Citations de Yves Doutrelugne (202)
Le cœur a sa raison que la raison ne connaît pas. Une émotion n'est pas forcément apparemment logique ou cartésienne: elle peut paraître déraisonnable, irrationnelle.
Peut-on vivre prêt à perdre "son" enfant, "sa femme", "son travail", etc. ? Probablement mieux qu'en pensant qu'ils nous appartiennent. Mais chacun de nous n'arrive pas sur terre, au berceau, avec ce genre de sagesse. la vie et ses crises nous l'apprennent, ou pas. Ces crises qui sont autant d'occasion de grandir, des "crises de mûrissement". Quand cette occasion est saisie, que l'humain y grandit, il a la joie de constater qu'il n'a pas souffert pour rien. Il y a deux faces à chaque médaille... Bertrand Piccard résume joliment : "La crise, c'est une aventure qu'on refuse. l'aventure c'est une crise qu'on accepte".
Peu importe, au fond, que les parents choisissent de modifier leur attitude sur tel ou tel point. L'important sera leur détermination, la fermeté de leur intervention qui en fera un message clair. "Votre enfant verra votre détermination dans vos yeux et entendra la fermeté du ton de votre voix. C'est cela, plus que le contenu de vos paroles, qui lui dira qu'il est temps de changer parce que vous avez changé !"
J'insiste donc davantage sur le non verbal, sur la cohérence individuelle et l'unité d'action du couple, qui sont des facteurs clés de succès.
La crise, c'est une aventure que l'on refuse,
L'aventure, c'est une crise que l'on accepte.
Bertrand Piccard
Le suicidaire ne veut pas mourir, il veut arrêter de souffrir. Notre première question sera la question de l'anthropologue : "Vous avez sûrement de bonnes raisons..." Nous cherchons ainsi à comprendre le pourquoi de cette terrible souffrance. Il nous dit les pertes qui l'ont amené à tant de tristesse. Et nous disons volontiers ; "Sachant tout ce que vous avez vécu, sachant combien cela a été pénible pour vous, je m'étonne que vous ne soyez pas plus déprimé, que vous n'ayez pas plus d'idées noires"... Et si le patient ne parle pas spontanément de ses idées noires, nous ajouterons ; "N'avez-vous jamais pensé, dans vos moments de profonde tristesse, au suicide" ? Pouvoir dire ces phrases ouvre le plus souvent un dialogue où, d'entre de jeu, le patient se sent entendu, compris, accompagné. Le silence poli ou gêné serait une occasion manquée, peut être lourde de conséquences...
Dans notre salle d'attente, se trouve un texte dont l'auteur m'est inconnu et qui s'appelle La brebis galeuse. "La plus belle des brebis du troupeau devin galeuse. Comme elle était la plus belle, les autres aussi voulurent devenir galeuses, sauf une, qu'on appela la brebis galeuse."
Les cognitions pures n'existent pas. Les cognitions sont toujours en relation avec un corps, une sensorialité et une relation avec un autre.
Un sage oriental sonnait des conférences sur le thème "dix conseils pour élever vos enfants". Il n'avait pas d'enfants. Après la naissance de son premier, il modifia le titre de sa conférence en "trois idées peut être utiles dans l’éducation des enfants". Puis il eut des jumeaux et cessa de donner des conférences.
Ainsi, face à un patient alcoolique qui vient sous la menace du divorce, il peut être judicieux de travailler avec son épouse en considérant cette dernière comme partie prenante de la solution. Sans l'aide de l'épouse, il nous serait de toute façon difficile d'aider un patient qui ne le demande pas. Il sera bien évidemment important de ne pas considérer l'épouse comme malade, mais comme demandeuse. L'objectif sera de la faire passer de "il est alcoolique" à "s'il s'arrête de voire, je veux bien ne pas divorcer". quant au patient, sa question devient : est-il prêt à arrêter l'alcool (dont il n'est pas dépendant selon lui) pour sauver son mariage. L'objectif thérapeutique devient moins stigmatisant et beaucoup plus centré sur le changement. évidemment il n'hésitera pas à impliquer son épouse comme responsable de son alcoolisme, mais c'est la que la thérapie commence.
Même si ses symptômes psychotiques sont très présents, le patient peut entendre la réalité de ses comportements. Ce qu'il conteste, ce sont les raisons de son comportement et cela nous le travaillerons plus tard. La recherche de l'alliance ne doit se faire que sur des faits (ce que l'on voit, ce que l'on entend), pas sur des idées délirantes ou des interprétations des autres : il est schizophrène, il est alcoolique, il a tout pour être heureux (une phrase bien intéressante pour celui qui est suicidaire), qui ne sont que commentaires. Le thérapeute doit communiquer avec le patient au nom du principe de réalité fondé sur les faits observés s'il veut pouvoir entamer un échange constructif et ne pas être illégitime d'emblée.
Le thérapeute n'est pas censé normaliser un individu qui remet en question les valeurs de notre société par le délire ou le suicide. Il n'est pas non plus censé donner son aide à celui qui a un comportement "déviant" contre l'ensemble de la société. le thérapeute se trouve à a croisée des chemins. Et s'il veut avoir les mains libres, il est préférable qu'il abandonne la vision dichotomique entre le normal et le pathologique, pour une vision plus concrète, plus pragmatique et surtout plus proche de la réalité de chacun, autant celle du patient et que celle de la société demandeuse. Car la psychose est parfois une tentative de solution (une tentative seulement).
Une amie me disait un jour que "le courage n'existe pas, chacun agissant dans son intérêt". Je lui répondis que je rencontre souvent la lâcheté et que si elle existe... le courage existe aussi.
Que de peur dans nos vies, alors que notre mort est une des rares certitudes d'êtres vivants.
Deux programmes de thérapie sont offerts (objectif "abstinence" ou objectif "prise de boisson contrôlée"). Ces programmes comprennent des séances de thérapie de groupe, individuelles et avec les familles (thérapie de familles multiples). Après être amplement informés, les patients choisissent librement l'option qui leur paraît la meilleure.
Comment vous-êtes vous rendue compte que l'anorexie ne cherchait pas à vous aider mais vous empêchait d'être vois-même ?
Ce qui est central, c'est la capacité de relier mes affects avec mes cognitions. C'est quand j'accueille mes affects que mes cognitions peuvent donner forme la vie, sinon je passe dans la rumination mentale; Et c'est toute cette rupture entre cognition et affect qui caractérise le processus dissociatif bloqué.
Franck Farelly rappelle (..) que nous avons deux mains, l'une pour les caresses, qui aime de façon continue; l'autre qui "serre les boulons", qui met les limites: heureusement elle n'est nécessaire que par intermittence. et encore, ce n'est que le comportement qu'elle sanctionne , pas la personne.
"l'amour sans les limites, c'est l'horreur! Les limites sans l'amour c'est l'horreur aussi."
Loin d'être un obstacle à la mise en place d'un projet thérapeutique, elle sera l'alliée de tous les instants pour le bien du patient. Pendant longtemps (hélas), elle fut considérée comme le problème. il est temps aujourd'hui qu'elle fasse partie des solutions.
"La persuasion directe n'est pas une méthode efficace pour résoudre l'ambivalence" (W. miller, S. Rollnick).
La résistance n'est pas considérée dans cette approche comme une caractéristique propre au patient, mais bien comme un symptôme de la relation thérapeute-cient. rappelons qu'en physique la résistance est définie comme la capacité de s'opposer à une force préalable.