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Critiques de William Carlos Williams (11)
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Scènes et portraits

Les recueils de poèmes, je les lis goutte à goutte, je relis même parfois deux ou trois fois le même poème, surtout quand il a résonné en moi la première fois. C'est en général la fulgurance de quelques vers, ce qui s'en dégage - lumière, mouvement, émotion - et dont j'espère aussitôt retrouver la trace ou encore, d'un oeil plus technique, comprendre comment ça s'est construit.

Cette anthologie inédite, Scènes et portraits, possède exactement tout ce que j'aime le plus en matière de poésie: l'instant, la fugacité et la poésie du réel. Pas besoin d'aller très loin: comme dans son recueil le plus connu, Paterson, William Carlos Williams part de ce qu'il voit autour de lui, dans sa petite ville du New Jersey, pour le sublimer en quelques vers. Pire: il écrit dans son cabinet de médecin, dans l'urgence, entre deux rendez-vous, la machine à écrire sur le bureau.

Parfois, il s'attache à ses patients: une femme en train d'accoucher, une autre trop épuisée de ses multiples grossesses pour en accepter une autre. D'autres fois, c'est son jardin au fil des saisons, et on l'imagine debout à la fenêtre, le matin, une tasse de café à la main.

Des poèmes emplis d'humanité - les pauvres, les Noirs ont une part importante dans ses écrits - mais aussi teintés d'érotisme, par exemple lorsqu'il voit les jambes mouvantes d'une femme dans les branches d'un arbre.

Je suis loin d'avoir fini ce recueil et je ne veux pas me presser car je goûte avec plaisir cette double lecture bilingue, mais je dois rendre ma critique car le délai est passé.

Merci énormément à la Masse Critique et à cette très belle maison d'édition Seghers qui m'a permis de découvrir des poètes passionnants.

Et maintenant, je retourne à ma lecture!
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Un Jeune Martyr (suivi de) Adam & Eve et La..

Ce volume regroupe les deux recueils qui précèdent l'oeuvre la plus importante de William Carlos Williams: Paterson.

Personnellement, c'est indirectement par Paterson que j'ai découvert ce poète que je ne connaissais que de nom. Indirectement, parce que c'est par le magnifique film éponyme de Jim Jarmusch, Paterson, que j'ai eu un aperçu de sa poésie.

Le recueil Paterson est un sacré gros pavé, donc j'ai préféré me tourner vers ce volume pour commencer!

Un jeune martyr est un hommage à un homme que le poète avait rencontré, expédié à tort dans un asile psychiatrique. Il préfigure le chef d'oeuvre qu'est Paterson par sa poésie libre de contraintes et au plus près du réel; ici il dépeint des scènes de rue ou des paysages en mouvement avec une grande acuité; on n'est pas loin de la photographie tant son écriture semble instantanée, et ce n'est pas surprenant qu'il ait pu influencer les poètes Beat. J'ai adoré ce premier recueil!

J'ai trouvé le deuxième un tantinet plus classique, plus basé sur les figures mythologiques et plus éloignée de la réalité immédiate. J'ai été moins touchée.

On sent à travers cette poésie un homme empathique envers les démunis - on est dans les années de la Dépression - et ouvert au monde. C'est aussi cette impression que Jarmusch fait ressentir à travers le personnage incarné par le fabuleux Adam Driver, un conducteur de bus qui écrit de petits poèmes pendant sa pause à la manière de William Carlos Williams.





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Scènes et portraits

Je remercie Babelio et les Editions Seghers pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de l'opération masse critique. Il s'agit du premier livre de William Carlos Williams (1883-1963) que je lis, poète estimé et réputé aux Etats-Unis (Jim Jarmusch l'ayant même cité ouvertement dans son très beau "Paterson"), et considéré comme l'un des grands représentants de la poésie moderne américaine.



Cet ouvrage en édition bilingue (belle initiative !) est un recueil de poèmes inédits en France, recouvrant une très grande période de créativité. Il sera d'ailleurs difficile de trouver une forme d'unité. En tout cas, il est impératif de lire l'excellente préface de Jacques Demarcq. Elle éclaire certains textes, les situant dans leur contexte, soulignant que Williams était aussi médecin, et qu'il y trouvait matière pour écrire.



Ce sont ces poèmes-là qui m'ont le plus touchée car il y évoque la fragilité de la vie, de la chair, ou la pauvreté de ses patients. J'ai également apprécié ceux qui ont pour sujet sa mère ou sa grand-mère. D'autres textes m'ont laissée perplexe, manquant un peu de fulgurance pour me travailler durablement.

