" intrinsèque et douloureuse, le poids des restrictions et de la censure gouvernementale, le désir de partir, etc. Un dimanche de révolution, qui conte les mésaventures d'une poétesse nommée Cleo, double présumée de Wendy Guerra, ne manque pas de péripéties hautes en couleur autour d'une analyse de la situation des intellectuels au pays. Mais que c'est brouillon, sans continuité véritable, avec des changements de ton permanents. Le live fuit constamment entre les mains et, plus grave, ne suscite guère d'empathie vis-à-vis de son personnage principal, lequel, soit dit en passant, a contrairement à nombre de cubains la possibilité de voyager, même si c'est au prix de lourdes tracasseries administratives. Wendy Guerra nous parle d'un pays kafkaïen et paranoïaque que bien d'autres écrivains ont déjà décrit, avec une plume largement plus incisive et pertinente.
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Un dimanche de révolution

Merci aux éditions Buchet-Chastel et Babelio pour la découverte de ce livre de la rentrée littéraire.



J’ai découvert les éditions Buchet-Chastel il y a un an tout juste, pour la rentrée littéraire 2016. J’avais pu lire Celui-là est mon frère, une lecture dont je me souviens encore tant la plume de l’auteure et la construction du récit était particulière. Cette année encore, j’ai eu l’occasion de lire un de leur titre. Ayant eu une bonne surprise l’an dernier, je m’en réjouissais. Mais comme les dragées surprises de Bertie Crochue, on ne tombe pas toujours sur le parfum fraise…



Quand on est un peu trop curieux, comme moi, on tombe parfois sur de très bonnes surprises… et parfois on se brûle les ailes. C’est un peu ce qui est arrivé avec ce roman dont le résumé était prometteur.



Pour être tout à fait honnête avec vous, le roman n’est pas mauvais. Mais, je ne sais pas pourquoi, ça n’a pas prit avec moi. Je m’attendais à une narration spéciale, mais je ne m’attendais pas à une narratrice aussi étrange. Je m’explique, on se retrouve avec une jeune femme, écrivaine-poêtesse, qui écrit à la première personne du sujet. Jusque-là tout va bien. Là où ça devient étrange, c’est lorsque « je » est si froid, si distant, si impersonnel qu’il en rend le personnage principal peu attachant. C’est bien ce qui se produit ici. Et malheureusement, même si je comprends le symbolisme par rapport à l’état totalitaire dans lequel elle vit qui la dépouille, finalement, de sa propre personnalité (voire de sa vie), le résultat ne m’a pas convaincue du tout.



Il y a de ces oeuvres d’art que l’on regarde avec intensité et bonne volonté, on perçoit qu’il y a quelque chose, qu’elle veut nous dire un truc, mais ça ne prend pas. Et c’est terriblement frustrant à la fois pour le lecteur, mais également pour l’auteur j’imagine.



C’est bien dommage, car à côté de ça, Wendy Guerra montre un état totalitaire, les dérives et les conséquences sur la population. Pire que tout, elle nous montre la censure terrible mise en place et pourtant, cette soif, cet amour pour un pays qui n’est plus ce qu’il a été. J’ai trouvé cette lecture intéressante mais à mon grand malheur, j’ai fini par compter le nombre de pages qui me séparaient de la fin.



Je ne peux que vous conseiller de vous faire votre propre opinion si vous êtes curieux. Je serai d’ailleurs ravie d’en discuter avec vous si vous l’avez lu/le lisez/comptez le lire. Malheureusement pour moi c’est une déception. Des propos qui se voulaient révolutionnaires qui passent pour de la paranoïa à l’état pur. Des scènes de sexes inutiles, même si c’est son moyen de fuir la réalité, une fois ça suffit pour comprendre. D’ailleurs, cette manie de mettre des scènes de sexe de partout même en littérature contemporaine, ça commence à me fatiguer un peu. Je dis pas pour la romance érotique et tout ça, mais le lecteur le sait déjà quand il l’achète. Il l’achète pour ça. Aujourd’hui, on en trouve de partout, et pas forcément utile, intéressant ou bien écrit en plus de ça… Bref, vous l’avez compris, Un dimanche de révolution n’est pas si révolutionnaire que ça....https://pauseearlgreyblog.wordpress.com/2017/08/18/rentree-litteraire-2017-un-dimanche-de-revolution-wendy-guerra/
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Un dimanche de révolution

Un très grand merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour cette Masse critique en avant-première de la rentrée littéraire 2017.



