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Citations de Yves Gauthier (31)


Je ferme les yeux et tente d'imaginer Gaston sans Louba. Je n'y arrive pas. Je les revois heureux, serrés l'un contre l'autre, accoudés à la table, en surplomb devant moi qui fondais dans le divan, en train de m'expliquer le B.A.-B.A de l'amour comme chemin de vie, de survie, de résistance. Léon Tolstoï avait peut-être tort d'affirmer, en ouverture d'Anna Karénine, que toutes les familles heureuses le sont pareillement ; et que chaque famille malheureuse l'est à sa façon. Il me semble que c'est le contraire. En tant qu'il requiert un talent fou, le bonheur est forcément singulier. Celui de Gaston et Louba rendait jalouse la ville entière, je l'ai vu de mes yeux, entendu de mes oreilles.
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Vous êtes partis à temps. Ici (en Ukraine) et en Russie, c'est la lutte pour le pouvoir, et j'ai l'impression qu'on va avoir la guerre civile, ça, c'est terrible ! Mais que faire ? Les gouvernants de l'Ukraine pensaient qu'ils pourraaient faire seul les besoins de ce pays, mais ici on a toujours reçu et on ne peut pas vivre sans l'aide de la Russie. L'Ukraine est pauvre, et ici maintenant c'est le nationalisme, c'est terrible. La lutte pour le pouvoir c'est maintenant l'essentiel, les gens ne veulent pas aller travailler, ils font tous du commerce sur le marché. Chaque semaine le coût de la vie monte (...) Vous voyez dans quelle situation on se trouve.
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Le jour fatal arrive où il se voit requis contre son gré pour le STO, le Service du travail obligatoire, comme des centaines de milliers d'autres qu'il n'avaient rien demandé. Gaston s'en expliquera comme suit :
En 1943 les accords entre le maréchal Pétain et le Premier ministre Laval ont été signés, ce qui signifiait que pour deux ans tous les Français, hommes et femmes de dix-sept à cinquante ans, devaient aller travailler en Allemagne, en échange notre pays était occupé seulement sur la moitié de son territoire (...)
À Paris-Est, nous avons reçu les dernières instructions pour notre voyage et la possibilité de changer l'argent français, après deux journées de trajet, nous étions arrivés à la gare de Saarbrücken.
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Pour sa participation aux Jeunesses communistes, je me représente Gaston en enfant du Front populaire qu'il avait vécu à l'âge de seize ans dans sa blouse d'apprenti tourneur. Il s'était lié, on peut l'imaginer, avec ces Parisiens remuants peints par les documentaristes de l'époque, ces rassemblements revendicatifs où l'on disait du mal des fortunés, mais du bien des congés payés et des assurances sociales (...)
Dans ces mêmes rassemblements, Staline était cité en héros, Lénine en sage et le pays des Soviets en patrie des travailleurs. Lequel pays, pourtant, piégerait bientôt Gaston dans sa nasse.
Je ne pouvais pas le savoir. Dans son cas, cette phrase par laquelle beaucoup de gens se justifieront des idéaux trompés de leur jeunesse se révèle d'une justesse fatale.
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La dame a une voix de bois rare, sonore, anormalement jeune, et qui passe droit du coeur à l'air. Son cerceau de chair n'est plus qu'une jupe gitane éthérée, légére, intangible. Le triomphe de l'âme sur les dégâts du poids, des ans, de la vie, du systéme, des hommes qui lui ont roulé dessus. Son timbre de mezzo-soprano nature consonne à ravir avec le répertoire paysan auquel elle est rompue, et qui a culotté son organe vocal comme une bonne pipe de marin. Sans compter l'air humide et brûlant de la plonge qui échauffe chaque jour ses voies phonatoires, comme sous la douche, au fond de la cale-cuisine dont elle a fait un théâtre d'opéra populaire. Un court instant, dans le vestibule, une sonorité de casserole paraît la trahir à cause des moquettes synthétiques et des lambris d'amiante, de thermoplastique, de résine polymérique. Mais Tamara finit par tapisser de son chant tous les faux placages du bateau. Sa voix devient chaude, pleine d'une sensualité primitive d'avant l'invention du péché, curieusement marquée de rayures microscopiques. (...) Elle n'a jamais écouté Carmen que sur un vieux vinyle. Avec son oreille parfaite, elle reproduit jusqu'aux impuretés des microsillons.
