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Citations de Yves Gauthier (27)


La dame a une voix de bois rare, sonore, anormalement jeune, et qui passe droit du coeur à l'air. Son cerceau de chair n'est plus qu'une jupe gitane éthérée, légére, intangible. Le triomphe de l'âme sur les dégâts du poids, des ans, de la vie, du systéme, des hommes qui lui ont roulé dessus. Son timbre de mezzo-soprano nature consonne à ravir avec le répertoire paysan auquel elle est rompue, et qui a culotté son organe vocal comme une bonne pipe de marin. Sans compter l'air humide et brûlant de la plonge qui échauffe chaque jour ses voies phonatoires, comme sous la douche, au fond de la cale-cuisine dont elle a fait un théâtre d'opéra populaire. Un court instant, dans le vestibule, une sonorité de casserole paraît la trahir à cause des moquettes synthétiques et des lambris d'amiante, de thermoplastique, de résine polymérique. Mais Tamara finit par tapisser de son chant tous les faux placages du bateau. Sa voix devient chaude, pleine d'une sensualité primitive d'avant l'invention du péché, curieusement marquée de rayures microscopiques. (...) Elle n'a jamais écouté Carmen que sur un vieux vinyle. Avec son oreille parfaite, elle reproduit jusqu'aux impuretés des microsillons.
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-De la bonne eau de mauvaise vie. Entre un peu que je te dévergonde, pauvre cul serré, valetaille de la noblaille, officier de la région d'horreur, entre, l'immortel, ruine de hussard, avec ton nez en bâton de maréchal, ou plutôt en broc de ferblantier.
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Le destin est un drôle de romancier, tout de même. Qu'a-t-il fait des anciens compagnons d'infortune du hussard? Les plus herculéens d'entre eux sont tous morts, à cette heure, et depuis longtemps. Les lèvres de Savin récitent la prière russe: "Que la terre leur soit comme un duvet."
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Hier encore, les Cosaques ont donné une ultime attaque sur un reste de la Grande Armée qui couvrait le gué de Stoudianka sous les armes; eh bien, les Français -qui tous périrent- criaient "Au chat!" en réponse au foudroyant "Hourra!" de la charge russe: parce que hourra! sonnait presque comme au rat! et qu'un dernier jeu de mots, avant le trépas, c'était comme un dernier sacrement.
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-Vous-même avez été arrêté dans les règles de la guerre. Tenez, que vous a dit le général Platov en vous faisant prisonnier?
-Il nous a demandé si nous étions français.
-Et vous?
-Que oui, nous sommes français.
-Et lui?
-Il a dit: "Vous tombez bien, je vais vous faire fusiller sur-le-champ".
Un rire joyeux jaillit de la gorge du Russe qui ne fait rien pour le réprimer.
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L'écrivain reçoit. Cela ne le désespère pas. Il travaille quand même au bonheur de l'humanité parce que lui comprend que l'histoire ne se répète pas, mais que les hommes sont plutôt toujours les mêmes. (Berthelot Brunet)
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Peindre, ce n'est pas fabriquer des colorants.
Composer, ce n'est pas accorder des pianos.
Écrire, ce n'est pas des élucubrations esclaves de la grammaire et de la syntaxe.
Peindre, c'est discerner.
Composer, c'est percevoir.
Écrire, c'est penser.
(Jean-Jules Richard)
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Le livre bien choisi devrait être « attaqué » le soir même comme une conversation commencée doit se poursuivre. Ainsi se développe la curiosité intellectuelle. (Henri Tranquille)
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Je pensais qu'il n'y a que les pamphlétaires qui exagèrent. La critique officielle et assise souffre parfois du même mal, ce qui me console un peu. (Claude-Henri Grignon)
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Tranquille aime bien aussi citer des mots d'esprit. Je retiens celui-ci, tiré du Pyjama de Pierre Daninos, où Samuel Johnson cite lui-même la réponse d'un éditeur à un auteur : Votre manuscrit est à la fois bon et original. Malheureusement, la partie qui est bonne n'est pas originale, et celle qui est originale n'est pas bonne.
