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Critiques de Åsa Ericsdotter (90)
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L'épidémie

C'est un livre étrange car on a l'impression de lire ce qu'on connait de l'Histoire. Les mécanismes de la dictature sanitaire sont les même, je trouve, que ceux qui ont instauré le régime nazi. Alors je n'ai pas eu l'impression de lire quelque chose de nouveau.

Toutefois, le discours autour de l'obésité rejoint des considérations qui ne sont pas dénuées d'intérêt et d'actualité. Comment mieux vaincre l'obésité et d'autres maladies liées au mode de vie ? Un discours politique considère que c'est à chacun de s'occuper de soi et de faire l'effort. Un autre discours avance que c'est à la société de prévenir les coûts engendrés par les soins curratifs. La société doit donc accepter par exemple de payer des séances de sport afin de prévenir les conséquences d'une prise de poids. Le discours du leader va dans cette direction mais pousse à l'extrême le raisonnement : si les obèses sont des parasites qui coûtent à la société comment faire en sorte qu'ils ne coûtent plus d'argent ? Sous couvert de les aider il propose des camps de remise en forme obligatoire et volontaire qui ne sont rien d'autres que des lieux d'extermination.

Que dirait notre société si on imposait des centres de remise en forme ?
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L'épidémie

Evidente critique de notre société de consommation, du paraître et de l'image, l'autrice nous raconte ici ce qui pourrait être la prochaine étape. Une dérive politique totalitaire dont les mécanismes glissent dangereusement vers ce que l'humanité a produit de pire... Un thriller terriblement efficace !
Lien : https://actualitte.com/artic..
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L'épidémie

Depuis deux ou trois ans j'aime beaucoup lire des dystopies. Et le résumé de celle-ci me tentait beaucoup. La couverture, d'ailleurs, où l'on voit ces hommes grands, blonds et musclés, chantant à l'unisson et tenant un énorme ballon devant eux m'a glacé le sang, j'avais l'impression d'avoir une publicité pour les jeunesses hitlériennes devant moi. Le ton était donné.



Imaginez une société où l'obésité est devenue plus qu'un tabou ou une maladie mais un délit. Une société où le moindre kilo en trop est traqué, la plus petite prise de poids interdite. Une société où être au-delà d'un IMC dans la norme vous vaut de payer une taxe. C'est à partir de ce postulat que l'autrice a imaginé un roman aussi troublant que saisissant, tant il s'inscrit pleinement dans l'air du temps. A l'heure du zéro sucre, zéro gras et du sans gluten, il devient difficile parfois d'assumer quelques rondeurs ou de prendre un sandwich à l'heure du midi sans être jugé lorsqu'on affiche des kilos en trop sur la balance. C'est ce que vivent beaucoup de gens dans notre société, pas loin de 50% si on en croit les chiffres et les études, et aussi à regarder le nombre de publicités grandissant pour inciter les gens à perdre du poids.

Loin de moi l'idée de dire qu'être obèse c'est cool, en effet, cela engendre à court, moyen ou long terme de sacrés désagréments voire des maladies graves, mais j'ai envie aussi de dire de laisser les "gros" tranquilles.

Ils savent bien ce que leur surpoids risque de leur causer, ils voient bien qu'ils ne peuvent pas se mouvoir ou s'habiller comme ils le souhaitent, sans oublier le regard des autres qui pèse - lourdement - sur eux. Ne vous "préoccupez" par pour eux, à leur place, ils le font suffisamment eux-mêmes.



J'ai réellement lu ce roman à travers ce prisme et en imaginant ce qu'une société deviendrait si elle venait à éradiquer ses "gros" qui, bien souvent, ne le sont pas par fainéantise comme on peut être parfois tenté de le penser, mais par hérédité ou suite à une maladie, quelle qu'elle soit. Et je me suis aussi demandé si on n'en était pas déjà arrivé là au vu du nombre d'organismes grandissant nous proposant de nous faire perdre du poids, même si on a que deux ou trois petits kilos en trop. Alors, est-ce finalement une dystopie que j'ai lue ou un simple miroir de notre époque?



Lu en mars 2021



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L'épidémie

Les auteurs de dystopies se servent des travers de la société pour les pousser aux extrêmes. Dans le cas présent il s'agit de l'hygiénisme au service de la politique. Pour gagner sa réélection le premier ministre suédois veut faire le bien de ses compatriotes malgré eux, son ambition étant de faire de son pays le plus sain du Monde, il faut que les suédois maigrissent qu'ils le veuillent ou non et quels que soient les moyens.

A.Ericsdotter ne réussit pas complétement à nous bluffer faute de ne pas jouer sur la durée : les évènements s'enchainent trop vite, le climat d'horreur ne s'installe pas. Avec une progression plus lente des mesures dictatoriales la crédibilité aurait été plus grande. De plus l'écriture est pauvre et les personnages sont assez simplistes, mais on sent le scénario d'une future série qui pourrait avoir un beau succès.

Il n'en reste pas moins que l'histoire est inquiétante, il est difficile de lutter contre le parti du bien. Comment s'indigner contre ceux qui veulent une meilleure santé pour leur concitoyens ? Le mécanisme de la mise à l'écart est bien décrit : est gros celui qui ne fait pas d'effort, qui préfère son plaisir à la société. La haine du dissident germe rapidement et la solidarité se délite quand on est du bon côté de la balance. Le totalitarisme peut s'installer sur n'importe quel terreau pourvu qu'il porte le masque du bien commun et de l'homme nouveau. On le savait déjà mais ça ne fait pas de mal de se le rappeler. Allez à table en attendant !
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L'épidémie

Quand une population donne son accord à des restrictions de libertés publiques au nom de la sécurité sanitaire... Sujet d'actualité. Covid !?!

