Lors d'une masse critique, j'ai choisi
le mythe de Circé.
Ce nom me disait vaguement quelque chose, de même que les explications sur la quatrième de couverture :
Homère,
l'Odyssée, une femme qui transforme des hommes en cochon...oui, une réminiscence des cours de latin au collège peut être.
En tout cas pas de
l'Iliade et l'Odyssée car je ne l'ai jamais lu.
Au départ, cela peut sembler problématique pour comprendre cet essai.
Mais, finalement pas du tout puisque les auteurs vous prennent la main dès le départ et vous guident pas à pas.
Tout d'abord, nous commençons par un texte écrit par
Maurizio Bettini qui imagine Télémaque et sa mère, Pénélope, sur l'île d'Aiaié, le repaire de Circé, afin de déposer les cendres d'Ulysse.
Pénélope n'a pas osé poser trop de questions à son mari sur ses aventures. C'est donc son fils qui lui raconte ce qui s'est passé.
Pour ma part, j'étais comme Pénélope, n'ayant qu'une vague idée des événements qui ont eu lieu sur cette île.
Le récit de Télémaque m'a donc aidé même si je sentais que des choses m'échappaient.
Je compris en poursuivant ma lecture que
Maurizio Bettini s'était inspiré des écrits de
Cristiana Franco pour son histoire.
Il me semblait donc mal positionné dans le livre car nous ne pouvons pas l'apprécier correctement sans avoir lu au préalable l'essai.
Après réflexion, je trouve qu'il joue le rôle d'une bonne préface, nous donnant un avant goût des thèmes et des thèses abordés et puis, rien ne nous empêche d'y retourner après.
Concernant l'essai en lui-même, l'auteure commence par une étude du texte d'
Homère, nous expliquant point par point le récit de la rencontre entre Circé et Ulysse, ceci nous permettant de nous souvenir ou de connaître cette histoire.
Puis nous apprenons comment les philosophes se sont appropriés
le mythe de Circé pour finir avec une interprétation de certaines parties de l'histoire aidé de clés de l'époque antique évitant ainsi les anachronismes.
Chaque partie est intéressante car elles fourmillent d'informations. le mythe est décortiqué, tourné et retourné dans tous les sens pour extraire le maximum de lui avec l'aide d'autres textes sur Circé, d'analyses et de représentations iconographiques.
C'est passionnant de voir et comprendre qu'un personnage secondaire, ayant certes un rôle important mais n'étant pas le héros de l'épopée puisse avoir autant intrigué, inspiré et changé.
Circé passe tour à tour, suivant les époques et les interprètes, du rôle de déesse, de courtisane, de sorcière, de femme hors-la-loi ou au contraire suivant les moeurs de l'époque, une femme cruelle puis bienfaisante, une femme amoureuse ou jalouse.
C'est une femme ambigu dès le départ dans le récit d'
Homère et c'est cette ambiguïté qui en fait un personnage intéressant.
Comme dit l'auteure : "Elle n'est pas la sorcière de Hansel et Gretel, ni non plus un monstre mangeur d'hommes comme Charybde et Scylla, figures fondamentalement mauvaises et adversaires irréductibles du protagoniste (...) Si elle avait été cela, Circé aurait perdu tout pouvoir de susciter d'autres récits, restant confinée dans l'épisode de sa rencontre avec Ulysse "
Le fond est donc riche mais la forme n'en ai pas pour autant inaccessible. Bien au contraire. le style de l'auteure est agréable et claire.
Certes, il faut parfois faire un tour dans le dictionnaire mais le texte reste très compréhensif.
J'ai choisi ce livre lors d'une masse critique par curiosité et je remercie Babelio, les éditions Belin et surtout l'auteure de m'avoir permise de l'assouvir au-delà de mes espérances.