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Critiques de William Finnegan (69)
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Jours barbares

De spots en breaks, William Finnegan nous entraîne sur la vague. Entre réminiscences “surfesque” et carrière journalistique autour du monde, la quête du meilleur ride porte des atours quasi mystiques.



Malheureusement, l’auteur finira par me noyer, car même s’il n’est pas nécessaire d’être un passionné de ce sport, il faut quand même être motivé.



Dommage, car je pense malgré tout que ce livre est plein de qualités. Ce n’était peut-être pas le bon moment...



Abandonné en juillet 2018.
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Jours barbares

Une magnifique odyssée, un road movie épique du surf, voilà dans quoi nous plonge cette autobiographie d'un passionné, addict à la vague d'exception et au spot isolé. Difficile de ne pas penser à Kerouac tant l'esprit qui y souffle rappelle l'épopée des beatniks une bonne partie, même si l'on y croise plus souvent des beach bums, ces marginaux des plages océaniques.



De la Californie à l'Afrique du Sud en passant par l'Indonésie, Hawaï, la Thaïlande, l'Australie ou les iles Fidji, la bio de William Finnegan se déroule en suivant le fil de son obsession dévorante. Dès 10 ans il entrevoit ce jardin secret qui l'extrait du monde et des siens ; jeune adulte il laissera travail et compagne pour un périple à l'amitié tumultueuse dans le Pacifique Sud avec Bryan, tous deux en quête de la vague au sentiment d'immortalité ; enfin son séjour en Afrique du Sud ancrera sa vie dans une optique moins futile, plus politique et engagée.

L'on y croise quantité de vagues aux descriptions personnalisées et minutieuses, sources de sublimes « rides » ou de mémorables raclées. L'on y rencontre des surfeurs avides de plaisir égoïste capables de beaucoup pour la vague idéale, mais pas toujours d'entraide ou de respect. Un monde rebelle et ascétique, où la violence paraît consubstantielle à la puissance des vagues recherchées : « Les surfeurs appellent cette puissance le juice – le jus – et, quand les vagues deviennent sérieuses, le juice devient l'élément critique, l'essence même de ce que nous sommes venus chercher pour nous mettre à l'épreuve – tantôt en l'affrontant avec témérité, tantôt en l'évitant avec lâcheté. Ma propre relation avec cette quintessence, cette dose de violence pure, s'est faite plus vivace avec le temps. »



Loin d'être un manifeste exclusif pour le surf qui sombrerait dans le rébarbatif de technicité ou d'aveuglement prosélyte, c'est avant tout un superbe texte dense et exigeant, à la saveur littéraire avant d'être sportive, où il est aussi question de voyage, de sens de la vie, de famille ou de société. Le jargon du surfeur est certes bien là aussi, impossible en effet d'échapper aux takeoff, ride, lineup et autres subtilités du vocabulaire adéquat. Mais un glossaire retenu par un marque-page peut faire l'affaire, tandis que le talent et le souffle de conteur de William Finnegan s'occupent du reste.

Un auteur par ailleurs reconnu grand reporter, amateur diplômé de littérature, enclin tout au long du récit à discuter livres et auteurs, écrivant déjà des romans jeune adulte. Surf et littérature, ou quand une passion semble au final en cacher une autre.





« Se trouver au milieu des grosses vagues a un côté onirique. Terreur et extase rodent toutes deux ensemble, menaçant de submerger le rêveur. Une splendeur surnaturelle émane de la vaste arène d'eau mouvante, de ciel, d'une violence latente et explosions bien trop réelles. Ces scènes qui s'offrent à vous semblent déjà mythiques alors même qu'elles se déploient. Je suis toujours la proie d'une ambivalence féroce : j'aimerais être n'importe où ailleurs à cet instant et, en même temps, je n'aspire qu'à être ici.»
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Jours barbares

Prix Pulitzer 2016

William Finnegan, journaliste et surfeur, grand reporter au « New Yorker », remporte le prix Pulitzer en 2016 avec son roman « Jours Barbares ». Il raconte sa jeunesse passée entre deux vagues, élevé sous le soleil des plus belles plages du monde et sur les meilleurs spots de surf. Une vie d’homme libre, consacrée à ses passions, la vague qui l’emportera loin en état d’apesanteur et la page blanche sur laquelle il ne cessera d’écrire.

Les « Jours Barbares » décrit cette lutte sans merci entre l’élément liquide et l’homme, une lutte à la vie, à la mort. Il s’agit d’une guerre impitoyable pour atteindre la trajectoire idéale, cet état de grâce où la planche flotte entre deux immensités, celle du ciel et celle de l’océan.

Le personnage principal de ce roman est la vague. William Finnegan écrit à ce propos : « Un mot à propos de cette détermination des vagues à vous nuire : pour la plupart des surfeurs – en tout cas à mes yeux -, elles sont d’une effroyable dualité. Quand on s’emploie obstinément à les surfer, elles ont l’air d’être vivantes. Chacune a sa personnalité, compliquée et bien distincte, et est sujette à de rapides changements d’humeur, auxquels il faut réagir le plus intuitivement, voir intimement possible – trop de gens ont assimilé l’acte de prendre une vague à celui de faire l’amour. Et pourtant, les vagues ne sont ni vivantes ni conscientes, et l’amante que vous vous apprêtez à étreindre peut brusquement devenir assassine. Ça n’a rien de personnel. La vague mortelle qui vient d’elle-même s’éventrer sur la barre intérieur ne cherche pas à vous nuire. Le croire est un anthropomorphisme instinctif. L’amour avec une vague est une rue à sens unique. »

Les « Jours Barbares » est aussi le roman de cette période bénie où la Beat Génération s’épanouit à travers les Etats-Unis et envahit le monde entier. Culture des substances hallucinogènes qui propulsent vers des voyages trans-dimensionnels, culte de la liberté afin de s’extraire du carcan de la société bourgeoise moralisatrice, l’auteur décide de rejeter un système : études-mariage-enfants-travail-carrière. Il substitut un plan bien établi pour son propre plan : faire le tour du monde des meilleurs spots de surf et en découvrir de nouveaux. Mais quelle courageuse inconscience. Incroyable force de caractère pour laisser le chant monétaire des sirènes de l’argent au profit de sa passion, trouver le ride, faire le drop et être un Dieu parmi les Dieux.