Ici, il s'agit plutôt pour le chef du gouvernement suédois d'éradiquer l'obésité. La grossophobie est devenu une politique d'État. La chasse aux gros peut commencer. Ce roman dystopique nous relate le délitement d'une démocratie, la fascination pour un chef, l'ascension d'un cauchemar totalitaire, ... Bref un rappel percutant de la fragilité de nos démocraties au sein desquelles nous ne sommes pas à l'abri d'une folie dictatoriale. Un ouvrage effrayant et captivant.
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L'épidémie

Johan Svard a été élu Premier ministre de Suède sous la bannière du Parti de la santé. Les dépenses de santé des personnes obèses ou en surpoids pèsent sur le budget de l’État. Il faut les inciter à maigrir. Comment ? En leur donnant la possibilité de faire du sport gratuitement. En supprimant pour toute la population les aliments trop gras. En créant un impôt sur le poids.



Que fait la population ? Elle reste apathique. Les personnes « grosses » ont toujours été montré du doigt. C’est de leur faute aussi !



Dans ce livre, l’auteure raconte la mise en place d’un système de discrimination étatique à l’encontre de personnes « grosses ».



Petit bémol, j’ai trouvé le dénouement un peu rapide à mon goût. Mais cela ne gâche en rien ce livre.

@lireetlivres
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L'épidémie

L'épidémie... oui mais pas celle à laquelle vous pensez ! Il s'agit ici de l'obésité vue comme un fléau et une épidémie à combattre par l'ambitieux politicien suédois Johan Svärd, porté au pouvoir par sa campagne populiste contre cette maladie qui selon lui ravage le pays. Si les premières mesures prises par son gouvernement semblent de bon sens pour inciter les personnes en surpoids à se faire aider et à maigrir, la surenchère permanente nécessaire pour entretenir sa cote de popularité et le faire réélire va peu à peu trop loin dans son obsession d'une société saine et "purifiée".



J'ai acheté ce roman lors du déconfinement l'année dernière trouvant que son titre faisait écho à ce que nous vivions et ayant lu de très bonnes critiques mais je n'avais pas osé le lire jusqu'ici, craignant un contenu trop noir et déprimant. Et bien je confirme : c'est une excellente lecture mais qui fait froid dans le dos. C'est paradoxalement la première partie du roman qui m'a le plus glacée, au point que j'ai été obligée d'interrompre temporairement ma lecture tellement celle-ci m'angoissait. On y découvre la Suède en version à peine modifiée où l'obsession du poids et la forme physique ont été érigées en valeurs ultimes. Toute la société semble s'être réorganisée en fonction de cet objectif : maigrir, rester en forme, avoir une silhouette idéale. Au départ, cela paraît presque normal : après tout, après la lutte contre le tabac, l'alcool et le "manger 5 fruits et légumes par jour", n'est-il pas naturel qu'un gouvernement se préoccupe ainsi de la santé de ses citoyens ? Et puis, les légère, ô si légères, bizarreries ou aberrations se multiplient : des restrictions imposées aux obèses, de la chirurgie baryatique ou des médicaments coupe faim érigés comme solution à tous les problèmes y compris ceux des enfants en surpoids, des incitations à être maigres par ci, des discriminations par là... On découvre petit à petit ce monde pas si idéal mais qui encore une fois ne paraît pas si loin du nôtre. Et enfin c'est cette réunion où sont conviés et regroupés dans un stade des milliers d'obèses : et là le lecteur refuse d'y croire, il se dit mais non ce n'est pas possible, l'auteur n'osera pas, mais que va-t-il se passer... (et c'est là que j'ai interrompu temporairement ma lecture car elle me mettait trop mal à l'aise !).



Paradoxalement, la seconde partie du roman où on commence à se douter de ce qu'est vraiment cette société idéale sans obèses à laquelle rêve Johan Svärd m'a presque parue moins forte et moins percutante. Finalement l'horreur imaginée et suggérée fait parfois plus d'effet que sa description détaillée... On s'attache néanmoins aux différents personnages croisés dans la première partie et dont on découvre les liens et surtout on frissonne en sentant l'étau se resserrer petit à petit autour de Landon, qui seul va vouloir savoir ce qui se passe vraiment, et Helena, jeune femme en surpoids réfugiée à la campagne pour éviter à sa fille un peu trop grosse aussi les humiliations et souffrances visant à la faire maigrir. L'auteur mène son intrigue tambour battant, sans temps mort, et ce roman se dévore comme un excellent thriller, le petit côté réaliste en plus.



La grande force de ce livre est pour moi le réalisme du début et le glissement progressif qu'il décrit entre une politique de santé publique qui ne veut que le bien de ses citoyens et le totalitarisme et les discriminations qu'elle va petit à petit entraîner. Une lecture glaçante et qui fait réfléchir : après avoir lu ce roman, je ne peux m'empêcher de voir d'un autre œil certains articles de journaux ou débats concernant l'obésité et la lutte contre le surpoids. C'est aussi une excellente dénonciation du populisme et de la manière dont un homme doté d'un fort charisme et prêt à tout pour réussir peut s'emparer du pouvoir et mener tout un pays à sa perte... car après tout ici c'était les obèses mais pourquoi pas un autre prétexte. Un roman fort et original à ne pas rater mais à découvrir, de préférence un jour où le soleil brille et où vous avez le moral !
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L'épidémie

Gros coup de coeur pour cette dystopie qui résonne très particulièrement en cette période de crise sanitaire, surtout quand on sait que le livre a été écrit juste avant la pandémie.



En Suède, le gouvernement a décidé de lutter contre l'obésité. Mais progressivement, sous prétexte d'agir pour le "bien" de la population, les mesures contre les gens en surpoids se durcissent progressivement et c'est une vraie société totalitaire qui se met en place, une dictature sanitaire sur fond de populisme exacerbé, qui fait d'autant plus froid dans le dos qu'elle souligne des questions sur lesquelles notre société ferait bien de se pencher aujourd'hui.



