"Le Petit Chaperon rouge dans la tradition orale" d'Yvonne Verdier - "Les Idées claires" sur France
Serait-ce donc que, depuis le XVIIème siècle, la société se masculinise ? Les grands pouvoirs et mystères du corps féminin célébrés célébrés dans les vieilles sociétés paysannes commenceraient-ils à être déniés dans la société qui se met alors en place ? La question serait à poser aux historiens. Substituer à une histoire de grand-mère une histoire de loup, arrêter la "Belle au bois dormant" à l'arrivée glorieuse du prince charmant, n'est pas un simple tour de passe-passe, mais montre que nous sommes dans une société qui est autre que celle où les petites filles doivent suivre le chemin des épingles et manger leur grand-mère.
Nul autre clocher alentour. La gravité et l'ampleur du paysage, une sorte de tremblé de l'air et des lointains toujours bleutés donnent aux villages de ce pays comme l'isolement précieux de l'oasis, tache brune nouée à la terre brune. l'air est vif ; on sent les étés brûlants traversés des grands orages de juillet qui grêlent les orges, les longs hivers aux grives qui paralysent l'air et font le silence des forêts. froidure et insularité dont la flore porte la marque : (...); dans la forêt, ceux qui savent chercher trouvent la belle orchidée à la gorge globuleuse irisée de pourpre, le Sabot de Vénus.
Avant-propos
L'impulsion tragique est donnée, une histoire émerge qui tend vers une fin inéluctable, car la coutume ainsi dévoyée infléchit la destinée de celui qui agit ainsi, sa contrefaçon ourdit à chaque fois le drame, suivant une sourde nécessité où se profile le destin.
Les héroines vont donc avoir une histoire singulière, et cette histoire nous est donnée comme un destin d'amour et de mort, chemin de fleurs et de sang, (...) une destinée qui conduit à l'amour manqué ou non partagé, au mariage hors normes, à la trahison de l'aimé, à la mort des amants.
Les filles ont le Temps à leurs trousses, qui les pousse hors du bois.
Pour l'amour il n'est plus temps, l'amour est resté à la porte, dehors dans le pré, dans le bois, enterré dans le bois, enterré dans les coeurs.("Nous n'irons plus au bois, les lauriers sont coupés..."chantions-nous enfants).
" J'ai tâché de faire qu'on puisse la prendre ni pour une porteuse d'eau, ni pour une servante; qu'elle vienne puiser de l'eau pour l'usage de sa maison, l'eau pour en faire la soupe à son mari et à ses enfants ; qu'elle ait l'air de n'en porter ni plus ni moins lourd que le poids des seaux pleins (...) qu'elle accomplisse avec simplicité et bonhomie, sans le considérer comme une corvée, un acte qui est, avec les autres travaux du ménage, un travail de tous les jours et l'habitude de sa vie. Je voudrais bien qu'on imagine la fraîcheur du puits et que son air d'ancienneté fasse voir que beaucoup avant elle y sont venues puiser de l'eau."
J.-F. Millet, lettre du 18 février 1862 au critique Thoré
Avant-propos
La petite fille y est instruite de son avenir féminin, instruction qui va se dérouler suivant une progression parfaite au moyen de divers apprentissages techniques. Sur le chemin, au préalable, lui a été inculquée la couture, associée à la vie de jeune fille ; dans la maison, lui sont transmises les facultés génésiques de sa grand-mère par l’apprentissage de la cuisine, attribut des mères et des épouses ; ensuite vient l’initiation sexuelle proprement dite, dans les bras du loup. Enfin, par son passage auprès des laveuses, elle se trouve introduite à un troisième savoir féminin fondamental : la lessive, technique de l’accouchement, technique des vieilles femmes.
C'était un de ces endroits écartés, situés hors du monde, où l'on trouve à l'ordinaire plus de méditation que d'action et plus d'indolence que de contemplation, où la pensée s'aventure sur un terrain étroit pour aboutir à des conclusions de la plus haute fantaisie, mais où se jouent parfois dans la réalité des drames de dimension et de grandeur sophocléennes, en vertu des passions qui s'y concentrent et de l'étroite interdépendance de la vie de ses habitants.
(...), les oeuvres des romanciers du XIXe siècle, Balzac, Zola, Barbey d'Aurevilly et aussi George Eliot ou Thomas Hardy, parce qu'elles mettent en scène personnages et destins d'exception au sein d'une réalité sociale fort proche de celle que nous cherchions à décrire, ont pu illustrer et faire ressortir, en les enrichissant, des traits de caractère ou de comportements qui appartiennent à la vie paysanne.
Avant-propos
Vieux pays dont les richesse archéologiques, les particularismes dialectaux et l'attachement à l'ancienne coutume ont nourri la passion pour l'antique des érudits locaux du XIXe siècle. Pour Clément-Janin, c'est le pays " le plus curieux de la Côte d'Or " : " Sur ses montagnes, dans ses forêts vastes, se retrouvent les cultes primitifs aux rochers, aux fontaines, les offrandes aux fées, les légendes . "
Avant-propos
Les héros et héroines de Hardy, les êtres passionnés qu'il met en scène, maçons, bûcherons, fermières ou ouvrières agricoles, auxquells il faut ajouter quelques jeunes institutrices de villages et filles de pasteurs ruraux qui tous vivent dans l'univers réduit, lointain et particulèrement "arriéré" de minuscules villages, véritables trous perdus à l'écart du monde.