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Citations de Yeonsu Kim (85)


Si le rôle de la mer est de faire des vagues, mon rôle à moi est de penser à toi. Depuis que nous avons été séparées, je ne t’ai jamais oubliée, pas même un seul jour. Depuis 2005, tu es plus âgée que moi et malgré tout, tu resteras éternellement mon enfant, même si j’ai du mal à y croire. Dire que toi, qui es plus âgée que je ne le serai jamais, tu es sortie de mon corps ! Je voudrais que tu saches à quel point c’était extraordinaire de te mettre au monde, mais je n’ai pas de lèvres pour formuler ces mots. J’aimerais te regarder dans les yeux, mais je n’ai pas de pupilles. J’ai envie de te serrer dans mes bras, mais je n’en ai pas. Je ne peux ni t’enlacer ni t’embrasser. Et comme je n’ai pas non plus de rétines, je ne vois pas la moindre lumière, c’est triste ici, dans cet endroit où il n’y a pas d’amour.
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Tu commences alors à te poser des questions sur cette recherche de tes racines : est-ce que ça vaut la peine de devoir assumer de tels changements d'identité ? Est-ce vraiment nécessaire ? La vérité est-elle si importante que ça ?
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— Pour moi, le mot mère n’a pas plusieurs sens. C’est juste la seule personne à la maison qui sait faire des tartes aux pommes. Qu’est-ce que ça représente pour toi, une mère ?

— Très bien, alors je vais commencer par le plus simple : la femme qui m’a aimée.
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Vous savez, un malheur ne vient jamais seul, ils traînent toujours à plusieurs, comme une bande d’adolescents turbulents. En juin 1987, la société coréenne s’est démocratisée, ce qui a grandement amélioré les conditions de travail. Mais cela n’a pas été en faveur de ma mère. Comparé à la Chine ou au Vietnam, le coût de la main-d’œuvre a beaucoup augmenté en Corée ; les fabricants de pièces détachées de chaussures ont été forcés de mettre la clé sous la porte. L’entreprise où travaillait ma mère a subi le même sort. Avec d’autres employés, elle a contesté la fermeture de l’usine, leur licenciement injuste et le non-paiement des salaires dus. Ils ont manifesté devant l’entrée de l’usine, puis devant le ministère du Travail, le Service social du travail, le Service d’indemnisation et de protection des salariés… Ils scandaient des slogans, affrontaient la police, se faisaient arrêter et versaient des larmes de désespoir. Une nuit, ma mère s’est plainte à mon petit frère d’avoir mal à la poitrine et que la douleur était insupportable. Puis, après avoir dit que je lui manquais terriblement, elle a rendu son dernier souffle. Moi qui ignorais tout ça, j’ai continué d’écrire des lettres de lamentations, y compris ce jour-là.
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La seule raison qui l’empêchait de renoncer à ses études, même lorsqu’il en arriva au stade où il ne pouvait presque plus continuer, c’est qu’il n’en avait pas la force. Abandonner et retourner dans son pays signifiaient tout recommencer à zéro. Les lettres qu’il écrivit pendant sa première année aux Etats-Unis n’étaient qu’une suite de phrases chargées de désespoir, de plaintes et d’apitoiement sur son sort.
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" Je voudrais réussir dans la vie, pouvoir faire vivre ma famille et permettre à maman d’arrêter de travailler à l’usine. La voilà, mon intention. " Mais était-ce réellement ce que je souhaitais ? Aujourd’hui, personne ne saurait le dire, c’est du passé tout ça. Tout ce que je peux faire, c’est me convaincre que j’étais sincère à l’époque.
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J’aurais aimé être plus doué pour le commerce que pour les études. Malheureusement, tout ce que je savais faire, c’était étudier. A cause de moi, mon frère et ma sœur ont été obligés de renoncer très tôt aux études universitaires. Tout l’espoir de ma famille reposait sur mes épaules, et ce fardeau était bien trop lourd pour moi. Alors un jour, j’ai décidé d’aller étudier aux Etats-Unis.
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Elle n’avait même pas le temps d’aller aux toilettes, les conditions de travail étaient infernales, mais à l’époque il n’y avait pas de syndicats et tout le monde trouvait ça normal. Rares étaient ceux qui se plaignaient. Ma mère a commencé à travailler là-bas à la fin de mes études élémentaires et n’a pas arrêté pendant dix-huit ans. Vous imaginez ? Douze heures par jour, tous les jours, pendant dix-huit ans.
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Si on considère l’amour maternel comme un fonds investi, alors les intérêts, ce sont tous les gestes qui l’accompagnent : les rires, les berceuses, les odeurs, les caresses, les bisous… Je peux aussi jouer les agents immobiliers, féliciter ma mère d’avoir bien choisi son agence et lui montrer à quel point je suis une fille géniale. Les mauvais souvenirs me hantent encore, mais je lui dirai que ce ne sont que des nuages de passage dans un ciel d’été, comme avant l’orage, et que maintenant que je suis devenue une jeune femme jouissant d’une assez bonne réputation, elle regretterait de me perdre encore une fois.