Le livre est bien construit, le suspens est au rendez-vous : chapitres courts qui donnent du rythme, alternance de divers points de vue qui permettent de donner de l'épaisseur à l'intrigue.



Finalement, l'auteur n'a pas inventé grand chose: remplacez "obèses " par "juifs" et "Suède" par "Allemagne" et vous vous rendrez rapidement compte que les parallèles sont plus qu'évidents.

Mais il n'empêche que cette lecture nous réveille, nous secoue: où s'arrête la responsabilité collective et où commence la responsabilité individuelle ? Jusqu'où aller pour protéger les gens d'eux-mêmes ? Quelle place pour la différence et quel devenir pour une société basée sur l'apparence et qui voit ses valeurs s'effondrer ?



Une lecture passionnante que je recommande aux amateurs du genre.

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L'épidémie

En ces temps covidesques, il me semblait tout à fait approprié de lire un roman intitulé "L'épidémie", surtout en sachant...que ça n'avait rien à voir avec un quelconque virus !

Non non, nous sommes en Suède, et l'épidémie que souhaite juguler le premier ministre Johan Svärd est d'un tout autre ordre : il s'agit d'éradiquer l'obésité, génératrice de frais médicaux et qui selon lui menace l'équilibre du pays. Soyons beaux, soyons sains, soyons minces et nous serons plus heureux, fiers de notre pays où règne la santé. Veillons à maintenir notre IMGM (Indice de Masse Grasse et Musculaire) aussi bas que possible et mangeons de l'Airfood goût noisette, ça ressemble à de la nourriture, mais ça ne nourrit pas ! Allons à l'église, non pas pour écouter un sermon, mais pour faire de l'exercice, puisque les lieux de culte se transforment l'un après l'autre en salles de sport.

Mais tout ceci ne suffit pas à Johan Svärd, les élections approchent et il voudrait bien rempiler. Problème : les gros ne voteront pas pour lui, ces porcs ! Il va donc falloir aller bien plus loin pour éradiquer l'obésité, et le temps presse.

Parmi ces vilains gros non coopératifs, il y a Helena dont la fille Molly a du intégrer une classe "spéciale" pour enfants en surpoids dont les programmes tiennent plus du bourrage...de crâne que de l'instruction. Le jour où la fillette rentre avec une brochure sur la chirurgie bariatrique, c'est l'humiliation de trop pour Helena : elle quitte la ville pour se réfugier dans la vieille maison de son père. C'est là qu'elle va rencontrer Landon, jeune chercheur séparé de sa fiancée Rita qui est entrée dans une spirale mortifère d'amaigrissement forcené.

A Stockholm, Gloria a perdu son poste d'enseignante à l'université d'Uppsala, à cause de son surpoids. Depuis, elle se morfond seule dans son appartement où seule sa voisine Bibi vient la voir. Un jour, elle reçoit une mystérieuse convocation...

Le décor est planté, les personnages en place.

A partir de là, l'auteure nous emmène dans le délire d'un dirigeant barré dans son délire totalitaire, qui rêve d'un pays sans gras où tout le monde respirerait la santé, qui serait un exemple pour le monde entier, et surtout pour les USA et la France, pays que Johan exècre depuis qu'Amy, son amour de jeunesse l'a quitté à New York pour un frenchie.

Les mesures de rétorsion passent de simples incitations à des brimades de plus en plus intrusives, que ce soit dans la vie professionnelle ou privée. Les personnes en surpoids sont stigmatisées, moquées par les "normaux" et la violence psychologique à leur égard s'insinue dans tous les domaines.

Moi qui suis un peu "limite" au niveau poids, je vous jure qu'à certains moments je me rongeais les ongles pendant ma lecture, en pensant au chocolat que j'avais mangé pour accompagner mon café ! L'angoisse monte progressivement jusqu'à atteindre un paroxysme, on suit, haletants, Helena, Landon et Gloria qui cherchent à échapper à ce régime (!) de nazis de la minceur. Le parallèle est d'ailleurs facile à établir entre les partisans de Johan Svärd et ceux qui cherchèrent à éradiquer une autre partie de la population, jugée elle aussi "indésirable" en son temps. Simplement l'intolérance et la haine sont placés sur un autre plan : l'apparence physique, le culte de la forme (et non des formes !).

J'ai parfois eu des difficultés à poursuivre ma lecture, je me sentais presque mal à l'aise en me disant que oui, ce n'est pas totalement irréaliste, cela pourrait même arriver, tellement certains sont obsédés par le culte du paraître, de la minceur. Le masque peut cacher les boutons, mais pas les kilos !

Mais malgré une lecture discontinue, j'ai apprécié ce roman bien construit, plausible même si l'idée peut sembler invraisemblable au départ. J'ai eu peur pour les trois héros et la petite Molly, j'ai espéré que quelqu'un réagisse et dise "stop, vous êtes de grands malades ! ", j'ai détesté ces moutons qui adhèrent à une idéologie totalitaire sans comprendre la manipulation dont ils sont complices. Et je me suis dit avec inquiétude que certains pays d'Europe ne sont pas loin de basculer dans des dictatures de ce type, même si l'approche n'est pas la même.

J'ai alterné ce roman avec "Né d'aucune femme" de Franck Bouysse, guère plus joyeux, et un traité sur la déconsommation ! Autant vous dire que mon pauvre cerveau en a pris de tous les côtés entre ces trois bouquins...

Bon, je m'en vais manger un yaourt à 0% en réfléchissant à tout ce que je pourrais jeter dans ma maison, et j'espère ne pas rêver de dictateur fou ou de forgeron psychopathe !

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L'épidémie

De quoi ça parle ?



Cette histoire se déroule dans un futur très proche du nôtre, au coeur de la Suède moderne. Là-bas, le Parti de la Santé a pris le pouvoir et mène d'une main de fer sa nouvelle politique. Son dirigeant, le très charismatique et séducteur Premier Ministre, Johan Svärd, a décrété que d'ici à la fin de son mandat, son pays serait devenu le plus mince du monde.



