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3.89/5 (sur 31 notes)

Né(e) le : 26/01/1915
Mort(e) le : 23/05/2004
Biographie :

Ses parents étaient des communistes juifs russo-polonais qui avaient fui les pogroms de Russie pour s'installer à Paris, et dont le père mourut à Auschwitz où il avait été déporté en 1943. Rodinson étudia les langues orientales et devint professeur d'éthiopien classique (le guèze) à l'École Pratique des Hautes Études. En 1950 il soutient sa thèse à l'EPHE, IVe section (Histoire) et devient Docteur en Histoire. Il devint l'un des plus grands orientalistes contemporains, ayant dédié sa vie à l'étude de l'islam et aux civilisations arabes. Historien des religions, il parlait l'arabe, l'hébreu, le turc et le guèze.

Il fut membre du Parti communiste français de 1937 à 1958. Il quitta le parti par refus des implications de l'appartenance partisane qu'il concevait comme une forme d'engagement religieux. Il est connu pour sa biographie de Mahomet (1961), étude matérialiste des conditions d'émergence de l'islam ainsi qu'une série de livres écrits tout au long de sa vie sur les rapports entre les doctrines issus de la pensée de Mahomet et les conditions sociaux-économiques des sociétés musulmanes.

Rodinson est aussi connu pour ses positions sur le conflit israélo-palestinien, ayant œuvré depuis 1967 à une négociation entre Juifs et Palestiniens, critiquant la politique israélienne de colonisation et d'humiliation des Palestiniens mais aussi l'illusion palestinienne d'une lutte armée à l'algérienne où les colons seraient chassés.
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Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maxime_Rodinson
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Renseignements : http://linktr.ee/laggg 00:00:00 Retour sur un lapsus: Gérard Bensussan et Georges Bensoussan 00:03:30 L'Histoire comme vision, étymologie du mot "histoire" 00:04:50 le caniveau du militantisme antisioniste 00:18:28 L'antisionisme juif, personnalité typiquement juive de Shlomo Sand 00:21:25 Portraits des premiers pionniers juifs en Palestine 00:29:05 Farid Kassab favorable aux sionistes en 1906 00:32:00 Jérusalem en 1900 selon Vincent Lemire 00:34:15 Azoury antisémite, Kassab philosémite 00:50:11 Les premiers pionniers juifs dépeints par Farid Kassab 00:56:32 L' invention du nationalisme arabe 01:01:45 le "yahoud" dans l'imaginaire musulman 01:03:45 Günther Jikeli sur l'antisémitisme musulman contemporain 01:07:00 Conflictualité et conflit, étymologie du "contentieux" 01:14:30 Unilatéralité du contentieux 01:34:25 Statut de l'Arabe dans la Thora et le judaïsme 01:49:20 L' 'erouv dans le judaïsme 01:54:45 Statut de l'Arabe dans les Talmuds 02:10:45 Maïmonide et le malentendu arabe 02:20:44 Juifs pro-islamiques selon Bernard Lewis 02:30:00 Pensée juive influencée par l'Islam ? 02:36:30 Nier la conflictualité du conflit 02:42:15 Cas orphelins de Maïmonide et Saadia Gaon 02:46:00 Transfert philosophique entre Islam et Christianisme 02:52:30 L'énigme du contentieux 02:56:35 Aggadah sur l'expertise spirituelle d'un Arabe 02:58:30 Mahomet, Rodinson et Lewis 03:08:10 Faible fiabilité des sources sur Mahomet, raisons de s'en réjouir 03:14:00 Judéité problématique de Maxime Rodinson 03:18:00 Judéité bienheureuse de Bernard Lewis 03:25:00 Partialité "compréhensive" de Rodinson 03:29:20 Antisionisme de Rodinson 03:34:00 "Technicien du journalisme" et "penseur de l'histoire" selon Heidegger 03:40:00 Biais d'interprétation de Rodinson