Ce roman est non seulement un ouvrage sur le surf avec tous les détails techniques que le néophyte appréciera, mais c’est aussi un essai sur la philosophie du surfeur, le sacrifice de sa vie qu’il voue à sa passion et une vision personnelle de la vie qui s’ouvre à 360°, une formidable leçon de vie.

Le surf n’est pas un sport comme les autres, ni un loisir, ni une activité d’extérieur, c’est une religion, beaucoup de pratiquants, peu d’élus.

Traduction de Frank Reichert.

Editions du sous-sol, 520 pages.

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Jours barbares

Ce que j’ai ressenti:… Screamer de coup de cœur…



« Les surfeurs sont des fétichistes de la perfection. »



Imaginez… Fermez les yeux… Et laissez la Vague Finnegan vous emporter…Il n’est lecture plus immersive, tempétueuse, dangereuse, mais aussi, plus follement addictive et sensationnelle…Du moment, où tu ouvres ces pages, tes pieds se posent sur la planche de surf de ce jeune gamin, et elle t’envoie dans les tourments de l’océan, te valdingue dans les déchaînements du temps, te transportent au delà des continents…Tu retiens ta respiration, tu vibres d’une fureur fébrile, tu ressens un vent de liberté, tu t’en prends plein la vue…Un voyage à l’intérieur des tubes et une splendeur extérieure à couper le souffle, racontés au rythme du reflux d’une vie épanouie, au contact de la mer…Génialissime!



« A l’instar des roses ou des diamants, les vagues sont des objets immuables de la nature. »



Tout l’enchantement de cette lecture tient à cette force d’écriture, au pouvoir incroyable qui te rend palpable toutes les sensations de ce sport exigeant. Même vertigineuses, ses descriptions sont époustouflantes! William Finnegan rend fabuleuses ses mémoires, avec cette passion de tous les dangers, cette invitation au voyage, cette petite porte ouverte pour comprendre cette envie démentielle de se confronter toujours, aux forces maritimes de la nature. Dans le ride, l’émerveillement , au top-turn, l’adrénaline, au Pull-out, la douleur...On fait le tour des émotions de ses hommes qui n’ont pas peur de se mouiller, qui osent défier les lois de la gravité avec leurs planches sur des hauteurs instables, qui affrontent vents et marées…Plus de 500 pages, pour saisir toute l’immensité d’une addiction aux chocs des vagues…



« Le nouvel idéal émergeant était la solitude, la pureté, la perfection des vagues, loin de la civilisation.(…) C’était une piste qui nous éloignait de la citoyenneté au sens archaïque du terme, pour nous conduire vers une frontière à demi effacée où nous pourrions vivre comme des barbares de la fin des temps. »



Journaliste de guerre, nous avons presque en vision trouble, le théâtre des pires conflits mondiaux cachés derrière ses lignes. On devine la violence, elle est là, sous-jacente, mais l’auteur décide de nous parler que de beauté. C’est un homme avant tout, qui se frotte au danger, autant dans son métier que dans sa passion : il a comme une urgence dans sa manière de vivre, il a en lui, une fureur tranquille à louvoyer aux quatre coins du monde et affronter les aléas de la vie. Chaque vague se teinte du panorama d’une ville, chaque article s’empreinte des larmes versées, mais toujours le plaisir salvateur de la glisse…C’est un fascinant tour de force que de rendre ses océans démontés, un lieu de rendez-vous d’amitié et de félicité…



« On ne peut que haïr la façon dont le monde tourne. »



C’est une lecture qui ouvre sur le monde, ses joyaux et ses atrocités. Un récit de vie intense et mouvementé…Un roman qui te tient éveillé la nuit, et qui t’attire irrésistiblement vers les flots, le jour. L’appel du large devient violent et libérateur…Jours Barbares est un coup de cœur!



« L’enchantement me porterait là où il voudrait. »



Petit plus: Merci pour le glossaire du surf à la fin!



Ma note Plaisir de Lecture 10/10


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Jours barbares

Merik, si je te remercie aujourd’hui pour ton billet qui m’a donné plus qu’envie de surfer les pages de « Jours barbares », je t’ai aussi gentiment maudit. Dès la fin de la lecture de ton ressenti, j’ai commandé le bouquin avant de constater que… putain, 500 pages !!!!!! Mon premier pavé. 500 ça en fera sourire certains mais de mon coté c’est trop. C’est trop sauf que William Finnegan, l’océan, le surf, ça fait passer le temps sans qu’on s’en aperçoive.



Ce bouquin est le bouquin d’une partie des mes fantasmes. Pas difficile de me contenter, l’océan, des vagues et je baigne dans le luxe mais là il y a ce petit plus qui fait toucher du bout des doigts le rêve.

Mon rêve de parisien qui tentait de tenir sur sa planche et de se prendre pour Tom Curren, comme un gamin entre dans la peau de Messi à chaque récré, cinq semaines par an et dès qu’il avait un week end de trois jours pour descendre dans les Landes à Hossegor. Un rêve entretenu tout au long de l’année à travers Surf Session, Surfer’s Journal, quelques VHS (oui c’était au siècle dernier… déjà) et puis Le film, The endless summer.