« Les porcs », comme il surnomme les personnes en surpoids, sont apparemment devenues une charge pour la société, et las de voir les caisses de l'Etat se vider à cause des divers aménagements et traitements nécessaires, l'homme politique a décidé d'éradiquer l'obésité : fixant comme objectif de son quinquennat, une course contre la montre avec cette « maladie », cette « épidémie ».



Toutes sortes de mesures sont mises en place. Entre autres : des impôts sur le sucre ou tout aliment gras, la conversion des églises en salles de sport et la création de classes séparées pour enfant « à embonpoint » dans les écoles. Les programmes scolaires font désormais lire aux enfants des ouvrages tel que « Lili fait un régime », charmant petit livre narrant les aventures d'une fillette malheureuse et sans amis à cause de ses kilos en trop ; et le domaine de la chirurgie esthétique (liposuccion, anneaux gastriques et autres opérations fort sympathiques du même genre) est désormais rendu beaucoup plus simple d'accès et même remboursé et promu par les Institution Médicales dans certains cas.



Très vite, les résultats se font sentir : les chiffres de l'obésité sont en chute libre et les Suédois semblent coopératifs. Toutefois, d'autres conséquences secondaires un tantinet plus néfastes font également leur apparition. Il s'avère que, soumise à la pression gouvernementale, la population elle-même prend goût à ce jeu macabre, mettant au jour certains aspects fort peu reluisants de notre espèce.



Dans le milieu du travail, les citoyens possédant un IMGM (Indice de Masse Graisseuse et Musculaire) trop élevé, sont licenciés. Les éminentes scientifiques et les docteurs ès lettres ne sont pas même à l'abri. Évidemment. Les compétences ne comptent plus. Intelligence et esprit ne font pas le poids face au dictat et à la tyrannie de l'apparence.



Des syndicats d'immeubles votent désormais pour l'expulsion de leurs résidents en surpoids et les centres sportifs sont devenus la nouvelle religion du peuple : dans ces lieux, où toutes les machines sont constamment occupées, personne ne peut abandonner une séance, sous peine d'être fouetté au sang. Entre voisins, les médisances et les critiques vont bon train : le harcèlement, les injures, le lynchage, tout est augmenté, renforcé, amplifié. Les taux de suicide, d'anorexie et de morts dues à des insuffisances alimentaires sont quant à eux en hausse non régulée.



Néanmoins, comme on s'en doute, les acteurs ne sont pas toujours d'accord, et surtout pas TOUS d'accord. Des personnes comme Landon Thompson-Jaeger, chercheur, ou Helena, ex-infirmière (renvoyée), choisissent de désobéir aux restrictions afin de tenter d'échapper au fléau de la folie collective. Se rencontrant à la campagne, alors que tous deux cherchent le calme et l'oubli : l'un pour se remettre les idées en place, l'autre pour protéger sa fille Molly des influences néfastes de son milieu éducatif, une amitié immédiate va naître entre eux. Voire un peu plus que cela…



Mais tandis que les sentiments doux s'installent, le Premier Ministre, lui, s'impatiente dans sa capitale. Les résultats n'apparaissent pas assez vite et les chiffres baissent trop lentement à son goût. de plus, les prochaines élections ne vont plus tarder. Des décisions drastiques doivent être prises, et vite. S'inspirant donc de certains fameux camps établis durant la Seconde Guerre mondiale, Johan Svärd envoie une convocation aux derniers résistants de ce conflit. Ceux-ci, de leur première initiative ou bien contraints et forcés, se retrouvent conduits dans des terrains secrets réservés par le Parti : soi-disant pour participer à des opérations amaigrissantes.



Cependant, lorsque Helena elle-même disparaît en pleine nuit, enlevée par des agents gouvernementaux, Landon est forcé de partir à sa recherche. Bientôt, les questions se posent : que se passe-t-il véritablement dans les « camps pour obèses » ? Tandis que l'étau se referme peu à peu autour du cou des victimes, l'épidémie doit être identifiée. le fléau vient-il véritablement de cette apparente « maladie » – le surpoids –, ou provient-il plutôt de la population elle-même et de son regard vis-à-vis d'autrui ?



Mon avis :



J'ai acheté cet ouvrage pendant le confinement. Je l'avais acquis en même temps que deux autres romans : le Bûcher de Perumal Murugan et Comment tout a commencé de Pete Fromm. Ainsi, ce trio marque encore pour moi cette période très particulière (« mes livres du confinement » comme on dit), même s'ils ont donné lieu à trois avis très distincts les uns des autres.



À peine ai-je pu les tenir entre mes mains, que j'établissais déjà leur ordre de lecture, de préférence et d'attentes. Et, au sommet de la pile des favoris, se tenait L'épidémie justement.



Toutefois, comme le dit si bien ce dicton trop souvent utilisé : « Il ne faut pas se fier aux apparences ». La pyramide s'est renversée et ce livre se retrouve désormais à la dernière place du podium.



Les personnages :



Ils n'ont, en vérité, aucune consistance. Typiques, prévisibles, déjà vus… Bref, les protagonistes de cette histoire sont assez banals. On trouve l'homme d'affaire impitoyable qui n'hésite pas à supprimer son propre ami d'enfance afin d'arriver à ses fins ; le chercheur tourmenté par son passé qui possède un coeur en or et n'hésite pas une seconde à mettre sa vie en danger pour ceux qu'il aime ; et l'éminente professeure mise en marge de la société à cause de sa condition physique, mais qui, timide, est pourtant un personnage adorable.



Les acteurs de ce roman n'ont aucun fond : pas de réflexions propres, pas de personnalité originale et distincte. Moi, qui apprécie beaucoup les romans où l'on développe le monde intérieur de ses personnages, je suis restée sur ma faim. Cet aspect rebutant m'a, par ailleurs, empêchée de pouvoir véritablement m'attacher à eux.