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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Faut-il donc abandonner une tâche désespérée, renoncer à écrire cette biographie, voire comme certain auteur soviétique parler d’un mythe de Mohammad ? Je ne le crois pas. Il nous reste le texte du Coran, très difficile à utiliser, le plus souvent énigmatique, demandant un long et incertain travail pour être ordonné chronologiquement. Mais c’est une base ferme, certainement authentique. Il nous reste les faits sur lesquels toutes les traditions s’accordent. Les premiers compilateurs arabes diffèrent (en partie) quant aux noms de ceux qui participèrent à la bataille de Badr, quant aux circonstances de la bataille et à ses préliminaires, à ses conséquences. Ils discutent entre eux sur ces points, reflétant les luttes des partis de leur temps. Mais de telles discussions ne purent avoir lieu que parce que tout le monde était d’accord sur le fait de la bataille de Badr, sur sa date (approximative au moins), sur son issue.
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Les versets haletants du début, hachés, concis au point d’en être extrêmement obscurs, pleins d’images syncopées d’une poésie saisissante, étaient déjà devenus, à Mekka, dans le récit de l’histoire des prophètes de l’ancien temps, plus longs, plus plats, plus précis. La narration ne peut conserver le style du lyrisme. Mais à Médine, à côté de morceaux qui rappellent encore heureusement les envolées mekkoises, on trouve surtout de filandreux et interminables articles de code, exhortations, protestations, proclamations d’un prosaïsme souvent pénible, encombrés de répétitions et de fautes de style. Il faut la foi des Musulmans pour y voir encore un chef-d’œuvre inégalable de la rhétorique universelle dont la perfection suffit à démontrer l’origine divine.

Que les Musulmans croyants qui peuvent lire ces lignes pardonnent ma franchise. Pour eux il s’agit du livre d’Allah et je respecte leur foi. Mais je ne la partage pas et je ne veux pas recourir, comme l’ont fait bien des orientalistes, à des formules équivoques dissimulant ma pensée. Cela permet de conserver plus facilement peut-être de bonnes relations avec les individus et les gouvernements qui professent l’Islam. Mais je ne veux tromper personne. Les Musulmans peuvent légitimement refuser de lire le livre, de prendre connaissance de la pensée d’un non-Musulman ; mais s’ils le font, il faut qu’ils s’attendent à y trouver des propositions qui, pour eux, sont blasphématoires. Je ne crois pas, évidemment, que le Coran est le livre d’Allah, sans quoi je serais Musulman. Mais le Coran existe et, m’étant intéressé à son étude comme bien d’autres non-Musulmans, il faut naturellement que je me l’explique.
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Les descriptions de l’état des morts après le Jugement sont assez tardives dans le Coran. Les damnés seront dans la Géhenne (jahannam), autrement dit le Feu. Des anges seront affectés à la fonction de tortionnaires. On dirigera sur les malheureux, chargés de chaînes et de carcans, des jets de feu et d’airain fondu. Quand leur peau sera brûlée, une autre, toute neuve, la remplacera. Parfois régnera un froid terrible. Ils boiront une eau fétide, une boisson bouillante, mangeront du fruit de l’arbre zaqqoum, un fruit particulièrement amer. Tout cela dévorera leurs entrailles. En vain demanderont-ils aux Bienheureux de répandre sur eux un peu d’eau du haut de leur demeure céleste. Ceux-ci répondront négativement et railleusement avec la satisfaction sadique habituelle au privilégié qui se croit juste et estime, comme c’est le cas général, que ses privilèges sont mérités.
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Pendant ce temps, dans la maison de Mohammad, s'étaient réunis les gens de la famille. 'Ali le gendre, 'Abbâs l'oncle, Ossâma le fils du fils adoptif, Shoqrân un client. Ils méditaient de recueillir l'héritage du mort au bénéfice de leur clan, les 'Abd Manâf de Qoraysh. Mais ils n'avaient guère de partisans, quelques Qorayshites de bonne réputation : Talha, Zobayr, plus peut-être le compromettant Abou Sofyân. Des informateurs bien intentionnés leur rapportaient les échos de la réunion du hangar des Banou Sâ'ida. Ils étaient furieux et impuissants. Peut-être comptaient-ils prendre leur revanche un peu plus tard. Pendant des mois ils refusèrent de reconnaître Abu Bekr. Cette nuit-là, ils firent quelque chose d'anormal et d'inattendu. On pouvait s'attendre à ce que l'auguste cadavre fût enterré solennellement comme on l'avait fait maintes fois pour des morts moins importants, dans le cimetière de Baqî, à côté de son fils Ibrâhîm, de sa fille Roqayya, de tant d'autres Compagnons. Il semble bien que 'Ali, 'Abbâs et leurs amis voulurent éviter une telle cérémonie où Abou Bekr, dirigeant la procession funéraire, serait apparu comme le successeur désigné du prophète. On songe à Antoine aux obsèques de César, à Staline utilisant ainsi les funérailles de Lénine. Quoi qu'il en soit, ils décidèrent d'enterrer le prophète cette nuit-là même, dans la cabane où il était mort. On n'avertit même pas 'Aïsha (la fille d'Abou Bekr !) qui, dormant sans doute chez une co-épouse, entendit tout à coup le pic des fossoyeurs. On lava sommairement le cadavre, on l'entoura de trois manteaux, on le plaça au fond du trou et on lui jeta de la terre sur la tête. Ç'en était finit pour toujours de Mohammad ibn 'Abdallah le Qorayshite.
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Tandis que la Chrétienté voyait en lui l’archi-ennemi, malfaisant et lubrique, tandis que l’Islam célébrait en lui « la meilleure des créatures », des hommes venaient qui, concevant mal la foi religieuse et surtout cette foi-là, cherchaient à retrouver en lui un homme pensant et agissant sur le même plan qu’eux. Le comte de Boulainvilliers, au début du XVIII e siècle, célébrait en lui un libre-penseur qui créa une religion raisonnable. Voltaire, pour attaquer le christianisme, en fait un cynique imposteur, menant pourtant à l’aide de fables son peuple à la conquête de la gloire. Tout le siècle voit en lui le prédicateur de la religion naturelle et rationnelle, bien éloignée de la Folie de la Croix. Les Académies le célèbrent. Gœthe lui consacre un magnifique poème où, type même de l’homme de génie, il est comparé à un fleuve puissant. Les fleuves et les ruisseaux, ses frères, crient vers lui, demandent son aide pour les amener vers l’Océan qui les attend. Irrésistible, triomphant, majestueux, il les entraîne.

