Suite aux événements de Batman:
R.I.P. et Final Crisis, Batman est considéré comme mort. Les éditeurs de chez DC proposent alors à
Neil Gaiman de réaliser une histoire commémorant le souvenir de Bruce Wayne, intitulée Whatever happened to the caped crusader ? en écho aux histoires écrites par
Alan Moore (Whatever Happened to the Man of Tomorrow? /
Les derniers jours de Superman) lors d'une mise à l'écart passagère de Superman.
Le présent recueil regroupe les numéros 686 de la série Batman et 853 de Detective Comics, en couleurs et leur version crayonnée tirée de Batman Unwrapped by
Andy Kubert.
L'histoire nous convie à la veillée mortuaire du corps de Batman à laquelle se rendent ses amis et ses ennemis de toujours pour évoquer la mémoire du défunt. Ces scènes sont également observées par l'esprit désincarné de Bruce Wayne juste avant qu'il ne quitte cette réalité, ainsi que par une mystérieuse femme.
Neil Gaiman est très à l'aise dans cette histoire qui évoque une autre veillée funèbre, celle de Morphée (dans la série Sandman). Il fait du
Gaiman à l'état brut, c'est à dire qu'il rend hommage au personnage de Batman, aux créateurs les plus marquants qui lui ont donné vie depuis sa création en 1939 et qu'il développe ses thèmes favoris, à savoir l'inéluctabilité du changement et la pérennité des héros de fictions. le scénario se déroule suivant l'axe des souvenirs évoqués par les participants à la veillée (une incarnation de Selina Kyle, une variante d'Alfred Pennyworth, un Robin du passé...) et suivant l'axe du décryptage de ces mêmes souvenirs par l'âme de Bruce Wayne.
Comme on est en droit de s'y attendre, tous les personnages du mythe sont là ou presque (Joker, Alfred, Robin, Ra's al Ghul, Catwoman, Harley Quinn, Mad Hatter, Penguin, Riddler, James Gordon, Barbara Gordon, Superman, Poison, Ivy, Two-Face, Renee Montoya, Harvey Bullock...). le meurtre des parents de Bruce Wayne est évoqué (sous un angle relativement original). de son coté,
Andy Kubert rend hommage aux dessinateurs les plus représentatifs (Bob Kane,
Dick Sprang, Carmine, Infantino,
Neal Adams,
Brian Bolland,
Jim Aparo,
Frank Miller...) en évoquant leurs styles. Globalement ses dessins sont vraiment fouillés, chaque case montre qu'il a passé du temps pour réaliser ses illustrations et chaque page ressort comme une composition travaillée. À mon goût,
Andy Kubert ne dispose pas d'assez de personnalité pour pouvoir élever ses illustrations au dessus d'un travail fonctionnel plaisant à l'oeil. Ses planches trahissent un manque de parti pris esthétique, ce qui affadi le résultat et en fait un simple produit de consommation, vite contemplé, vite oublié.
Au final, Whatever happened to the caped crusader ? est une histoire agréable à lire qui évite l'écueil de la nostalgie facile et qui constitue une belle déclaration d'amour au personnage de Batman et aux créateurs qui l'ont façonné.