Lune d'émeraude, tome 2 : Esprits lunatiques

Zarina est en deuil. Son âme-soeur est morte. Mais, prisonnière du secret de leur Alliance, elle ne peut en parler à personne – et encore moins à sa famille. La fête d'Halloween approche, et non content de devoir afficher une mine réjouie et de faire son devoir d'héritière, sa mère s'est mise en tête de lui faire épouser le premier riche Sorcier venu.
Vous l'aurez compris : la tonalité de ce tome est un peu plus sombre que celle du premier. Pourtant, j'ai été un peu déçue de cette lecture. Je m'attendais à un grand bond en avant au niveau du style littéraire, mais de nombreux défauts sont encore restés.

Notamment la ponctuation.
J'ai vu nettement moins de fautes d'orthographe dans ce deuxième tome que dans le premier (outre la confusion résonner/raisonner). Ça fait plaisir de voir du progrès dans ce domaine-là ! En revanche, il y a beaucoup plus de problèmes de virgules. Elles sont surexploitées et très mal placées – quand je pense que je trouvais qu'il n'y en avait pas assez dans le premier tome… Elles s'interposent entre le verbe et son sujet trois fois par paragraphe en moyenne – ce qui est une faute typographique ! On ne sépare jamais un sujet et un verbe, c'est odieux *_* Ou alors, on met une deuxième virgule pour contrebalancer.
Quelques exemples : « L'Auberge de l'Impératrice était une bâtisse bien plus grande, que n'importe quelle autre auberge d'Atlantide mais elle n'était néanmoins, pas la plus jolie. » « Elle devait entrer, aussi vite que possible, pour ne pas perdre trop longtemps, Almerik des yeux. » Au début, ça va, mais au bout d'un moment, ça pique les yeux !

Toutefois, comme dans le premier tome, l'univers est intéressant car il est approfondi – et on a enfin droit à une carte ! \Ο/ Les races magiques ont des caractéristiques très diverses. Notamment les Sorciers (évidemment) : la beauté, la longévité, mais aussi le pentacle au-dessus du coeur, une haute température corporelle, une magie qui passe par les mouvements des doigts…
Mais, je pense qu'il pourrait être encore plus travaillé car on n'en sait pas tant sur la magie. Pourquoi les doigts ? Quels mouvements produisent quelle magie ? Pourquoi les Grawell font-elles peur aux Kreattures quand elles sont réunies dans un même lieu ? Pourquoi n'ont-t-elles que des filles ? Les Kreattures n'ont-t-elles jamais tenté de se rebeller contre l'autorité des Sorciers ? Quelles spécificités ont-elles ?
Bref, toutes sortes de questions auquel il pourrait être intéressant de répondre.

Il y a quelque chose qui m'a déplu par rapport à l'héroïne : c'est le fait qu'elle gagne un pouvoir supplémentaire, alors qu'elle déjà particulièrement puissante. Elle le dit elle-même : elle est invincible. Mais pourquoi ? Quel est l'intérêt d'avoir un personnage principal sans faille et une guerrière sans égal ? Avec son sang Vampire, elle pouvait déjà sauter à plusieurs mètres de hauteur, faire fi de la gravité, être nyctalope ; et avec sa magie, elle était déjà la plus puissante Sorcière du plus puissant clan du monde ! Une protagoniste avec des faiblesses contrainte de se dépatouiller comme elle peut pour se sortir de situations délicates a aussi son intérêt, pourtant.
Heureusement, l'intrigue (qui se met en place aux alentours de la centième page) met Zarina dans l'embarras, malgré son invincibilité. Elle fait face à une situation problématique, et c'est à ce moment que je me suis mise à réellement apprécier ma lecture. Cette intrigue fait référence au premier tome (et j'ai dû relire le premier chapitre pour me le remettre en mémoire), elle est mystérieuse, elle tourne autour de la mort de Kordi, mais aussi de celle du père de l'héroïne, et également autour de la disparition de plusieurs Hybrides. Je la trouve bien menée, car elle joue sur plusieurs plans et on en voyait les préludes dans Sombre Sorcellerie sans les comprendre.
Donc, un bon point pour l'histoire.