Jours barbares c’est un peu The endless summer, deux potes en quête de La vague à travers le monde. Une vie hors système, hors contraintes et une idée fixe qui ferait la joie de n’importe quel psychiatre, bref, une philosophie de vie que j’aurais probablement adopté si j’avais vu le jour près de l’océan ou si j’avais passé mon enfance à Hawaï comme Finnegan. Vu comme ça, certains diront peut être que c’est une vie de branleur. Je répondrai juste que je souhaite à tout le monde ce genre de pratique c'est-à-dire de vivre sa passion sans limites (encore un truc à ne pas oublier dans ma prochaine vie…).

Finnegan nous plonge dans une Amérique de la fin des années 50, celle de son enfance, à Hawaï plus précisément. Ambiance Happy Days sur fond de Beach Boys. Rien pour me faire vibrer en apparence sauf que le gamin Finnegan va découvrir un truc pas possible que font les locaux, le surf.

Enfant, ado, adulte, l’auteur nous conte l’évolution du surf et de cet esprit à travers son expérience. Une expérience qui le mènera sur tous les océans du monde pour chercher la vague parfaite, le spot inconnu et désert. Une expérience qui lui fera découvrir le monde et le fera s’engager et témoigner contre l’apartheid en Afrique du sud, écrire, devenir journaliste, militant et « branleur de surfeur » pour les gens comme il faut.

Ce bouquin est une ode au surf mais pas que. Certains travers de cet esprit ne sont pas éludés parce qu’au pays de Candy tout n’est pas si rose. Une vague c’est comme un coin à champignons, ça ne se partage pas, on se la garde. Faut dire que certains spots ressemblent au périph un mardi de novembre vers 18h sous la pluie et que pour prendre une vague il faut être patient et attendre son tour (vous êtes le numéro 56 dans la file d’attente) soit être inconscient (un con chiant) et griller la priorité à tout le monde ce qui est quasi une déclaration de guerre aux autres surfeurs. La vague c’est un plaisir solitaire, un truc de branleur quoi. Et merde…

Pas facile non plus dans le milieu, d’arriver dans un endroit nouveau. Faut se faire accepter par les locaux. Il faut du temps, il faut les bluffer sur leur terrain.

A première vue le surfeur n’est qu’un abruti, égoïste le nez dans le guidon mais pas que. La solidarité prend tout son sens quand quelqu’un a un problème à l’eau. Et puis les heures passées à observer l’océan, les séries de vagues, cette communion avec la nature, cette connaissance de la météo et de ses effets à venir, font de lui un mec plus réfléchi qu’il n’y parait.

Et puis cette image du blond bodybuildé bronzé paradant sur la plage prend une bonne claque avec ce bouquin pendant des sessions sous le gris, sous la pluie quand la houle chasse le baigneur. Le genre de tête à tête avec la passion qui pousse à l’humilité et fait ressentir parfois la fragilité d’une vie.

Quel pied que ce périple nous menant d’Hawaï à Madère en passant par les Fidji, la Californie, l’Afrique du sud et le mythique Jeffreys Bay, Bali, New York (je n’imaginais pas qu’il y avait des spots dans le coin), l’Indonésie, l’Australie, les Philippines.

Tout au long des pages, l’océan bouscule. Une caresse par ici une claque mémorable par là, je t’aime moi non plus dans toute sa splendeur. Quelques pauses parce qu’avec le temps tout est fait pour te faire rentrer dans le moule et puis qu’il faut bien financer les voyages et puis la famille, la vie, enfin tout un tas de choses qui brident une certaine liberté. Faudrait pas vieillir…



Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains car même si le surf vous tente, j’avoue qu’une grande partie de chaque chapitre peut perdre et lasser le lecteur avec tous les termes (glossaire en fin de livre) et descriptions de vagues.
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Jours barbares

J'ai été scotchée malgré moi par l'autobiographie de William Finnegan, reporter sur les terrains de guerre et surtout grand surfeur. Depuis son enfance en Californie et à Hawaï, il a parcouru tous les meilleurs spots du monde et nous fait profiter de ses voyages au bord des océans de la planète. Il ne cesse de s'interroger sur le sens de la quête de sa vie (celle de la plus belle vague). Ce récit est en premier lieu une histoire d'amitiés, les surfeurs étant en général toujours prêts à s'entraider, avec pourtant beaucoup de nonchalance.

Cet homme de mon âge a su faire revivre l'époque où le sida était encore inconnu et où le surf n'avait pas pris une dimension commerciale. La drogue faisait pourtant des ravages même chez les surfeurs, la violence était présente dans l'éducation des garçons américains et les guerres impérialistes n'ont jamais cessé. L'auteur est aussi le témoin de l'apartheid en Afrique du Sud.

J'avoue avoir baillé devant les descriptions des exploits sportifs (heureusement qu'il y a un glossaire à la fin du livre pour expliquer les termes techniques !) et ce récit autobiographique m'a surtout intéressée par son côté psychologique, celui de la construction d'une personne, qui trouve peu à peu sa voie en s'éloignant de sa famille pour mieux s'en rapprocher par la suite. Et je n'ai pu qu'admirer un homme qui surfait encore à plus de soixante ans en sachant rester prudent tout en prenant des risques !

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Jours barbares

Titre : Jours barbares

Auteur : William Finnegan

Editeur : Éditions du sous-sol

Année : 2017



Résumé : Pour certains le surf est un sport, un passe-temps. Pour William Finnegan, c’est un art de vivre, une véritable philosophie. Elevé entre Hawaï et la Californie du sud, le jeune homme n’a qu’une obsession : trouver la vague ultime. Au sortir de l’adolescence, William se lance dans une quête sans fin, aux quatre coins du monde. Afrique du sud, îles du Pacifique, Australie, Fiji, Indonésie, le jeune homme parcourt le monde dans une quête effrénée.