De plus, le sujet de ce récit traite d'un changement majeur dans la politique d'un pays. Il aurait été d'autant plus intéressant de décrire le tournant mental de ses citoyens.



Le fond et la forme du récit : les différents thèmes :



La dictature : Comme ébauché plus haut, je trouve que la thématique de L'épidémie n'est pas traitée de la bonne manière. Pour dire tout franchement, elle est relativement bâclée.



Le livre débute dans une société en plein changement ; et quels changements justement ! Un nouveau racisme est en train de voir le jour : la grossophobie et avec elle, des persécutions visant à éradiquer le « gêne de l'obésité » parmi la population et les générations futures.



Pourtant, il est évident que l'on ne convainc pas une population entière du jour au lendemain d'accepter que ses enfants soient considérés comme des sujets d'expérimentation pour une nouvelle méthode amaigrissante sur un corps humain. Ou de permettre que des gardes soient présents dans les salles de sport pour battre quiconque présente un signe de faiblesse.



Tout le processus du « brain-washing » qui s'instaure dans un régime totalitaire aurait pu facilement constituer une grande moitié du livre. L'auteure pouvait présenter les campagnes des Partis ennemis s'opposant à la dictature, les réseaux de résistance mis en place par la population, puis, les techniques destinés à mater et assouvir le peuple : le chantage, les mensonges, les « accidents », et enfin, la résignation, l'ignorance et la conversion. Elle aurait pu entrer dans les détails de la longue et difficile opération de soumission, d'acceptation : qui commence par une suggestion, puis par une rumeur qui enfle jusqu'à devenir la nouvelle réalité.



Or ici, le roman débute alors que les Suédois ont déjà adopté ce mode de vie, ainsi que les idées et les conséquences qui vont avec. La plupart des citoyens partagent déjà pour la plupart les idées du gouvernement. En somme, le plus gros du processus historique est déjà mis en place. J'ai bien envie de dire que la partie la plus intéressante de l'histoire a été omise et donc que le récit part déjà sur un très mauvais pied.



Cependant, je peux observer un débat moral qui à certains moments, fait vaguement surface dans les actions des personnages. La situation de ce livre est-elle celle décrite par Rousseau : « L'homme est bon et c'est la société qui le déprave » ou par William Golding : « Maybe there is a beast… maybe it's only us » ?



La grossophobie ou la politique de la minceur : Tout n'est évidemment pas tout noir dans ce roman. le thème profond pour sa part, est très intéressant.



De nos jours, il est devenu très dur d'échapper aux complexes et aux préjugés imposés par la société vis-à-vis du poids. le quotidien rappelle constamment à tout un chacun de surveiller son corps, de faire du sport, de ne manger ni trop gras ni trop sucré. Si ces préceptes sont sans doute bénéfiques pour notre santé, ils s'accompagnent bien souvent, d'autres messages qui sous-entendent qu'un tel est trop gros, qu'une telle mange trop mal et qu'en somme, il ou elle ne pourra être heureux que lorsqu'il aura intégré « les normes » qu'on lui a imposées.



Le débat évoqué dans ce livre nous permet de sortir quelques minutes de ce cercle vicieux afin d'entrapercevoir ce qui pourrait se produire si nous continuons sur cette voie. Cette société apocalyptique a été tordue, distendue, caricaturée et même rendue burlesque par certains de ces traits grotesques. Nous pouvons toutefois percevoir aussi un certain côté effrayant dans cet ensemble de préconisations qui disent ne viser que notre bien. En effet, doit-on vraiment en arriver là avant de prendre enfin conscience du ridicule de notre situation ?



Les actions :



Nous venons de le voir plus haut, L'épidémie n'est pas une étude sociale. Alors, comment diable peut-on bien remplir ses 400 et quelques pages ? Avec une histoire d'amour pardi !



N'étant pas, de prime abord, une grande fan de littérature sentimentale, je déteste encore plus lorsqu'un roman visant en apparence un sujet tout autre que l'amour s'y retrouve fatalement lié (de surcroît lorsque le thème de base était très prometteur).



Bien vite, il apparaît que la fameuse « épidémie » n'est plus le sujet principal. L'auteur semble s'en détourner rapidement afin de se concentrer sur l'évolution de la relation entre Landon et Helena. En somme, un retournement de situation inapproprié pour une situation telle que celle dans laquelle vivent nos deux personnages. de plus, le tournant pris par l'action implique qu'on se soit attaché à eux afin de les comprendre et de pouvoir s'y identifier mais, comme expliqué plus haut, leur banalité les rend assez dépourvus d'intérêt.



Enfin, il est impossible de ne pas s'offusquer concernant le dénouement de ce livre : autrement dit, la découverte des « camps pour obèses » du Parti de la Santé. Cet évènement est censé constituer l'un des éléments-clés du récit (puisqu'il est même évoqué dans le résumé). En effet, c'est à ce moment-là que le monde entier est forcé de prendre conscience des atrocités qui se sont déroulées alors que tous ont fermé les yeux.



Or, vu que les protagonistes étaient occupés à se débattre avec leurs pulsions amoureuses, la résolution est obligée de se boucler en 10 pages top chrono. Ce qui est un record de rapidité… mais également un petit signe de bâclage. La découverte, le scandale, l'arrestation, tout ça en moins de cinq courts chapitres. Je reste perplexe !



Le mot de la fin :



Mes critiques négatives sont décidément toujours beaucoup plus longues que les positives ! Ce qui est logique mais requiert également beaucoup plus de temps et de concentration.



