Rarement une expression aussi galvaudée que « Japon, terre de contrastes » n'aura résonné aussi juste que dans ce court récit de
Mireille Revest.
Leçon N° 1 : à moins d'y avoir vécu, aucun occidental ne peut prétendre comprendre un tant soit peu ce pays aux mille facettes.
Écrit entre rire et larmes, lyrisme et densité,
Mireille Revest reprend à son compte cette infinie complexité et nous donne l'illusion d'y pénétrer à sa suite. Et l'on se perd alors dans les méandres de sa sensibilité qui semblent épouser ceux des étrangetés de ce pays si lointain. Qui est plus incompréhensible : l'origami du cerveau vulnérable de son héroïne ou les insondables questions que ce pays lui propose sans jamais pouvoir y répondre ?
C'est le regard à la fois sensible et acéré, implacable et bienveillant que
Mireille Revest jette sur ce monde inaccessible qui donne toute sa valeur à ce récit dont on regrette seulement la brièveté...
Quant au style, lui aussi se coule dans ces méandres : parfois concis et précis à l'extrême, comme des touches de peinture sumi-e, parfois il s'épaissit pour mieux rendre la profondeur des choses, rarement s'apaise pour ne jamais nous lâcher ou risquer de nous rassurer...
Bref, un livre-plaisir et un livre-réflexion qui tient jusqu'au bout en haleine et soutient la gageure de sembler tout du long à la fois léger et profond...