Sur Pukapuka, nul ne se soucie de savoir si une jeune fille est vierge quand elle se marie. Dans leur langue, il n'existe même pas de mot pour cet état physiologique. Une femme célibataire qui met au monde un enfant jouit d'un respect accru, elle augmente même ses chances de trouver un époux, car son futur à la preuve de sa fécondité.
Île Pukapuka - Océan Pacifique
En 1962, les Français de la première mission sur l’île en baptisent le massif septentrional du nom du plus fameux fabricant de rêves que leur nation ait jamais produit. Désormais, portent le nom de Jules Verne une chaîne de monts escarpés sur l’île de la Possession et un cratère de la face cachée de la Lune - deux pôles qu’il atteint sans peine au cours de ses Voyages extraordinaires.
Île de la Possession - Océan Indien
Les Banabans n’enterrent pas leurs morts. Ils laissent les cadavres exposés devant leur hutte jusqu’à ce que la chair se décompose. Alors seulement, ils lavent les ossements dans la mer. Le crâne est conservé séparément. Les ossements du corps sont enfouis sous la maison et le crâne sous la pierre des terrasses, où les jeunes gens jouent avec les frégates.
Île Banaba - Océan Pacifique
L'île est le paradis de la connaissance de soi.
Olivier de Kersauson - Préface
Les îles abandonnées sont comme toutes les îles des bateaux immobiles
Toutes les projections en faussent les représentations. Les distances sont inexactes, ou bien les angles, ou les rapport des surfaces entre elles. On aura, par exemple, une représentation du monde qui respectera les angles, mais où les proportions des pays sont scandaleusement faussées et où l’Afrique, deuxième continent en superficie, a exactement la grandeur du Groenland, deuxième île au monde certes, mais en réalité quatorze fois plus petite.
Cet Inventaire de choses perdues évoque la disparition de réalités aussi diverses qu’une île engloutie dans un séisme, un film perdu de Murnau, une espèce animale éteinte, des lieux historiques ou encore des œuvres d’art. Différents protagonistes tentent de retenir ou de ressusciter l’éphémère. Tour à tour nous parlent un jardinier-artiste solitaire, une Greta Garbo fantomatique errant dans Manhattan, la narratrice elle-même, plongée dans les archives cartographiques de la Bibliothèque nationale, émue par les mystères de Sappho ou confrontée aux béances de son enfance dans la RDA des années 1980. Chaque chapitre dessine une quête dans toutes ses dimensions et a sa voix propre, son style. Le livre porte moins sur la perte que sur ce qui reste des choses perdues : leurs traces, leurs échos et le vide qu’elles laissent.
Un beau jour, le gouverneur ne supporte plus les cris perçants des oiseaux marins et le bruit du ressac. Croyant voir des bateaux, il met un canot à la mer. Avec lui se noient les soldats qui restaient. Dés lors, ne subsiste qu'un homme sur l'île, Victoriano Alvarez, l'ancien gardien du phare désaffecté. Il se proclame roi, souverain de Clipperton, prend des maîtresses, viole, tue et sévira près de deux ans.
Le 17 juillet 1917, les femmes l'assomment à coup de marteau et lui massacrent le visage.
(Ile Clipperton, Océan Pacifique)
Depuis peu, tout le monde avait des prétentions à l'épanouissement personnel. C'était ridicule. Rien ni personne n'était équitable. Et encore moins une société. A part la nature peut-être.
Le paradis est une île. L'enfer aussi.