Bref, vous l'aurez maintenant bien compris, L'épidémie de Åsa Ericsdotter est arrivé très loin du coup de coeur. Et dire, qu'il partait sur de si bonnes bases… Un sujet aussi épineux que celui de l'apparence aurait mérité d'être traité avec beaucoup plus de profondeur !



https://lirelandoulerevedunemontmartroise.wordpress.com/2021/02/19/lepidemie-de-asa-ericsdotter/
Lien : https://lirelandoulerevedune..
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L'épidémie

contrairement aux précédents avis, j'ai sorti les rames pour finir ce roman ! je me suis bien ennuyée les 3/4 du roman, seulement les dernières pages m'ont tenu en haleine. Mais l'ennui m'a gagné la plupart du temps, trop de politique, de grossophobie a gogo, des personnages plats...une histoire originale certes mais loin de m avoir passionnée !
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L'épidémie

Avis : 5/5



Personnages : 5/5

Décors : 5/5

Trame : 5/5

Emotion : 5/5

Globale : 5/5



Bien installé dans ma PAL, ce polar scandinave me défiait du regard depuis un moment. Les critiques élogieuses ne faisaient qu'attiser ma curiosité ! Et la découverte avec Asa Ericsdotter fut fructueuse.



On trouve différents protagonistes de chapitre en chapitre et suivant la partie du roman.

Le personnage que l'on retrouve du début à la fin est un simple professeur et chercheur postdoctoral dans le département d’études nord-américaines à l'université d'Uppsala. Rien que ça ! Landon est un type aimable, poli, cultivé, en léger surpoids et audacieux. Sa relation avec Rita ne fonctionne plus, car cette dernière est tombée sous le charme du Premier Ministre et sa politique de chasseur d'obèses. 

C'est en fuyant l'air politiquement oppressant de la ville qu'il rencontre Molly, une petite fille de 8 ans, une boule d'énergie et de bonne humeur. Rapidement, elle l'attire vers Helena, sa maman. Entre elle et Landon, une certaine attirance s'installe...

En parallèle, on suit les mésaventures de Gloria, une obèse qui disparaît soudainement et que seul sa chère voisine Bibi désire retrouver.

De nombreux passages sont consacrée au Premier Ministre Johan Svärd, leader du Parti de la Santé qui abhorre tout ce qui ressemble de près ou de loin à l'obésité, au gras, au sucre et toute malbouffe. Le quarantenaire est épaulé par Rossi, un type totalement fou et exécutant du Parti. Le dernier personnage principal à relever est Hans Christian, pigiste et ami d'enfance de Svärd qui ne mâche pas ses mots, critique ouvertement la politique en Suède et possède une bedaine non désirable. 

Il y a encore davantage de personnages, un peu pour tous les goûts et on apprécie leur description dosé à merveille par l'auteure.



Ce polar glauque se déroule au début des années 2000 dans plusieurs lieux en Suède. Comme L'épidémie s'étend sur plusieurs mois, on a droit à un petit échantillon de la nature, de la météo et surtout des différents endroits où se passent les actions. Aucun détail superflu ne vient ternir le paysage, c'est sobre et efficace.



Ce roman est découpé en quatre parties qui demeurent peu évidentes à justifier. Sinon, les chapitres sont courts ou moyennement longs, et l'écriture limpide ne laisse pas de place au subjectif. 

Le joli fil d'Ariane tendu par Asa Ericsdotter ? L'épidémie. Epidémie de quoi ? De gros. Le Parti de la Santé en a fait son slogan : Zéro pour cent de matière grasse ! Voilà ce qui est visé. Ainsi s'ouvre cette dystopie. A coup de publicités vicieuses, d'offres de chirurgie bariatrique à tout âge, de stigmatisation des personnes en surpoids, de manipulations des masses, de lobotomie en profondeur, de taxes sur les produits grossissants, le Parti étend sa toile jusqu'à créer des Fat Camps. Et la population en redemande, adhère à cette politique de mise à l'écart de la société de toutes personne ayant un IMGM (Indice de Masse Grasse et Musculaire) trop haut. Exit l'IMC que nous connaissance, celui-ci étant trop généreux... Votre vie dépend donc de votre IMGM ! Vous pouvez perdre votre emploi, être exclu de chez vous à cause des habitations à IMGM modéré, être déporté, ou tué. Tout ce qui fait maigrir, même à l'extrême, est généreusement offert par la Nation. Plutôt aimable, non ?

Cette Suède-la, nul n'en voudrait, et pourtant ! 

Ainsi, lorsque Helena et son grand IMGM disparaît, Landon se doit de la retrouver autant pour la petite et chaleureuse Molly que pour lui-même. Au fil des pages, il découvrira l'horreur ascendant dictée par Svärd, allant de mal en pis, jusqu'à l'inimaginable.



Une dystopie, si tordue soit-elle, ne laisse personne indifférent. Celle-ci ne déroge pas à la règle ! Le peu d'amour est rapidement terni par les évènements, faisant place à la mélancolie, la solitude, la lassitude. L'humiliation et le rejet de toute personne en surpoids blesse le lecteur par son inhumanité. C'est révoltant, irritant et la tension crescendo mène à la fureur. Tout ce mépris et ce dégoût de l'autre vont en choquer plus d'un ! Et bien sûr, ouvrir la critique sur une éventuelle probabilité que tout cela se produise...



Le premier roman de Asa Ericsdotter, même si le style n'est pas révolutionnaire, est un coup de coeur. Une structure solide, des personnages attachants et une trame puissante devraient aisément plaire à un grand nombre d'amateurs du genre.
Lien : https://bmds.ch/2021/02/02/l..
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L'épidémie

Le beau premier ministre veut faire de la Suède le pays le plus mince. Jusqu'où aller dans l'indifférence et même l'acceptation du plus grand nombre. Glaçant et d'actualité !