Und so tragt er seine Brüder,
Seine Schätze, seine Kinder
Dem erwartenden Erzeuger
Freudebrausend an das Herz.

Carlyle place parmi les héros de l’humanité cette grande âme en laquelle il reconnaît quelque chose de divin. Puis les savants viennent, vont aux sources, reconstruisent sa biographie d’après les historiens arabes de plus en plus profondément scrutés. A la fin du XIX e siècle, l’arabisant Hubert Grimme voit en lui un socialiste qui a imposé une réforme fiscale et sociale à l’aide d’une « mythologie », très réduite d’ailleurs, délibérément inventée pour effrayer les riches et emporter leur adhésion. Tandis que la plupart des orientalistes essayent de nuancer leur jugement et mettent au premier plan sa ferveur religieuse, haineusement le jésuite belge Henri Lammens, grand connaisseur des sources, nie encore sa sincérité. Les savants soviétiques discutent s’il fut réactionnaire ou progressiste. Les nationalistes, les socialistes, les communistes même des pays musulmans s’en réclament comme d’un précurseur.

Ainsi chacun a cherché en lui le reflet de ses inquiétudes et de ses problèmes ou de ceux de son siècle, chacun l’a amputé de ce qu’il ne comprenait pas, chacun l’a modelé selon ses passions, ses idées ou ses fantasmes. Je ne prétends pas avoir échappé à cette loi. Mais, si l’objectivité pure est impossible à atteindre, c’est un sophisme que de poser qu’il faut, en conséquence, être délibérément partial. Cet homme dont la pensée et l’action ont ébranlé le monde, nous savons bien peu de choses certaines sur lui. Mais, comme pour Jésus, à travers récits suspects et traditions boiteuses, on peut percevoir quelque chose qui est le reflet d’une personnalité singulière, étonnante pour les hommes ordinaires qui se réunirent autour d’elle. C’est ce reflet tel que j’ai cru l’apercevoir que j’ai essayé de fixer dans ce livre.
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Dans les rues, l'agitation gagnait les membres des autres tribus qui se trouvaient à Médine et ne voulaient pas être les dupes dans la décision qui allait intervenir. La nuit tombait. Tous oubliaient le cadavre qui gisait dans la petite cabane de 'Aïsha.

