Citations de Élisabeth Revol (39)
Je pense aux premiers ascensionnistes, aux pionniers Tenzing et Hillary. Total respect.
« Rappelle-toi bien ceci, mon enfant : si jamais tu as du chagrin, va dans la forêt et marche en ouvrant grand les yeux pour regarder autour de toi. Car dans chaque arbre, dans chaque buisson, dans chaque animal, dans chaque fleur, tu trouveras la présence et la puissance divines. Ainsi tu seras consolée et tu oublieras tes tourments. »
En revanche, je n’ai aucune connexion Internet en expédition : c’est volontaire, j’aime me couper de tout. Le monde d’aujourd’hui est ultra connecté, et je m’y sens saturée d’informations malgré moi. J’aime me déconnecter de l’actualité, de la marche du monde et me brancher sur la montagne.
Mais comment trouver l'équilibre entre passion et raison ? Une passion trop forte emprisonne, une raison trop rigide prive d'élan, de liberté.
Sur cette montagne, chaque jour est une récompense, un pas vers l'inconnu, un pas vers la découverte de soi-même et de ses possibilités. Nous avons saisi là-haut ces instants où le cœur se suffit à lui-même, rempli de joie de vivre.
"Une ascension sensorielle entre deux mondes. Une quête existentielle. Un pas de plus vers moi. Sur ces sommets, avec les vents et les drapeaux à prières tibétains, se sont évanouis l'oppression, le désespoir, l'amertume qui me minaient. La vie c'est aujourd'hui, devant." (P202)
Ce que j'apprends là-haut avec lui m'interroge profondément. Un jour, au camp de base, Tom m'a raconté : "Quand tu bois un verre d'eau, songe bien que ces molécules ont coulé un milliard de fois dans des ruisseaux, rivières, fleuves, sont parvenus mille fois dans des océans, se sont évaporées mille fois, ont constitué de la pluie, de la neige, que ces molécules ont été respirées un million de fois, transpirées, crachées ou pissées, ont constitué des organismes végétaux, animaux, que ces molécules ont toujours été, et seront toujours, sous une forme ou sous une autre, avant de revenir à leur source, et qu'elles sont maintenant dans ton verre pour te permettre de vivre. Si tu vois cela, tu agis en conscience en buvant ou en mangeant, tu échappes à la matérialité."
Je suis entre deux mondes ; la terre et le ciel. Les genoux bien collés au sol par l'attraction terrestre, mais les mains touchant du doigt les étoiles.
"Chaque mètre parcouru est une petite victoire,
chaque pas de plus une avancée. Le souffle court, nous nous élevons ensemble vers le ciel étoilé." P33
"Les ombres s'étirent et s'allongent. Le soleil ne va pas tarder à se coucher. Dans un instant, le froid sera intense et vif, mais le coucher de soleil est éblouissant. De toute ma vie d'himalayiste, je n'ai jamais vu si beau spectacle. Magique. La mer de nuages cotonneuse enveloppe toutes les montagnes, à l'exception du Nanga, majestueux, qui déchire le ciel pourpre" (P32)
J'aime aussi avancer seule (...) c'est un temps que je m'accorde pour rêver, pour me projeter, m'émerveiller dans ce cirque de glace, dans cette délicieuse fraîcheur des immensités neigeuses.
"J'aime ces sections où je suis très concentrée, dans un calme parfait. Focalisée sur la précision de mes pas, la saisie de mes mains, je peux me projeter sur les prises suivantes. Le temps s'efface. L'air se fait plus pauvre. Mon cœur tape plus vite, je halète dans les ressauts. Tout ici est d'une ampleur renversante." (P26)
Rappelle-toi bien ceci, mon enfant : si jamais tu as du chagrin, va dans la forêt et marche en ouvrant grand les yeux pour regarder autour de toi. Car dans chaque arbre, dans chaque buisson, dans chaque animal, dans chaque fleur, tu trouveras la présence et la puissance divines. Ainsi tu seras consolée et tu oublieras tes tourments
Je fuis de plus en plus la société qui voudrait décider pour moi. Je sais que les réponses sont à l'intérieur de moi. Je pars là-haut pour vivre authentiquement. Quand on sait que les risques existent, quand on les affronte, on vit intensément et on redescend avec un amour encore plus grand de la vie. En expédition, ma vie est exacerbée, incandescente, tellement plus intense que n'importe quel moment en bas !
… je sais que le sommet, tu ne l'as atteint réellement qu'une fois en bas.
Serrer du bout des doigts des réglettes rocheuses avec les doigts.
"De petites particules scintillantes tapissent le ciel et esquissent un ballet lumineux. Le vent souffle et balaye des nuages de neige au loin. Je le vois, mais ne l'entends pas, emmitou- flée et isolée dans mes bonnets, cagoules et capuches multiples. L'espace d'un instant, je m'immerge dans cette beauté."(p23)
La saveur du sommet, tu la savoures de retour au camp de base, le risque écarté et l'adrénaline retombée. C'est toujours ainsi.
Pour lui aller à la conquête d'un sommet, c'est aller à la conquête de lui-même : dans le non attachement, le dépouillement de tout confort, vers un moment présent plus intense, séparé du passe inutile, n'envisageant pas le futur plus loin que le prochain pas. (p81-82)
Le nanga était à la fois son exutoire, sa liberté mais aussi sa prison. (p76)