- Pombo, cette fois-ci j'ai bien cru mourir pour de bon.
- Et bien, Java, pour ma part, je crois que je ne me suis jamais senti aussi vivant.
Les deux amis se regardèrent silencieusement. Ils soufflèrent sur leur thé brûlant. Dans la nuit, quelques gouttes inoffensives caressaient encore les carreaux de la vitre. Elles sonnaient le calme après la tempête.
- Java, pourquoi faudrait-il que ta cabane se trouve perchée tout là-haut ? Elle est très bien au sol.
- C’est pour voir le lointain, Pombo.
- Le lointain, je n’ai qu’à fermer les yeux pour le voir, Java.
- Ce n’est pas le lointain que tu vois. C’est le fond de ton imagination.
- Si tu crois que mon imagination a un fond…
Truffe fait un incroyable vol plané. Son ombre rapetisse à mesure qu'il s'élève dans les airs, puis elle s'allonge quand il se rapproche du sol. Quand il retombe face contre terre, son ombre est emprisonnée sous lui.
« À chaque instant, ils s’apprêtent à bondir sur l’idée perdue. Mais, comme tout bon chasseur qui a fait trois kilomètres au milieu des ronces, qui s’est pris sept fois les pattes dans une racine et cela, sans rien débusquer, ils se mettent à douter.
– Au fait, Truffe, ça ressemble à quoi ce qu’on cherche?
– J’en ai pas la moindre idée.
– Non, parce que faudrait peut-être savoir si ce qu’on poursuit est rond ou carré…
– Je dirais que ça dépend du genre d’idée que c’est, Machin.
– Et elle était de quel genre, la tienne?
– Oh, tu m’agaces! Comment veux-tu que je m’en rappelle puisque je m’en souviens plus. »
"Première possibilité la plus plausible: nous ne trouvons pas les dents parce qu'elles ont été capturées par un animal cruel du genre... marcassin."
Cependant, Pombo ne tint pas à féliciter Java. Sans doute avait-il, caché derrière les oreilles, un peu de jalousie à revendre.
- Pombo, cette fois-ci j'ai bien cru mourir pour de bon.
- Et bien, Java, pour ma part, je crois que je ne me suis jamais senti aussi vivant.
« Son bonheur était simple, et il aimait par-dessus tout profiter de ce confort à portée de pattes.
Bien sûr, il ne prenait guère de risque à rester les fesses clouées à son fauteuil. D’aucuns diront qu’il ne se frottait pas à la vraie vie. Qu’il n’était qu’un fainéant et un peureux.
Mais Pombo préférait faire l’économie ds égratignures. Au moins, sur son rocking-chair, il était en sécurité.
Java insista tant que Pombo, pour ne pas froisser son seul ami, décida de lui prêter main-forte. Bien sûr, il ne fallait pas trop lui en demander. Il ovulait bien porter quelques brindilles mais pas plus. Et puis, selon Pombo, Java avait besoin de quelqu'un pour le guide d'en bas. Quelqu'un qui aurait assez de recul pour diriger les opérations et vérifier que tout se passe de la meilleure des façons.
Il fut donc décidé que Pombo n'en ficherait pas une, mais donnerait son avis sur tout.
Pombo était d'un naturel paresseux. Il passait son temps à rêvasser, les pieds bien au chaud dans ses pantoufles. Il s'installait sur son fauteuil à bascule devant sa maison et laissait son imagination faire le reste.
Il fut donc décidé que Pombo n’en ficherait pas une, mais donnerait son avis sur tout.