Mon humble avis : À priori je n’étais pas la cible idéale pour ce roman, je ne connais rien aux sports de glisse et, même si je vis sur une île depuis des années, le trip planche, peau tannée, cheveux longs et sable chaud m’a toujours laissé de marbre. Je n’ai donc aucun souvenir des raisons qui m’ont poussé à acheter le roman de Finnegan, sans doute de bonnes critiques ou l’avis d’un ami. Une chose est sûre, c’est que ce pavé traînait dans ma bibliothèque depuis des mois jusqu’à ce que je me décide enfin à l’entamer. Et, comme c’est parfois le cas, le miracle eut lieu, mais je m’explique. Tout d’abord, il est important de préciser qu’il s’agit là d’une autobiographie, l’histoire commence entre Hawaï et la Californie où le jeune Finnegan goûte à ses premières vagues. Très rapidement, l’auteur se passionne pour cette activité, jusqu’à ce que le surf, la recherche de la vague parfaite, devienne, pour lui, une véritable obsession. Vous l’aurez sans doute compris à travers ces quelques lignes, j’ai beaucoup aimé ce roman. Finnegan est aujourd’hui un reporter reconnu, féru de littérature et cela se voit. L’écriture est précise, le roman traversé d’un souffle rare et les descriptions de sessions de surf qui auraient pût être des écueils, sont au contraire magnifiquement décrites. Il y a du Kerouac dans ce road movie, il y a la sensation d’une quête éperdue, d’un homme qui se perd dans une recherche sans fin. C’est aussi une superbe invitation au voyage, Finnegan se promène entre l’Asie et le Pacifique Sud, entre l’Espagne et l’Afrique du sud, où sa conscience politique s’éveillera. Loin des sponsors et des compétitions, accompagné d’une bande de hobos attachants, à la recherche incessante de la perfection, l’auteur décrit, souvent de façon introspective, les aléas de sa vie d’apprenti écrivain, sa vie de reporter puis sa vie de père de famille. Sans concession, l’auteur y décrit son nombrilisme, ses relations tumultueuses avec les autres, ses relations familiales, ses amours sacrifiés sur l’autel du surf. Il y décrit également sa soif de liberté, et la pression de la société pour qu’il rentre dans le rang, enfin. Une invitation au voyage, une profonde réflexion sur la liberté, des sessions de surf à couper le souffle, Jours barbares est décidément un très beau roman.



J’achète ? : Oui sans aucune hésitation. Un roman fort, dépaysant, envoutant, une ode à l’océan qui est certainement le personnage le plus marquant de ce texte. Superbe, vous dis-je.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Jours barbares

Sea, sun and surf!

Finnegan est un charmeur. Sa planche sous le bras, il nous enivre des couleurs de l'océan, des us et coutumes des pays qu'il traverse, et des nombreuses rencontres amicales de surfeurs talentueux. L'auteur nous fait partager ses moments de grâce et ses grosses frayeurs. Il nous initie au langage technique de ce sport où l'observation de la météo et des breaks ( zone où cassent les vagues surfables) est indispensable.

Dès l'âge de dix ans, William surfe à Ventura près de Los Angeles. Son apprentissage se poursuit à Hawaï où vivent un temps ses parents .Là il arrive à vaincre sa peur devant un "océan...dieu insoucieux, infiniment dangereux, incommensurablement puissant..."

1978 est un tournant dans sa vie. Son goût de la vague devient une quête et avec son ami Bryan di Salvatore étudiant de Yale, ils vont explorer les spots des îles du Pacifique Sud. Les Fidji, les Samoa, l'Australie puis l'Asie, les deux compères surfent inlassablement les lieux peu fréquentés. Puis lâché par Bryan lassé de cette vie de bohème, William part en Afrique du Sud pour découvrir non seulement les vagues mais une conscience politique et le goût du journalisme de terrain. Mais c'est à Madère qu'il reçoit de vraies râclées et que le besoin d'un autre parcours se fait sentir. Il s'installe avec sa femme à New-York devenant reporter de guerre.

Mais le goût du surf ne le quitte pas; seuls le physique et la responsabilité d'un père le freinent dans sa pratique.

Tel un explorateur curieux et obsédé par la vague, Finnegan narre dans cette autobiographie son émerveillement de surfeur avide de sensations fortes.

Fini les clichés des surfeurs au short à fleurs hawaïennes, aux pectoraux musclés et les cheveux jaunis par un soleil brûlant. Désormais grâce à l'auteur , j'ai découvert le véritable monde du surf où la meilleure glisse se fait en hiver. Finnegan a trouvé sa voie et sa parole est le témoignage d'un surf loin des sponsors et des compétitions . Le sport à l'état pur! le bonheur!
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Jours barbares

Jours barbares de William Finnegan est un roman de style autobiographique, il a été gratifié du prix Pulitzer en 2016 et c'est amplement mérité.

Je ne pratique pas le surf mais en tant que fan inconditionelle de Ben Gravy et Jamie O'Brien et habitant à proximité d'un des plus beaux spots de la région Sud-Finistère je ne pouvais pas passer à côté de ce roman. Aussi, j'espère avoir les bons mots pour en parler car c'est de loin la critique la plus ardue qu'il m'ait été donné de faire. Peut-être est-ce dû au fait que le sentiment dont nous fait part l'auteur tout au long de son roman est un sentiment difficile à décrire tant il est unique, cette fusion avec la vague qui amène à l'extase, je pense que nul autre que celui qui glisse ne peut la ressentir.

Le roman est rédigé sous forme de mémoires, il est extrêmement bien structuré et organisé, l'ont sent la plume du journaliste derriere. L'auteur a pris soin d'inclure une photo en noir et blanc à chaque chapitre et a également pensé aux lecteurs moins avertis en ajoutant un glossaire reprenant les termes techniques en dernières pages.

Le récit est dense, détaillé, technique, peut-être trop parfois pour un lecteur novice en la matière mais cela n'empêche en aucun cas la lecture et l'aspect positif est que quand vous refermerez ce roman, le "ride" et les "take-off" n'auront plus aucun secret pour vous !