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Que j'aimerais continuer à dire la souplesse et la grâce et les métamorphoses des mots qui sont comme des étoiles : chaque mot est, dans la littérature, un soleil éclairant des milliards de sensibilités diverses. (Henri Tranquille)
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La ponctuation est pour le lecteur un soyeux fil d'Ariane. (Henri Tranquille)
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La grammaire et le dictionnaire ensemble, je vois cela comme l'espace exact occupé par une langue sur la carte géographique d'une culture. (Henri Tranquille)
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Écrire, c'est une façon de parler sans être interrompu. (Jules Renard)
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Le vrai incroyant n'est pas anticlérical. Il est indifférent.
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Un fol enseigne bien un sage, lance Rabelais avec un éclat de rire. Mais la sagesse ne fait que des médiocres timides, lui rétorque rageusement Érasme. La félicité serait alors de mourir sage après avoir vécu fou, conclut Cervantès avec un sourire bon enfant. (Jean-Claude Germain)
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(...) dans les milieux catholiques informés, la question de faire l'amour la lumière éteinte ou allumée était à la fine pointe du questionnement sexuel. Si on avait posé la question : Est-il préférable de tout suggérer plutôt que de tout montrer? Les partisans de l'agace-pissetterie auraient été nettement majoritaires. La Grande Noirceur était dans tout et partout. (Jean-Claude Germain)
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Pour un élève des Jésuites, sa langue souvent tarabiscotée était familière, elle portait l'empreinte indélébile d'une langue morte et écrite, le latin, qui nous a longtemps fermé la porte du XXe siècle et de la modernité en nous apprenant à architecturer nos phrases comme des orateurs sacrés.
(Jean-Claude Germain)
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Il n’en demeure pas moins que la Sibérie ne peut survivre que si elle cesse d’être repliée sur elle-même, comme elle l’a été trop longtemps, pour s’ouvrir au reste du monde. Voilée durant près de trois siècles aux étrangers qui, explorateurs au service de la Russie, étaient dûment censurés, ou qui, voyageurs de passage, tels Chappe d’Auteroche ou Jean-Baptiste de Lesseps, devaient se fier à leur intuition et à leur imagination pour aller au-delà de ce qu’on avait bien voulu leur montrer ; complètement dissimulée au monde par les bolcheviks qui en avaient fait le parangon du bagne et un polygone stratégique, la Sibérie apparaît aujourd’hui, malgré ses nombreuses souillures, un des rares lieux du globe où l’aventure est encore possible. La Sibérie n’est certainement plus à inventer, mais peut-être reste-t-il à la redécouvrir.
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Notons à ce propos que si les Toungouses mirent un frein à la progression des premiers Russes, ils en furent néanmoins le moteur de par leur mémoire géographique. Le sibériologue Boris Polevoï : « Et combien d’informations inestimables n’avaient-ils pas engrangées sur la géographie sibérienne… Dans le mouvement perpétuel de leurs migrations à travers des espaces infinis, Evenks et Evens (« Toungouses ») avaient mémorisé des milliers de données topographiques… » Ce furent eux qui conduisirent les Russes jusqu’à la mer d’Okhotsk. Certains, tels le guide indigène rebaptisé Sémion Pétrov et surnommé le Pur, étaient de toutes les découvertes : du Pacifique en 1639 avec Ivan Moskvitine, du Baïkal en 1642 avec le pionnier Kourbat Ivanov, du fleuve Amour en 1643 avec Vassili Poyarkov… La « rumeur » qui guidait Penda vers l’est n’était autre que la science géographique des riverains de la Toungouska qui, contraints ou consentants, vendaient la mèche aux entreprenants colons.
…En même temps qu’ils leurs décochaient des volées de flèches. Pourtant, Gmelin ne semble guère exagérer quand il parle des victoires faciles de Penda à coups d’armes à feu, même si la supériorité conférée aux Russes par la maîtrise de l’arquebuse ne doit pas induire à l’image caricaturale d’une horde de sauvages effarouchés au premier coup de pétoire. Une arquebuse à cette époque n’est pas une kalachnikov : tout au plus crache-t-elle, avec sa mèche ou son rouet, seize coups en une journée de bataille acharnée. Et le désarroi suscité par l’effet de surprise – on l’observera jusqu’au XVIIIe siècle, et même après mais plus sporadiquement – fait généralement long feu chez le guerrier indigène qui, très vite, recouvre ses esprits.
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