Très beau livre plein de sensualité.
Chaque plaisir en appelant un autre. Chaque apaisement creusant une nouvelle faim. Il retarde son départ pour ne pas la quitter. Pour aller la chercher. Là où il l'a perdue. Elle le retrouve pour le perdre à son tour. Puis ils se récompensent l'un l'autre.
Chez Mirvil et sa mère, Nathalie découvrit l'exiguïté d'une maison où des vêtements s'entassaient sur une chaise à l'entrée, quand ils n'étaient pas juste suspendus à un clou enfonce dans le mur. Où deux lits occupaient tout l'espace de la première pièce et un grand lit tout l'espace de la seconde. Où toujours les gens venaient et sortaient. Où un enfant surgissait de la forêt des jambes des adultes. Où le bruit des conversations se mêlait à la musique qui remplissait toute la pièce. Un endroit où on haïssait le silence. Parce qu'il obligeait à fouiller dans les poubelles de la mémoire, dans la grande décharge du présent. Où les femmes aux voix criardes, aux cuisses épaisses, mains nues ou armées de couteaux, se battaient pour un homme dont la présence était une flamme orange et fugace qui caressait un moment la douleur. L'ordre, le silence et la chasteté chez elle lui parurent oppressants comme la chape d'une tombe.