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Critiques de Yaël Pachet (12)
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Le peuple de mon père

°°° Rentrée littéraire 2019 #8 °°°



« Je me propose de faire en sorte que sa mort ne soit pas un choc sourd dans ma vie, et si je voulais dire l'ambition de mon propos, ce serait de danser une dernière fois avec lui – mais qui serait aussi la première fois avec lui – et, dans ce mouvement, de vérifier que je suis encore bien vivante, que je ne suis pas morte avec lui. Ne pas mourir étant la vraie, la seule cause de l'écriture, à mon sens »



L'auteur a perdu son père en 2016. Pierre Pachet, universitaire, écrivain, essayiste, critique littéraire. Un père charismatique, intellectuellement puissant, bienveillant, quasi divin aux yeux de sa fille.

De cette épreuve, elle a tiré un livre entre récit autobiographique, saga familiale, méditation juste sur le deuil et la filiation, et introspection très intime. La plume est belle, brillante, les phrases révèlent une écriture très soignée, intelligente et vibrante, de haute volée.



Malgré ces qualités certaines, mon intérêt pour cet ouvrage a varié au fil des pages. J'ai trouvé passionnantes les pages narrant l'histoire de la famille de Pierre Pachet, en fait l'histoire de beaucoup de Français d'origine juive : depuis l'arrivée des grands-parents en France, venus d'Odessa et de Lituanie, la politique antisémite de Vichy, la Shoah, le refus de se déclarer comme « juif » durant la Deuxième guerre mondiale, le changement de patronyme qui sauve la vie.



Yaël Pachet pense comme elle respire et écrit comme si elle était en train de penser avec moultes digressions, on a l'impression d'être dans sa tête. Si souvent je me suis dit que tout ce qu'elle disait sur le deuil et sa relation à son père était juste et profond, je ne suis pas parvenue à aller au-delà, je n'ai pas été autant touchée que je l'aurais aimé. Peut-être parce que je ne suis pas parvenue à trouver de l'universel dans ses propos. On sent chez elle tellement d'amour et d'admiration pour un père vraisemblablement admirable que je n'ai pas réussi à me glisser assez entre elle et lui pour partager ses pensées.



Lu dans le cadre du jury Coup de coeur des lectrices Version Femina



PS : je suis tombée sur ce texte de Yaël Pachet ( septembre 2018 ) concernant les tags antisémites retrouvés sur la plaque commémorative en l'honneur de son père à Paris ... je l'ai trouvé lumineux https://www.liberation.fr/france/2018/09/30/yael-pachet-mon-pere-n-avait-pas-peur-d-etre-juif_1682220
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Le peuple de mon père

« Russe, jeune étudiant sans ressource, cherche emploi quelconque. Ecrire à Opatchevsky, 57 boulevard Saint-Marcel, à l’hôtel » petite annonce parue dans le journal Le Matin du mercredi 26 aout 1914. Simkha deviendra médecin, le père de l’écrivain Pierre Pachet et le grand-père de Yaël Pachet.



Le jeune homme transformera Opatchevsky, patronyme dangereux durant l’occupation, en Pachet et veillera à donner des prénoms chrétiens à ses enfants. Pourtant le 28 septembre 2018 un tag antisémite est découvert sous une plaque commémorative au nom de Pierre Pachet son fils.



Pierre Pachet, essayiste, professeur d’université, pur penseur de la littérature et écrivain de l’intime, Pierre Pachet mort le 21 juin 2016.



Pour Yaël Pachet, sa fille, il faut écrire, comme pour répondre à une injonction jamais formulée. Alors Yaël écrit, sur son père bien sûr, mais aussi sur sa mère, sur ses grands-parents et sur son chagrin.



Poésie du corps, poésie de la mort, poésie de la vie.



Récit d’un deuil, déroulement fragmenté d’une biographie familiale, Nazis, Bolchéviques, Beatniks, collage intime sur les bouleversements du Monde au XXe siècle.