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-De la bonne eau de mauvaise vie. Entre un peu que je te dévergonde, pauvre cul serré, valetaille de la noblaille, officier de la région d'horreur, entre, l'immortel, ruine de hussard, avec ton nez en bâton de maréchal, ou plutôt en broc de ferblantier.
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Le destin est un drôle de romancier, tout de même. Qu'a-t-il fait des anciens compagnons d'infortune du hussard? Les plus herculéens d'entre eux sont tous morts, à cette heure, et depuis longtemps. Les lèvres de Savin récitent la prière russe: "Que la terre leur soit comme un duvet."
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Hier encore, les Cosaques ont donné une ultime attaque sur un reste de la Grande Armée qui couvrait le gué de Stoudianka sous les armes; eh bien, les Français -qui tous périrent- criaient "Au chat!" en réponse au foudroyant "Hourra!" de la charge russe: parce que hourra! sonnait presque comme au rat! et qu'un dernier jeu de mots, avant le trépas, c'était comme un dernier sacrement.
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-Vous-même avez été arrêté dans les règles de la guerre. Tenez, que vous a dit le général Platov en vous faisant prisonnier?
-Il nous a demandé si nous étions français.
-Et vous?
-Que oui, nous sommes français.
-Et lui?
-Il a dit: "Vous tombez bien, je vais vous faire fusiller sur-le-champ".
Un rire joyeux jaillit de la gorge du Russe qui ne fait rien pour le réprimer.
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L'écrivain reçoit. Cela ne le désespère pas. Il travaille quand même au bonheur de l'humanité parce que lui comprend que l'histoire ne se répète pas, mais que les hommes sont plutôt toujours les mêmes. (Berthelot Brunet)
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Peindre, ce n'est pas fabriquer des colorants.
Composer, ce n'est pas accorder des pianos.
Écrire, ce n'est pas des élucubrations esclaves de la grammaire et de la syntaxe.
Peindre, c'est discerner.
Composer, c'est percevoir.
Écrire, c'est penser.
(Jean-Jules Richard)
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Le livre bien choisi devrait être « attaqué » le soir même comme une conversation commencée doit se poursuivre. Ainsi se développe la curiosité intellectuelle. (Henri Tranquille)
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Je pensais qu'il n'y a que les pamphlétaires qui exagèrent. La critique officielle et assise souffre parfois du même mal, ce qui me console un peu. (Claude-Henri Grignon)
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Tranquille aime bien aussi citer des mots d'esprit. Je retiens celui-ci, tiré du Pyjama de Pierre Daninos, où Samuel Johnson cite lui-même la réponse d'un éditeur à un auteur : Votre manuscrit est à la fois bon et original. Malheureusement, la partie qui est bonne n'est pas originale, et celle qui est originale n'est pas bonne.
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Que j'aimerais continuer à dire la souplesse et la grâce et les métamorphoses des mots qui sont comme des étoiles : chaque mot est, dans la littérature, un soleil éclairant des milliards de sensibilités diverses. (Henri Tranquille)
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La ponctuation est pour le lecteur un soyeux fil d'Ariane. (Henri Tranquille)
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La grammaire et le dictionnaire ensemble, je vois cela comme l'espace exact occupé par une langue sur la carte géographique d'une culture. (Henri Tranquille)
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Écrire, c'est une façon de parler sans être interrompu. (Jules Renard)
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Le vrai incroyant n'est pas anticlérical. Il est indifférent.
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Un fol enseigne bien un sage, lance Rabelais avec un éclat de rire. Mais la sagesse ne fait que des médiocres timides, lui rétorque rageusement Érasme. La félicité serait alors de mourir sage après avoir vécu fou, conclut Cervantès avec un sourire bon enfant. (Jean-Claude Germain)
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