Allez, je vous emmène en voyage, nous partons pour Cuba !



Cléopatre Alejandra dite Cléo, la trentaine, est poétesse. Son recueil de poèmes "Avant le suicide" vient de recevoir le premier prix d'un concours de littérature espagnol. Elle pourrait être heureuse mais voilà, ses parents sont décédés dans un accident de voiture tout récemment, elle vit à la Havane et se sent terriblement seule. Son escapade à l'étranger pour recevoir son prix ne viendra que renforcer ce sentiment à son retour en terre cubaine où les amis prennent de la distance. Cléo ferait-elle partie des indésirables pour le citoyen cubain ? et pour le parti alors ?



Ce roman de Wendy GUERRA évoque le quotidien de cette artiste, harcelée dans sa vie privée comme dans sa vie professionnelle, par le pouvoir en place. Tout est prétexte à une fouille, qu'il s'agisse de l'appartement comme du corps humain. Le régime en place se méfie de chaque citoyen et s'organise pour tout connaître de son intimité. Alors, quand le personnage principal est artiste et qu'il aspire à une liberté, sinon de mouvement, à tout le moins intellectuelle, les frustrations sont décuplées.



J'ai été particulièrement sensible à l'oppression des hommes et des femmes, au quotidien, par un régime dictatorial qui continue de parasiter la vie des cubains.



Avec ce type de roman, il nous est rappelé ô combien notre liberté est précieuse. Ce qui pourrait paraître anodin dans le quotidien, comme la manière de s'habiller, ne vient que renforcer ce sentiment de harcèlement du régime jusque dans les moindres détails de votre quotidien.



Ce qui m'a impressionnée dans ce roman, c'est cette mutation de l'individu dans un environnement qui l'assaille. Wendy GUERRA démontre avec ce roman le degré d'aliénation de l'individu.



Alors, certains prennent la voie de l'exil et là, il s'agit souvent d'un voyage sans retour.



Wendy GUERRA, elle-même écrivaine, choisit avec l'itinéraire de Cléo de parler des auteurs et du poids de la censure. Elle évoque à quel point il est difficile de s'abstraire du régime pour s'autoriser à poser des mots sur des pensées et ainsi permettre à la littérature de s'épanouir.



"Un dimanche de révolution" est un roman qui donne à voir l'histoire contemporaine d'un territoire insulaire enkysté dans un passé dictatorial, salutaire assurément, de ceux qu'il convient de lire pour ouvrir les yeux sur une réalité d'aujourd'hui.



Le propos est puissant, la langue acérée. Si dans son pays, sa voix est écoutée, offrons lui nous la possibilité de rayonner hors de ses frontières et d'être chez nous entendue !
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Negra

Tout d'abord, je remercie Masse critique qui m'a permis de lire le dernier roman de Wendy Guerra « Negra » paru aux éditions Stock en 2014.



J'aime bien Wendy Guerra parce qu'elle parle bien de Cuba et qu'elle aime son pays mais j'ai quand même un problème avec son écriture qui me laisse perplexe. Je m'explique : c'est le troisième livre de Wendy Guerra que je lis et, une fois de plus, je trouve que les sujets abordés son passionnants mais c'est comme si elle voulait en faire trop. J'ai l'impression qu'elle s'éparpille en voulant traiter de nombreux thèmes. Cela se ressent sur la forme avec beaucoup de petits chapitres qui sont tous introduit par un ou plusieurs épigraphes, qui rendent la lecture très agaçante. C'est comme si on avait besoin de coder le titre du chapitre, des fois que le lecteur ne comprenne pas de quoi il s'agit.

J'avoue qu'au fil de la lecture j'ai « zappé » ces épigraphes. Par contre, j'ai bien aimé les « encarts » sorte de définitions ou recettes qui ponctuent bien la narration et qui sont utilisés sans abus.



