À l'occasion du festival international 2019 du livre et du film "Etonnants Voyageurs" de Saint-Malo, rencontre avec Hubert Haddad autour de la revue "Apulée" aux éditions Zulma.
Retrouvez la revue : https://www.mollat.com/livres/2311606/apulee-revue-de-litterature-et-de-reflexion-n-4-traduire-le-monde
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Et déjà je m'efforçais d'imiter les mouvements d'un oiseau en agitant alternativement les bras, mais pas le moindre duvet, pas la plus petite plume nulle part, au lieu de cela, mes poils s'épaississent et deviennent des crins, ma peau si tendre, se durcit et devient un cuir, aux extrémités de mes mains je ne sais plus combien j'ai de doigts, tous se ramassent en un seul sabot, et, au bas de mon dos pousse une immense queue.
Il était une fois dans un certain pays, un roi et une reine qui avaient trois filles, toutes trois fort belles. Mais si charmantes qu'étaient les deux aînées, on pouvait encore trouver, dans le langage humain, des mots pour les louer; Tandis que la cadette était d'une perfection si rare, si merveilleuse, que les mots manquaient pour en parler dignement...
... Dans les villes, dans les contrées environnantes, le bruit courait que la déesse, née dans le sein azuré de la mer et sortie de la rosée des flots écumeux, avait décidé de se mêler aux mortels et leur rendait sa majesté accessible. Une autre rumeur prétendait que des gouttelettes tombées du ciel avaient fait naître sur la terre et non sur les mers, une nouvelle Vénus encore vierge.
Dans le corps de l'homme qui a jailli , dans le corps de la femme qui s'est ouverte et qui s'est écoulée : l'extase se transforme en un instant en un vide immense .
Ce livre est un chef-d'oeuvre. Il me donne à moi des vertiges et des éblouissements ; la nature pour elle-même, le paysage, le côté purement pittoresque des choses sont traités là à la moderne et avec un souffle antique et chrétien tout ensemble qui passe au milieu. Ça sent l'encens et l'urine, la bestialité s'y marie au mysticisme, nous sommes bien loin encore de ça nous autres comme faisandage moral. (Gustave Flaubert, 1852.)
Un de ses amants s’était avisé de faire violence à une autre femme. D’un mot elle l’a changé en castor. Cet animal, qui ne supporte pas la captivité, se délivre de la poursuite des chasseurs en se coupant les génitoires : elle voulait qu’il en advînt autant à son infidèle, pour lui apprendre à employer ses forces ailleurs. Elle avait pour voisin un vieux cabaretier qui lui faisait concurrence : Elle l’a transformé en grenouille ; et c’est en coassant du fond de son tonneau, où il barbote dans sa lie, que le pauvre homme appelle aujourd’hui les chalands. Elle a fait un bélier d’un avocat qui avait un jour plaidé contre elle ; il n’avocasse plus maintenant que des cornes. Enfin la femme d’un de ses amants laisse un jour échapper contre elle je ne sais quel propos piquant. La malheureuse était enceinte : chez elle soudain les voies de l’enfantement se ferment ; son fœtus devient stationnaire ; et la voilà condamnée au supplice d’une gestation sans terme. Il y a, de compte fait, huit ans qu’elle porte son fardeau ; son ventre est tendu comme si elle devait accoucher d’un éléphant.
Pourquoi le désir est - il si agressivement intéressé à demeurer inaccessible à l'âme ? Et pourquoi l'âme souhaite - t - elle à ce point dévoiler le visage de ce qu'elle chérit le plus passionnément ? Pourquoi la Belle est - elle si impatiente de découvrir quelle est la Bête qui l'emplit de bonheur ? Pourquoi vouloir plus que le bonheur ?
Sur l’âne d’or
" On y trouve des notions sur la vie privée des anciens, que chercheraient vainement ailleurs ceux qui se plaisent à cette étude. Là se voit une vive image du monde, tel qu'il était alors; l'audace des brigands, la fourberie des prêtres d'Isis, l'insolence des soldats sous un gouvernement violent et despotique, la cruauté des maîtres, la misère des esclaves; tout est vrai dans ces fictions si frivoles en apparence; et ces récits de faits, non seulement faux, mais impossibles, nous représentent les temps et les hommes mieux que nulle chronique, à mon sens. "
Les libraires , ce sont aussi des gens du silence qui se cachent derrière leurs livres pour vous parler de leur bien le plus précieux : leurs découvertes .
Préface p 11
Lecteur, attention : tu ne t'ennuieras pas.
Lector intende : laetaberis.
Le Sort a toujours une idée de derrière la tête.
Et d'abord celle-ci : les apparences sont illusoires. Seule compte l'unité fondamentale de l'être. Sans doute est-il bon de passer par différents stades formels pour actualiser tous ses pouvoirs, développer toutes ses possibilités, bref : assumer la totalité de son moi. Dans la voie de l'enrichissement individuel, ou, plus simplement, de l'individualisation, la métamorphose possède une valeur éducative. Ce n'est pas voltige verbale que souligner, de la métamorphose, la vertu formatrice. Perrault ne dit rien d'autre lorsqu'il tire, de ses contes, la moralité.
À qui se souvient de la portée symbolique de l'âne, il est clair que la peau de l'âne pour Lucius est stage de formation. Que sanctionnera cette "peau d'âne" qu'est la couronne de roses. Dans le vocabulaire des symboles, la rose signifie perfection. Parfum. Beauté par l'harmonie : elle est roue – roue des vents soufflant des quatre horizons, roue de lumière multicolore percée dans le mur gothique de la cathédrale. Sans entrer dans le détail de la symbolique des Rose-Croix, on sait que la rose est à la fois cœur et âme. Les signes sont les mêmes, qui désignent les vieux mystères, ceux de la nature, comme ceux des hommes et des dieux. La rose est la Fleur par excellence du Jardin par excellence qu'est le Jardin de la Contemplation, le jardin de Saadi le poète de Chiraz. Elle est la Dame du roman, tabernacle du jardin d'Amour courtois et de chevalerie. Elle est la Promesse montrée par Béatrice à son fidèle amant parvenue au dernier cercle du Paradis. Sur le corps d'Adonis expirant fleurissent des roses de sang. Rouge, la rose symbolise plus particulièrement la renaissance mystique, le premier degré de la régénération par initiation aux mystères. L'âne Lucius broute des roses vermeilles. Et le voilà promis à une félicité surnaturelle au service d'une divinité salvatrice – providentielle.
Jean-Louis Bory, préface à L'âne d'or ou les métamorphoses.