Dans ce court récit pudique et impudique Yaël Pachet nous donne à lire le portrait magnifique d’un père écrivain.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le peuple de mon père



« J'ai toujours sacralisé mon père, sans vergogne, avec l'acharnement du disciple, avec la bêtise de Cléanthe, parce qu'il avait un sacré non pas en lui, mais auquel il donnait accès, un au-delà de lui qui aspirait mon attention et la soufflait plus loin, vers un au-delà qui n'était pas religieux, mais qui l'était peut-être un peu, comme est un peu religieuse ou sacrée la beauté du ciel au-delà de la frondaison des arbres. »



Un hasard des plus grands que cette lecture empruntée à ma médiathèque, en fouinant.. ; un hommage vibrant d’une fille à un père, écrivain, vénéré.. . en faisant quelques recherches je me rends compte que j’ai parcouru des textes du « Papa », avec « Les miroirs de l’âme » (les journaux intimes), et un texte plus personnel sur sa maman « Devant ma mère »…



Ce récit n’est pas que personnel !... C’est un heureux croisement de l’histoire individuelle du père de l’auteure, et la grande Histoire, ainsi que la vie intellectuelle et politique dans les années soixante…



Dans ce livre très intime, sa fille Yaël , livre à la fois ses émotions quant au manque abyssal creusé par la mort de ce père adoré et « sacralisé »…ainsi que son parcours brillant d’écrivain, essayiste et professeur de littérature ! Une lecture aussi instructive que très , très dense en émotions !



« A seize ans, mon père était un taiseux. Son père exigeait de lui qu'il respecte les traditions juives. Mais il lui préférait rêver devant les couvertures de la collection "Essais" chez Gallimard que de plonger dans la lecture de livres écrits à l'envers. (...) Ecrire et penser, c'est la même chose, se disait-il, exalté. Il voulait être écrivain. Il voulait penser. Il n'y a pas d'études précises pour devenir écrivain, mais faire des études était une obligation morale, quasi religieuse. (p. 11)”



Yaël Pachet exprime toute la reconnaissance possible à ce père qui lui a tant transmis…Un très rare récit d’une fille à son père,à l’Homme et l’Intellectuel exigeant, à l’homme engagé…à l’Homme fidèle en amitié, homme d’écoute…



« Comment penser est lié à la question: comment on vit. (p. 160)”-



Une magnifique lecture qui me restera durablement en tête… Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce texte, abordant de multiples sujets et questionnements, sur La Vie, la Mort, les traumatismes des guerres, des régimes totalitaires, la transmission des parents à leurs enfants , les racines et vastes histoires familiales, la double nécessité d’une vie intérieure, intellectuelle…pour construire une réflexion véritablement indépendante, autonome, solide , en dehors des pressions sociales du moment, etc.

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Le peuple de mon père

Le livre est appelé roman par l’auteur. Alors que pourtant, il s’agit d’une narration à la première personne, et que les événements évoqués sont à priori autobiographiques. Mais le choix d’un auteur a toujours du sens : la dénomination roman laisse peut-être entendre une transformation du réel, un travail autour des souvenirs, certains éléments sont par moments visiblement fantasmatiques.



Au-delà de la narratrice-auteure, le personnage principal du livre est la père, ou peut-être les relations avec le père, la façon dont cet homme a façonné la façon d’être, les représentations, les préférences de sa fille. Pierre Pachet, universitaire et écrivain, avait de quoi marquer. Amoureux des livres, de la littérature, il a donné le goût, voir la nécessité d’écrire à sa fille. Elle revendique sa filiation : au-delà du père, celui de ses grand-parents paternels juifs, venus des confins de l’Europe, de l’ancien empire tsariste, qu’ils ont quitté compte tenu du manque des perspectives, échappant à la destinée tragique de la majeure partie de leur famille pendant la seconde guerre mondiale. Le lien avec ce passé ne s’est pas rompu, il compte visiblement beaucoup pour Yaël Pachet. La mère et sa famille bretonne, même s’ils apparaissent, sont par comparaison au second plan, peut-être en partie parce que cette mère est morte des années avant le père. Mais le lien père-fille semble de toutes les façons le plus fondateur.



