Citations de Yiyun Li (57)
Les écoles privées, et toutes sortes d’autres entreprises, surgissent un peu partout dans le pays, comme les pousses de bambou après les premières pluies printanières.
Tant qu'elle sera notre liberté personnelle, l'écriture sera toujours une déloyauté.
Un écrivain et un lecteur ne devraient jamais avoir le droit de se rencontrer. Ils vivent dans des cadres temporels différents. Quand un livre prend vie pour son lecteur, il est déjà mort pour son auteur.
devenir orpheline de ma langue natale me paraissait, me paraît encore, une décision cruciale.
Ces moments partagés avec d'autres - écrire sur eux, c'est raviver des émotions, mais c'est pour me débarrasser de ces émotions que j'écris.
Lire, c'est être avec des gens qui, contrairement à ceux qui nous entourent, ne remarquent pas notre existence.
Il y a une différence entre ne pas avoir été oublié et être pris dans les mailles de l'esprit de quelqu'un.
Jusqu'à son arrivée à Pékin, le silence qui régnait dans son ancienne demeure ne lui avait jamais paru insolite ; ici, les mots servaient de lubrifiant au train-train quotidien, et tout ce qui remplissait la vie d'autrui - événements insignifiants, menus objets - donnait matière à des bavardages sans fin.
un enfant qui perdait ses parents devenait orphelin, une femme qui perdait son mari devenait veuve, mais il n'existait pas de terme s'appliquant aux parents qui perdaient leurs enfants. parents ils avaient été, parents ils resteraient jusqu'à la fin de leur vie.
Il faut trois mille ans de bonnes prières pour que votre tête repose sur l'oreiller à côté de celle de l'être aimé. Pour réunir un père et une fille? Un millier d'années peut-être.
L'histoire.... n'est pas mue par la force révolutionnaire mais par le désir qu'ont les individus de grimper sur la tête d'autrui pour lui chier et pisser dessus
Les personnes sont comme les fleurs. Certaines naissent espèces rares et se voient attribuer des jardiniers patentés ; des gens font la queue pour les apercevoir quand elles fleurissent. Certaines exigent d’être cultivées et entretenues alors même qu’elles vivent dans un jardin ordinaire. Certaines sont aussi communes que des lupins ou des pavots. Pourtant, au bout du compte, toutes les fleurs fleurissent pour la même raison, et aucune ne dure, à moins d’être pressée entre deux pages.
L’argent fait toujours de bonnes histoires de fantômes.
Être l'enfant de quelqu'un est un travail ardu, un poste dont on n'a pas le droit de démissionner.
La cruauté de l'écrivain est d'exiler une personne réelle dans le monde de la fiction. Elle est obligée de renoncer à son caractère inconnaissable. Quand elle résiste, elle se retrouve sans défense contre les lecteurs, qui la regardent comme un personnage inabouti.
J'ai une relation compliquée avec le temps. Je ne peux pas me fier au passé car il pourrait être entaché par ma mémoire. L'avenir est hypothétique et devrait être traité avec circonspection.
Il existe mille manières de transporter le passé avec soi : on peut le romancer, le disqualifier, l'agrémenter de souvenirs revisités ou totalement inventés. Le présent ne cède pas si facilement à la manipulation.