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EAN : 9782253154884
567 pages
Le Livre de Poche (27/06/2003)
4.09/5   48 notes
Résumé :
Le prince Fayçal Bey a fini par découvrir l'incroyable destin de Safiyé. Elle a dix ans quand elle échappe, en 1919, au massacre de toute sa famille et fuit les rudes montagnes du Caucase pour les splendeurs des palais d'Istanbul. Le déclin de l'Empire ottoman anéantit ses espérances. Princesse esclave, Safiyé est alors offerte à l'épouse du bey de Tunis. Ancienne odalisque elle-même, celle-ci la guide au sein des intrigues du sérail. Des années plus tard, Safiyé ép... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Le destin de Safiyé, grand-mère de l'auteur Fayçal Bey, s'il prend parfois l'aspect d'un conte des mille et une nuits, est aussi bien cruel pour cette petite circassienne enlevée à son pays natal pour être vendue comme future odalisque. Elle sera tout d'abord adoptée par une princesse ottomane sans enfant avant d'être envoyée, pour la sauver, dans l'entourage du bey de Tunis.
On ne peut que s'attacher à cette enfant qui devient femme, dont la grâce alliée à l'intelligence rebelle, charme ceux qu'elle croise. Par sa ténacité, sa fierté de Tcherkesse, elle réussira à surmonter les douleurs et humiliations de ses exils successifs qui l'éloignent de plus en plus de ses souvenirs d'enfant.
Elle finira par se hausser, pour peu de temps, au sommet en épousant le fils d'un des princes de la famille du dernier bey de Tunis.
La vie de Safiyé épousera aussi tous les bouleversements de l'époque, celle de la chute des empires : l'empire tsariste dont beaucoup d'anciens partisans trouvent provisoirement refuge dans l'Empire ottoman avant que cet empire lui-même, allié de l'empire austro-hongrois pendant la guerre de 14, ne soit démembré par les Alliés et aboli par Ataturk. Puis, alors qu'elle croit avoir réussi à se bâtir une vie bien à elle, la seconde guerre mondiale vient déstabiliser le pouvoir des derniers beys de Tunis qui devront s'incliner devant Bourguiba. 
A chaque fois Safiyé saura s'adapter, résister et soutenir son entourage.
Fayçal Bey réussit magnifiquement à nous rendre vivante et proche, à travers la vie de Safiyé, cette longue période de bouleversement autour de la Méditerranée dont bien des aspects ont été pour moi une découverte qui m'a passionnée.
Sans oublier de souligner que la réédition de ce texte dans la collection de poche d'Elyzad ajoute au plaisir de la lecture, le plaisir esthétique.
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Magnifique ! Sublime ! Dépaysant ! Envoûtant ! Entraînant !
Une petite merveille que j'ai savouré avec une délectation certaine.

C'est extrêmement bien écrit. On suit le destin de Safiyé, de son enfance dans le Caucase à sa vie de palais tumultueuse.
Mais toute l'habileté de Fayçal Bey a été, à travers le destin de cette femme, de raconter une époque pas si ancienne, première moitié du XXème siècle, qui parait complètement irréelle : gynécée, protocoles, traditions...
L'école nous apprend cette période de l'histoire d'un point de vue très européen ; on découvre les guerres mondiales de l'autre côté de la Méditerranée, la chute de l'Empire Ottoman, la fin de la dynastie Husseinite en Tunisie.

D'un point de vue plus personnel, j'ai presque honte de ne rien connaitre de l'histoire des lieux que je fréquente. A combien de mariages ai-je assisté au Palais Essaada à La Marsa sans savoir que ce palais abritait la veuve de Naceur Bey et tout le gynécée ? Combien de fois ai-je visité Tourbet el Bey dans la Médina de Tunis regardant indifféremment les tombes de chaque Bey de Tunis sans avoir la moindre idée des accomplissements des uns et des autres ? On y parle même de mon école primaire, première école de soeurs en Tunisie datant de 1840.