Yaël Pachet s’interroge sur ce lien, sur sa force, sur sa richesse, même si elle n’idéalise pas Pierre Pachet, elle évoque certaines réactions, certaines attitudes moins glorieuses. Mais d’une certaine façon, cela semble un peu artificiel, comme s’il fallait absolument le faire, pour se donner une sorte de caution, sans donner la sensation qu’elle trouve ses souvenirs moins positifs très graves au fond. Un peu en désordre, nous évoquons quelques moments importants, ceux de l’enfance, des moments clés, des échanges plus anodins aussi en apparence, mais toutes les vies humaines et toutes les relations contiennent surtout ces instants-là, qui sont au final la trame fondamentale de toute vie. Nous avançons progressivement vers la fin inéluctable, les moments où la fille devient la mère de son père qui perd ses capacités, et le moment de la séparation définitive dans la mort.



Le livre est sans conteste très sincère, Yaël Pachet essaie de rendre compte de cette relation si importante, et au-delà, tente de définir ce qui constitue l’essence de toute vie humaine. Il y a quelques beaux passages. Toutefois, je dirais que l’auteure n’a pas complètement les moyens de son ambition, et tout particulièrement en ce qui concerne l’écriture. Il y a visiblement une tentative d’une écriture littéraire ambitieuse, d’images, de métaphores, mais elle m’a semblé un peu laborieuse au final. On devine ce qu’elle aurait voulu faire, et c’est incontestablement touchant parfois, mais à mon sens, ce n’est pas complètement abouti.
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Le peuple de mon père

C'était comme ça qu'on les considérait, les écolos, à l'époque, tout le monde était d'accord avec ça, les écolos sont des fumistes, des clowns tristes, des faux prophètes. Nous sommes au début des années quatre-vingt. (p. 10). Oups 😬 je viens de me rendre compte que je me suis trompée de case, ce n’est pas une critique mais une citation !
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Le peuple de mon père

Pas facile d'écrire sur son père et sa famille. De plus, quand celui-ci est quelqu'un de connu et à lui même écrit sur sa famille et sur lui même. Yael Pachet nous livre un intime et émouvant portrait de son père, mais aussi de ses grands et arrières grands parents. Son père et son peuple, que ce soit le peuple juif, que ce soit le peuple de pensée (son père était un éminent universitaire). Au fils des pages et de ses différents questionnements, l'auteure nous fait le portrait de son père, mais aussi de sa génération. Elle va aussi s'interroger sur les origines de sa famille, que ce soient ses grands-parents, venus d'Odessa et de Lituanie en France, (de belles pages en écho du texte de Malaparte et des textes d'Aron Appelfeld), de la situation des juifs en France (sa grand mère a dû batailler pour se faire reconnaître par l’administration française). Elle nous parle aussi de la situation des refuzniks en URSS dans les années 70 (écho au roman "les patriotes" de Sana Krasokov). Avec une belle écriture, elle questionne l'intime, la relation entre pare-fille. Avec beaucoup de pudeur, elle donne à voir le travail intellectuel de son père mais aussi sa vie intime (le bruit de ses chaussons dans le couloir de l'appartement parisien). L'auteure parle aussi très bien de sa mère, Soizic, l'amour de sa vie pour son père, mais pas un amour exclusif. Elle donne aussi très envie de découvrir les textes de son père. Un paradoxal beau texte sur le deuil, sur la recherche des origines.
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Le peuple de mon père

Emprunté à la médiathèque juste avant d’être coincé, il était neuf et a bien failli le rester si le dé-confinement n'était pas intervenu !! je l'ai lu en deux jours, allant de surprise en surprise.

Nulle part dans la quatrième de couverture il est fait référence au nom du père, si le lecteur n'est pas familier des essais universitaires.

Le père de l'auteure a obéi à son propre père et a développé sa vie intérieure, son amour de la lecture, de l'écriture.



Ce livre est un livre de fille ! Je n'ai pas dit de femme, mais de fille ! Pas d'homme ou de fils ! Et cela a son importance car un «  fils n'agit pas comme un fils, il est le fils » !!

