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Fin de partie

Qu'est-ce que nous dit Beckett ?

Là est la question.

Après Murphy je croyais avoir compris quelque chose chez l'irlandais, trouvé une sorte de modalité, un "système-Beckett"...Je croyais avoir compris que les personnages évoluaient soit dans la clarté ( le blanc )du langage et de la mobilité, soit dans la pénombre ( les nuances de gris)d'une pensée entre raison et folie, avec en perspective les ténèbres, le noir, l'abîme finale ou primordial.

Dans Murphy, ce système des trois zones paraît simple, une grille de lecture bien pratique mais certainement erronée.

Pourvu de mon mince mode d'emploi je me suis lancé, faussement confiant, dans cette fin de partie.

J'ai vite déchanté et me suis débarrassé rapidement de ma théorie fumante des trois zones...Le diable de Beckett n'était pas où je l'attendais.

Ç'aurait été trop facile!

Des les premières lignes j'étais désarçonné, démunis, remis à ma place.

C'est quoi cette mise en scène, les deux fenêtres, des gens dans des poubelles, ces dialogues absurde?

Les corps incongrus y sont toujours aussi difficiles à mouvoir, les dialogues paraissent insensés, ne semblant que révéler la vacuité des protagonistes, leur impossible révélation. Le langage vidé de sa substance, comme une simple tension entre des existences contingentes, permet le surgissement du rien, "cet éclat incolore".

La fin de partie qui se déroule est peut-être celle entamée par Murphy et son ami psychotique où les coups respectent les contraintes de déplacement des pièces, mais sans la perspective de la victoire, sans efficacité, sans autre but que le mouvement lui même. Jouer à jouer, jouer au dialogue mais finalement soliloquer, jouer désespérément à une fausse joute verbale, jouer à faire semblant d'être perçu par les autres, jouer à exister ?







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Thérèse Desqueyroux

Ayant essayé de lire ce roman il y a deux ou trois ans, sans grand succès, je m’attendais à ce qu’il me tombe de nouveau des mains, or le charme a cette fois-ci opéré et de marquante façon, me référant à l’écriture de François Mauriac qui m’a beaucoup plu, de même qu’à ce portrait de femme qui m’a particulièrement touchée, moderne si l’on considère que le roman a été publié en 1927. Sacrifiée sur l’autel du mariage arrangé et de la maternité non désirée, rongée par l’angoisse et le désespoir de ne pouvoir exister pour elle-même, Thérèse Desqueyroux saisit l’occasion, lorsqu’elle se présente, d’empoisonner son mari Bernard, un geste criminel qui résulte en un non-lieu lorsque ce dernier la disculpe pour sauver les apparences, ce qui l’enferme, cruellement, encore davantage dans cette vie dont elle ne veut pas et qui s’apparente à la mort. À défaut de ressentir de l’empathie pour Thérèse, que l’auteur n’a pas cherché à rendre attachante, on en a pour la souffrance qui est la sienne, et on ne peut qu’admirer la force vitale qui l’habite en ce qu’elle fait le choix de la vie. Un roman qui porte à réfléchir et pour lequel j’ai eu un gros coup de cœur.
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Thérèse Desqueyroux

Un paysage féminin exploré jusque dans ses moindres recoins. Mauriac signe avant la lettre un roman féministe et livre une peinture acide, glacée de la bourgeoisie patriarcale, soucieuse des apparences, prête à tout pour échapper au scandale. Un monde totalement inaffectif où seuls comptent la position sociale, la chasse, les propriétés. Le malheur assèche et Thérèse elle-même ne peut aimer, incarcérée dans l’ennui, dans l’incapacité de gouverner sa vie, agissant d’instinct pour trouver une issue qui n’existe pas, si ce n’est peut-être dans les dernières lignes du roman. Incapable d’amour dans le cadre d’un mariage arrangé. Incapable de loyauté dans une amitié. Inapte à l‘amour maternel. Comme un mouche qui se heurte et se heurte encore à la vitre d’une fenêtre qui ne s’ouvrira jamais. La province est une prison. La bourgeoisie, également. Thérèse qui échappe à un procès pour avoir tenté d’assassiner Bernard, son mari se voit ainsi privée d’un destin. Féministe Mauriac ? Près d’un siècle s’est écoulé depuis l’écriture de son roman. Mais celui-ci demeure d’une terrible actualité car, peut-être inconsciemment, l’auteur montre là où mènent ces comportements qui visent à enfermer les femmes dans des cases sociales. Thérèse est une femme qui dit non, avec ses moyens, le peu qu’elle a pour se révolter et en cela elle est une héroïne intemporelle.
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