Je pense que je vais reprendre ce livre et en faire un guide personnel et revisiter ainsi tous les lieux qui y sont cités, et pourquoi pas Turquie compris :)
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Je ne sais plus sur les conseils de qui ce livre se trouvait sur mes listes "à lire" et quand je l'ai regardé d'un peu plus près son auteur ne m'a pas inspiré... un prince qui se lance en littérature sur une vague histoire de famille , j'étais très dubitative et puis j'ai ouvert le livre .

Bien m'en a pris car ce prince a su dire une histoire étonnante de petite fille pauvre d'un pays qui n'existe plus, achetée, vendue, pour être une femme de harem et qui devint princesse.

La vie de Safiyé est extraordinaire même pour son époque encore plus pour nous aujourd'hui, tant d'évènements ont eu lieu, tant de changements ! Elle commence sa vie dans un monde où les eunuques sont encore de mise ainsi que les harems, les esclaves, les palais éblouissants pour terminer au moment des mouvements nationalistes.

Je ne suis pas très au fait de l'histoire de l'empire Ottoman et pas du tout sur l'histoire de la Tunisie, le livre est riche d'enseignements sur les enjeux politiques et sociaux qui courent de l'après première guerre mondiale aux années 60. Des empires, qui perdent de leur brillant bousculés dans leur traditions par les colonisateurs et les guerres, jusqu'aux mouvements nationalistes on voit l'Empire Ottoman s'effondrer suivi par le Royaume Tunisien et les noms de Kemal Atatürk et Bourguiba apparaître...

Une vie hors du commun, une époque qui n'est plus, un petit côté conte des mille et une nuits,le tout bien raconté, sans conteste ce roman vaut le détour .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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L'auteur Fayçal Bey est un descendant de la dynastie husseinite régnant sur la Tunisie, arrière-petit-fils du dernier Bey Lamine Bey (1943-1957). Il est né au Palais de Carthage et raconte dans La Dernière Odalisque l'histoire de sa grand mère Safiyé. Biographie ou roman? Sur la couverture du livre, il est écrit roman. Je l'ai donc lu comme un « roman historique » sans savoir faire la part de l'inventé.

Qu'est-ce donc qu'une odalisque?

la définition que j'ai trouvée sur Wikipédia :« Une odalisque était une esclave vierge, qui pouvait monter jusqu'au statut de concubine ou de femme dans les sérails ottomans, mais dont la plupart étaient au service du harem du sultan. le mot vient du turc odalık, qui signifie « femme de chambre », d'oda, « chambre ». »

Pour moi, l'odalisque était plutôt une figure de la peinture orientaliste : La Grande Odalisque d'Ingres, bien sûr, mais aussi d'autres dans le Bain turc de Delacroix ou d'autres de Matisse. Femmes alanguies, lascives, nues ou très dénudées dans des harems fantasmés?


La Dernière Odalisque raconte l'histoire d'une femme au caractère bien trempé. Il fallait une volonté et une énergie peu commune pour une fillette achetée à prix d'argent – une esclave en somme – pour s'élever jusqu'au rang de presque souveraine. Les marchandes d'odalisques achetaient de belles circassiennes dans le Caucase pour les revendre à Istanbul dans les harems des dignitaires turcs, pourquoi pas dans celui du sultan? L'histoire de Safiyé commence donc dans le Caucase à la fin de la Grande Guerre, au moment de la Révolution d'Octobre. On assiste à Istanbul à la chute de l'Empire Ottoman, à l'ascension de Mustafa Kémal. La fillette se fait remarquer par sa vivacité, son intelligence acérée et surtout son caractère indomptable. Une insolente au harem? Et bien oui, c'est comme cela qu'elle va se faire acheter par une princesse qui l'élève comme sa fille et qui assurera son avenir en l'envoyant à la cour du Bey de Tunis à une de ses amies, circassienne et odalisque également. C'est cette dernière qui insistera sur la fermeté de caractère pour éviter les pièges des intrigues de la cour; La beauté, certes, est indispensable pour une odalisque, elle ne suffit pas, si elle veut faire un beau mariage. Son ami les plus fidèle est un eunuque noir, lui aussi esclave acheté à prix d'argent.