Cependant, « Negra » est un livre intéressant, un peu long à mon gout pour les raisons que je viens d'évoquer mais qui permet de vivre Cuba de l'intérieur, avec Nirvana del Risco nommée Nina, jeune cubaine bisexuelle qui cherche l'épanouissement et revendique son indépendance. J'y ai donc vu l'histoire d'un pays mais aussi celle d'une jeune femme d'aujourd'hui.



La narratrice, Nina, raconte sa propre histoire à la première personne. C'est une belle métisse, mannequin, née d'un père blanc et d'une mère noire appelée « la noire » documentariste de cinéma. Nina veut vivre le présent mais n'échappe pas à son passé, au passé des cubains, celui de l'esclavage et de la métisation de l'ile. Elle est révoltée contre le racisme et les préjugés raciaux et c'est le fil rouge du roman. Cette révolte, toujours présente donne le ton.

D'ailleurs la narratrice fait référence au cimarron et cite le livre de Miguel Barnet « Esclave à Cuba » qui raconte la vie d'Esteban, un cimarron, c'est-à-dire un esclave noir fugitif, dans la Cuba coloniale et sucrière.



Mais ce que fuit Nina c'est d'abord l'injustice. L'injustice d'avoir perdu l'enfant qu'elle attendait, la souffrance d'être rejetée et maltraitée par son compagnon, Jorge, d'un autre milieu social et cubain blanc. Elle connait même la prison pour avoir erré dans Siboney, quartier riche de la Havane.



Celle qui vient la chercher et tentera de la sauver tout au long du roman c'est sa grand-mère, Cuca, qui représente Cuba des anciens, celle de la religion. La religion de Cuca est fondée sur le culte des orishas.

Les orishas qui accompagnent Nina sont des divinités afro-américaines originaires d'Afrique, et plus précisément des traditions religieuses yoruba. Ils ont été introduits à Cuba par la traite des Noirs. Ils sont vénérés comme divinités de la santeria des Caraïbes et représentent les forces de la nature.

Nina ne croit pas aux orishas. Pourtant, elle va vivre avec le fantôme de sa mère qu'elle a peu connu ayant été élevée par sa grand-mère, et qui est décédée précocement.



Et puis, il y a Lu son amie métisse de père chinois, sociologue, qui est aussi son amante. Il faut dire que le sexe a beaucoup d'importance dans le livre et que toutes les expériences mènent Nina à l'extase physique. Par contre, moralement ça va beaucoup moins bien.

Lu et Nina vont partir à Marseille pour répandre les cendres de Marie décédée à Cuba. Marie était la compagne de la mère de Nina « la Noire » elle aussi bisexuelle.

En France, un nouvel homme apparait dans la vie de Nirvana, Philippe, l'ex-mari de Marie qui, même avec un âge plus avancé que le sien semble assez immature. Cet ex-soixante-huitard ressemble au grand amour et ils font l'amour passionnément.



L'expérience française n'étant pas très heureuse (et oui le racisme existe aussi en France) le retour à Cuba permet à la jeune femme de réaliser un projet professionnel : celui de s'installer dans les montagnes de l'Escanbray avec Cuca et Alina (grand-mère de jorge), pour fabriquer des produits naturels. Philippe va la rejoindre mais ses plantations de marijuana vont poser de gros problèmes. le système Cubain rigide et sclérosé ne les aide pas pour obtenir une autorisation d'exercer et cela va finir par une expulsion.

Cuca essaie d'aider sa petite fille grâce aux offrandes et spiritisme mais Nina ne veut pas faire appel à la religion pour vivre. Elle va trouver un emploi à la revue de cinéma « Cuba imago » grâce à Aurelio, ami homosexuel qui a connu sa mère.

Un nouvel homme va entrer dans la vie de Nina, Tom, métis américain de San Domingue qui partage ses incertitudes mais qui travaille pour les américains. La jeune fille ne va pas se laisser mépriser pour être allée avec l'ennemi et revendique sa liberté. Cela va mal finir mais je ne veux pas raconter la fin d'autant plus que le dernier rebondissement est plutôt inattendu.