Quoiqu'il en soit, ces "Scènes & Portraits" apparaissent comme une porte d'entrée intéressante pour tous qui aimeraient se glisser dans l'univers de Williams...
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Paterson

Imaginer la sérénité d'une feuille d'arbre qui se balance sur une mer calme. Imaginer la puissance des trombes d'eau qui se déversent d'une chute. Il faut surtout imaginer le montage entre ces deux images, dans un va-et-vient qui s'impriment avec force et douceur à la fois. C'est ce genre d'impressions que j'ai ressenties pendant ma lecture de Paterson, montage d'images poétiques, d'une poétique assez particulière, il faut le dire, construite à partir de faits ordinaires, qui s'accumulent, comme de la poussière dans un imaginaire.



Une femme tombe dans le gouffre de la chute, un homme y saute, volontairement, des corps qui réapparaissent, à la fin de l'hiver, incrustés dans un bloc de glace. Il y a très longtemps. Puis des chiens courent, s'abreuvent, une ex-petite amie vous écrit, elle ne comprends pas, ou encore, notre poète s'interroge sur sa place dans ce monde où le temps se matérialise dans cet eau qui tombe inlassablement de cette chute. Comme si tous ces inconnus s'étaient assis, à un moment ou un autre de leur existence, devant cette chute. Ou n'avait fait qu'y passer, un instant infime.



Cette atmosphère place le lecteur dans un état contemplatif, devant des images qui défilent plus ou moins lentement, dont certaines réapparaissent de manière suffisamment différentes pour qu'on se dise qu'il s'agit presque des mêmes. Sous la forme de courts paragraphes, William Carlos Williams crée un univers immense qui se limite néanmoins à la ville de Paterson, à sa chute, à la rivière Passaic. Par petites strates, il creuse, très profondément, pour faire ressurgir des pépites de vie, parfois enfuies depuis longtemps.
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Scènes et portraits

Quel bel objet, ce volume à la couverture carrée des éditions Seghers, éditions que je remercie ainsi que Babelio pour l'envoi de cette anthologie inédite de William Carlos Williams.

Cet ouvrage est bilingue et c'est un grand plaisir de lire le texte original avec la traduction en regard, même si on a comme moi un niveau d'anglais médiocre.

Cette anthologie montre un poète moderne : ces scènes et ces portraits, il les croque sur le vif comme des vignettes, des instantanés, avec un grand souci du rythme. Je ne le connaissais pas du tout et il m'a charmée par cette forme vive et rythmée, qui sert son propos empathique envers ceux qu'il peint, désabusé par l'injustice sociale autant que par les utopies verbeuses mais s'y attardant peu, préférant capter le quotidien, la poésie « ordinaire » du coin de la rue.

Il est attaché à l'« ici et maintenant » : un arbre dans le parc, une jeune femme à sa fenêtre, un marginal qui vagabonde. Ses mots sont simples, ses phrases cristallines, elles saisissent la fugacité de la vie, les saisons, le climat, les animaux ou les végétaux, souvent dans un contexte urbain. Et puis les humains qui profitent d'un rayon de soleil, souffrent et passent.

Il m'a un peu fait penser à Cendrars pour son rythme, en particulier dans "Ol' Bunk's Band", "L'orchestre du vieux Bunk", p.180. Même s'il parle de René Char dans un des derniers poèmes, il me semble tout le contraire de ce lyrisme emphatique et hermétique (mais saurai-je un jour apprécier René Char, c'est une autre question).

William Carlos Williams convoque l'oeil et l'oreille. Il évoque souvent des tableaux dont, p.128-129, « La Kermesse » de Brueghel, où une farandole est peinte au premier plan et le poème, avec des répétitions entêtantes et quasiment pas de signe de ponctuation, a ce rythme de danse, entraînant et tournoyant.

J'ai lu la préface après les poèmes et elle m'a donné des éléments fort intéressants sur la vie et l'oeuvre de l'auteur, médecin qui écrivait le plus souvent entre deux consultations. Une table donne à la fin le titre des ouvrages dont sont extraits les poèmes de cette anthologie. Elle couvre en effet toutes les périodes du poète, en donnant ainsi un aperçu plus intéressant.

En résumé, je suis conquise par ce recueil et vous le conseille qui que vous soyez.

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Mule blanche

Le monde des adultes vu par Flossie une petite fille d'un couple d'immigrants à New York à la fin du 19ème siècle. C'est une suite de notations charmantes ou tristes ou même parfois angoissantes, de ces instants de la vie que seuls saisissent les enfants. C'est fascinant et poétique.
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Paterson

Autant l’avouer tout de suite : sans avoir lu Armen de Jean-Pierre Abraham et sans Dépressions de Herta Müller, j’aurais baissé les bras face à Paterson.