En revanche, les personnages manquent de réalisme, selon moi – tout autant dans leurs réactions que dans leur caractère. J'ai été profondément choquée (oui, oui, tout à fait) par la façon dont Zarina, Princesse Impériale, se fait traiter par le peuple au début du livre. Où qu'elle aille, elle ne croise que des regards jaloux, méprisants, voire haineux. Certes, c'est une Hybride – méprisable – et elle est super belle – ce qui fait des envieuses. Mais c'est pas une raison ! Imaginez que vous voyez débarquer la princesse de Monaco dans une taverne et qu'elle serait liée à une affaire suspecte. Même si elle est magnifique et que vous l'enviez, comment la regarderiez-vous ? Moi je pense qu'une réputation sulfureuse parmi la royauté fait la joie des commères et incite plus le peuple à lui jeter des coups d'oeil curieux et à chuchoter sur son passage plutôt qu'à lui afficher de la haine ouverte. D'ailleurs, ils la haïssent au début de l'histoire, mais quelques dizaines de pages plus loin, lors de son sacre, tout le monde l'aime et le peuple tout entier s'agenouille devant elle – ce qui n'était encore jamais arrivé à une Grawell. C'est incohérent !
Il y a aussi une anecdote au tout début du livre qui m'a faite rire : le maître d'armes Pranav convoque Zarina dans son bureau après qu'elle se soit battue avec (pardon : qu'elle ait totalement mis la pâtée à) un camarade injurieux. Il ne trouve pas mieux, pour montrer son désaccord, que de la gifler et de lui tirer les cheveux. Mais où est-ce qu'il a posé son cerveau ? Agresser de la sorte l'héritière du trône (qui est, je le répète, la plus puissante Sorcière du monde) est un poil dénué de sens. Certes, la royauté de l'héroïne n'a pas lieu d'être ici. Certes, Pranav est un personnage un peu frustre, brute, et il n'aime pas Zarina. Mais, au nom du Ciel, quelle idée de la battre ?? C'est quoi, ce sens de la pédagogie ?? Moi je pense qu'un éducateur comme ça, il faut le renvoyer immédiatement ! Et c'est visiblement ce que pense Zarina quand elle l'envoie involontairement voler à travers la pièce.
Franchement, il fallait s'y attendre…
Le comportement d'Almerik au chapitre huit m'a semblé illogique. Pendant la soirée d'Haloween, qui se déroule au château des Grawell, il discute avec Zarina et sa meilleure amie. Quand cette dernière s'en va danser, d'un seul coup, sans rien dire, il s'en va. Il quitte le château et l'héroïne, aussi perplexe que nous, le suit jusqu'au domaine des Xomiraz. S'il voulait partir discrètement, c'était pas la méthode la plus intelligente, il faut l'avouer (en tout cas, son comportement donne l'impression qu'il ne voulait pas être suivi. Mais peut-être que je me trompe… Je crois d'ailleurs qu'on ne sait toujours pas pourquoi il est parti là-bas).
Et puis, la scène de torture du comte de Sacrama n'est pas des plus convaincantes : Zaranda lui propose de ne pas se faire torturer, et même de ne pas tout leur avouer (ouais, carrément !). Au lieu de se dire « Chic ! J'accepte et je leur sors un bobard, comme ça je vais pouvoir tranquillement continuer mes petites magouilles… », le type préfère l'autre solution et dit clairement : « Très bien ! Torturez-moi. »… Hum, hum. Et le plus étonnant, c'est que ça ne sonne pas du tout comme : « Vous devrez arracher les réponses à mon cadavre, sales Grawell ! » mais plutôt comme : « S'il vous plaît faites-moi du mal ! ». C'est très dérangeant Oo'
Mais, forcément, pour quelqu'un de cette tempe on se dit : « Ben dis donc, il va falloir y aller fort pour lui arracher quelque chose ! » Et pourtant, les salles souterraines du château ne résonnent pas de ses cris d'horreur. Les Grawell ne le voient pas fondre en larmes. Sa conscience ne part pas en lambeaux sous l'assaut psychologique. On voit son visage se crisper, et quand c'est fini, il fait : « Très bien, je vais tout avouer ».
Moi je trouve qu'il manque quelque chose…

Bref, encore des défauts, mais malgré tout, une certaine progression. La carte est un bon point (même si elle ne montre pas toutes les terres : on ne voit pas où est Agueinawell, le territoire des Vampires, ni les Contrées Lointaines, visiblement peuplées par d'étranges créatures. de prochaines révélations en perspective ?), les secrets des personnages principaux sont dévoilés, on en apprend plus sur les Grawell (et pas qu'en bien :P), etc.
C'est donc une affaire à suivre…