La révolution espagnole fut la plus singulière des révolutions collectivistes du XXe siècle. C’est la seule révolution radicale et violente qui se soit produite dans un pays d’Europe de l’Ouest et la seule qui ait été, malgré l’hégémonie communiste croissante, véritablement pluraliste, animée par une multitude de forces, souvent concurrentes et hostiles. Incapable de s’opposer ouvertement à la révolution, la bourgeoisie s’adapta au nouveau régime dans l’espoir que le cours des événements changerait. L’impuissance manifeste de leurs partis incita très vite les libéraux et les conservateurs à rechercher une organisation capable d’arrêter le courant révolutionnaire lancé par les syndicats anarchiste et socialiste. Quelques semaines seulement après le début de la révolution, une organisation incarnait à elle seule tous les espoirs immédiats de la petite et moyenne bourgeoisie : le parti communiste.
Ici, s'il prend à quelqu'un la fantaisie de jeter des billets de 1000 pesetas dans la rue, personne n'y prêtera attention. Rockfeller, si vous veniez à Fraga avec tout votre compte en banque, vous ne pourriez même pas vous payer une tasse de café. L'argent, votre serviteur et votre Dieu, a été chassé de notre ville et le peuple est heureux !
Ce fut l'impuissance manifeste de leurs partis qui incita très vite les membres libéraux et conservateurs de la petite et moyenne bourgeoisie, pris dans le flot de la révolution, à rechercher une organisation capable de leur servir de brise-lames et d'arrêter le courant révolutionnaire lancé par les syndicats anarchiste et socialiste. Ils n'eurent pas à chercher bien longtemps. Peu de temps s'était écoulé qu'une organisation réussissait à répondre à elle seule à tous les espoirs immédiats de la petite et moyenne bourgeoisie : le Parti communiste.
Le 18 juillet 1936, pendant mes vacances d'été en Espagne, je me retrouve en quelques heures au milieu d'une guerre civile et d'une révolution. Je suis loin d'imaginer que je vais passer les quarante années suivantes à rassembler, trier, digérer et assimiler la plus grande collection de sources jamais recueillie par une seule personne. L'United Press m'envoie sur le front aragonais puis à Madrid, Valence et Barcelone, les principaux foyers d'activité politique, où je commence à collecter tous les documents accessibles.
En vingt-quatre heures, on a vu évoluer de façon étonnante des esprits qui semblaient réfractaires à tout changement – écrivit une célèbre anarchiste quelques jours après la révolution.