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3.43/5 (sur 14 notes)

Nationalité : Côte d'Ivoire
Né(e) à : Abidjan, Côte d'Ivoire , le 15/03/1927
Mort(e) à : Aix-en-Provence, France , le 3/8/2012
Biographie :

Né le 15 mars 1927 dans un petit village de la Côte d'Ivoire, à la périphérie d'Abidjan, Aké Loba est issu d'une famille paysanne. Pour se perfectionner dans les machines agricoles, il vient en France en 1946 et séjourne successivement en Beauce, sur les bords de la Loire et en Bretagne. Il gagne Paris pour y parfaire ses études tout en continuant à travailler pour vivre. Aké Loba écrit des poèmes et des essais, ainsi qu'un roman, Kocoumbo, l'étudiant noir, qui obtient à en 1961 le Grand Prix Littéraire d'Afrique d'expression française. La même année, à l'occasion de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, il commence une carrière diplomatique : d'abord, secrétaire en Allemagne fédérale, puis premier conseiller à Rome. Il termine en 1966 son deuxième roman, Les Fils de Kouretcha, et publie en 1973 Les Dépossédés. Son dernier roman, Le Sas des Parvenus, est publié en 1990. Le 3 août 2012, il s'éteint à Aix-en-Provence à l'âge de 85 ans.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
« La poule, bien qu'elle ait le bec étroit, mange bien, boit à sa soif. »
de Aké Loba
Extrait du Kocoumbo, l'étudiant noir
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Nous ne parlons ni le petit nègre ni le grand nègre ! Nous parlons le français comme pourrait le parler tout étranger ; le français n'est pas notre langue maternelle : il n'y a pas plus de petit nègre que de petit anglais ou de petit allemand ! En face de chaque langue, il y a toujours un petit quelque chose quelque part.

Chapitre IV.
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Aké Loba
« Les dieux, faisant un tri parmi les hommes, éliminent les pires et les meilleurs, ne laissant vieillir que les rares mortels qui ont vécu sans haine et sans excès, pour qu'ils conduisent la génération suivante. »
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Le soleil glisse à reculons derrière les arbres, semant sur le ciel bleu de minces traînées qui passent du rouge clair au rouge sang puis au rose. Les toits des cases blanchissent sous les derniers rayons du jour. Un souffle léger venu du sud répand sa fraîcheur sur les êtres : tout ce que la journée brûlante a défait est vivifié. Alors que le vent marin progresse vers le nord, les ombres envahissent les sables. Kocoumbo sort de chez ses parents et se trouve nez à nez avec Alouma. Elle baisse la tête et le regarde par en dessous. Puis elle se sauve aussitôt après avoir laissé échapper un rire gêné. Le jeune homme, dont le visage irradie encore la satisfaction de son triomphe de la veille, sent un changement dans l'attitude de la jeune fille à son égard. Elle a fui en le voyant ou, plutôt, elle s'est dérobée à la vue d'un héros. Il s'arrête à cette nuance essentielle et s'en délecte. Il sait maintenant que l'âme d'Alouma veut le voir, l'observer, le contempler afin de se complaire dans son admiration naissante. Sa dérobade n'est que la réaction de son corps contre la jouissance désordonnée et trop grande de son âme. Ce qui compte, c'est le cœur d'Alouma, et lui, Kocoumbo, a place dans ce cœur...Il va pouvoir dire à Gand que son amour est désormais partagé...
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Le vieil Oudjo s'était levé. Il venait de s'installer devant sa case, assis sur le tabouret des ancêtres auquel son grand âge lui donnait droit. Avant de se mettre à fumer, il tenait sa pipe entre deux orteils, tandis que sa main s'occupait à curer ses dents avec un gros morceau de racine tendre, couleur de réglisse. De temps à autre, il interrompait cette laborieuse opération et laissait pendre la racine sur sa lèvre, pour reposer sa main droite sur son genou, si bien que cette main se déplaçait sans cesse entre son genou et sa bouche, tandis que l'autre restait plaquée sur sa rotule gauche.
Ses yeux sévères contemplaient les colorations successives de l'horizon et les jeux du soleil entre les arbres. On aurait dit que chaque tête d'arbre, l'une après l'autre, poussait vers sa voisine, avec douceur, un soleil aussi plat qu'un disque.
Oudjo était-il sensible à ce spectacle ou rêvait-il ? Personne, pas même lui, n'aurait su le dire.
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C'est l'heure où Kouamo s'éveille à une animation sans retenue et une joie frénétique. Les enfants, couverts de poussière, s'éparpillent dans la rue, folâtrent, batifolent, roulent leurs corps dans le sable sans se soucier des automobiles qui viennent parfois à passer, et poussent des cris émoustillés. Leurs crânes, comme poudrés, se hérissent de petites touffes de cheveux entortillés à la manière des fils d'un cocon de soie. Leurs visages émerillonnés sont balafrés de larges traits de crasse et sillonnés de boue. Les femmes et les jeunes filles s'affairent dans les cours à la préparation du repas du soir. On entend le fracas des pilons qui tombent à intervalles rapprochés dans les mortiers faits de troncs d'arbre creusés et décorés avec art ; les coups secs du bois que l'on coupe pour allumer le feu et, comme bruit de fond, les coqs qui battent des ailes en jetant leurs derniers cocoricos.
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Le port s'éloigne. Loin derrière lui, la ville en surélévation surgit. Ses arbres émergent des tuiles rouges et des ardoises brunes. Les belles villas aux tons laiteux, les élégants pavillons, les grands magasins du quartier européen se dressent tour à tour puis s'estompent dans la grisaille. Bientôt la côte s'évanouit sous le rideau brumeux des mille gouttelettes que les paquets de mer font gicler très haut dans l'air. Au large, la forte proue du navire déchire l'océan et laisse derrière elle des sillons argentés que le soleil fait chatoyer comme des diamants. À quelques kilomètres de là, d'étroites pirogues de pêcheur tournoient sur la vague géante ; elles s'abaissent, se relèvent, piquent vers l'avant, oscillent de droite à gauche, s'inclinent de nouveau comme pour faire de profondes révérences.
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Aké Loba
« Interférence »