Un totalitarisme se met en place sans rencontrer de vrai opposition. Les ennemis sont les gros non les porcs.
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L'épidémie

A l’heure où chacun tente d’éliminer les excès des fêtes de fin d’année et où le spectre de la galette à la frangipane nous hante, L’épidémie, le roman d’Åsa Ericsdotter sonne comme un coup de semonce. Pas question de Covid ici, le titre est trompeur ! Mais plutôt de calories, de graisse et d’Indice de Masse Grasse dans ce polar suédois très étonnant. En épitaphe, rien de moins qu’une citation de Naomi Wolf, tirée de The Beauty Myth : « Dieting is the most political sedative in women’s history; a quietly mad population is a tractable one ». En français par la traductrice : Les régimes sont le sédatif le plus politique dans l’histoire de la femme ; une population malade est une population malléable.



Un polar qui tranche sévèrement avec l’esprit de Noël… Vous vouliez vous baffrer ? oubliez. Le prix du sucre a été multiplié par 3 et il devient difficile d’en trouver dans les magasins… Vous vouliez du beurre pour vos tartines du matin ? Fichu, les taxes ont été augmentées et cette mauvaise graisse est devenue un produit de luxe. Vous vouliez assister à la messe de minuit ? Raté, les églises sont devenus des sanctuaires du sport et du bien-être : « C’était typiquement américain de réussir à transformer le christianisme en des jingles commerciaux. Les prédicateurs télé le faisaient quotidiennement. Mais transformer le message chrétien en une méthode de régime ? ça ressemblait à une blague. » Et pourtant, c’est bien ce qui arrive dans les premiers chapitres de ce polar sauce suédoise allégée.



A la tête de ce programme d’amincissement et d’assainissement national, le charismatique Premier ministre Johan Svärd. Fasciné par les prédicateurs américains, il s’inspire de leurs méthodes pour mettre au régime la Suède : « Dans la théologie d’O’Brien, la pénitence était la même chose que le régime. Moins on mangeait, plus Dieu était satisfait. Chaque kilo perdu était un pas de plus vers la rédemption. La porte du paradis est assez large pour une personne, dit O’Brien. Si tu es large comme deux personnes, tu ne passeras pas la porte. »



Un discours hygiéniste qui se traduit par des décisions de plus en plus totalitaires. L’obésité devient un fléau voire un danger pour l’économie et le pays. Les maladies cardio-vasculaires coûtent trop cher et il faut les éradiquer. La solution ? Les estomacs sont réduits par chirurgie bariatrique à tour de bras, les convocations pour « séminaires de régimes » sont légions et un emploi ou un appartement ne tient plus à vos compétences ou vos capacités de paiement mais bien à votre Indice de Masse Corporelle : « Elle n’arrivait toujours pas à comprendre comment le Parti de la santé avait pu mettre en place une telle loi sur l’embauche. Des licenciements en fonction du poids des employés. C’était une pure folie.

Tous les fonctionnaires avec un IMGM supérieur à 42 avaient trois semaines pour perdre du poids. Trois visites gratuites chez un nutritionniste diplômé et deux semaines de médication subventionnée ou de soins. Si on réussissait, on avait le droit de garder son poste. Si on échouait, on devait le quitter. »



La grossophobie est enclenchée et les obèses sont devenus des obstacles au rayonnement de la nation. Le peuple suédois se laisse faire bon an mal an et accepte ce régime, au sens strict du terme, totalitaire. Le Parti de la Santé vise un idéal de pays sans matière grasse. Les « porcs » doivent disparaître. Et s’infiltre tout doucement, au fil des pages, le totalitarisme le plus dangereux et meurtrier. Comme un relent de nazisme que la Suède aurait mal digéré…



Les protagonistes subissent de plein fouet les décisions du Parti de la santé : l’anti-héros Landon Thomson-Jaeger, un jeune universitaire, assiste impuissant à l’anorexie morbide et mortel de sa fiancée ; Héléna, elle, a fui Stockholm pour s’isoler à la campagne quand sa fille a été détectée par l’école comme étant en surpoids et inscrite dans une classe spéciale ; Gloria, une universitaire brillante est mise au ban en raison de son poids. Passée la phase de sidération et de culpabilité, elle décide de mener l’enquête : « Le problème venait peut-être du pays lui-même ? la célèbre modération suédoise. La fiabilité vaniteuse de Volvo. Le minimalisme médiocre d’Ikea. Qui d’autre qu’un Suédois pourrait transformer ça en une vertu dans laquelle se lover ? »



Ecrit en 2016, ce roman n’a donc rien à voir avec l’épidémie actuelle. Åsa Ericsdotter a écrit ce premier polar pour dénoncer la discrimination contre les personnes en surpoids. Cette poétesse, née en 1981 à Uppsala et qui a écrit son premier roman à l’âge de 17 ans, nous plonge dans une satire sociale de haut vol. C’est son premier roman à paraître en France.



Totalitarisme, populisme et relent de nazisme : ce polar a tout pour déplaire à vos estomacs. Ce thriller politique est profondément glaçant et perturbant. Cette chasse aux gros, comme une chasse aux sorcières, rappelle de sombres heures. Les trains se sont transformés en bétaillères et les camps de concentration sont devenus des abattoirs ou des fermes abandonnées. Mais le processus est le même. Et seule la mort attend les « pointés du doigt ». Un fascisme du fitness et de la nutrition puissance XXL. Une dystopie éminemment cauchemardesque. A éviter si vous venez de manger…


Lien : https://deambulationsrennais..
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L'épidémie

En Suède, Johan Svard, le premier ministre a décidé de faire de sa patrie le premier pays sans graisse, il veut éradiquer l’obésité, vue comme un fléau qui empêche l’économie de se développer autant qu’elle le devrait.

Au début, les personnes en surpoids sont incitées à maigrir, à faire du sport, puis on commence à changer l’alimentation des suédois, à subventionner les opérations de chirurgie bariatrique. Petit à petit de nouvelles lois apparaissent pour limiter l’accès au travail, au logement des personnes avec un IMC élevé....la Suède sombre sans s’en rendre compte vers un état où toute une frange de population est stigmatisée et déshumanisée.