La vie du père vue par la fille, l'obligation faite à la fille de trouver sa place dans la vie du père, marcher et lire ensemble, faire comme mais contre, avancer dans sa propre vie, finalement écrire, comme le père pour ne pas passer derrière, comme la mère l'a fait !

Un livre vraiment passionnant à de nombreux égards auquel s'ajoute le mystère du nom PACHET !

Derrière PACHET .. se cache OPATCHESKI ! Originaire de Transnistrie, en Ukraine et de Lituanie du coté de sa femme Ginda qui est morte apatride, dénaturalisée pendant la seconde guerre et jamais renaturalisée française !

Une immigration donc, cachée par un nom français, qui empêche de trouver des traces de toute la famille paternelle : «  ce passé de nos aïeux, dans quelle mesure nous appartient-il ?



Un livre dense, étonnant et bouleversant d'une femme à multiples facettes à découvrir.
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Le peuple de mon père

Avec une immense délicatesse et des mots aimants, Yaël Pachet ressuscite la parole de Pierre, son père, qui est un écrivain discret. L'écriture est pleine de force.
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Ce que je n'entends pas

Entre récit et essai, Yaël Pachet se laisse aller à une méditation d’abord portée par des pratiques personnelles qu’on pourrait dire banales : baignades à la piscine, visionnage de « vieux films » à la cinémathèque, lecture de Tchekhov, écoute de « chanteuses sentimentales », etc. En écrivain plutôt qu’en philosophe, au fil mouvant de sa pensée, elle interroge obstinément, et jusqu’à y débusquer plus d’un paradoxe, son et silence, parole et écrit, logorrhée et mutisme, agitation et immobilité – ce qui parle et ce qui se tait.

Cette errance réflexive, sensitive et toute personnelle, moins anarchique qu’elle ne pourrait paraître, pousse les raisonnements jusque dans des confins insoupçonnés pour, peu à peu, conduire l’auteure à s’intéresser, plus précisément, à l’enregistrement du son (ce « meurtre de la parole ») dont rêvait Rabelais et qui « occupa » les infortunés Charles Cros et Édouard-Léon Scott de Martinville avant la victoire sans partage de Thomas Edison – l’ingrat...

La curiosité attentive de Yaël Pachet nous emmène dans son univers peuplé d’une myriade d’artistes et d’inventeurs en même temps qu’elle nous confronte aux grandes questions de l’écriture, de la condition humaine, voire du « malheur de vivre ». Dans un apparent désordre – qui n’est que l’ordre d’une pensée –, nous croisons aussi bien Colette que Truffaut, Dinu Lipatti que Glenn Gould, Xénophon encore, Stendhal, Prokofiev ou la chanteuse (nantaise) Mathilde.

À l’écoute de celles et ceux qui l’ont précédée, une artiste salue, avec une érudition aussi impressionnante que plurivalente, ces figures qui ont voué ou sacrifié leur vie à la création et dont les mérites ont pu être oubliés par l’Histoire.



Chronique parue dans "Encres de Loire" n° 62, hiver 2012-2013




Lien : http://www.paysdelaloire.fr/..
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Le peuple de mon père

Mue par l’adoration qu’elle lui vouait mais aussi l’impérieuse nécessité de l’écriture, qui avait irrigué la vie de son père, Yaël ­Pachet lui consacre un livre intime et lumineux, à la fois journal de deuil, au plus juste des émotions et des sentiments, et fresque identitaire et familiale.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..
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Le peuple de mon père

Le point de départ (lien fille-père à travers la lecture) m'intéresse mais je me suis vite perdu et j'ai abandonné lorsque l'auteur s'écarte de ce point de départ. Les anecdotes personnelles ne m'ont pas intéressé. Le style ne m'a pas conquis non plus.
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Le peuple de mon père

Avec une très grande sensibilité, Yaël Pachet rappelle le souvenir de l’écrivain Pierre Pachet, disparu il y a trois ans.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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