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3.91/5 (sur 71 notes)

Nationalité : Autriche
Né(e) à : Paternion , le 03/03/1953
Biographie :

Josef Winkler est un écrivain autrichien.

Josef Winkler a grandi en Carinthie dans une famille de paysans. Son village natal constitue le décor principal de ses premiers ses livres. Il vit aujourd'hui à Klagenfurt. Il fait de nombreux séjours en Italie, notamment à Rome, qui lui inspirent le roman Cimetière des oranges amères et la "nouvelle romaine" Nature morta, ainsi qu'en Inde (Varanasi), qui lui inspire Shmashana et Sur les rives du Gange. Ses voyages l'ont également mené sur les traces de Jean Genet (Paris, Touraine, Maroc) et au Mexique. De 1973 à 1982, il travailla dans l'administration de l'université des sciences de l'éducation de Klagenfurt. Josef Winkler organisa alors un Cercle de travail littéraire en collaboration avec Alois Brandstetter et publia une revue littéraire Schreibarbeiten (Travaux écrits).

En 1979 il remporta avec le roman Menschenkind le second prix du Prix Ingeborg Bachmann, qui avait été attribué à Gert Hofmann. Ce livre forme avec les deux suivant Der Ackermann aus Kärnten et Muttersprache la trilogie Das wilde Kärnten. Le milieu rural de la province autrichienne, le catholicisme et ses rites, la mort, ainsi que l'homosexualité - Winkler décrit le suicide de deux adolescents de son village comme l'élément déclencheur de son écriture -, jouent un rôle important dans ses textes. Winkler décrit, à partir d'expériences personnelles, mais aussi en recourant à des récits de rêves, à des jeux sur les identités et des citations littéraire, la difficulté du marginal dans un milieu patriarcal et marqué par la religion catholique. Parmi les auteurs qui sont des figures tutélaires de Winkler, Jean Genet (auquel il consacra un livre, "Le Livret du pupille Jean Genet"), Hans Henny Jahnn, Kafka, Lautréamont, les surréalistes français. En 2007 est parue le récit le Roppongi. Requiem für einen Vater. Il reçoit en 2008 le Grand Prix National autrichien ainsi que le prix Büchner, qui lui est remis à Darmstadt en novembre 2008. En juin 2009, il ouvre, par un discours provoquant, le 30e concours littéraire Ingeborg Bachmann à Klagenfurt.
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En 1981, Josef Winkler loue une chambre dans une ferme de montagne de Carinthie, non loin de son village natal, afin d'y terminer son roman Langue maternelle (trad. Bernard Banoun, Verdier, 2008, prix de traduction Gérard de Nerval de la SGDL 2009). Ce dernier achevé, sa logeuse entreprend de lui raconter son histoire, qu'il enregistre au magnétophone. Comme d'autres, en 1943, elle et sa soeur furent arrachées à leur famille ukrainienne et amenées de force par l'armée allemande dans la campagne autrichienne, pour y travailler dans une exploitation agricole et ainsi compenser le manque de main-d'oeuvre. Josef Winkler découvre alors cette réalité occultée par l'histoire officielle autrichienne. Avec L'Ukrainienne, il donne la parole à cette femme, dont il livre une autobiographie bouleversante. Retrouvez notre dossier "Effractions 2022" sur notre webmagazine Balises : https://balises.bpi.fr/dossier/effractions-2022/ Retrouvez toute la programmation du festival sur le site d'Effractions : https://effractions.bpi.fr/ Suivre la bibliothèque : SITE http://www.bpi.fr/bpi BALISES http://balises.bpi.fr FACEBOOK https://www.facebook.com/bpi.pompidou TWITTER https://twitter.com/bpi_pompidou

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Parmi les chefs du kolkhoze, en plus du holova kolhospou ou du holova silrady, il y avait l’oupolnomotchenyl, le commissaire délégué, qui pouvait recourir à la force pour imposer la collectivisation. Il avait le droit d’exproprier les paysans, de le chasser de chez eux, de les envoyer en Sibérie, de les pendre ou de les faire abattre séance tenante s’ils n’obtempéraient pas. L’oupolnomotchenyl était parfois un criminel condamné auquel on avait confié les pleins pouvoirs. S’il arrivait à collectiviser un village, on considérait qu’il avait purgé le reste de sa peine.
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En mars 1943, ma sœur Lidia Vassilievna Iliachenko et moi-même, Nietotchka Vassilievna Iliachenko, avons été arrêtées par des policiers dans la maison de nos parents à Doubynka, un petit village d'Ukraine non loin de Tcherkassy. Il était à peu près deux heures du matin quand un policier me donna un coup dans les côtes avec le canon de son fusil. On nous a mises avec d’autres gens dans un wagon à bestiaux et envoyées travailler en Carinthie.
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Préface de l'auteur à l'édition française