Ce roman retrace plus de quarante années de la vie de William Finnegan, grand reporter pour le New-Yorker depuis 1984 qui a longtemps caché sa passion pour le surf ne voulant pas compromettre sa carrière.

Il n'a que dix ans quand il débute le surf au milieu des années soixante à Ventura en Californie avec une planche achetée d'occasion bien loin des modèles standards de shortboards actuels. Il passe son adolescence entre la Californie et Hawaï, période durant laquelle il va parfaire son surf et nourrir sa passion pour cette discipline.

Une grande partie du roman (plus de la moitié) est consacrée à sa quête, son tour du monde de surf qui va finalement durer des années puisque de 1978 à 1982 il n'aura de cesse de voyager, sac au dos, avec son ami Bryan Di Salvatore, sillonnant le Pacifique Sud, l'Asie, l'Australie, l'Afrique... Toujours à la recherche de la vague mythique et parfaite.

J'ai apprécié la lecture de ce roman même si parfois je m'y suis sentie un peu perdue. Je l'ai lu en plusieurs fois et je pense que je n'aurais pas dû car c'est un roman dans lequel il faut s'immerger et sous ses airs de carnet de voyage il n'en reste pas moins une réflexion profonde et intimiste de l'auteur sur le surf, qui, bien plus qu'une discipline est un art de vivre qui demande rigueur et ascétisme. Nous sommes bien loin de l'image de papier glacé véhiculée par les magazines. William Finnegan casse complètement le mythe. Car oui si l'on veut surfer c'est dès l'aube, encore faut-il que les éléments tels que vent, houle, période, marée, soient favorables...Des heures passées à attendre au line-up pour une vague ou pour rien... La passion peut parfois être frustrante mais quand on aime...

Pour finir j'ajouterais que toute passion a ses contraintes mais elle permet de s'accrocher à la vie, elle la rend plus exaltante. William Finnegan l'a bien compris et finalement il aura réussi à combiner sa passion du surf avec sa passion du journalisme.

Que vous surfiez ou non chacun de vous pourra se retrouver dans ce très beau roman.
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Jours barbares

Si tenir debout sur une planche de surf au milieu des vagues ou des tempêtes est une belle métaphore de nos vie, j’aurais dû penser à me munir d’un gilet de sauvetage car je me suis noyée à la moitié du livre.



Le surf n’est pas un sport que je pratique (déjà que je ne tiens pas super bien sur un skate) mais puisque d’autres l’avaient lu et apprécié et que ces derniers n’étaient que des surfeurs du web, je m’étais dit que moi aussi j’allais aller taquiner les vagues.



Si au départ la mer était joueuse et que j’avançais bien, à un moment, c’est comme si on avait relié une ancre à ma planche, comme si je ramais à contre-courant : plus rien n’avançait et les pages se tournaient doucement, trèèèès doucement…



Alors que je me devais d’être vigilante, je piquais du nez en plein océan !



Tant que l’auteur me parlait de sa jeunesse, à Hawaï, fin des années 50, tout allait bien et même si les termes utilisés dans le surf étaient présents en masse, j’étais tout de même captivée par ces jeunes qui étaient prêt à tout pour surfer sur les vagues, à tout moment.



Ce n’est pas la première fois que je bois la tasse avec un roman, le plus chiant est que ce roman faisait partie de ma PAL Pedigree, celle des champions, celle qui se compose de livres que je veux absolument lire, ceux qui sont les plus susceptibles de me procurer des coups de cœur.



Loupé !


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Jours barbares

Journaliste pour le New Yorker, Finnegan y a mené à la fois des reportages sociétaux locaux et des enquêtes au long cours en Somalie, en Afrique du Sud, dans les Balkans, en Amérique latine ou au Soudan. De quoi certainement remplir une vie et même plusieurs. Ce n’est pourtant pas de cela qu’il parle dans Jours barbares. Car si tous ces sujets ont en partie forgé l’homme qu’il est devenu – en particulier son expérience de l’apartheid – c’est avant tout le surf qui a construit William Finnegan.

Né à New York en 1952, Finnegan a vite déménagé avec ses parents sur la côte sud de la Californie au moment où le surf commençait à véritablement s’y développer. Puis, à l’adolescence, une mutation de son père l’a mené à Hawaï. C’est ainsi qu’il a dès l’enfance été habité par cette passion dévorante pour les vagues. Une addiction qui n’a cessé de le poursuivre dans les décennies suivantes. C’est cette vie de surf que le journaliste choisit de nous livrer.

Ça pourrait ressembler à une interminable liste de vagues surfées avec, à l’appui, un jargon imbitable ou pire à un de ces terribles plaidoyers new age sur la connexion de l’homme à l’océan. On frôle parfois le premier écueil – mais Finnegan est assez pédagogue et surtout bon écrivain pour ne pas s’y échouer – et on évite de façon salutaire le second, que l’auteur se plaît même à démonter assez vite. Oui, William Finnegan parle de ses multiples sessions, en conte quelques-unes par le menu, mais il le fait toujours non seulement avec un talent qui permet à n’importe qui de s’y immerger avec plaisir comme on navigue sur les mers du sud avec Jack London, mais aussi avec un souci de démythifier. Le surf apparaît dans Jours barbares comme un prétexte à une belle et parfois cruelle introspection, une réflexion sur l’addiction (« Quand j’ai emménagé à San Francisco, j’avais réussi à m’abstenir de surfer pendant deux années au moins. ») et une description par la marge de la génération de Finnegan, de son insouciance vite écorchée et de la manière dont les rêves peuvent finir par se briser sur la réalité.

Le cœur du livre de William Finnegan, consacré à une décennie de recherche ininterrompue de vagues dans les mers du sud, du retour de l’auteur à Hawaï en 1971 jusqu’à son arrivée en Afrique du Sud près de dix ans plus tard, ressemble ainsi bien souvent à la remontée d’un fleuve des ténèbres. Il y a l’aventure, certes, la découverte de vagues presque parfaites et encore désertes, mais aussi les tensions entre Finnegan et ses acolytes – petites amies, surfeurs qui partagent avec lui plus ou moins longtemps le voyage – les échecs, la façon dont on passe parfois à côté des gens qui vivent là où l’on vient pour surfer, le nombrilisme maladif du jeune homme qui ne veut pas être comme les autres.