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Un enfant adopté qui recherche sa mère biologique est aussi banal qu’un usurier ou un agent immobilier en quête de clients, dis-je à Yuichi en reposant le journal. La première chose que font les usuriers, c’est calculer les intérêts acquis chaque mois, n’est-ce pas ? Il en va de même pour les enfants adoptés qui versent des larmes lorsqu’ils rencontrent leur mère biologique. Tout ça manque d’originalité. Je ne veux pas que les choses se déroulent ainsi pour moi.
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C’est un rêve lucide. Même si je vois le visage souriant d’Anne, je suis consciente qu’elle est déjà dans l’au-delà. Je constate de mes propres yeux combien les poissons couleur d’aurore sont magnifiques, mais je sais qu’ils n’existent pas dans le monde réel, celui où Anne est morte et moi vivante. Toutefois, ce rêve contient trop de choses agréables pour que je sois triste, alors je m’y agrippe afin de le faire durer encore et encore, pendant que le jour pointe lentement.
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Il arrive parfois que des enfants adoptés à l’étranger comme vous viennent à l’hôtel de ville, mais il est rare que l’on retrouve des documents les concernant. Ce n’est pas de notre faute, c’est à cause des organismes d’adoption. Apparemment, ils lessivaient les enfants avant de les faire adopter.
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Aux yeux des touristes, qui ne restent jamais très longtemps, ils passent pour simples et naïfs, mais en réalité, ils sont très calculateurs. Ils n’oublient jamais de vous rendre la monnaie de la pièce, surtout quand ça concerne leurs intérêts. Dans le dicton dont j’ai parlé, la belle-mère rend à son gendre le mal qu’il lui a fait. Ce dernier boit la soupe de maeseng-i sans soupçonner qu’elle est très chaude, et se brûle le palais. La belle-mère le console comme si elle n’y était pour rien, et le gendre souffre en croyant qu’il a seulement joué de malchance. Voilà le sens de ce dicton. Donc, quand vous mangez quelque chose à Jinnam, laissez toujours passer un peu de temps avant de tout engloutir, pour que ça refroidisse.
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Mes amis américains pousseraient des cris de stupéfaction si je leur disais que, dans ma ville natale, il faut enlever ses chaussures dans les restaurants et qu’on se promène sur l’eau dans des bateaux-tortues ! Malgré tout, je ne me sens pas dépaysée à Jinnam, parce qu’il y a la mer.
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Depuis, je suis capable de transcrire en mots mes pensées et mes sentiments les plus profonds, sans aucun jugement. Les textes ainsi rédigés contiennent mes soucis, mes espoirs, et même des phrases qui parfois me font honte ou me choquent. Mais je les écris toutes, je ne jette rien. Je note également tout ce que je dois accomplir et les promesses que je me fais. Une fois que j’ai rempli les trois pages de mon cahier, j’ai souvent mal au bras, mais je me sens plus légère, comme si j’avais vidé mon sac.
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Pendant l’adolescence, il m’est arrivé plusieurs fois de ne plus pouvoir feindre la fausse gaieté que j’affichais habituellement, et dans ces moments-là, j’avais l’impression de voir apparaître dans le miroir mon visage ensanglanté, à vif, parce qu’il n’était plus protégé par le masque du désespoir. Quelle horreur ! Et j’ai gaspillé un temps précieux à essayer d’oublier et de fuir à tout prix cette image repoussante. Ce n’est qu’après être allée trop loin, après avoir touché à la drogue, que j’ai compris que je ne pourrais pas me libérer de ce marasme et de cette détresse sans me confronter à mon visage dépourvu de masque. « C’est parce que je suis née avec un visage abominable que ma mère m’a abandonnée. »
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Jusqu’à présent, je n’ai jamais eu de mère à 100 %, mais je n’ai pas pour autant l’intention de me contenter d’une mère à 33,3 %. Une mère doit l’être à 100 %, quelles que soient les circonstances, sinon c’est comme si elle n’existait pas. Sur la photo, cette mère à 33,3 % qui porte dans ses bras mon moi à 100 % se tient devant un arbre couvert de fleurs rouges qui font penser tantôt à des pommes, tantôt à de petites lanternes. J’ai l’impression qu’en approchant mon nez, je pourrais presque sentir le parfum délicieux des fruits mûrs et, pourquoi pas, celui de ma mère.
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Pour les gens de l’époque de Joseon, une femme était considérée comme belle si elle avait les traits d’une cigale, comme quoi les critères de beauté des Coréens d’autrefois étaient bien loin de ceux des Américains, n’est-ce pas ? Et de ceux des Coréens d’aujourd’hui ! Des cigales ? Quelle horreur ! Remarquez, une fois accrochées à quelqu’un, les femmes ne le lâchent plus et ne cessent de criailler, c’est peut-être de là que vient la comparaison !
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En Corée, on appelle ce genre de femme une yeolnyeo. Attention, cela ne veut pas dire « femme chaude », comme pourraient le laisser penser les deux caractères chinois du mot, il s’agit plutôt d’une femme vertueuse qui a su défendre sa chasteté pour la réserver à son époux.
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Ne vous méprenez pas, « une bonne mère et une épouse vertueuse » est une expression toute faite ici en Corée. Cela signifie seulement « une femme exemplaire ». Autrefois, c’est ainsi que l’on qualifiait les mères des familles nobles qui avaient contribué à la réussite de leurs fils au sein de la société.
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