En 1981, je passai une année entière à Mooswald en Carinthie dans la famille Steiner, dite Starzer.(..)
Partout les chambres étaient déjà louées aux touristes,seule Mme Valentina Steiner,que je croisai par hasard devant sa maison, me dit que je pourrais emménager quand je voudrais.On l'appelait la "Starzer Vale".Je savais qu'elle venait de Russie, rien de plus.
Quelques semaines plus tard, j'arrivai à sa ferme avec ma valise et le coffret noir, en plan incliné, de ma machine à écrire électrique Olivetti. (..)
A cette époque, plus de neuf mois durant lesquels je travaillai au roman"Langue maternelle", elle me racontait régulièrement le soir son enfance ukrainienne et sa déportation jusqu'en Carinthie en 1943 alors qu'elle avait quatorze ans.Au commencement,je ne pris pas de notes.Soir après soir,je l'écoutais. Elle attirait souvent mon attention sur le fait qu'elle m'avait logé dans cette même chambre où elle l'avait été elle aussi après avoir été transportée de force en Carinthie et où des années durant elle avait dû dormir près d'une servante.

Quand j'eus achevé le roman "Langue maternelle ", le printemps était arrivé. Elle travaillait au Jardin. Je m'asseyais non loin d'elle avec un magnétophone. Nous faisions ces enregistrements en secret,car son mari,le fermier, qui était également très porté dur l'eau-de-vie qu'il distillait chez lui,ne pouvait pas entendre ces histoires russes.Il ne voulait rien savoir.Il avait honte d'être marié à une Russe. (p.8)
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« Dans l’enfance aussi, il y avait des miroirs, mais à une plus grande distance. Peu à peu nous nous rapprochons de nous-mêmes, l’espace qui nous entoure s’amenuise, bientôt nous voici au plus près. Encore un pas et nous brisons le miroir à coups de poing, nous nous coupons, nous saignons. Ou nous nous immobilisons. » En lisant ces quelques phrases d’Ilse Aichinger, extraites du chapitre « Notes éparses » de son recueil Kleist, mousse, faisans, que j’emportai en Inde l’été passé et dans la lecture duquel je ne cessais de me plonger quand, à Ellora, déambulant pendant six heures à travers les sanctuaires bouddhistes, temples monolithes creusés à même la roche, nous nous octroyions quelque répit, il me revint à l’esprit – « et la parole prit son envol » – la Madonna della seggiola de Raphaël, qui surmontait les deux lits de mes parents, et se reflétait sur le mur d’en face dans ce miroir dont le large cadre, comme les armoires et les lits de la chambre, avait été ouvragé dans le bois du grand noyer qui poussait jadis devant la maison des parents de ma mère, non loin du pommier Gravenstein sous la ramure duquel, étant enfants, nous trottions en poussant notre ballon, jusqu’à ce que la tête nous tourne, ou, nous hissant sur la pointe de nos orteils, nous cueillions les pommes Gravenstein d’un jaune cireux, toutes piquetées, tavelées de carmin, marchant parfois sur les fruits pourrissants qui jonchaient le sol ou sur ces guêpes au fuselage jaune-brun qui, surgies là-haut dans le grenier de leur ballon de papier gris, nous épouvantaient tant, et que nos semelles enfouissaient dans la chair tendre et juteuse des pommes Gravenstein. C’est à l’aplomb de ce vieux miroir, le premier miroir que j’ai perçu vraiment – oui, je pris pour vraie l’image spéculaire -, où l’on voyait apparaître, légèrement déformés, La vierge à la chaise de Raphaël, avec son visage fier et débonnaire, le petit enfant Jésus qui, dans son giron, tout potelé, glisse subrepticement la main sous son châle vert pour lui palper les seins, et, à l’arrière-plan, les mains jointes en une prière, l’ange au regard affligé et soucieux – il entend déjà s’enfoncer les clous de la crucifixion -, que se trouvait, dans un petit cadre, le portrait en noir et blanc, triste et un peu flou, de ma grand-mère maternelle, morte à l’âge de soixante ans d’avoir eu le cœur brisé, quelques heures après que le médecin de famille, venu de l’autre rive de la Drave, lui eut administré une ultime piqûre au cœur, comme on disait alors, cette même grand-mère qui, pendant la Deuxième Guerre mondiale, perdit en une seule année trois fils encore dans la fleur de l’âge, les frères de ma mère, âgés respectivement de dix-huit, vingt et vingt-deux ans quand ils trouvèrent la mort sur les champs de bataille. « Comment ne voudrais-je pas garder le deuil, puisqu’il n’y a plus qu’en lui que je me retrouve ? » écrit Ilse Aichinger. Et : « Qu’est-ce à dire : la mort ? […] En novembre fleurissent encore des boules de neige. A quelles profondeurs sommes-nous descendus ? Sauriez-vous me dire s’il est tard, quand sonnent les dix coups ? Je ne puis pas lire l’heure. »
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Dans les montagnes on s'assoit près du lit de mort d'un vieux paysan émacié, à la ville on s'installe dans une carrosserie de voiture.La mort est pressée, elle dépasse la vie.(p.35)
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Dans notre région, il n'y avait pas beaucoup de fruits. Il y avait bien çà et là un cerisier, mais les branches étaient hautes, je n'aurais jamais pu en attraper une, ma mère ne savait pas non plus grimper aux arbres. Les autres enfants qui grimpaient aux arbres et mangeaient des cerises ne m'en lançaient pas une seule. Je rentrais voir ma mère et je disais en pleurant "Je leur ai demandé mais ils ne m'ont pas lancé une seule cerise."
Ma mère a dit "Qu'est-ce que je peux faire mon enfant ? Tu n'as pas besoin de cette cerise ! Qu'elle aille au diable!"
Ça m'a bien aidée. Si je ne pouvais pas avoir une chose, je me disais souvent que je ne devais pas forcément l'avoir, voilà comment j'ai appris à m'en passer. (P.123)
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C'est seulement plus tard,quand elle m'a écrit de Russie en Carinthie,que je me suis aperçue qu'elle savait écrire. Souvent elle n'écrivait les mots qu'à moitié, mais je me régalais à lire ces lettres,car je savais qu'elles venaient de ma mère, nous avions été séparées d'elle si violemment, ma sœur et moi.Quand je lisais les mots qu'elle avait écrits,j'avais l'impression d'entendre sa voix.(p.66)
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Préface del'auteur à l'édition française

