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Citations de Émile Guillaumin (50)


Émile Guillaumin
l'année qui suivit la publication de "La vie d'un simple", il donnait une forme définitive à son programme en trois petits vers :

« Sans désirs coûteux,
Sans envie
Vivre tout simplement sa vie,
Mais la garder inasservie. »

Emile Guillaumin
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La Catherine s'en allait dans la chambre à four attenante à la maison et qui servait de réduit aux débarras ; elle prenait dans une vieille boutasse poussiéreuse une ou deux de ces petites pommes recroquevillées et les offrait au pauvre Médor qui s'en allait les déchiqueter dans la cour, sur les plantes de jonc où il avait l'habitude de dormir. A ce régime, il était efflanqué et de poil rude, on peut le croire ; il eût été facile de lui compter toutes les côtes.

Notre nourriture, à nous, n'était guère plus fameuse, à la vérité. Nous mangions du pain de seigle moulu brut, du pain couleur de suie et graveleux comme s'il eût contenu une bonne dose de gros sable de rivière. C'était plus nourrissant, disait-on, de laisser l'écorce mêlée à la farine.

La farine des quelques mesures de froment qu'on faisait moudre aussi était réservée pour les beignets et les pâtisseries - tourtons et galettes - qu'on cuisait avec le pain.
Cependant, l'habitude était de pétrir avec cette farine-là une petite miche ou ribate d'odeur agréable — mie blanche et croûte dorée — réservée pour la soupe de ma petite soeur Marinette, la dernière venue, et pour ma grand-mère, les jours où sa maladie d'estomac la faisait trop souffrir. Maman, à de certains jours, m'en taillait un petit morceau que je dévorais avec autant de plaisir que j'eusse pu faire du meilleur des gâteaux. Régal d'ailleurs bien rare, car la pauvre femme en était avare de sa bonne miche de froment !

La soupe était notre pitance principale ; soupe à l’oignon le matin et le soir, et, dans le jour, soupe aux pommes de terre, aux haricots ou à la citrouille, avec gros comme rien de beurre. Le lard était réservé pour l’été et les jours de fête. Avec cela des beignets indigestes et pâteux d’où les dents s’arrachaient difficilement, des pommes de terre sous la cendre et des haricots cuits à l’eau, à peine blanchis d’un peu de lait. On se régalait les jours de cuisson à cause du tourton et de la galette, mais ces hors-d’oeuvre étaient vite épuisés. Ah ! les bonnes choses n'abondaient guère !
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J'emportais dans ma poche un morceau de pain dur avec un peu de fromage et je cassais la croûte sur une de ces pierres grises qui montraient leur nez entre les plantes fleuries.
A ce moment, un petit agneau à tête noire, très familier, ne manquait jamais de s'approcher pour attraper quelques bouchées de mon pain. Mais un second prit l'habitude de venir aussi, puis un troisième, puis d'autres encore - ils auraient mangé sans peine toutes mes provisions, si j'avais voulu les croire.
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La politique est impuissante et nulle. Jamais les députés ne feront vraiment des lois pour le peuple. Les gros bourgeois qu'on dédaigne un peu dans les élections n'en conservent pas moins toute leur influence, croyez-le bien. Quant à Renaud, à Laronde et à leurs pareils, ce sont des ambitieux qui voudraient prendre la place des autres pour faire les bourgeois à leur tour. "Ote-toi de là que je m'y mette" : c'est toujours la même histoire.

Les opposants, aussi longtemps qu'ils n'ont pas la responsabilité du pouvoir, se disent capables de faire monts et merveilles, - après quoi ils s'empressent d'imiter les autres. Que les socialistes arrivent en majorité, vous verrez le peu qu'ils réaliseront de leur programme.
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Mais la Breure elle-même était suffisamment vaste et magnifique par beau temps à l'heure matinale où j'y arrivais. La rosée, sous la caresse du soleil, diamantait les grands genêts dont la floraison vigoureuse nimbait d'or la verdure sombre ; elle se suspendait aux fougères dentelées, aux touffes de pâquerettes blanches dédaignées des brebis, aux bruyères grises, et masquait d'une buée uniforme l'herbe fine des clairières.

