Yann Rambaud

Jessie s'élança, suivie de près par Shrapnel. Le sanglier se braqua et poussa un petit râle de surprise. Il avait de la meringue jusque dans les oreilles.

Les sorcières, c'est bien connu, se déplacent à califourchon sur un balai. Eh bien, cher lecteur, le sien, dont le nom était Zip, était dangereusement dangereux quand il était en vol.
Au plus haut de son manche, il arborait deux yeux ronds comme des billes, mais deux yeux qui louchaient.

- Pourquoi reste-t-il dans ce coin de la Forêt si c'est si difficile ?
- C'est là tout le paradoxe de Krüg. Nous le soupçonnons de se complaire dans cet état de désespoir. A vrai dire, je ne pense pas qu'il soit très doué pour le bonheur.

"Les mots rêve et réalité ne veulent pas dire grand chose, car au bout du compte, qui te dit que ce n'est pas l'inverse ?"

Les mots rêve et réalité ne veulent pas dire grand-chose, car au bout du compte, qui te dit que ce n'est pas l'inverse ? Peut-être que cette ferme, cette forêt sont LA réalité et que lorsque tu les quittes, tu es en plein rêve...

J'irais bien dès ce soir chasser le papillon
Car perdu sur ce bout de toit, j'ai le coeur en coton
Dans un battement d'ailes, j'offrirais ma vie
Pour toucher, une seule fois, la peau de Lili

Jessie s'enfonça dans la sylve, et sitôt qu'elle eut progressé sur une centaine de mètres, un sentiment de bien-être absolu s'empara d'elle. Quelque chose l'habita tout entière, soudainement. Elle était au diapason avec les lieux. Les grands arbres s'étaient resserrés, un parterre de fougères lui montaient à mi-cuisse, et bientôt, là-haut, le bleu du ciel ne fût plus qu'une constellation, clignotant ça et là dans l'épaisseur des feuillages. La lumière déclina, prit cette teinte mordorée, féerique, si propre aux sous bois. Il lui sembla qu'elle avait changé de monde...

Avant de s'engouffrer dans la rue froide, Thomas s'approcha du premier arbre, qui agrémentait le trottoir, cracha dans le creux de sa main droite, étala la salive sur l'écorce et se gratta plusieurs fois la fesse.

Quand il lui effleura l'épaule, elle revint à la vie, et d'une façon toute délicate, l'accueillit d'un vaste sourire.

Le lézard n’avait qu’un seul œil, et d’une taille inhabi- tuelle, planté en plein milieu du front. L’étonnant organe cligna plusieurs fois sous les battements de sa large paupière.
La gueule s’ouvrit toute grande. De petites dents bien alignées, un peu jaunâtres et acérées, claquèrent dans le vide. S’ensuivit un cri tout aussi singulier :
— Croooaiii !
Puis la bestiole tourna sur elle-même avec de vifs bat- tements de queue.
Sans doute une danse en vogue chez les reptiles.

- En douceur, Guillermoz, je vous rappelle que ce n'est qu'un gosse.
- Et qu'est-ce qu'on fait si une horde de chats sauvages nous tombe dessus ?
La vanne ne fit même pas sourire l'échalas. Néanmoins, il répondit :
- Vous aboyez .

- Hé, les merdeux ! Vous voulez ma photo ?!
Rebouchant sa dernière gourde, Honoré donna un léger coup de coude à Gaspard avant de rétorquer :
- Non merci, j'ai déjà fini mon album de crétins. Tu m'la donnera quand je commencerai mon album de débiles !

Au vu de ses résultats plutôt médiocres, Gaspard pensait qu'on l'aurait fait redoubler, mais les adultes se montraient parfois magnanimes envers les élèves ni bavards ni turbulents. Circonstances atténuantes pour ceux qui ne dérangaient pas.

Idriss,
Que la sève agisse
Sur la lumière de tes fleurs
Idriss,
Ton écorce est tiède
Mon arbre-radiateur
Idriss,
Tes branches crissent
À l'entrée de mon cœur

" Peut-être suffit-il d'essayer de comprendre ce qui nous met vraiment en colère pour que celle-ci disparaisse ou du moins s'atténue."

J'irais bien dés ce soir chasser le papillon
Car pendu sur ce bout de toit, j'ai le cœur en coton
Dans un battement d'ailes, j'offrirais ma vie
Pour toucher, une seule fois, la peau de Lili

Je ne sais pas si je dois pleurer ou rire
Car la route m'attend
Très bientôt il me faudra partir
Il suffit de grimper sur le vent

Il n'y a qu'une chose à faire dans cette vie : être ce que nous sommes. Le reste n'est qu'illusion.