Que doit à son « sujet » un poème symphonique tel qu'Hamlet? Tout juste ce que le drame de Shakespeare laisse de plus général et de plus sommaire dans la mémoire de chacun de nous. Si les deux termes ne juraient l’un avec l’autre — mais la vie du sentiment et celle même de l'esprit connaissent et admettent la simultanéité des contraires! —, on pourrait dire que le souvenir est, dans bien des cas, une concentration diffuse.
Dès 1837, Liszt ébauchait la théorie de la musique à programme, en soutenait le principe, en esquissait une « défense et illustration », rattachant cette idée nouvelle à la ligne classique, y montrant la solution d’un problème posé notamment par les dernières œuvres de Beethoven et l'incertitude du sentiment où elles nous laissent.
Né ou issu du romantisme musical, le « poème symphonique » est une composition qui, par contraste avec la structure et le développement de la symphonie classique, subordonne cette structure et ce développement à un souvenir, à une idée, à une allégorie, à un symbole que la musique rappelle ou suggère.
Le poème symphonique ne doit comporter qu’un morceau, pour permettre à l’idée ou au symbole qui l’inspire de se développer d’un trait, sans coupure et sans interruption.