(...) Comme - L'Histoire de Nietotchka- décrit aussi la première année durant laquelle la jeune fille de quatorze ou quinze ans dut apprendre à vivre à la ferme montagnarde de Mooswald,dans cet univers étranger, démoniaque,loin de sa mère restée en Ukraine.,les fermiers de Mooswald et de Fresach,offensés, se détournèrent d'elle.Soudain,cette femme très appréciée et sociable n'était plus bienvenue dans les autres maisons,et les autres villageois ne lui rendaient plus visite non plus.Son mari,un ivrogne qui détestait les Russes,l'incriminait chaque jour parce qu'elle avait raconté son histoire et que figurait désormais noir sur blanc dans le journal qu'il était marié à une Russe.(p.9)
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A l'Est de la Carinthie

Note du traducteur

(...)Winkler ,depuis un lieu perdu dans les montagnes autrichiennes, déploie dans le personnage de Nietotchka les superpositions et imbrications mémorielles de l'Europe du XXe siècle, en l'occurence plusieurs mémoires de la seconde guerre mondiale,du nazisme et du stalinisme : sa famille est victime des expropriations et de la famine voulues par le pouvoir stalinien ; l'arrivée de l'armée allemande suscite de l'espoir, mais la déportation sera son fait.Enfin,l'ukrainienne " met en évidence ce que Winkler doit à sa lecture des auteurs russes et souligne la composante slave de son oeuvre, depuis ses tout premiers livres jusqu'à "Mère et crayon" (..) et au texte qu'il a consacré à Chaïm Soutine.Et c'est à un roman de Dostoïevski qu'il emprunte le prénom Nietotchka.(p.263)
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18.10.1963

Une lettre de ta mère Hapa Davidovna

(...)
Valia,écris-moi et parle-moi de ta ferme,de tout ce que tu as à faire.Je ne fais plus rien.J'ai dû vendre la vache parce que je ne pouvais plus m'occuper d'elle. Ç'a a été dur de lui dire adieu,je n'arrive pas à l'écrire, elle me donnait beaucoup de joie.(...) C'est dur de vivre avec toutes ces années. Mon enfant,si seulement je pouvais vous voir au moins une fois,toi et tes enfants.(p.246)
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