Yanis Al-Taïr

La tragédie individuelle souvent s’efface devant la marche de l’histoire. Pourtant, combien le ballet ininterrompu des peuples parait dérisoire face aux drames d’une vie, unique et irréversible. Suivant le point de vue que l’on adopte, le lien entre l’intime et le monde bascule ainsi sans cesse entre engagement et renoncement. Rejeter la multitude tout autant que l’isolement. Chercher la compagnie tout autant que la contemplation. Fragile équilibre si déterminant pour notre santé mentale et par ricochet pour celles des sociétés.

La médecine rend possible la guérison quand l’art explore les possibles. Si la médecine nous répare, l’art nous soigne.
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- Alejandro et sa sœur qui vient d'apprendre son cancer - page 74

Peut-être que ce ne sera plus jamais comme avant, mais au-delà de tout ce qui est insupportable dans cette maladie, elle y trouvera aussi des bénéfices, comme dans chaque expérience humaine, chaque épreuve. Même la pire. Elle verra le monde différemment, augmentera sa perception des choses, changera son rapport aux autres. Tout, le banal gout d'une pomme, la sensation de l'eau chaude sur sa peau, un baiser. Toutes les sensations se démultiplieront.
C'est le discours que j'ose lui tenir mais "ce n'est pas son truc", cette pensée judéo-chrétienne. Le mal ne peut pas nous faire du bien. Et je comprends à sa réponse que c'est trop tôt, qu'elle n'est pas prête à entendre cette emphase métaphysique, j'ai échoué. La volonté même si elle est nécessaire, ne suffit pas à nous rendre empathiques. Il faut autre chose, la capacité non seulement de regarder à travers le miroir mais de devenir pou un court instant la personne dans le miroir. Je me tais.

Montreuil est une des rares villes qui a réussi à démocratiser l’art ; elle a laissé fleurir partout de grandes fresques murales d’artistes anonymes, colorées et baroques, sensuelles et folkloriques ou militantes et sociales. Elle a su transformer son passé industriel en laboratoire de street art.
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Souvent au milieu de nos répétitions, un chien errant venait à notre rencontre, guidé par son seul flair, les yeux cachés sous une forêt de poils. Et alors que nous ressassions encore et encore nos théories juvéniles sur les bords d'un trottoir en béton brut, le vieil animal, intrigué par le contraste entre notre immobilité physique et notre volume sonore, avait bien compris, lui, que comme chaque soir, chacun partirait sans avoir réussi à convaincre l'autre. Il savait détecter ce moment précis où un grand silence succédait à l'habituel haussement de voix, qui lui-même laissait place à la conclusion consensuelle du plus fatigué d'entre nous. Nous reprenions le cours de nos jeunes vies.

Nous sommes les artisans de l’oubli. C’est de l’oubli des objets et de l’absence que naît l’archéologie.
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Emprunter une voie qui n’est pas la sienne est une forme de lâcheté vis-à-vis de soi-même.
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Elle me sourit, de ce même sourire doux et facétieux qui n’a jamais changé depuis son enfance. Laura pour l’éternité ! Un sourire est une preuve identitaire bien plus forte que les traits d’un visage.
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Entrer dans le système informatique est la première étape de toute guérison. Tant que vous n’êtes pas malade, vous n’existez pas pour le corps médical. La médecine n’évalue que le risque de mourir mais jamais la certitude de vivre.
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En ce début du mois de mars, un vent de liberté continue de souffler sur le monde arabe. Bahreïn, la Syrie, le Yémen, la Libye, le Maroc sont à présent entrés dans la danse. Mais cette fois, dans beaucoup de cas, comme en Syrie, les répressions sont féroces. On est bien loin de la lumineuse révolution tunisienne ou égyptienne. L’armée ne se joint plus aux manifestants et massacre les populations.
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