Soudain flotte un rayon vagabond,
Sur feuille neuve et sur case chauve,
L'aurore vient à tomber d'aplomb.
Non loin l'ombre s'affole, plaintive,
Elle entraîne son plaid de fraîcheur,
S'agrippe aux cimes fantomatiques ;

L'encens descend, ruche de chaleur,
Alors du ciel, l'œil exotique
Mitraille dans les verts monotones
Le bleu des tracés appesantis,
Et marque d'une haute couronne
Les toits de mon village à midi.

Contre la paille tressée des cases
Le zinc conspire avec le soleil,
Rivalise, plein d'une emphase
Vive, et des reflets aveuglant l'œil
Dardent les entrailles de la terre.

Les souveraines bouffées de sable
Soufflent les vapeurs de la misère
Jusqu'aux moindres mots déraisonnables
Des travailleurs qui sont dans les bois.
Ceux-là serrent la daba ou la houe
Sur leur poitrine dure : ô foi !

Ils fouillent au puits d'espoir, la boue !
Venimeux et tueurs sont partis,
Laissant là les oiseaux qui chantent
Et l'homme qui songe à son paradis,
Au-dessus du présent qui hante

Mon cœur. Sous le palmier, je rêve,
J'entends résonner les chants si gais
De l'atelier éclos de la sève,
Je vois l'acajou, nuage épais,
Effacer tout l'argent des étoiles,
Devenu au cœur du firmament
Grand barbouilleur, sorcier dans des voiles.

Pour demain, est-ce joie ou tourment ?
Redites-moi où se cache mon enfance ;
Elle aussi a quelque chose légué
À cette vieille case en partance.
Mon esprit est encore troublé.

Quoi ! N'en ai-je plus le souvenir !
Ces métamorphoses ne m'affectent
Plus. Faut-il que vienne l'avenir,
Que se brise une pièce du pacte !
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Dans un de nos vastes villages d'Afrique occidentale, à quelques mètres de la berge d'un fleuve impétueux, par le petit matin du quatorzième jour de juillet, un homme sortait de sa case et longeait la grand-rue déserte au milieu des logis encore tout couverts de brume. Son apparence semblait devoir produire l'effet contraire à tout ce dont on peut s'attendre de la part d'un robuste sexagénaire. Sa mine pourtant n'avait rien d'extraordinaire à part de grands yeux vifs et rusés qui s'harmonisaient bien avec des oreilles en pointe et sa bouche rentrée, mais ses vêtements se jouaient de lui. Si c'était une défroque militaire, on ne pouvait en être de toute façon certain qu'après un examen sérieux de ces espèces de loques grotesques, toutes fraîches sorties de quelque malle humide. La doublure de la veste droite et ample retombait par derrière jusqu'à mi-jambe ; l'état des poignets maintes fois reprisés donnait l'idée d'un tricot arrêté par la plus sinistre des Parques, la filasse déodorée des épaulettes emmêlées au velours autrefois marron permettait la même comparaison ; quant au col, raide soutien du menton bien rasé, il portait la trace indélébile de plis noirâtres, et le pantalon était tout fripé, tout usé. La couleur initiale de cet ensemble curieux avait dû être le blanc comme toutes les grandes tenues des années coloniales, car tout compte fait, c'était bel et bien la tenue de parade d'une époque que cet homme avait endossée.
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Tougon fait partie de ces hommes qui semblent inquiets et mélancoliques dès qu'ils sont à la recherche d'une ligne de conduite. Cette catégorie d'individus est celle qui a discipliné par elle-même et sur le tard sa pensée. Tombé dans Paris à la fameuse époque où Saint-Germain-des-Prés exportait son utopie d'existentialisme à travers le monde occidental et en donnait le ton à la jeunesse, l'étudiant d'alors prit le chemin de l'isolement. Il était parrmi ces rares personnes qui firent bande à part et considérèrent le Quartier Latin comme un gouffre de perdition. Dans la solitude, le jeune homme put se créer ainsi son monde intérieur ; son couloir de méditation s'ouvrit au large de la réflexion. Il venait d'un milieu où les instincts se développent avec liberté, imprègnent tous les sentiments d'émotions violentes. Sorti d'une société exubérante, expansive, il avait eu beaucoup de mal à discipliner sa pensée et ses jugements. Il en était devenu amer ou du moins il donnait l'impression de l'être. Par la suite, les études l'avait rendu insociable, ses amis le trouvèrent hargneux. Il voyait le monde corrompu, l'homme à refaire ; c'est à cette époque qu'il dirigeait la maison des étudiants africains ; il dirigeait sans souplesse. Intolérant comme un idéologue, inflexible comme saint Dominique devant les hérétiques, il s'était vu peu à peu abandonner de tous ses amis ; lui l'ami de tous, il était devenu l'ennemi de tous.
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