La discussion fut longue, ardente et confuse à la lumière des lampes à huile et des torches. Un Médinois proposa qu'on élise deux chefs : un Qorayshite et un Médinois. La plupart comprirent que c'était faire courir la communauté à la division et à l'effondrement. Tous criaient ensemble et peut-être en vinrent aux coups. Il fallait en finir. Obscurément ces hommes comprenaient que l'écroulement du système serait un désordre pour eux. Aucun Médinois n'arriverait à obéir sans contestation dans sa ville même. Les tribus non-médinoises se refuseraient à suivre des gens que l'on soupçonnerait de penser en premier lieu aux intérêts de leur tribu. Le candidat idéal, c'était un de ces Qorayshites détachés de leur propre tribu par une longue émigration et une longue lutte contre elle, un des héritiers de la pensée du disparu. Abou Bekr proposa 'Omar ou Abou 'Obayda. Ses discours d'homme pondéré et intelligent, qui ne perdait pas la tête dans les heures graves comme celles qu'on vivait, avaient impressionné les assistants. Le nom de 'Omar qui avait la réputation d'être trop emporté se heurtait à des réticences. Il se désista en faveur d'Abu Bekr. L'accord se fit tard dans la nuit sur la désignation de celui-ci. Il serait le "remplaçant" (khalîfa, dont nous avons fait calife) du messager d'Allah. L'Islam continuait.
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Le problème palestinien, créé par le sionisme et majoré par son triomphe local, a répandu, comme il était inévitable, la haine du Juif dans les pays arabes où l’antisémitisme était pratiquement inconnu auparavant. Les sionistes y ont très activement aidé par leur propagande incessante tendant à persuader que le sionisme, judaïsme et judéité étaient des concepts équivalents. Le problème palestinien a contribué à renforcer les éléments les plus réactionnaires des pays arabes, désireux comme partout de donner la priorité aux questions nationales sur le progrès social. Même les éléments socialistes ont été contraints de consacrer une grande partie de leurs forces à lutter contre l’État d’Israël qui apparaissait aux yeux de leurs masses, non sans justifications sérieuses, comme l’incarnation locale de la poussée impérialiste mondiale. Le succès sioniste en Palestine a offert aux puissances impérialistes mille moyens de monnayer leur appui et leurs armes au Proche-Orient. Les réactions arabes ont permis, en Israël même, par un chantage à l’unité nationale analogue à celui qui se décèle dans les États arabes, de favoriser les orientations les plus chauvines et les plus rétrogrades. Une partie importante de la population juive mondiale, la colonie juive israélienne, s’est trouvée ainsi engagée dans une voie sans issue, acculée à une politique d’agressions préventives à l’extérieur, de lois discriminatoires à l’intérieur, tout cela développant une mentalité raciste et chauvine, poussant sur le chemin de la régression sociale. (p. 128)
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Les Sudarabiques, on le savait déjà et ces découvertes l’ont confirmé, étaient des maîtres en architecture et la structure de leurs palais monumentaux se reflète encore aujourd’hui dans les hautes maisons yéménites à nombreux étages. Ils avaient construit des installations hydrauliques perfectionnées. Les plus célèbres dans la tradition arabe du nord se trouvaient justement aux environs de Mâreb et on en voit encore des restes impressionnants : trois grands barrages avec des pans de murs hauts de 15 m encore debout.

Ces « Arabes heureux » jouissaient donc d’une civilisation très élevée. Cela se reflète encore dans leurs arts plastiques. A côté de certaines œuvres d’une facture maladroite, on trouve par exemple des statues de lignes stylisées montrant une grande maîtrise et une inspiration originale. Beaucoup d’œuvres, on l’a déjà vu, ont été inspirées par l’art hellénistique et romain quand ce ne sont pas des copies ou même des importations. L’influence de l’Inde se décèle aussi sur quelques pièces. Les objets de luxe parfois en albâtre sont souvent d’une élégance raffinée. L’écriture sudarabique, elle-même, est une œuvre d’art par l’élégante et rigoureuse régularité de ses caractères, quadrangulaires le plus souvent, plus tard assouplis en incurvations et ornés de fioritures un peu décadentes. On écrivait beaucoup en Arabie du Sud. On a relevé, retrouvé ou dégagé des milliers d’inscriptions, pour la plupart textes juridiques, administratifs ou religieux. Sans nul doute, il y avait aussi une littérature écrite sur papyrus ou sur parchemin. Rien, malheureusement, n’en a subsisté.
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Pour comprendre le monde des hommes, il faut acquérir le sens historique et connaître les sociétés humaines
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les interprètes réactionnaires bénéficient de tout le patrimoine du passé, du poids des siècles d’interprétation dans le sens traditionnel, du prestige de ces interprétations, de l’habitude qu’on a de les lier à la religion proclamée, affichée, pour des raisons nullement religieuses
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