Cependant que des bouchures, des buissons et de la forêt s'élevaient sans fin des trilles, vocalises, pépiements et roucoulements, tout le concert enchanteur des aurores d'été.
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La rosée, sous la caresse du soleil, diamantait les grands genêts dont la floraison vigoureuse nimbait d'or la verdure sombre ; elle se suspendait aux fougères dentelées, aux touffes de pâquerettes blanches dédaignées des brebis, aux bruyères grises, et masquait d'une buée uniforme l'herbe fine des clairières. Cependant que des bouchures, des buissons et de la forêt s'élevaient sans fin des trilles, vocalises, pépiements et roucoulements, tout le concert enchanteur des aurores d'été.
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Du temps que j'étais berger, j'esquivais les très mauvais jours : car on n'envoie pas les brebis dehors quand il pleut ou neige. Mais quand j'atteignis neuf ans on me confia les cochons et c'en fut fini de cet avantage. Qu'il pleuve ou vente, que le soleil darde ou que la bise cingle, par la neige ou par le gel, il me fallait aller aux champs.
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J'aurais à faire tous les charrois commandés par le château ou la propriété ; ma femme donnerait, comme redevance, sur ses produits de basse-cour, six poulets, six chapons, vingt livres de beurre, les dindes et les oies se partagent par moitié, selon la règle. Le maître se réserve pour chaque année le droit de modifier les conditions ou de nous donner congé.
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Nous étions astreints pour le service particulier du bourgeois à pas mal de petites besognes, car il n'avait pas de domestique mâle. Nous devions soigner son cheval, nettoyer sa voiture, atteler et dételer quand il allait en route, faire son jardin et casser,son bois ...
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Les tentations du diable, c’est bon pour les riches qui, ne sachant comment tuer leurs loisirs, courent de-ci de-là, au gré de leurs caprices, avec l’espoir de trouver de l’imprévu.
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Ainsi compris-je qu’avec les meilleures raisons du monde, les faibles ont toujours tort, et qu’il est triste de travailler sous la direction des autres.
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M. Frédéric ne veut pas qu'on touche au gibier : s'il prenait quelqu'un à tirer au fusil, à tendre des lacets, ce serait le départ certain. Quand il chasse, défense de rester là où on pourrait le gêner... même si cela entraîne une suspension de travail.
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Il est nécessaire de changer pour apprécier justement les bons côtés de sa vie ancienne; dans la monotonie de l'existence journalière, on jouit inconsciemment des meilleurs choses; elles semblent tellement naturelle qu'on ne conçoit pas qu'elles puissent ne plus être; seuls, les ennuis frappent qu'on s'imagine être moindres ailleurs. Le changement de milieu fait ressortir les avantages qu'on n'appréciait pas, et montre que les embêtements, sous une forme ou sous une autre, se retrouvent partout.
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Je trouve qu'un des bons avantages des fortunés est d'avoir des appartements de plusieurs pièces, celle où l'on mange étant distincte de celles où l'on couche, chaque ménage ayant sa chambre propre et, conséquemment, son intimité particulière. Au moins, ils peuvent être malades tranquillement. Tandis que dans l'unique pièces des maisonnées pauvres, c'est tous les spectacles mêlés, la misère de chacun s'étalant aux yeux de tous sans possibilité contraire.
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Ayant été battu pour venir quand il ne fallait pas et battu pour ne pas venir quand il fallait, on comprendra combien par la suite les ciels d'orage me semblaient doublement gros de menaces
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VIII


Extrait 3

Peu à peu les contours se préciseront. Ce sera
Cette promenade un soir dans le quartier de Paris
Nous voici dans le parc Montsouris sur un banc
La ville autour de nous déploie ses voiles

La mort n’aura connu nulle eau royale
Pour altérer l’or de ta face
Nulle destruction n’aura touché ton corps
C’est en vain que la mort demandera son salaire

Et pareilles aux bonnes qui devisent tranquillement
En surveillant les enfants qui jouent sur l’allée
De loin nos âmes regarderont indulgentes nos corps
Enlacés sur un banc dans l’éternel instant.
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Quand il y eut des élections, les adversaires des conseillers ne manquèrent pas de les attraper à propos. A leur place, ils n'auraient pas résolu davantage le difficile problème de contenter tout le monde. Mais il est de règle de critiquer ceux qui mènent la barque.
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Et, à l'heure actuelle, j'employais ailleurs sans doute aussi utilement que lui mes facultés : car, de faire venir le pain, c'est bien aussi nécessaire que d'écrire des livres, je suppose ! Ah ! si je l'avais vu à l'oeuvre avec moi, l'homme célèbre, à labourer, à faucher ou à battre, je crois bien qu'à mon tour j'aurais eu la place de rire ! J'ai bien souvent ce souhait d'avoir sous ma direction, pendant quelques jours au travail des champs, tous les malins qui se fichent des paysans.
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Campagne



extrait 2

Dois-je fermer les yeux ? Dois-je tourner la tête ?
Ô bêlements peureux ! Ô plaintes des agneaux !
Où sont donc les chansons et où donc sont les fêtes ?
Peut-être une maison sur pilotis dans l’eau

S’est élevée ici sur la joie engloutie
La tendresse l’amour dorment aux profondeurs
Peut-être sous la bouche assoiffée de l’ortie
Résonne encore le mot désaltérant du cœur.

Peut-être ne sont-ils enlaidis de blasphèmes
Ces paysans bourrus derrière leurs chevaux
Peut-être de leurs doigts de bitume qui sèment
Avec les grains s’échappera un jour nouveau.

A la table soudain, de la soupe servie
Montera la vapeur de l’amitié. L’aboi
des bêtes sera doux au-dehors et la vie
Revêtira sa robe en velours d’autrefois.

Chacun retrouvera sa beauté. Plus légère
La peine sous le ciel comme un arbre plié
Sous le poids de ses fruits de clarté vers la terre
L’offense pardonnée et l’effort oublié.
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Etant allé le lendemain faire la tournée du lait, j'en parlai à M. Perrier qui m'expliqua qu'on venait précisément de mettre à la porte ce roi Louis-Philippe, et que nous avions maintenant la République. Il m'indiqua même la différence entre les deux formes de gouvernement.
A la campagne, on ne s'inquiète guère de ces choses-là. Que ce soit Pierre ou Paul qui soit en tête, on n'en a pas moins à faire face aux mêmes besognes et à lutter contre des misères analogues. Pourtant, ce changement de régime eut un certain retentissement.
Tout de suite je sus gré à la République d'avoir supprimer l'impôt sur le sel. On le payait auparavant cinq ou six sous la livre, on le ménageait presque autant que le beurre: après, il ne se vendit plus que deux sous. Je compris quelle canaillerie c'était de la part de l'ancien gouvernement de laisser subsister un impôt énorme sur une matière de première nécessité, dont le pauvre, pas plus que le riche, ne pouvait se passer.
Autre innovation sans doute heureuse: l'établissement du suffrage universel. Je savais que les ouvriers des villes faisaient grand cas de cela et j'ai compris plus tard leurs raisons. Mais à ce moment, je ne trouvais pas que le droit de vote fût une chose d'aussi grande importance que la suppression de l'impôt sur le sel.
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