Quelle classe ! La vie d'un des Beys de Tunisie qui n'a régné que 11 mois mais qui a marqué le tournent essentiel dans l'histoire nationale par son patriotisme, son sens du devoir et son dévouement vis à vis de son peuple.
Un livre d'histoire donc :
- Très riche : documentation essentiellement à partir des archives des RG français. Il faut savoir que certaines périodes de l'histoire ont souvent été mises sous silence ou rapidement abordée dans les manuels scolaires, celle-ci en fait partie.
- Très enrichissant : étant donnée la morosité ambiante en Tunisie, le simple fait de savoir que par le passé on en a été capable de s'entendre, de trouver des compromis, de résister, d'avoir des figures politiques solides sur des bases républicaines et non par despotisme religieux, ca redonne un peu d'espoir.
Commenter  J’apprécie         120
Les fils de Mohamed Naceur Bey furent contraints de rentrer dans l'ombre. Le prince Moncef, classé 7e dans l'ordre d'accession au trône, ne devait logiquement pas régner. C'est que l’ordre d'accession au trône beylical, institué depuis 1710, fait que le pouvoir est dévolu aux descendants par ordre de primogéniture. Quand un souverain mourait, celui qui lui succédait n'était pas forcément son fils ou son frère mais le plus âgé des descendants, par les mâles, du fondateur de la dynastie, Hussein Ben Ali.
En Tunisie, en 1942, alors qu'une vague d'antisémitisme déferle sur l'Europe, Moncef Bey avait tenu ferme et empêcha que ses sujets juifs portent l'étoile jaune de l'ignominie, et cela malgré l'insistance et les pressions des autorités françaises. Il refusa même sa caution à l'institution du travail obligatoire pour les juifs tunisiens.
Le cortège beylical quitte la Kasbah pour faire la visite des souks où l'attendait une foule dense et enthousiaste. Devant la vue de certains déshérités, le Souverain vide ses poches de l'argent qu'elle contiennent et les donne au pauvres. Puis se tournant vers ses ministres, leur dit en souriant : "C'est votre tour, voulez-vous me prêter l'argent que vous avez ? ", et aussitôt il le distribue.
Après une succession de beys podagres sans personnalité et sans pouvoir, renfrognés et falots, nul ne s'attendait à voir monter sur le trône de Tunisie, un Souverain relativement jeune, dynamique, populaire et surtout peu disposé à demeurer dans la pénombre où se complaisaient ses prédécesseurs. (...) Il aurait dit au Résident Général "Moi je suis un Bey pour de bon".
Surmontant son grave état, Moncef Bey a exprimé de nouveau sa volonté que son corps ne repose pas au Tourbet el Bey, dernière demeure des souverains de Tunisie, mais au cimetière du Djellaz où il avait fait édifier un modeste mausolée au milieu de son peuple.