Lucie Aubrac. La Résistance à Lyon.
« Le mot résister doit toujours se conjuguer au présent. »
Le verbe RÉSISTER doit toujours se conjuguer au présent.
On a beau savoir qu'il y a collaboration entre Vichy et Hitler, y être confronté dans la réalité, c'est autre chose. Je jure de m'en souvenir après la guerre. Des policiers français, c'est-à-dire de vrais fonctionnaires et non pas seulement des formations fascistes telles que la Milice, obéissent sur le plan professionnel aux ordres allemands. Ils acceptent de conduire dans les bureaux de la Gestapo des Français qu'ils ont, eux, arrêtés et dont l'affaire est instruite par la justice française. C'est inconcevable !
Pourquoi faut-il que le plus grand compliment qu'un homme puisse faire à une femme, c'est de lui dire : vous écrivez, vous travaillez, vous agissez comme un homme ! Quand je préparais l'agrégation d'histoire en Sorbonne, mon maître Guignebert m'avait dit : « Vous devriez présenter l'agrégation masculine, vous avez la puissance intellectuelle d'un homme. » J'avais été profondément vexée de ce jugement qui me classait par rapport à un stéréotype.
Quand on donne un coup de pied dans une fourmilière, les fourmis survivantes s'activent à remettre de l'ordre et à rétablir toutes les connexions de leur société. Chaque fois qu'un coup dur arrive chez nous, c'est la même chose. Dans notre monde de l'ombre, tout est souvent à recommencer, à réorganiser.
En 1938, j'ai vu un illustré venant des États-Unis, on l'appelait un « cartoon ». La Guerre du feu y est une suite de dessins ; de la bouche des personnages sortent des bulles qui enferment des phrases, courtes, faciles à lire. Est-ce qu'il faudra accepter cette façon de lire ? Cette façon où le style compte si peu !
Ils (les Allemands) nous avaient volé la Liberté et l’Egalité, ils n’avaient pas pu interdire la Fraternité
La grisaille chevrotante, la servilité camouflée sous une morale de punition, c'est Pétain et Vichy. Ce n'est pas la France ! Et ces conquérants pillards, pleins de morgue, qui remplissent les trains de marchandises d'êtres de tous âges, de toutes races, et aussi d'ouvriers communistes ou de prêtres qui ont caché des enfants juifs, ils ne seront jamais nos alliés, et nous refusons qu'ils deviennent nos maîtres.
Qui pourra nous croire quand nous raconterons, si nous sortons vivants de cette guerre, que rien ne nous paraissait impossible, qu'une complicité unissait le professeur d'histoire aux cheminots de Vénissieux, que des Suisses, citoyens d'un pays neutre, prenaient des risques pour aider les résistants et la Résistance chez leurs voisins ?
Le racisme est la pire plaie de l’humanité. Il triomphe quand on laisse le fascisme prendre le pouvoir