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3.93/5 (sur 30 notes)

Nationalité : Israël
Né(e) à : Beer Sheba , le 02/05/1975
Biographie :

Yaniv Iczkovits est un écrivain israélien connu pour ses romans, essais et travaux philosophiques. Son roman d'aventure fantastique et historique de 2015 The Slaughterman's Daughter , avec un assortiment improbable de personnages juifs en quête dans la Russie tsariste de la fin du XIXe siècle, a été traduit dans plusieurs langues européennes et a été acclamé par la critique.
Il a enseigné pendant huit ans au département de philosophie de l' Université de Tel-Aviv . Après avoir reçu son doctorat. , il a poursuivi ses recherches postdoctorales à l'Université de Columbia à New York , où il a adapté sa thèse de doctorat dans le livre Wittgenstein's Ethical Thought . [6]

Pour l'année universitaire 2021/2022, Iczkovits a été nommé artiste en résidence à l' Institut israélien d'études avancées de l' Université hébraïque de Jérusalem , poste précédemment occupé par le poète Agi Mishol et le dramaturge Joshua Sobol .
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Source : Wikipedia
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Bibliographie de Yaniv Itzkovits   (1)Voir plus

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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Leur statut de minorité au sein de l'Empire n'était un mystère pour personne, et si la ségrégation contribuait certes à leur sécurité, elle avait pour revers un dangereux isolement. Face à une poignée de fanatiques, ils se savaient impuissants. Ce qui les amenait naturellement à considérer que se soumettre, lorsque les circonstances l'exigeaient, leur permettrait de jouir de quiétude le reste du temps.
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* p389 – En l’espace quelques instants, Novak se retrouva entre les mains du gabbai*, qui lui passait une redingote. D’autres l’avaient coiffé d’un galurin fait avec on ne sait quel animal, tandis que des tsitsit pendaient maintenant aux coins de sa chemise. Ils se mirent ensuite à danser en cercle autour de lui, comme des déments. Vint l’heure de la prière au shtibl * - une pièce délabrée, misérable et pleine à craquer ; une foule d’hommes entassés qui, pour tout dire, lui rappelait la place du marché. Tous se balançaient en prière, d’avant en arrière et de droite à gauche, enveloppés dans leur drap sacré qui sentait la purée de chou. Plutôt que de rendre leur louange agréable aux cieux, en 1’accompagnant d’un orgue et d’harmonies, en diffusant de l’encens et des senteurs, eux s’égosillaient dans un état d’extase évoquant volontiers des moutons bêlants. Ils lui collèrent ensuite leur étrange livre dans les mains. Près de lui, l’un des laquais du Rabbin lui fit suivre le fil de cette écriture carrée, mot après mot. Après la prière, tous vinrent lui serrer la main, et convièrent naturellement Pinhaslé et Abramlé à la tish*. Novak n’en pouvait déjà plus d’attendre que la soirée s’achevât, il ne rêvait que de s’enfiler un verre de slivovitz pour se débarrasser de ces mauvais goûts, et finit par saisir Akaki Akakiévitch par le col et lui demander comptes pour ce désastre. Avant le début du repas, le rabbin prononça un discours, verre de vin à la main. Novak imita ceux qui l’entouraient, cria lekhaïm après eux, but lorsqu’ils burent, psalmodia quand ils psalmodiaient, s’assit lorsqu’ils s’assirent, chanta lorsqu’ils chantèrent, manifesta de l’allégresse lorsqu’ils en manifestèrent, et dansa lorsqu’ils dansèrent Les plats étaient cette fois différents, mais le goût identique – et surtout, toujours ce maudit yash. Sauf qu’à cet instant, Novak sentait que son ventre, jusque-là récalcitrant, était sur le point de céder. Dès lors, il se mit à tout engloutir, qu’importe le goût, et abandonna ses sens à l’alcool et à danse.
A la tombée de la nuit, au lieu de gratifier Akaki Akakiévitch d’un coup de poing au visage pour l’avoir fourré jusqu’au cou dans cette mascarade, Novak s’effondra sur un lit branlant garni d’un matelas de paille dans un cabanon que les résidents avaient préparé pour eux. Il n’aurait pu demander mieux. À cet instant, il se contrefichait de Fanny Schechter, il en avait même oublié cet horrible voyage jusqu’à Grodno. Enfonçant sa tête dans l’oreiller, il s’endormit instantanément, tout habillé, alors que dans son cœur résonnaient encore les mots du rabbin, auxquels il n’avait bien entendu rien compris.

