Citations de Zéno Bianu (356)
Sur l’œillet
un papillon blanc -
ou une âme égarée
Masaoka Shiki
Du violet des nuages
au mauve des iris
ma pensée va sans cesse
Chiyo-ni
Elle s’ouvre
et crache un arc-en-ciel -
la pivoine !
Yosa Buson
Je m’assoupis
un nuage de canicule
sur les genoux
Kobayashi Issa
Des îles
des pins sur des îles
et le bruit frais du vent
Masaoka Shiki
Qui déteste ce monde
se doit d’aimer
les fleurs de chardon
Masaoka Shiki
Puisqu’il le faut
entraînons-nous à mourir
à l’ombre des fleurs
Kobayashi Issa
Le monde
est devenu
un cerisier en fleurs
Ryôkan
Ouvrez la fenêtre. Mordez la mort. Affolez la folie. Désespérez le désespoir.
Je crois à ces chemins où le corp avance dans l'esprit où l'on surprend le bruit de fond des univers par ces yeux que la nuit a pleurés en nous par ces yeux que la vie a lavés en nous.
C’EST LE MESSAGE SECRET
c’est
le message secret
du souffle
ce souffle chaud
qui maintenant te traverse
parfois la route est bonne
parfois la route est mauvaise
tu avances
avec toutes tes vies
avec tous tes visages
nul n’a brouillé les
indices
[…]
gisements de silence
sève ouverte du feu
chair sucrée de la Voie lactée
vivre chaque instant
dans le secret tremblé
des nerfs
p.13
TU DESCENDS AU CŒUR DE LÉCORCE
tu descends
descends
descends
au cœur de l’écorce
c’est
une confiance inouïe
seul le tempo
de ta respiration
seul le tempo
de ton
implosion
célébration
célébration
de l’extrême lenteur
chacun de tes mots
est une pierre à magie
tu avances
là où les morts n’ont plus prise
par des chemins de néon
entrelacés
par des villes aux larmes nacrées
vie et mort c’est tout un
p.12
TU AVANCES SUR TON RUBAN DE VIE
tu avances
sur ton ruban de
vie
tu viens
à même le flux du vivant
un seul paragraphe
à la vitesse de la
vraie vie
crépitant
dans la lumière survoltée
tu avances
avec les furieux du salut
plus loin que les ravins de la
mort
vers les eaux tranquilles
par-delà les nuées
égarantes
vivre
chaque instant
en s’immergeant
dans la source des étincelles
p.11
CORPS À CŒUR
CŒUR À CORPS //B
le feu aux joues
et ailleurs
jusqu’à l’éperdument charnel
frotté au souffle du tempo
embrassant
embrasant
la nuit
déchirée
aux infrarouges
l’instinct
ultraviolet
des transfigurations
p.8
CORPS À CŒUR
CŒUR À CORPS //A
douceur incandescente
faite de chair et de mots
afflux de sang et de sens
un excès de vie
un surcroît d’amour
le feu la fougue
le cosmos s’affole
impétueusement
comme en se jouant
l’abîme
s’ouvre
en galaxies voluptueuses
p.7
…
vivre
chaque instant
en mourant sa vie
en vivant sa mort
il n’y a plus
de labyrinthe
la vie est un bol de cerises juteuses
…
p.13
Tu n'as plus rien
d'enfoui
le chaos te traverse
tu écoutes
tel un feu follet
des amplitudes
une ritournelle
au bord du vide
effleurant les lointains
la douce euphorie
du fin fond de
tout
Sur les murs du Bois de l’Ouest
Un regard d’horizon pour les cols,
un regard de ciel pour les cimes.
Haut et bas, proche et lointain
ne se ressemblent pas.
J’ignore le vrai visage du mont Lou –
Je sais seulement que j’y suis.
// Sou-Tong-Po
/ Traduction Patrick Carré et Zéno Bianu
Pei-ts’ing-lo
À l’ouest le couchant absorbe les montagnes.
Je rejoins la hutte du moine solitaire.
Où est-il, parmi les feuilles tombées ?
Sous les nuages froids le chemin zigzague.
Un seul coup de pierre qui chante annonce la nuit.
Paisiblement appuyé sur une tige de rotin,
Particule parmi les particules,
Dans l’oubli de l’amour et de la haine.
// Li Chang-Yin Chine (813 -858)
/ Traduction Patrick Carré et Zéno Bianu
Horizon
Le jour du printemps est à l’horizon,
A l’horizon déjà le jour se courbe.
Le chant du loriot est une larme
Qui vient mouiller la plus haute fleur.
// Li Chang-Yin Chine (813 -858)
/ Traduction Patrick Carré et Zéno Bianu