On m’opposera qu’en matière de chronologie, c’est plutôt… foutraque.

Certes.

Mais dans cet ordre de lectures/découvertes, on apprivoise l’abstraction ! Et entre autres l’abstraction de l’idée que l’on se fait de la poésie.

Phrases courtes, vers, dialogues interrompus, ponctuation aléatoire au service de la musicalité, des répétitions tout sauf innocentes et des insertions d’articles, lettres, calligrammes (dont un en particulier renvoie à une certaine page de La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski).

Vous l’aurez compris, Paterson n’est pas d’un abord facile mais vous récompense au centuple d’une poésie furieusement éloignée de celle que nous avons tous connue à l’école, et particulièrement parlante, visuelle, auditive. La récompense est au bout de la patience, de l’ouverture d’esprit.
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Paterson

Le New-Jersey serait-il l'un des foyers importants de la littérature américaine. Est-ce parce que cet état jouxte la ville de New-York ? Toujours est-il que William Carlos Williams a vécu à Rutherford, ville voisine de Paterson, objet de ce poème éponyme, Philippe Roth est né à Newark, où se déroule notamment Pastorale américaine, de même par exemple qu'Allen Ginsberg.

Mais, quoi qu'il en soit, quid de Paterson (le poème de Willam Carlos Williams), paru en 1958 ? Difficile, voire très difficile d'accès au moins pour l'esprit peut être limité d'un lecteur moyen quoique assidu comme le mien. Cette poésie moderniste déroute, indiscutablement, et ce d'autant plus qu'elle vise à obtenir des effets visuels dans la disposition de ses mots, phrases et strophes, et qu'elle intercale des fragments de textes d'autres origines (journalistiques, poétiques et autres). La traduction d'Yves di Manno est fort agréable, mais aucune traduction ne peut éclaircir un tel texte. Errance historique, géographique, anecdotique, onirique dans la ville de Paterson, le poème suit en principe le cours de la rivière Passaic, qui traverse la ville avant de rejoindre la mer à Newark, près de New-York. Au passage William Carlos Williams démontre que la poésie peut faire son miel de tout, y compris une ville sans charme comme ici.

De toutes façons il reste à mes yeux légitime et nécessaire de rechercher des formes poétiques et littéraires nouvelles, ce qui était l'ambition de William Carlos Williams, même si les résultats peuvent apparaître difficiles, voire hermétiques, à certains lecteurs.

Peut-être aussi faut-il s'y habituer, à cette poésie : les débuts de l'ouvrage ont presque réussi à me décourager, puis, vers le milieu (livre III), l'incendie de Paterson à commencé à me parler et même à m'éblouir, puis, vers la fin (livres IV et V), de plus en plus, des "récompenses" m'apparaissaient, certaines même géniales (mais brèves). Mais, dirais-je, en dehors d'Homère dans l'Odyssée il y a deux mille huit cents ans, connaît-on depuis le moindre poète génial à jet continu ?

En refermant ce livre, qui m'a permis de découvrir William Carlos Williams, je ne regrette pas le voyage et comprends pourquoi il a eu une telle influence sur la littérature américaine. Cela donne aussi envie de découvrir son ami Ezra Pound, dont l’œuvre est sans doute aussi difficile.
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Scènes et portraits

« Scènes et portraits » rassemble la poésie spontanée et impérieuse de William Carlos Williams. Médecin et poète, il profite de quelques minutes de libre entre deux patients pour se jeter sur sa machine à écrire.



Véritable jaillissement littéraire, ses écrits vous emportent avec un rythme nerveux où le réel de la vie se mêle à la nature. Gynécologue et pédiatre, il parvient à retranscrire avec finesse les rapports entre une mère et son enfant. Il révèle le désespoir de ses patients, la misère et les petits délices du quotidien. Avec un style brut, les pages se succèdent comme une plongée en apnée dans une littérature où l‘urgence de la mise en mots est omniprésente.



J’ai été conquise par ce bel objet littéraire qui nous ouvre les portes d’un poète méconnu.
Lien : https://memoiresdelivres.fr
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La fortune

Suite de "La Mule blanche".

Sous les instances de sa femme le père de Flossie a quitté son emploi pour s'installer à son compte et tenter de faire fortune, entreprise difficile et hasardeuse dans une société où seul le plus fort survit.

On retrouve la petite Flossie dans le cercle de la famille et des amis fidèles. Nostalgie de l'enfance.
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Au grain d'Amérique

William Carlos William livre ici sa vision d'une poésie populaire à l'opposé de celle, jugée intellectuelle et hors-sol, d'un TS Eliot.
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