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Le Masque [corriger]

Fondé en 1927 par Albert Pigasse, Le Masque est une maison d’édition française qui se consacre exclusivement à la littérature noire, et est notamment l`éditeur historique d’Agatha Christie. Les éditions du Masque proposent également plusieurs collections : les Grands Formats, pour les auteurs de demain, la collection Labyrinthes, en format poche, et MsK, pour les jeunes lecteurs.

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Peines perdues

Créer, ne pas se répéter, oser. Nicolas Lebel inscrit ses envies dans ses Peines perdues. Elles sont le sel qui donne du goût, le piment qui relève les histoires. Rien que pour cette prise de risque, il mérite toute ma considération.



Ce roman s’éloigne sensiblement de ses précédents écrits, par le ton et le fond. Il a mis son humour singulier entre parenthèses pour plonger dans un récit noir qui prend place dans le milieu carcéral.



C’est une tragédie, dans la forme comme dans son contenu. L’écrivain développe son intrigue en 5 actes, en s’amusant avec la veine des tragédies classiques, jouée dans un contexte contemporain.



Le jeu, certes terrible, reste bien présent. Jouer avec la langue, noyer des alexandrins dans le texte (c’est loin d’être sa première fois) et les confronter avec le parlé d’aujourd’hui. En soignant tout particulièrement son écriture, exigence toujours. Rien que pour la plume, cette lecture vaut le détour.



Elle est heureusement là au service de l’intrigue et pour donner des couleurs aux personnages. Tous des taulards, autant dire pas des enfants de cœur, pour la plupart.



Théo Pereira est enfermé pour homicide involontaire, un accident sous l’emprise de l’alcool. Un homme qui sait magner les mots, allant même jusqu’à donner des cours de lecture aux quelques prisonniers consentants. Pas vraiment le profil du gars qui arrive à s’imposer face à la brutalité de l’entre quatre murs.



Le récit est dur, les relations interpersonnelles basées sur la violence, et il y est également question de vengeance. Le tout à travers une peinture sans concession de la prison actuelle, brutale, surchargée et y compris gangrenée par l’extrémisme.



Avec, je tiens à insister, un Lebel qui ose. Qui se permet de ne pas reproduire des schémas trop habituels, et surtout de ne ménager personne, ni personnage ni lecteur. Quitte à couper la respiration par des retournements de situation que certains n’oseraient même pas imaginer.



Le livre est relativement court, 250 pages, de quoi s’y laisser enfermer. De quoi s’y laisser malmener. La forme assez classique, le thème traité maintes fois, s’en voient mis en valeur par le soin apporté à la prose (et les rimes), et cette application à développer de vraies interactions (pour mieux les broyer ensuite).



Peines perdues est sans aucun doute le roman le plus noir de Nicolas Lebel. Avec cette ambition dans l’écriture autant que dans l’histoire qui rendent cette lecture poignante ; théâtre de toutes les tragédies humaines.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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Peines perdues

On lit « tragédie », on comprend donc qu’a priori, tout est dit ! Ça va mal finir ! Pour autant, au fil des pages, on se prend à l’espérer, cette happy end !



Concrètement, on va donc suivre principalement Théo, un jeune homme incarcéré pour avoir renversé une jeune femme en état d’ébriété. La victime est décédée, Théo purge une peine de prison. C’est la faute à pas de chance, Théo n’a jamais voulu ça, mais il en paie le prix avec courage. On suit également Pierre, le mari de la victime, qui rend régulièrement visite à Théo en prison. Officiellement, dans le cadre d’un accord entre Théo et lui. Pierre témoignera pour aider Théo lorsque viendra son audience de libération conditionnelle. En échange, Pierre exige de Théo qu’à chaque nouvelle visite, il relate encore et encore l’accident, le choc, les derniers instants de son épouse… Et enfin, il y a Marco Minotti. Lui, c’est le mafieux de la prison : pas d’espoir de libération, rien à perdre. Une histoire circule à son sujet, qui prétend qu’il a doublé ses partenaires lors d’un casse et qu’il a planqué un gros magot avant de se faire arrêter.



Les prisons sont un microcosme avec des règles propres : il y a des clans, des protections, des victimes… Ce qui est rapidement évident, c’est que Théo n’a franchement rien à faire là : c’est un jeune homme qui a, certes, fait une énorme connerie, mais il n’est, comme tous les jeunes, évidemment pas taillé pour la prison. Marco et ses sbires l’agressent à intervalles réguliers. Il vit un enfer. On comprend aussi qu’au-delà du destin tragique de Théo, c’est le destin de toute une famille qui a volé en éclat, et c’est un point auquel on ne pense pas forcément : L’incarcération d’un proche a des répercussions dramatiques sur son entourage, et ce n’est pas qu’une seule vie qui se brise… Chapeau bas aux femmes de l’histoire, auquel l’auteur a confié des rôles primordiaux.