Et derrière cet autoportrait sans concession, le monde change et le surf aussi. Là encore Finnegan aborde tout cela en évitant les pièges évidents, en particulier le détestable « tout était bien mieux avant ». Finnegan est là-dessus relativement clair : le surf n’a jamais été quelque chose de « pur » ; c’est un sport individuel, parfois égoïste, souvent égotique, et il s’agit avant tout de surfer des vagues que les autres n’auront pas (et mieux qu’eux, de préférence), c’est à la fois une quête intime et une recherche de reconnaissance par ses pairs. Bref, c’est ambigu et la mode actuelle du surf qui voit exploser le nombre de pratiquants l’est tout autant pour Finnegan.

Tout cela fait de Jours barbares un objet littéraire extrêmement original, très pointu mais susceptible de toucher le plus grand nombre, intimiste mais sans exhibitionnisme, qui fait voyager et réfléchir, bourré d’émotions mais sans laisser de côté la réflexion. C’est surtout un très beau livre de la part d’un écrivain de grand talent.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Jours barbares

Je crois que l'une des choses que j'aime le plus au monde, c'est quand quelqu'un parle d'une passion qui le fait vivre et qu'il en parle d'une telle façon que, même et surtout si à la base j'en ai rien à carer, il emporte mon adhésion et me donne effectivement envie d'en savoir plus ou juste me procure un plaisir à voir et entendre sa démonstration.

Ici, la passion c'est le surf (et un certain type de vie, voyage, découvertes, kerouackisme...).

Et, navré, mais William Finnegan n'a pas réussi à m'emballer avec lui, je n'ai pas apprécié être dans ses bagages. Je ne deviendrai pas surfeur (ce qui est d'autant plus difficile puisque le surf n'est plus le surf que vivait Finnegan).

Si j'ai pu apprécier les éléments sociologiques, ethnologiques même, politiques également, tout ce qui a tourné autour du surf m'ont rapidement saoulé. Créant une lecture lourdingue qui n'en finissait pas.

Si je peux aisément comprendre que quelqu'un un peu intéressé par le surf puisse adorer ce livre, je pense que la plupart auront du mal. Malgré une certaine qualité descriptive et littéraire.



Ce livre a été une épreuve pour moi, et je le trouve quelque peu surfait*.



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*J'étais (pas) obligé (, mais).
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Jours barbares

Journaliste et écrivain, William Finnegan a également fait ses preuves comme surfeur. C'est d'ailleurs en tant que tel qu'il oriente ses mémoires. Le surf n'a jamais réellement fait partie de mes centres d'intérêt et n'a même jamais vraiment éveillé ma curiosité. Ma culture dans ce domaine se résumait jusqu'alors à Point Break et aux Beach Boys. C'est dire. Et pourtant, je me suis surpris à me passionner pour ce livre. Cela s'explique par plusieurs raisons.



Tout d'abord, William Finnegan raconte son d'histoire avec autant de talent que d'aisance. Il partage si bien sa passion qu'on entend gronder les rouleaux à la lecture des pages et il la communique à ce point que tout prend sens et devient poétique, des détails techniques du matériel à la physionomie des vagues et à la précision de leur brisure. Il évoque sa philosophie du sport, la vie au contact des éléments et de sa communauté, les corps malmenés, la pleine conscience du risque, de la douleur et du plaisir. Il explique sa conception du déracinement, du surfeur en perpétuelle vadrouille sur la planète, du besoin de constamment repousser ses limites et du paradoxe entre le total investissement et le caractère vain de la chose. En vrai puriste, il rend tout évident.



Mais ce n'est pas tout. J'ai le sentiment que, contrairement à ce qu'on pourrait penser, il n'est pas question de surf dans ce livre. Car voilà, William Finnegan s'est entre autre distingué comme reporter de guerre, arpentant le globe pour couvrir les conflits. Durant ma lecture, j'étais surpris qu'il n'en parle pas plus. Il aborde peu le sujet de l'écriture, presque pas ses reportages, ne cite que vaguement quelques unes de ses influences, mais je referme finalement cet ouvrage en me demandant si ce n'était pas ça le sujet. Le surf comme une allégorie, les spots comme théâtres des opérations, les plages comme zones de conflit. Le surfeur serait un premier degré de lecture, le reporter un second. Et donc, plus qu'un livre sur le surf, ce serait une présentation de l'état d'esprit qui motive le reporter de guerre et des dispositions indispensables aux risques encourus. C'est une phrase sortie de son contexte qui a fini d'influencer ma (très) libre interprétation du livre :



(La suite sur mon blog.)
Lien : http://touchezmonblog.blogsp..
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Jours barbares

Un récit envoutant. Avec parfois quelques vagues un peu longues. Un récit dans lequel on plonge et où il nous faut parfois du souffle pour s'y immerger encore plus.

De beaux passages sur un sport qui devient au file du roman une philosophie, un échappatoire.

Une belle fresque sur l'ambition d'un surfer souhaitant parcourir les plus belles vagues du monde.

Et puis cette réflexion profonde sur la notion de la famille, sur cette obligation de rentrer un jour ou l'autre dans la norme.
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Jours barbares

William Finnegan nous raconte sa vie à travers le prisme du surf, sa passion dévorante qui conditionne la majeure partie de ses décisions.

Surfeur moi même j’ai pu experimenter le même type de vie que l’auteur dans mes jeunes années.

Une vie de voyages et de quête des meilleurs vagues autour du globe. Car le surf n’est pas seulement un sport, c’est un mode de vie.

