AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Pauvert [corriger]

Les éditions Pauvert ont été fondées en 1947 par Jean Jacques Pauvert, alors vendeur à la librairie Gallimard. Elles sont connues pour avoir été les premières à diffuser publiquement les oeuvres de Sade. Ont été notamment publiés aux éditions Pauvert les oeuvres de Sartre, Montherlant, Apollinaire, Georges Bataille, André Breton ou encore Emily Brontë. Rachetée par Fayard dans les années 1990, la maison d`édition disparaît en 2004.

Livres populaires voir plus


Dernières critiques
L'écume des jours

Dans un monde fantaisiste et jazzy où les pianos font des cocktails et les pièces rapetissent suivant l’humeur, vit Colin, un jeune homme insouciant qui ne rêve que de tomber amoureux. Il croise Chloé et hop, coup de foudre, passion et mariage. 

Sauf que l’amour ne fait pas tout, même en littérature.



J’ai découvert ce chef d'œuvre à 17 ans, j'en suis tombée amoureuse et depuis, je le relis régulièrement, même si avec le temps, mon approche a changé. 

À la première lecture, la jeune fille que j'étais a été fascinée par l’amour de Colin pour Chloé.

Puis, l'autrice en moi a apprécié les inventions littéraires, l’usage absurde ou poétique des mots.

Et finalement, ça doit être l'âge mais je m’interroge davantage sur les subtilités psychologiques derrière cette romance tragique.

Comme les divers passages évoquant Alise comme “celle qui aurait dû être”, la véritable âme soeur de Colin.

Ou l’impressionnante description de la maladie de Chloé qui me rappelle tant mes crises d’asthme. 



Ce qui était pour moi une comédie musicale acidulée devient davantage un drame de Tennessee Williams.

Et étrangement, ça me plaît presque davantage ...

Commenter  J’apprécie          00
Justine ou les malheurs de la vertu

Lire de Sade est un acte de masochisme. Il y a un mois, j'ai essayé « les 120 journées de Sodome », et ça a été une expérience terrible : l'accumulation de scènes horribles de sexe et de violence est insupportable. De plus, le niveau purement littéraire de cette oeuvre inachevée du marquis De Sade (1785) est nettement inférieur à la moyenne. C'est quelque peu différent de cette « Justine », un roman que De Sade a écrit et réécrit en plusieurs étapes, entre 1787 et 1797. Il commence comme une histoire moralisatrice, sur deux soeurs qui grandissent dans un environnement protégé, mais à cause du mort de leurs parents finissent à la rue. La soeur aînée, la cynique Juliette, parvient à gravir les échelons en utilisant ses charmes féminins et en commettant de nombreux crimes. Mais la pieuse et vertueuse Justine finit vraiment mal. Dans ce roman, elle raconte son histoire, suivant les conventions du genre picaresque, dans une succession de situations précaires dans lesquelles elle s'est retrouvée.



Si vous avez lu les « 120 journées », alors ce livre ne semble pas trop mauvais à première vue : Justine utilise des termes voilés et déguisés pour décrire ce qui lui arrive. Mais dès le premier tiers du livre, les événements deviennent de plus en plus pervers et sadiques. Ce n'est jamais aussi grossier que dans « 120 journées », mais il faut aussi avoir une constitution solide pour lire ce livre. Heureusement, le niveau littéraire et le caractère naïf de Justine compensent quelque peu. Ce qui aide aussi, c'est que dans ce roman, bien plus que dans « 120 journées », les protagonistes libertins expliquent leur comportement pervers avec un grand talent rhétorique. Ce sont parfois des passages « philosophiques » de plusieurs pages magnifiquement développés sur le plan littéraire.



Le mantra récurrent est la philosophie de la nature qui revient également dans d'autres oeuvres De Sade : dans l'état de nature, c'est chacun pour soi ; comme pour les animaux, seul compte son propre plaisir ; et la nature ne tient aucun compte de ce qui est bon ou mauvais. Et surtout : si nous avons un goût pervers, c'est seulement parce que la nature le permet : « Si la nature était offensée par ces goûts, elle ne nous les inspirerait pas ; il est impossible que nous puissions recevoir d'elle un sentiment destiné à l'outrager, et dans cette extrême certitude, nous pouvons nous livrer à nos passions de quelque nature que ce soit, quelle que soit la violence qu'elles soient, bien sûrs que tous les inconvénients que leur choc entraîne ne sont que des desseins de la nature dont nous sommes les organes involontaires.» Clair, non ?



Beaucoup de choses ont été écrites au cours du dernier demi-siècle sur la nature misogyne des livres De Sade. Et en effet, les protagonistes qui se livrent aux actes de violence et de perversion les plus impensables sont presque tous des hommes ; et les victimes sont principalement des femmes (et des filles). C'était certainement le cas dans « 120 journées », et c'est aussi le cas dans cette Justine. Dans les « passages philosophiques », les auteurs soulignent régulièrement l'infériorité absolue de l'espèce féminine, pour légitimer leurs méfaits : « une créature chétive, toujours inférieure à l'homme, infiniment moins belle que lui, moins ingénieuse, moins sage, faite d'une manière d'une manière dégoûtante, tout à fait opposée à ce qui peut plaire à l'homme, à ce qui devrait le ravir.» Pas de discussion donc sur le caractère misogyne des romans De Sade. Il y a néanmoins une toute petite nuance : dans « Justine », par exemple, la soeur aînée Juliette et la cheffe d'une bande de voleurs montrent qu'elles aiment aussi « les trucs pervers », et dans un seul passage De Sade semble faire allusion que Justine elle-même commença très brièvement à voir le côté attrayant du jeu sadomasochiste. Bien sûr, cela ne change rien au fait que chez De Sade ce « jeu » est toujours à sens unique : la domination totale et arbitraire de l'un par l'autre.



La lecture de « Justine » a été une expérience légèrement plus agréable que celle de « 120 journées », même si agréable est ici certainement un mot déplacé. Je pense que j'ai maintenant assez vu le monde De Sade et je vais en rester là. Ce n'est définitivement pas mon monde. Mais quand-même, n'est-ce pas peut-être en partie la raison pour laquelle de nombreux lecteurs s'aventurent à lire ce genre de choses : pour connaître d'autres mondes, d'autres vies, d'autres visions de la vie ? Même s'il s'agit – dans ce cas – d'une expérience masochiste ? Et une telle confrontation avec le repoussant n'est-elle pas toujours un peu enrichissante ? Ou est-ce que je parle trop gentiment de ce qui ne peut pas l'être ? Mmm… De Sade ne vous laissera certainement pas indifférent.
Commenter  J’apprécie          62
La Littérature à l'estomac

Contre la littérature de Mardi gras



Ce brûlot de Julien Gracq est, à mes yeux, le procès sans appel d'une "littérature de l'estomac", ronronnante, portant sur ses traits le sourire béat et niais de l'homme insensible qui a "bu sans soif et mangé sans faim" (pour faire un emprunt à Baudelaire).



Il est question dans ce livre d'une critique incisive quant à une littérature Saint-sulpicienne, une littérature de Mardi gras qui ne peut plus que digérer avec un ignoble contentement le suc même des mots qu'elle happe goulûment pour les transformer en purin.



Cet écrit en forme d’essai est revigorant à plus d’un titre, car c’est l’œuvre d’un styliste hors pair.



© Thibault Marconnet

Le 7 février 2013
Commenter  J’apprécie          220

{* *}