Je crois que c'est là le secret de Raymond. Il n'est pas un photographe en mal d'esthétique qui fige sur le papier des personnages vivants comme une statue de pierre. Il n'est pas un reporter en chasse d'insolite. La photo est pour lui partage d'amitié, moment de la conversation, et il est regardé bien plus qu'il ne regarde. C'est pour cela que même sur le papier ses visages s'animent, nous regardent et nous parlent.
Mais ce livre doit aussi beaucoup à Jean Debruynne, qui respire en poésie, qui a mis son talent et sa plume chaleureuse au service de tous ces visages et de ce qu'ils voulaient nous dire. Il a su entendre les rires et essuyer les larmes, caresser les rides et donner une voix à l'espérance. Homme à l'expérience multiple, prêtre habité par la passion de l'homme, il est heureux au milieu de ses frères. Il ne pouvait, lui aussi, que regarder avec tendresse et se laisser guider par Raymond Fau vers ses visages amis.
(Henri Caro, dans la préface)
Pour faire le portrait d'un enfant indien,
allez d'abord à la fontaine d'Irinjalakuda.
Commencez par y laver
l'injustice de vos yeux
et, là, prenez un regard.
N'ayez pas peur de le prendre très grand,
très large, très ouvert et très profond.
Raymond Fau. Toute ma vie, chants scouts.