La Découverte est une maison d`édition française créée en 1983. Elle provient de la reprise du catalogue des éditions Maspero, et conserve de cet héritage une orientation politique marquée à gauche. Elle publie environ 135 nouveautés par an, dont les très connus annuaires L`état du monde, la collection d`ouvrages courts "Sur le vif", et les synthèses "Repères" très appréciées des étudiants.
Claire Le Men est la fille d’une historienne de l’art : c’est une enfance privilégiée, et ça compte dans l’apprentissage de la vie. Sa mère est passionnée au point de coller des reproductions d’œuvres aux côtés des photos d’enfants dans les albums de famille…
C’est donc très intéressant de voir les liens que l’autrice, depuis toute petite, noue avec les œuvres d’art : une familiarité, une intimité même, qu’elle explique avec de petits épisodes de l’enfance, des visites de musées, sa passion pour le dessin…
Elle évoque ses interrogations de petite fille : comment sait-on ce qui est beau ? Pourquoi celle-ci est une œuvre marquante, et celle-là est sans intérêt ?
Ces questions sur l’art sont éclairées par des réflexions, relevées notamment chez Bourdieu, intéressantes mais qui ralentissent beaucoup la narration (j’ai sauté des passages).
Challenge Bande dessinée 2024
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Tous les grands livres sur l’histoire des villes l’affirment : les moyens dont les individus disposent pour se déplacer constituent un élément décisif du développement urbain et de la forme qu’il prend. Malheureusement, les auteurs s’arrêtent à ce constat et n’élaborent en rien sur ce lien qu’ils affirment pourtant essentiel.
C’est dire si, parcourant en librairie la table des matières de ce livre de François Mirabel et Mathias Reymond sur les transports urbains, et y lisant des têtes de chapitre comme "formes urbaines et structure des déplacements" ou "comportement de localisation et structuration des espaces urbains", je me suis empressé de faire l’acquisition d’un ouvrage dont je pensais qu’il allait me faire entrer dans des analyses de ce lien entre modes de transports disponibles et les formes prises par le développement urbain, en s’appuyant sur des exemples concrets de villes transformées par le l’évolution des transports et ensuite par la généralisation de la possession d’une automobile par les ménages.
Hélas, ce n’est pas encore dans ce livre que je trouverai de telles études. Car les chapitres dont le titre m’avait ainsi attiré comportent des développements théoriques, certes intéressants, mais déconnectés de tout rapprochement avec les réalités urbaines que nous vivons, et s’appuient sur des modèles formalisés dont on aurait aimé les voir appliqués à des réalités urbaines concrètes.
L’ouvrage n’en est pas moins passionnant et agréable à lire, et aborde d’autres sujets tout à fait intéressants, comme l’organisation des transports collectifs, les coûts externes et sociaux des transports urbains, les débats qui se font jour aujourd'hui dans ce domaine, et, bien sûr, les difficultés à mettre en place une réponse aux nouveaux défis de notre temps qui imposent de nouvelles orientations dans les politiques de mobilité.
C’est donc un livre utile et intéressant, mais qui n’apportera pas à qui sort frustré de l’indigence, dans ce domaine, des livres les plus célèbres sur l’histoire des villes, les éléments qu’il aurait souhaité y voir.
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Luc Folliet, en se rendant sur l'île de Nauru, non moins sans difficultés et jours de trajet, réalise une enquête, brève mais précise, qui nous décrit tant ce qu'est devenue l'île lorsqu'il s'y rend que l'Histoire qui l'a menée à cet état de fait.
Car, en effet, il y a encore un peu moins d'un siècle, Nauru était le pays le plus riche du monde. Riche en phosphate d'une grande pureté, d'abord, objet de toutes les convoitises pour les pays occidentaux en premier lieu, pour les pays asiatiques ensuite, car très utilisé dans l'exploitation agricole intensive des sols ; riche, par la suite, de fait, d'une certaine fortune qui va entraîner, vitesse grand V, les nauruans dans les affres du capitalisme, chacun dépensant sans compter, puisque l'argent coule à flots, tant les habitants que les gouvernants qui, à partir de l'indépendance en 1968, vont s'en mettre particulièrement plein les poches, et laisser faire de nombreuses transactions mafieuses par l'intermédiaire de sociétés et banques écrans.
Depuis, l'île est exsangue, a perdu toutes ses traditions, ses habitants vivotent au gré des arrivées anarchiques d'essence pour faire le tour de l'île à partir de l'unique route la traversant, ou d'argent dans l'unique banque ayant survécu. Elle se vend au plus offrant pour obtenir quelques liquidités afin de subsister un peu plus longtemps : en résultent, par exemple, l'ouverture d'un camp australien de réfugiés, ou encore une surexploitation du phosphate, de moins en moins disponible. Mais, paradoxalement, la ruine de Nauru, aussi soudaine que la prospérité qui l'a précédée, mène progressivement les nauruans à renouer avec leurs traditions - pêche, récoltes... - pour survivre.
Une enquête éclairante sur les méfaits du capitalisme, qui date malheureusement déjà de 2009 : en a-t-on véritablement tiré la moindre leçon depuis ? Du tout !
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