Retour des héros de l'Everest :
Edmund Hillary et le sherpa Tensing Norkay
Juillet 1953 : hommages rendus aux vainqueurs de l'Everest :
John HUNT, chef de l'
expédition,
Edmund HILLARY et le sherpa Tensing NORKAY (document muet sauf l'
interview de l'explorateur HILLARY).- NEW DELHI - Union Indienne - Gros plan du Président PRASAD, Président de l'Union Indienne, recevant les héros et vainqueurs de l'Everest,
John HUNT, chef de l'
expédition,
Edmund HILLARY et...
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Quand je regarde en arrière, je n’ai aucun doute : les choses les plus importantes que j’ai accomplies ne furent ni l’ascension de montagnes ni mes voyages aux extrémités du globe. Ce qui me tient vraiment à cœur, c’est d’avoir permis la construction et assuré le quotidien d’écoles et de cliniques pour les amis chers que je compte dans l’Himalaya.
(Déclaration à l’occasion de la sortie de récits autobiographiques, 2003)
Ce soir-là, j'eus une longue conversation avec Neil Armstrong sur les hasards et l'aventure. Lorsque je lui demandai, plutôt naïvement, comment il avait été choisi pour être le premier homme à marcher sur la lune, il me répondit : "La chance, rien que la chance". Je pense toutefois que la réalité avait dû être un peu plus compliquée...
p. 414
La nuit tombée, nous émergeâmes de nos tentes pour découvrir dix centimètres de poudreuse sous une nuit d'étoiles. C'était une expérience fabuleuse que de se tenir au coeur de cette cascade de glace, silencieux, à écouter les entrailles de la glace accomplir leur ouvrage, lentement, grinçant et craquant.
p. 179
Au moment où j'entreprends de tailler un troisième bloc, un appel de Shipton me fait tourner la tête. À ma grande surprise, j'aperçois nos deux sherpas à plat ventre sur la glace. je m'approche et Shipton m'explique ce qui s'est passé. Chaque fois que les blocs de glace sont tombés dans la crevasse, le sol, sur lequel se trouvent Shipton et les sherpas a été secoué comme par un tremblement de terre.
Épouvantés, les sherpas ont suivi leur instinct et se sont jetés à terre.
"Et d'ailleurs, ajoute Shipton avec un sourire en coin, j'en aurais bien fait autant si je n'étais pas tenu de me comporter en sahib..."
Lorsque l'alpiniste regarde la montagne, son coeur se gonfle de joie et de souffrance. Elle est si belle et si inaccessible. Oh! fouler ces pentes inviolées, même si là-haut, la mort se tient aux aguets!
Nous avions décidé d'établir notre camp de base sur le glacier de Khumbu et d'entreprendre, en partant de là, une exploration complète des voies d'accès sud de l'Everest. En réalité, nous n'étions pas particulièrement optimistes. L'unique photographie que nous possédions des pentes menant au col Sud était une vue aérienne plutôt médiocre. Les pentes supérieures semblaient terriblement raides. Nous avions surnommé ce document notre "photographie d'horreur" et nous la sortions chaque fois qu'un des membres de l'équipe devenait par trop optimiste.
Je sors mon appareil photographique de mon anorak, puis je l'ouvre maladroitement avec mes grosses mains gantées. Je l'arme. Je mets un filtre ultraviolet et je descends un peu l'arête pour avoir le sommet dans le champ de mon viseur. Tensing attend patiemment ; sur ma demande, il déploie les drapeaux enroulés autour de son piolet, et, debout sur le sommet, il les agite au-dessus de sa tête. Il est dramatique ainsi, revêtu de son volumineux équipement, ses drapeaux claquant furieusement dans le vent. Si elle est techniquement réussie, j'ai le sentiment que l'image sera excellente. Je ne prends pas le temps de demander à Tensing de me photographier. Pour autant que je sache, il n'a jamais fait de photo et le sommet de l'Everest n'est pas l'emplacement rêvé pour une première leçon.
Lorsqu’on échoue dans une tentative contre l’Everest, on n’a pas besoin de chercher d’excuses : la montagne se charge d’en fournir en abondance.
Faillite de la science
Le docteur Griff Pugh nous invite alors à le suivre sous sa tente. Il procède à des expériences physiologiques qui consistent à compter les globules rouges de notre sang. Apparemment, la théorie veut que le nombre de globules rouges gouverne le degré d'acclimatation. Je suis donc extrêmement confiant ; il est hors de doute que Georges et moi sommes les deux garçons le plus en forme de l'équipe. Pugh me saisit l'oreille, puis, avec cette décourageante indifférence à la douleur d'autrui des hommes de sciences, il la sectionne violemment avec un instrument tranchant. Le sang qui en jaillit passe sous toute une série d'appareils pour émerger finalement sur un cadran gradué. Pugh n'y comprend rien... Ni moi non plus lorsque j'entends ses explications. Mon sang est celui qui, de tous, a la plus faible teneur en globules rouges ! Cela signifie que, théoriquement, à 6 000 mètres, je dois être incapable de mettre un pied devant l'autre. C'est de ce moment, très exactement, que ma foi dans la science et les savants a disparu pour toujours.
Dégel des chaussures
Je passe à l'examen de mes chaussures. Comme je l'ai prévu, elles sont gelées et dures comme du fer. Il m'est impossible de me les mettre aux pieds. De toute évidence, des mesures énergiques s'imposent. Je mets donc le réchaud entre mes jambes et je commence à faire cuire mes chaussures à la chaleur des flammes. Refusant de me laisser arrêter par l'odeur du cuir ou du caoutchouc brûlé, je persiste dans ce traitement énergique et j'obtiens à la fin un paire de chaussures un peu roussies, mais assez malléables pour me permettre de les enfiler facilement.