Cependant, et l’auteur le decrit tres bien, passé un certain age cette quête peut se transformer en une sorte d’égoisme, une obsession ressemblant à une addiction qui coupe du monde social. La quête de son propre plaisir peut elle rendre heureuse au long terme?

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Jours barbares

Un récit hyper dense, incroyablement ficelé. Chaque chapitre-aventure est d’une richesse… abyssale. Un peu comme la vague ; la vie entière du surfeur, posée en équilibre sur la planche, ne suffira pas à la déchiffrer tout à fait. Y aller, y revenir…

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Jours barbares

Jours Barbares est le titre que William Finnegan a choisi pour sa biographie sous titrée très justement « Une vie de Surf ».

Je m'attendais à une biographie classique un peu pénible car déjà lue et j'ai été agréablement surpris.

Cette forme biographique est en fait un vecteur ultra efficace pour partager une passion pour le surf très communicative.

Une fois que l'on a passé les première pages et que l'on s'est habitué au jargon de la discipline, on est embarqué dans un tour du monde haletant, à l'échelle d'une vie dont les temps forts se passent dans les vagues.

C'est toute une époque qui défile sous nos yeux, une époque pendant laquelle il existait des havres de paix pour le mouvement surf naissant, qui deviendront immanquablement des marchandises dévoyées par le grand capital.

Ainsi on est au dessus de l'épaule de l'auteur quand il passe des heures à scruter l'océan dans l'attente des conditions idéales.

On retient notre souffle avec lui quand il est perdu dans le fracas des vagues à la recherche d'une échappatoire pour sauver sa vie.

Les descriptions sont magnifiques et la grandeur, la magnificence et la puissance destructrice de l'Océan sont émouvantes et nous bouleversent.

C'est aussi l'occasion de découvrir un milieu, un mode de vie , le contrat social du surf, une forme de stoïcisme face aux élément d'où découle une philosophie de la vie.

Et finalement c'est avec stoïcisme que William Finnegan fait face au temps qui passe et qui emporte tout comme une immense déferlante.

On prend un grand plaisir à suivre la trame parfois un peu échevelé de cette biographie.

Car on sent que Finnegan est un aussi grand amateur de littérature qu'il l'est de surf, et on ne s'ennuie jamais à suivre le fil de cette histoire raconté par cet amateur de Joyce et Conrad.

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Jours barbares

Reporter pour le New Yorker magazine et doté d'une forte conscience sociale William Finnegan est une grande figure du journalisme aux Etats Unis. Il a longtemps caché sa passion pour le surf de peur d'être décrédibilisé aux yeux de ses collègues. Et ce n'est qu'en 2015 qu'il a l'idée de raconter sa vie de surfer au travers d'un livre. C'est réussi, même très réussi, puisqu'il obtient le Prix Pulitzer en 2016.

Dans Jours barbares, il nous entraîne aux coins du monde sur une planche de surf.

Du Hawaï des années 60 où il vécut le surf au travers du prisme de l'enfance, il nous emmène en Californie, dans le pacifique sud, en Australie, puis en Afrique du Sud, en Asie du sud-est avec la malaria et la typhoïde, puis San Francisco, Madère et finalement New York.

Cette odyssée du surf bien documentée est un très beau récit de vie, plein d'une belle énergie. Ce livre est truffé de termes de jargon de surfer, en anglais of course, heureusement expliqués dans un glossaire pour les non-initiés dont je suis.



L'auteur nous parle de l'océan et de la traque des vagues comme personne, les vagues qui laissent le surfeur dans un état quasi-extatique, et les murs d'eau qui tabassent ....

A son quotidien de surfeur se mêlent les soubresauts de monde ; la jeunesse américaine en pleine guerre du Vietnam, l'Afrique du Sud en plein Apartheid avec Mandela en prison. On en apprend également plus sur ce sport/art de vivre assez mal connu du public finalement. Le surf est une enivrante addiction qu'il faut apprendre à maîtriser, au risque d'être emporté trop loin, de surfer la vague de trop.



Tout cela en fait un récit décoiffant et iodé, très bien écrit et parsemé d'anecdoctes qui font sourire. J'ai beaucoup apprécié cette lecture de fin d'été. C'est à lire si vous pensez pouvoir enchaîner les spots sur presque 600 pages.
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Jours barbares

Dans le gros son de l’océan, Jours barbares orchestre tous les moment de grâce que son auteur a connu grâce au surf. Glisser sur l’eau, entre jouissance et effroi. Et continuer, encore et encore, jusqu’à ce que le corps se rebelle...Mais il est tout le temps conscient de la vanité de ces sensations uniques, de cette drogue dure qui a dominé sa vie. Et c’est pour ça que le livre de William Finnegan nous paraît de plus en plus sublime au fil de la lecture.

Le style est fait de longues phrases qui ramassent les souvenirs comme autant de vagues. Les décennies passent et l’auteur nous fixe dans les rouleaux de vague, dans les houles du monde entier, comme des zones intemporelles. Sa bienheureuse cachette.



Un journaliste reconnu de 65 ans remonte dans le temps.

Au commencement...Honolulu.

Au collège, le petit blanc est un souffre douleur mais la découverte et la pratique du surf domine tout. Il lui donne ses amis, Roddy Kaulukuiki et son frère Glenn le fugueur, Ford Takara le japonais mutique, Domenic Mastrippolito, le David de Michel Ange. Les corps bronzés, les cheveux blondis par le soleil.. Il est déjà à l'écart de sa famille, il dresse le portrait de son père, de sa mère. Finnegan raconte qu'un ami lui a renvoyé les lettres très longues qu'il lui avait écrites à l'âge de treize ans et il pu se nourrir de leurs détails pour son autobiographie. 



Les époques se croisent, un homme se souvient de l'enfant, de l'ado qui passe de longues heures à  nager, à déchiffrer les houles. D'un coté, les vagues, de l'autre, l'enfance, les bagarres à l'école où il faut s'imposer, les bandes, les caïds. Il parle de la violence de cette époque où les parents fessent les enfants ou les corrigent à la ceinture.



Tout d'un coup les "longboard" sont considérées comme obsolètes, les planches raccourcies - le shortboard- révolutionnent la manière de surfer.Il y a toujours Domenik  et Caryn Davidson la petite amie de ses 17 ans, la liberté sexuelle, Jimi Hendrix qui meurt cinq jours avant un concert à Rotterdam, le voyage en Europe où il se revoit, cruel, avide de mouvement, de départs, d'explorations. Et les vagues, encore et toujours, comme des personnages, les tubes « la traversée réussie de la chambre intérieure d'une vague creuse ».



Même en surfant de nuit, il a toujours retrouvé sa planche.



Dans un chapitre qu'il nomme La quête, Finnegan a quitté sa petite amie, son métier de "serre-freins" à la Southern Union (sa fierté d'avoir été cheminot), pour aller explorer le monde des mers du Sud avec Bryan di Salvatore.



Les deux hommes scrutent des cartes marines et rêvent de houles et de tubes. Les déceptions s'enchaînent. L'océan est souvent inaccessible. Il a le contact facile avec les autochtones et il réfléchit à leur condition comparée à la sienne d'Américain voyageur.



Il y a une vague secrète quelque part au milieu du livre. Ils campent au-milieu des serpents de mer (« Trois pas, le nombre de pas que tu peux faire une fois qu'il t'a mordu ») aux Fidji. Et ils vont enchaîner les vagues des jours entiers. Il décrit ça comme des shoot. Une mer transparente. Des vagues qui l'assomment, le tabasse, des falaises, des coraux qui les laissent en sang. Ils sont loin de tout, dans des îles sans téléphone où les autochtones font tout eux-mêmes. 

Ils font le serment de ne pas divulguer la position de Tavarua.



Puis c'est l'Australie (La Contrée chanceuse) et ses très bons salaires. Il fait la plonge dans un restaurant. Il explore le spot de Kirra. Bryan et lui signent leurs premiers articles pour la presse même s'ils ne s'entendent sur rien à propos du style.



Sa petite amie vient le rejoindre. Il tombe gravement malade, malaria. Il se demande s'il ne doit pas rentrer, s'il n'est pas un raté. Bryan, lui, est rentré.Mais ce n'est pas encore l'heure de rendre des comptes.

Départ en Afrique. Découverte de l'Afrique du Sud et de l'appartheid. Il est engagé comme instituteur dans une école pour noirs, sa conscience politique se réveille.

Et toujours les séries de vagues...

Retour au pays. San Francisco et Ocean Beach. 

Encore des personnages: le doc Mark Renneker, sorte de fou animé par une pulsion de mort sur lequel il écrit un article dans le New Yorker, Edwin l'Argentin, Peewee le charpentier. Les débuts de la peur face aux plus grandes vagues quand il se compare à ces têtes brûlées.

En société, dans le monde sérieux, il commence sa carrière de journaliste engagé, il écrit sur l'Afrique du Sud. Ces années-là sont compilées en quelques lignes alors que les sessions de surf s'étendent sur des pages et des pages, comme pour nous les faire vivre en temps réel. Les désillusions, quand soudain, avec son vieux copain Mark (installé à Missoula au-milieu de tous les autres écrivains), ils se rendent compte que leur vague secrète des Fidji est dévoilée au monde entier dans le magazine Surfer.



Dans les années 90, il découvre Madère avec un nouveau camarade. Encore des dangers dans les vagues, les tonnes de flotte, les bruits de tonnerre de cascade. Plusieurs fois il croit sa dernière heure arriver. On se demande si ce n'est pas ça le surf: le plaisir ultime, jouissif de filer en vitesse avec l'ombre de la mort à chaque grande vague. L'auteur aura mis tous ses forces d'écrivain pour nous communiquer, à nous simples mortels qui jamais n'avons surfé, les plaisirs et dangers de sa pratique. 

L'âge vient, la peur augmente au fur et à mesure des sessions, son corps n'a plus les mêmes réactions. 

Et en parallèle, expédiée, la vie de grand reporter dans les zones brûlantes du globe d'où il rapporte de longs articles d'immersion.



Ode au temps qui passe, à l'amitié masculine, Jours barbares m'aura emporté loin avec ravissement.


Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Jours barbares

Il est rare que je relise un livre mais j'avais tellement aimé Jours Barbares que sa parution en format poche (avec une très belle couverture) a été une très belle occasion de retrouver WIlliam Finnegan !



Encensé par la critique, Jours Barbares est une très belle autobiographie, un livre idéal à emporter avec soi pour les vacances, un livre propice au dépaysement, propice à la découverte, propice à une lecture au bord de l'eau.



Jours Barbares nous raconte la vie palpitante de William Finnegan, un récit porté par l'amour du surf et des valeurs véhiculées par cette activité. Même si vous n'êtes pas adepte de ce sport, même si vous n'y connaissez strictement rien vous prendrez plaisir à lire ce livre : d'une part parce que vous apprendrez énormément sur le surf mais aussi parce que le surf est un fil conducteur original et passionnant.



En effet, c'est au travers du surf que William Finnegan va grandir, s'affirmer, faire des rencontres inoubliables et voyager. Le surf représente sa passion dévorante mais aussi un merveilleux moyen de communication, peu importe d'où l'on vient: le surf est un langage universel.



J'ai adoré ce livre car il permet de découvrir de nouveaux lieux, de rencontrer des personnes passionnantes, de découvrir de nouvelles cultures, de voir en quoi le surf est presque une religion dans certains endroits. Avec ce livre William Finnegan nous raconte sa vie mais aussi la vie des lieux où il va, des personnes qui croisent sa route.



En définitive, ce livre est absolument passionnant et je vous le recommande chaudement !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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