On se rend donc compte au fil des pages que, même en prison, il s’exerce des jeux de pouvoirs : Presque tout le monde ferme les yeux sur des choses graves, que ce soit du côté des détenus ou des gardiens ; l’argent achète tout ; les promesses sont en carton. Et surtout, on a vraiment énormément de peine pour Théo et sa petite amie. Théo tente de garder sa famille à l’écart de cet univers, mais c’est impossible. Son seul lien avec l’extérieur est le mari de sa victime, et le lecteur constate vite que c’est loin d’être quelqu’un de bien. Pourquoi a-t-il ce besoin morbide d’entendre sans arrêt narrer les derniers instants de sa femme ?



Ce qui est surprenant, quand on connait un peu l’auteur, c’est que cette fois, il nous plonge dans un récit profondément noir ! L’écriture est très soignée, très riche, extrêmement recherchée. On est loin de la phrase type (sujet-verbe-complément) et ça fait du bien ! Le texte fait une analyse de la société carcérale, mais, au-delà de ça, c’est une vision assez globale de notre monde actuel que fait ici l’auteur. La description de la réalité des prisons est quand même particulièrement violente, et l’auteur va aborder non seulement cette violence, gratuite la plupart du temps, mais aussi les jeux de pouvoirs et de manipulation. Et bien entendu, les dérives religieuses extrémistes, qui trouvent dans les prisons un terrain fertile pour se développer ! Cette partie est imagée par un personnage qui est particulièrement glaçant, sous ses attitudes mièvres et polies, et c’est sincèrement effrayant ! Venant d’un auteur qui nous a habitué à un humour un peu potache avec des personnages franchement drôles et caricaturaux, c’est quand même un sacré virage ! Mais un virage parfaitement maîtrisé, car j’ai savouré chaque mot, chaque pensée, toujours placés avec une infinie justesse, une triste clairvoyance.



Pendant la lecture, c’est impossible de ne pas avoir froid dans le dos, ou de ne pas avoir de peine pour ces destins brisés. On a envie d’avancer dans la lecture, parce que l’intrigue est particulièrement prenante, et pourtant, on n’a pas forcément envie d’arriver au bout, parce que, je le rappelle, il y a toujours le mot « tragédie » qui clignote comme une enseigne et qui nous rappelle que ça a fort peu de chance de bien se terminer… évidemment, il y a mille et une façons de mal finir, et ce qui est intéressant, c’est de voir laquelle l’auteur a choisie ! Et finalement, vous savez quel est le mot de la fin de cette tragédie ? J’ai adoré ! (Vous voyez qu’on tient une happy end ???)
Lien : https://lecturesdudimanche.c..
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Une poignée de seigle

Ça nous est tous arrivés, en grande surface, d'avoir un ressenti d'au moins 50 personnes devant nous à la caisse, et de voir arriver une personne qui double tout le monde, et bien c'est ce que ce livre a fait dans ma pàl quand je l'ai trouvé en boîte à livres il y a quelques jours !! il est passé direct devant tous les autres (qui attendent depuis des mois), en toute discrétion, il sifflotait presque le coquin !



Tout ça pour vous dire que je suis joie depuis que je suis tombée dessus (pas d'inquiétude, tout le monde va bien, je l'ai juste attrapé délicatement, avec tout le respect que j'ai envers toutes les œuvres de Madame Agatha Christie, même si ça fait une éternité que je n'en ai pas lu).



Et une heureuse nouvelle venant parfois accompagnée, il se trouve que Oh! C'est pas vrai! C'est pas possible ! Pas croyable ! J'en ai trouvé un autre hier ! Alors pardon d'avance envers ma pàl, mais lui aussi passe devant, c'est une question d'urgence vitale ! Oui, bon, j'exagère, je ne sauverai pas la vie de ce cher personnage tragiquement, mystérieusement, que dis-je ? curieusement mort 👀😱



Tout ça pour vous dire que je n'ai même pas besoin d'avoir lu ce roman en entier pour savoir que je vais A-DO-RER 💝 il y a peu je me suis fixé comme objectif de m'attaquer à l'intégralité des oeuvres de l'écrivaine qui m'a fait aimer la lecture, alors le hasard m'a mis un pied dans l'engrenage, et c'est avec une immense joie que je vous partage ce ressenti qui n'a, je vous l'accorde, rien à voir avec une critique littéraire, mais, en toute humilité, je pense qu'Agatha Christie ne m'en tiendra pas rigueur.



Belles lectures à vous !



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