Wendy Guerra nous inonde de références, qu'elles soient musicales, littéraires, sociologiques ou religieuses et c'est plutôt appréciable : on rencontre dans « Negra » des auteurs cubains comme Guillermo Cabrera Infante, José Lezama Lima ou encore Pedro Juan Gutiérrez mais aussi des français comme Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir qui ont fait le voyage à Cuba pour en saisir sa réalité. Par contre, ce qui est moins appréciable, c'est le portrait assez caricatural que dresse Wendy Guerra des amants de l'attirante Nina: Jorge le cubain blanc odieux, Philippe le français immature et Tom le métis américain au gros sexe.



A lire donc par amour pour La Havane.





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Mère Cuba

« Mère Cuba » est un roman douloureux sur la quête d’une fille très influencée par l’ombre écrasante et insaisissable d’une mère par nature libre et instable.



Outre cet exercice cathartique souvent pénible, Guerra mélange pratiquement continuellement vie personnelle et histoire cubaine, ce qui sans connaissances préalables de la seconde partie rend parfois difficile la compréhension de la fine frontière entre Histoire et fiction notamment pour les longs passages consacrés à Celia Sanchez, devenue par la grâce de la littérature une quasi intime.



Plus intéressante car moins pesante est l’ode à Cuba, aux sensations, atmosphères, architecture, nourriture, musique … qui on le comprendra aisément voyagent partout avec l’écrivain lorsqu’elle se trouve à Paris, Moscou ou Miami.



Œuvre intime, parfois sensuelle, au rythme lent sinueux, « Mère Cuba » reste néanmoins trop profondément triste pour m’enchanter et me charmer.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Un dimanche de révolution

En matière de lecture comme dans la vie de tous les jours, il faut oser sortir de sa "zone de confort". Parce que les belles lectures sont parfois celles auxquelles on ne s'attend pas, celles que le hasard place sur notre route. C'est pourquoi de temps à autre, je reviens à la "littérature générale", loin des univers imaginaires que j'aime tant.



Hélas cette fois-ci, mon escapade en territoire inconnu n'aura pas été une partie de plaisir. La lecture de ce roman a effectivement été pénible pour moi. Pénible dans le sens où je n'ai pas réussi un seul instant à franchir la barrière de l'écriture de l'auteure et à m'immerger dans son univers cubain.



Le premier élément qui m'a gênée dans ma lecture est en effet l'écriture de l'auteure. Bien que les phrases soient relativement courtes et leur construction plutôt simple, j'ai trouvé l'ensemble à la fois fouilli, inutilement compliqué et particulièrement redondant. J'ai eu le sentiment que l'auteure cherchait à donner un style à sa prose, un style poétique et tourmenté comme pour faire écho au personnage de Cleo. Le problème est que le résultat n'est vraiment pas plaisant, c'est du moins mon ressenti. Je suis restée complètement hermétique à l'écriture et encore plus à l'histoire...



Le récit souvent décousu et incohérent de Cleo m'a complètement laissée de marbre. On a quasiment aucun repère chronologique, on ne comprend pas toujours (et même rarement) ce qui se passe dans la tête de la narratrice, pas plus que la raison de son mal-être etc. Bref, je n'ai pas compris grand chose à l'histoire.

Il faut dire que l'auteure passe sous silence pas mal de choses sous couvert de rendre son intrigue plus prenante. Sauf que cela n'a pas l'effet escompté, on passe son temps à se demander qui est tel personnage, pourquoi il vient voir Cleo, qui étaient les parents de Cleo, pourquoi celle-ci est-elle aussi déprimée... Beaucoup de questions qui restent finalement sans réponses. En fait, l'intrigue m'a parue vide de sens. Certes, on comprend bien que le roman parle d'identité, de régime politique et de liberté, mais ces thèmes sont abordés de manière tellement détournée et peu compréhensible que cela devient ennuyeux.



Je pense que ce livre ne n'était tout simplement pas pour moi, beaucoup trop loin de mes goûts, de mes préoccupations. Ce roman saura plus certainement séduire les lecteurs sensibles à une littérature s'attachant à décortiquer les questions d'identité, de création, de politique etc.



Je tiens malgré tout à remercier Babelio et les éditions Buchet Chastel de m'avoir fait parvenir ce livre. À défaut d'avoir su l'apprécier, il m'aura permis d'exercer mon sens critique.
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