J’ai vraiment aimé ce roman. Il coche la case principale pour moi : un livre qui fait réfléchir et qui bouscule. Ce n’est pas une lecture doudou qui réconforte ou qui divertit, c’est un choc de lecture et on n’en sort pas indemne.

Énormément de thèmes réunis dans ce roman noir, la lecture est riche et sans concessions, j’avoue que j’ai fait des pauses de temps en temps tellement le contenu me mettait mal à l’aise, me dérangeait ou me mettait en colère.



Mes réflexions au cours de la lecture :

🔸L’ambition personnelle : un premier ministre égocentrique et avide de pouvoir et de reconnaissance, prêt à sacrifier la population de son pays...de plus en plus j’ai l’impression que l’ambition personnelle passe devant le bien collectif quand les personnes arrivent au pouvoir.

🔸La gestion de la santé par un gouvernement : jusqu’où aller dans l’intime de l’individu parce que sa santé est prise en charge par la collectivité ?

🔸La discrimination insidieuse : au début on conseille à certains de changer, même si cela fait partie de leur identité, puis on fixe des règles, puis on exclut et on finit par se vouloir se débarrasser de toute une partie de la population sous des prétextes absurdes. Tous les génocides semblent commencer ainsi, avec une population autour qui ne remarque pas forcément l’énormité et l’horreur des décisions quand une gradation s’est faite au fil des ans.

🔸L’importance du journalisme et des lanceurs d’alerte: quand on se sent isolé, en danger dans son propre pays, quand la protection intérieure se retourne sur sa propre population, qui alerter ?

🔸Le patriotisme et l’attachement à son pays : j’ai aimé que l’auteure inclut le questionnement de certains personnages qui signifiaient leur honte à appartenir à leur pays et leur réflexion quant à un départ quand plus rien ne leur ressemble dans leur patrie.
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L'épidémie

J𠆚i beaucoup aimé:en suède le président décide d’éradiquer l’obésité... atroce mais efficace!

Suspens,dégoût physique et moral,espoir et fin haletante! Tout y est!

Il s𠆚git d’une dystopie,un peu sur le même ton que la servante écarlate(en un peu moins bien)
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L'épidémie

La Suède de nos jours, le premier ministre, Johan Svärd, entre en campagne contre l'obésité .On invite tout d'abord les Suédois adopter des régimes et à faire du sport, les églises sont ensuite transformées en centre de remise en forme.Le règne de la maigreur et de l'anorexie commence.

Les enfants sont détectés dans les écoles qui créent des "classes spéciales".

Les adultes sont classés selon leur IMGM ( Indice de Masse Grasse et Musculaire) qui ne doit en aucun cas être supérieur à 42, au-delà, ils perdent leur travail puis leur logement s'ils ne font pas baisser leur IMGM.

Mais, si la majorité des Suédois se lancent à corps perdu dans ce programme, il reste encore trop de "gros" qui résistent, le premier ministre décide alors de passer à l'étape suivante....

Ce livre est troublant, il met mal à l'aise, et il pose beaucoup de questions quant à la nature humaine . C'est une fiction qui pourrait très bien devenir une réalité.N'oublions pas que notre histoire récente nous a montré qu'on pouvait stigmatiser, puis exterminer tout un peuple à cause d'une religion.

A lire donc afin de garder son libre arbitre .
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L'épidémie

L'épidémie contre laquelle il faut lutter, c'est l'obésité. Un sujet bien peu abordé dans nos fictions contemporaines et pourtant au coeur de problématiques sociétales. C'est la force de cette dystopie effrayante. L'IMGM a remplacé l'IMC. Le gouvernement au pouvoir a décidé des mettre les moyens (sic) pour éradiquer ce fléau (ce mal du siècle a écrit Daniel Rigaud) et rendre la population suédoise la plus fine du monde.

Pas de témoignage dans cette fiction qui s'inspire malheureusement bien du réel. Le regard sur des gens coûteux pour le gouvernement, l'ambition d'un peuple en bonne santé et la reproduction de méthodes éprouvées. Un livre au suspens bien entretenu. C'est glaçant... et pas vraiment réaliste: encore heureux.
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L'épidémie

Un thriller, de la politique fiction ou de l'horreur ?

Un peu ou plutôt beaucoup de tout cela en même temps.

Nous sommes en Suède, à notre époque, le nouveau parti au pouvoir se nomme 'le parti de la santé' et le premier ministre a un objectif à atteindre avant les prochaines élections, c'est d'éradiquer la nouvelle épidémie qui ruine le pays : l'obésité.

Toutes les méthodes sont bonnes et vont crescendo, les bons conseils, les régimes, les diètes, les produits prohibés, puis l'ostracisme, les représailles (impôts spéciaux pour obèses, interdiction de travailler au-delà d'un certain poids, immeubles interdits...), les opérations estomacales obligatoires et enfin les rafles comme au temps maudit de la solution finale.

Un lanceur d'alerte viendra tenter de faire réagir la presse puis l'opinion internationale, parviendra-t-il a mettre fin à l'impensable? tel est le sujet de ce roman effrayant mais captivant dont le titre n'a rien à voir avec la covid19 qui occupe nos écrans.

'L'épidémie' de Asa Ericsdotter, dont heureusement, nous, nous sortons vivants mais pas légers.

Il est question ici de poids jugé anormal mais on peut extrapoler à la couleur de peau, la religion, l'orientation sexuelle et à toute autre particularité qui peut mener à la ségrégation.
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L'épidémie

C'est certainement un très bon livre mais le sujet est horrible !

En tout cas je ne peux conseiller à personne de le lire. Cette lecture m'a perturbé tout au long du livre.

Cela a beau être un roman d'anticipation, je pense à tous ces fous, à la tête d'états et de pays qui ont déjà exterminé des millions d'êtres humains pour le simple fait d'être différents. Difficile de rester optimiste avec ce genre de lecture, tout particulièrement en cette période qui est déjà anxiogène.

Lecteur avisé, passe ton chemin !
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