Le clairon du coq était parfois susceptible d’éveiller une soif de vengeance. Avant le lever du soleil, un duo de gallinacés avait choisi de se tailler une bavette au détriment des rêves de Novak. Genre de moments où il regrettait de ne pas avoir son revolver à portée de main. À ses collègues, il expliquait à longueur de journée que le Département de maintien de la sécurité et de l’ordre publics menait une guerre du silence, que l’utilisation d’une arme était synonyme d’échec. « Une ouïe fine et une mémoire d’almanach, voilà noire artillerie. » Mais à cet instant, la tête comme une citrouille et les tripes jouxtant ses dents du fond, ni ses oreilles ni sa mémoire ne lui étaient d’aucun secours. Un coup d’œil lancé à celui qui ronflait à côté vint rafraîchir ses souvenirs de la veille.
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* p393 Les subordonnés de Novak étaient habitués à le voir affublé de tous les déguisements imaginables. Mendiant ou proxénète, charretier ou domestique – et même en femme. Il allait presque de soi qu’un individu, appartenant aux catégories susmentionnées, et qui se présentait aussi naturellement au Département de maintien de la sécurité et de l’ordre publics sans être inquiété par les deux gardes en civil au portail, était très vraisemblablement Novak - un Coup d’œil à sa démarche boiteuse permettait de le confirmer. Mais pour quelque raison, il était inenvisageable qu’un Juif s’approchant de l’entrée pût être Novak. Sans même tenir compte de sa boiterie, les gardes lui hurlèrent : « Halte-là, le zyd ! », lui jetant même une pierre allégorique.
Cela était pour le moins singulier, mais Novak en fut offensé. La promptitude avec laquelle ils s’étaient affranchis de toute forme de civilité le laissa pantois, et de nouveau sa jambe le lança, comme si elle avait été atteinte par une pierre bien réelle. Après un instant, il regagna sa contenance :
« Adrian, Nestor, du calme. Ç’est moi, Novak. » Aussitôt dressés comme des piquets, les sentinelles le saluèrent avec déférence.
« Veuillez nous excuser, monsieur ! »
Le regardant se diriger vers l’entrée du bâtiment avec admiration, ils tressaient à voix basse des lauriers à leur vénérable commandant, qui ne reculait devant rien. Clochard ou souteneur, va encore, mais zyd ? Cet homme ne se ménageait décidément pas. Il se lançait dans chaque enquête comme à la découverte d’un nouveau monde, et traitait chaque prévenu comme s’il était son premier. Novak avait depuis longtemps atteint ce qui avait poussé Adrian et Nestor à s’engager dans le département, à savoir les délices du pouvoir, mais malgré tout, il continuait de crapahuter sur le terrain.
Lorsqu’il traversa le couloir, la rumeur avait déjà précédé Novak, et tous s’inclinèrent humblement sur son passage. Une fois dans son bureau, il retira sa redingote et eut soudain les épaules transies de froid. L’apostrophe « zyd », que lui avaient jetée les deux gardes, lui collait à la peau, comme s’ils avaient touché un point sensible. Il s’affaissa dans son fauteuil, s’empressa de déboucher une bouteille de slivovitz, et regarda la croix de bravoure qui trônait sur son bureau. Soudain lui vint l’envie de fermer les stores, de verrouiller sa porte ci et se retrancher du monde.
…/… Mais alors qu’il était dans son fauteuil, une profonde tristesse lui étreignit la gorge. Qui était-il exactement ? Un zyd repoussant. Un cafard.
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* p148 Novak quant à lui rendit la monnaie de sa pièce à Adamski, et le frappa au ventre, avant de le clouer au sol à laide de sa canne.
« Savez-vous quelle est la différence entre un capitaine et un lieutenant-colonel ? lâcha-t-il à Adamski recroquevillé par terre. J’aimerais vous dire le fin mot de la chose, Votre Excellence. Un bon capitaine se doit d’être un officier exemplaire sur le champ de bataille. Il doit mener ses cavaliers, être en première ligne, faire preuve de courage jusqu’au contrôle de l’objectif. Mais un lieutenant-colonel doit quant à lui user de stratagèmes, de diversions, sacrifier un bataillon pour en sauver un autre, bref, manœuvrer. Au fur et à mesure que l’on monte les échelons de la hiérarchie, le haut commandement se jauge à sa capacité d’induire en erreur. Pas simplement l’ennemi, mais aussi l’échelon inférieur... »
…/… Adamski brandit la canne, Novak protégea son visage dans un réflexe de défense mais le capitaine le surprit en abattant son arme sur sa jambe mutilée… Novak se recroquevilla de douleur aux pieds d’Adamski et poussa des hurlements qui se firent entendre dans tout Baranavitchv.
« Savez-vous ce qui différencie un capitaine d’un lieutenant-colonel ? lui demanda Adamski, tout en crachant sur le côté. Un capitaine ne glapit pas comme une fillette. »
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L'essentiel était qu'il avait à nouveau su démontrer que son bourricot de lieutenant était incapable de penser dans la globalité. L'esprit de Dudek, telle une couverture trop courte, laissait fatalement la partie cruciale à l'air.
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L'enfer, c'est les autres, elle en avait l'intime conviction. En tant qu'individu noyé dans la masse, l'homme était une créature hybride entre singularité et alignement. Sa pensée aspirait à se conformer à ce qui était admis, l'empêchant ainsi de réfléchir par et pour lui-même. Il verrait toujours n'importe quelle forme de liberté comme une rébellion, et tout différence comme un désordre.
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Ils dissimulaient leurs âmes corrompues derrière des guillemets qui, telles des pinces à linge, suspendaient les mots à un fil de cynisme, jusqu'à les assécher de leur beau sens.
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