A chacun de ses romans ou recueils de nouvelles, je ne cesse de vibrer, de ressentir cette sensibilité hors norme d'un auteur qui jongle avec les mots comme le clown avec ses boules, c'est comme de retrouver un ami, un confident des peines et des souffrances, de partager avec lui des choses et d'autres de la vie, ces petits caprices du destin qui peuvent nous bousculer dans les cordes voire basculer dans un gouffre sans fin, de saisir l'essence de l'humain dans toutes ses diversités, prenons l'histoire de Camille par exemple, cette jeune mère de famille de deux enfants a vu son existence prendre une tournure radicale, un jour, partagez avec elle ses heures sombres ...
Comme l'aspirateur qui sert à dépoussiérer, pourrait-on appliquer la thérapie des maux de l'existence par des mots ?
L'auteur n'en est pas à coup d'essai, après ses variations de l'amour dans son touchant recueil (dés)amour "Une pépite qui vous fera découvrir ou rédécouvrir le mot AIMER !", Betty "Une nouvelle courte mais intense, à lire et à découvrir pour toucher au coeur des émotions humaines !!!" et Regards: Ou les désarrois amoureux de Paul Benjamin "Une nouvelle réussie, émotions garanties !!!", encore une fois bluffé par l'art de pénétrer au coeur des émotions, l'âme se nourrit de ces péripéties de l'existence, dans l'insouciance et le bonheur, dans la douleur et le vide abyssal d'un quotidien morne et d'une tristesse infinie, ne vous trompez pas, ce n'est pas seulement une histoire déchirante qui est proposée, c'est surtout le portrait d'une femme blessée, comment se remet-on des épreuves, quelle solution reste-t-il quand on n'a plus rien à quoi s'accrocher, avant de jeter la pierre parce que Camille n'est pas si mal infortunée au regard de ceux qui vivent dans l'ombre, après avoir connu le bonheur gravé avec un grand B pendant que d'autres n'auront peut-être pas assez d'une vie pour ne vivre qu'un ersatz, force est de constater, chacun sa croix et son cheminement, celui de Camille est bouleversant à plus d'un titre, à vous de faire votre propre opinion, aucun pathos ni sensiblerie téléphonée, tout est dans l'alternance entre le présent et le passé, dans cette zone floue et de toutes les interrogations, l'auteur dévoile progressivement la face cachée et comment les promesses d'une famille respirant la joie et passion contagieuse vont s'assombrir et tomber dans une spirale de tous les dangers.
"Parfois, la vie est d'une douceur infinie"
Avec beaucoup de tact et de pudeur, l'auteur compose les notes pour écrire une symphonie mélodieuse du temps des regrets, dans les souvenirs heureux et mélancoliques, des rémanences surgissent pour heurter le quotidien, c'est l'histoire d'une femme confrontée à ses démons intérieurs mais aussi le parcours attendrissant pour trouver sa place dans un monde qu'elle ne reconnaît plus, une quête identitaire, tiraillée entre deux feux, la vie ne fait pas de cadeaux selon l'adage qui se vérifie une fois de plus ici, un personnage en plein désarroi et doute existentiel, parfois l'on pourra déceler cette contradiction et complexité propre à l'être humain, dans les visages neutres tourbillonnent mille et une pensées, reste à savoir lesquelles pourront trouver le chemin vers le chemin de l'espoir, pour rebondir et donner de nouvelles couleurs dans une chute annoncée, tant qu'il subsiste une once d'espoir, le réveil risque d'être éprouvant, l'amertume dégage alors toute sa saveur particulière, dans les habitudes et toujours cette intolérable vérité, parfois, quelque fois, on est loin de s'imaginer que la route du destin peut tourner, pour le meilleur et le pire ...
"Le pire est de ne plus se sentir femme"
Encore une fois, oser c'est faire le premier pas, provoquer le destin, l'amour est intemporel, l'instant magique est éphémère mais elle s'inscrit durablement dans les synapses, au gré du temps qui passe, dans le coeur des émotions et des épreuves, dans ce chaos qui peut nous précipiter irréversiblement, il est des leçons de courage et de renoncer à une forme d'abandon, l'auteur ne fait jamais preuve de sensationnalisme ou d'overdose émotionnelle, tout est subtil, délicat pour sentir les nuances qui viennent frapper, insidieusement et inexorablement, à la porte.
Dans l'état de fébrilité et de dépendance affective, les cicatrices sont vives et toutes les volontés du monde peinent à s'ouvrir un coeur meutri, j'ai été littéralement été touché par Camille, une personne anonyme parmi des millions d'autres, dans son périple tourmenté, saura-t-elle trouver la force suffisante pour s'arracher aux affres du destin ? Dans la multitude et la complétude, tout reste possible mais à quel prix ?
Toujours cette exigence dans l'économie de mots pour saisir directement le sens, pour trouver cette résonance et cette mélodie du coeur qui restera à jamais comme l'épicentre de tout être être humain comme le moteur de nos émotions, ces petits clins d'oeil pour la passion dévorante des livres, des auteurs et de la lecture, des références culturels bienvenues au milieu du marasme intérieur dans lequel évolue Camille, cette dichotomie dégage un effet tragique dans cette espérance et cette sphère familière à nos yeux, le potentiel de chacun, la générosité, la compassion sincère et véritable envers autrui pour soulever des montagnes, comprendre c'est savoir et l'inverse l'est aussi.
Auto-édité,
Les heures sombres prolonge le travail d'un auteur pour toucher au plus près des émotions humaines, sans fioritures, une plume pleine d'empathie et lumineuse, soufflant le chaud et le froid pour mieux en savourer toute la palette des états d'âme propre à chacun, dans la romance comme dans l'altruisme du personnage principal, dans l'affectivité et la violence des sentiments refoulés, dans la nuit obscure et des heures sombres, ce quatrième roman de
Frédéric Brusson est un coup de coeur à lire et à méditer !!!
❤️