Cette semaine, la librairie Point Virgule vous propose de vous pencher sur l'assignation sociale en matière d'identité sexuelle et sur ce qu'elle implique. C'est l'occasion de passer en revue quatre livres qui s'adressent aussi bien aux adolescents qu'aux adultes pour évoquer des sujets tels que la transidentité ou le consentement.
- Birthday, Meredith Russo, PKJ, 17,90
- Le plongeoir, Elsa Devernois, Talents Hauts, 7
- A comme Aujourd'hui, David Levithan, Gallimard Jeunesse, 8,20
- L'incivilité des fantômes, Rivers Solomon, Aux forges de Vulcain, 20 (existe aussi en poche, J'ai Lu, 8,90)
Musique du générique d'intro par Timo Vollbrecht.
C'est une erreur de considérer le corps comme une simple enveloppe.
Il est aussi actif que l'esprit, que l'âme.
Et plus on lui cède du terrain, plus il rend votre vie difficile.
J'ai occupé le corps de boulimiques, d'anorexiques, de toxicomanes.
- C'est presque drôle.
Tu trouves bizarre de n'avoir dit la vérité qu'à une seule personne, mais je parie que des tas de gens passent leur vie entière à mentir.
Et je te parle de gens qui se réveillent chaque matin dans le même corps, et vivent tous les jours la même vie.
Chaque jour, je suis quelqu'un d'autre. Je suis moi-même - je sais que je suis moi-même -, mais je suis aussi un autre.
Et c'est comme ça depuis toujours.
Réserve, nf
Parfois, j'ai peur de m'être déjà perdu. Peur que le fait d'être avec toi soit devenu si constitutif de ce que je suis que, si nous devions nous séparer, je n'existerais plus. Je réserve cette pensée pour les moments d'immense insatisfaction. Je n'ai jamais eu l'intention de dépendre autant de quelqu'un
Elle est mon premier et mon unique amour. La plupart des gens savent que leur premier amour ne sera pas le dernier. Mais ce n’est pas mon cas. Je ne m’accorderai pas une autre chance. Jamais cela ne se reproduira.
Je voulais que l'amour puisse vaincre toutes les difficultés. Mais, seul, l'amour ne peut rien. C'est à nous qu'il incombe de surmonter les obstacles. (p325)
Certaines personnes croient que la maladie mentale est une affaire d'humeur, de personnalité. Elles pensent que la dépression est une forme de tristesse, que la névrose obsessionnelle est l'apanage des gens coincés.
Elles s'imaginent qu'on peut choisir, contrôler ça.
Je sais à quel point cette idée est fausse.
Plus jeune, je ne comprenais pas. Je me réveillais parfois dans un nouveau corps et, sans savoir pourquoi, tout me paraissait plus étouffant, plus sombre.
Ou bien, au contraire, je me sentais surexcité, sans repères, comme une radio à plein volume sur laquelle on fait défiler les stations.
N'ayant pas accès aux émotions de mon hôte, j'ai longtemps supposé qu'il ne pouvait s'agir que des miennes. Au fil du temps, néanmoins, je me suis rendu compte que ces dispositions, ces compulsions, faisaient partie intégrante du corps qui m'hébergeait, au même titre que la couleur des yeux ou le son de la voix. Certes, les émotions sont intangibles, informes, mais leur origine est chimique, biologique.
Voilà un cycle qu'il est difficile de vaincre.
Le corps lutte contre vous, ce qui a pour conséquence d'augmenter encore votre désespoir. Et de renforcer le déséquilibre déjà existant.
Cela demande une force extraordinaire de vivre avec ce genre de pathologies.
Mais cette capacité de résistance, j'y ai été confronté à maintes reprises.
Quand j'occupe le corps de personnes qui se battent de la sorte, je dois me montrer aussi fort qu'elles, voire plus fort encore, car je suis moins préparé.
Je sais désormais reconnaître les signes. Je sais quand je dois me mettre à la recherche de boîtes de comprimés, et quand je dois laisser le corps suivre sa pente naturelle.
Abstraction nf
L'amour est une forme d’abstraction. Et puis il y a les nuits où je dors seul, où je me blottis contre un oreiller qui n'est pas toi, où j'entends des bruits de pas feutrés qui ne sont pas les tiens. Ce n'est pas comme si je pouvais soudain te faire surgir à côté de moi. Je dois me contenter d'étreindre l'idée de toi.
Si j’ai appris une chose, c’est que nous voulons tous que tout aille bien. Non pas tant que les choses soient fantastiques, ou merveilleuses, ou géniales. Nous nous contentons volontiers de « bien », parce qu’en règle générale, « bien », c’est déjà pas mal.
Elle s'assit au bord du lit et me tendit une coupe .
- J'ai mis de la vodka . Ça réveille le champagne .
( Extrait de la nouvelle : Krampuslauf de Holly Black )