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The Ludocrats tome 1 sur 1

Jeff Stokely (Illustrateur)
EAN : 9781534317031
152 pages
Image Comics (24/11/2020)
5/5   1 notes
Résumé :
The Ludocrats! The aristocrats of ludicrous! Defending reality from the encroaching forces of boredom while having a nice time. KIERON GILLEN (DIE, THE WICKED + THE DIVINE) and JIM ROSSIGNOL (Sir, You Are Being Hunted) write! JEFF STOKELY (The Spire) draws!TAMRA BONVILLAIN (Once & Future) colors! CLAYTON COWLES (Every excellent comic) letters! The universe screams in pleasure, writhing, finally satisfied, complete, joyous!
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, coécrits par Kieron Gillen & Jim Rossignol, dessinés et encrés par Jeff Stokely, et mis en couleurs par Tamra Bonvillain, assisté par Fernando Argüello pour les aplats de couleurs. Les épisodes 1 à 4 se terminent par 3 à 5 pages de texte illustré, comprenant des pages extraites de l'encyclopédie de l'Absurdisme, rédigée par Pardius Haemoglandulum, une présentation des conventions sociales lors de la réception de mariage, l'arbre généalogique de la famille von Subertan, le cycle de vie d'un lépidoptère géant, le courrier des lecteurs, une rubrique nécrologique pour Bogol Theen, le comte Valdriga-Menscalo, Dencile Quortigus, Elizabeth Mirle la Fontayne, et 7 sites touristiques à visiter l'Obscénitarium.

Dans le royaume de Ludicrous, le baron Otto von Subertan a revêtu une robe de sang pour assister à la cérémonie de mariage, c'est-à-dire qu'il donne l'impression d'être nu et recouvert de sang. La professeure Hades Zero-K entre dans ses appartements, elle-même revêtue d'une robe habillée, en lui faisant observer qu'il ne peut pas se rendre au mariage dans cette tenue. