Citations de William Navarrete (29)
En fait, c’est toujours le cercle intime des castristes qui contrôle tout et gouverne avec le soutien des généraux et grâce à un soutien parfaitement verrouillé contre lequel le peuple ne peut rien faire.
(page 11)
L’uniformité rêvée par la dictature se révélait être un échec. Car ces univers culturels irréconciliables étaient hérités de 373 années d’une société esclavagiste qui avait duré de 1513 à 1886 ainsi que des gouvernements républicains corrompus successifs. On ne risquait pas de pouvoir entrer dans le même moule.
(page 14)
Appauvrir, niveler par la bas, empêcher la réussite. En « mettant tout le monde à plat », le dictateur créait un système dans lequel la survie au quotidien était devenue le souci principal de chaque individu.
(page 87)
Certes, l’éducation était gratuite, le déjeuner et le goûter pour les demi-pensionnaires du primaire aussi. On ne payait pas non plus nos livres ni les soins médicaux. Nous avions un uniforme obligatoire qui changeait de couleur suivant le niveau d’études. Il nous arrivait même d’avoir quelques enseignants qui avaient déjà exercé leur métier avant la Révolution, ce qui les rendait plus objectifs et plus ouverts que d’autres.
(page 36)
En tant qu’élève, j’avais rapidement appris à distinguer un professeur capable de défendre bec et ongles le régime d’un autre qui aurait pu quitter le pays à la première opportunité.
(page 37)
C’était précisément le Che que les jeunes Cubains ayant quitté l’île détestaient le plus ! D’abord parce qu’il était d’un extrémisme sans borne, mais aussi parce que, à nos yeux, il n’était qu’un médecin raté devenu mercenaire, prêt à s’engager dans n’importe quelle aventure pour canaliser sa mégalomanie et sa haine des riches.
(page 160)
La puissance médicale cubaine, constamment vantée par le régime, n’a pas réussi à retenir les siens. La fuite des cerveaux des trois dernières décennies a été une aubaine pour de nombreux pays toujours en manque de personnel médical.
(page 45)
Le monde a fini par accepter l’anomalie cubaine comme quelque chose d’unique, mais en même temps de normal, contre laquelle on ne peut rien faire. N’étant pas un pays qui puisse offrir de grandes ressources naturelles, son importance est sous-estimée au point de croire que ce régime militaire ne constitue pas un danger pour la sécurité internationale.
(page 178)
Comment peut-on consacrer du temps à combattre un régime quand il faut passer plusieurs heures à faire la queue pour acheter, carnet de rationnement à la main, un litre de lait et quelques œufs ?
(page 91)
Chaque citoyen devait donc se transformer en acteur potentiel de l’ordre établi. Il ne devait pas se contenter d’obéir, il fallait qu’il veille à ce que ses voisins, ses collègues ou ses amis ne s’écartent pas du droit chemin et, le cas échéant, il devait les dénoncer. Ce climat délétère généralisé s’était installé dans la société cubaine.
(page 73)
Cette fausse gaîté des Cubains, qui dansent en sachant qu’ils n’ont pas d’espoir, cache une douleur profonde qu’on a du mal à saisir si on se laisse emporter par le rythme sans chercher à comprendre les paroles des chansons. Cette musique si enivrante et gaie est peut-être l’une des plus tristes au monde.
Une chaleur légère et réconfortante me parcourut le corps. Je frissonnais de plaisir en devinant la saveur ténue de la prune, séparant le goût de la pomme-cannelle de celui du fruit du sapotier, le canistel de la manque, le pitahaya de la nèfle. Je mâchais lentement les morceaux de fruits. Je me fichais de me faire prendre.
Le monde a fini par accepter l’anomalie cubaine comme quelque chose d’unique, mais en même temps de normal, contre laquelle on ne peut rien faire. N’étant pas un pays qui puisse offrir de grandes ressources naturelles, son importance est sous-estimée au point de croire que ce régime militaire ne constitue pas un danger pour la sécurité internationale.
C'était précisément le Che que les jeunes Cubains ayant quitté l'ile détestaient le plus! D'abord parce qu'il était d'un extrémisme sans borne, mais aussi parce que, à nos yeux, il n'était qu'un médecin raté devenu mercenaire, prêt à s'engager dans n'importe quelle aventure pour canaliser sa mégalomanie et sa haine des riches. Bien sûr, le Che a été abandonné par Castro quand il a commencé à lui faire de l'ombre.
Je percevais pour cette raison l'île comme un corps de femme maltraitée, un corps résigné et supplicié, condamné à toujours fuir l'excès de virilité, sa cruauté implicite, obligé de contenir la violence des hommes, y compris dans l'entourage familial. Une île sous le joug du machisme le plus irrationnel et de l'impulsion primitive de prouver sa masculinité aux dépens de la terre, en la martyrisant, en la soumettant à d'infinies tortures, en se moquant de son extraordinaire sensualité, de sa douceur, de tout ce qui aurait pu rappeler à ces super-mâles qu'ils n'étaient que les fils d'une femme.
Renaitre de ses propres cendres à chaque fois qu'on fait chou blanc, voilà un autre subterfuge d'un bon dictateur, toujours prêt à la manipulation!
Navarrete, pense au fait que nous sommes toujours des esclaves des choses que l'on avoue, mais libres quand nous nous taisons.
Qu'on le veuille ou non, la cuisine fait toujours référence au passé. Même si pour Miguel et sa femme, leur bandeja était la plus pure expression de leur appartenance à la terre qui les avait vus naître. Nous sommes partis satisfaits en leur laissant croire à l'idéal de leurs traditions culinaires.
Elle se sentait capable de diriger une armée en pleine campagne militaire, de devenir contremaître, de prendre des décisions, de mettre au pas la moitié de la ville, de donner l'impression d'être forte et confiante à chacun de ses actes. Son regard plus pénétrant, empressé, brillant. Ironique quand la situation l'exigeait. Sagace pour atteindre son but. Cynique lorsqu'il le fallait. Sorcière afin d'obtenir ce qu'elle voulait. Cubaine, pure et dure !
Un nuage masqua le soleil, nous manifestâmes tous deux notre soulagement. Ici, même le soleil est une tyrannie.