C'est donc une tranche d'histoire d'un demi siècle ou presque (1918_1957) . On voit s'effondrer les empires et les palais, on voit l'ascension des républicains laïcs : Kemal et Bourguiba. Les puissances coloniales ne sont pas ignorées. le rôle des Anglais et des Alliés à la suite de la Première Guerre Mondiale dans le dépècement de l'Empire Ottoman, le Protectorat français, les influences fascistes à Tunis, puis l'occupation allemande. C'est une histoire que j'ai lue dans La Villa Jasmin, et dans qui se souvient du café rubens? l'histoire était racontée par des Juifs . L'éclairage est différent, vu des Palais.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Une plume délicate et fluide nous raconte le fabuleux destin d'une femme de caractère, extraordinaire, qui aura fait face aux tournants de l'histoire, dans le bassin méditerranéen du siècle dernier.
Ce roman vous prend au coeur et ne vous lâche pas, il faut un certain temps avant d'accepter que la fin est là en refermant la dernière page.
Il me plaît de croire que cette femme au destin poignant a pu croiser la route de la princesse Selma, autre femme d'exception, dont l'histoire nous est narrée par sa fille dans le roman "De la part de la princesse morte", autre roman exceptionnel.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Safiyé, comme Djemal-Nour, comme toute Circassienne, était nourrie des histoires merveilleuses que l`on racontait aux enfants sur celles qui étaient parties vers un avenir prodigieux. Dès le plus jeune âge, on leur avait ancré dans la tête cet espoir, qu'un jour elles épouseraient un pacha, un prince et qu'elles régneraient sur les plus grandes cours. Les deux enfants s'étreignirent Safiyé sentait la joie et le bonheur de son amie. Elle n'en crut pas ses yeux quand celle-ci, en haletant, lui murmura, entre deux rires ou deux sanglots :
- Et... et... toi aussi !
- Moi aussi ?
- Enfin si ... si la hanoum veut... bien entendu...
Instinctivement, toutes deux se tournèrent d'un même mouvement vers Pakizé. La marchande leur souriait, sa rangée de dent en pareille à une oriflamme sur l'horizon de la vie.
Safiyé s'inclina.
- Venez voir mes parents. Suivez moi, ajouta l'enfant d'un ton ton de commandement qui laissa la marchande sans voix.

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Pakizé tenait un commerce particulier ; elle fournissait les harems des plus grandes maisons d'Istanbul et de l'Empire, d'odalisques, de jeunes esclaves destinées à devenir peut-être des reines du sérail. Si la marchande n'avait pas hésité à affronter les dangers d'un tel périple jusqu'au fin fond du Caucase, c'est qu'elle savait bien que les beautés circassiennes étaient les plus prisées de tout l'Empire ottoman et même au-delà, jusqu'aux Indes ou aux tréfonds du Yémen.
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Jamais empire n'aura été plus accueillant et plus tolérant que l'Empire ottoman. Sais-tu qu'à Istanbul, capitale de l'Islam, il y a bien sûr notre Sultan, calife de l'Islam, mais on y trouve aussi le patriarche oeucuménique des Grecs, le patriarche des Arméniens, le nonce du pape, sans compter l'archevêque des Arméniens catholiques, le Grand Rabbin ou l'exarque des Bulgares...Je ne comprends pas qu'on puisse convoiter une ville dont tout le monde possède déjà une parcelle.
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Miss Turquie ! On avait castré un jeune garçon noir, plein de sève et de vigueur, pour en faire un eunuque chargé de veiller à la pudeur du gynécée et voilà que ce gynécée s'exposait aujourd'hui sans retenue ni décence aux regards sacrilèges de tous. Miss Turquie ! Voilà donc où Mustafa Kemal Pacha, dans son obsession d'occidentaliser la Turquie, avait conduit l'Empire ottoman.
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Le contingent britannique, pour être le plus nombreux parmi les Alliés, n'en était pas pour autant le plus discipliné. Tous les soirs, soldats et sous-officiers tanguaient, ivres, dans les rues de Péra (district d'Istanbul). Andrew en était persuadé, l'atmosphère viciée de cette ville agissait sur le moral des troupes de Sa Majesté.
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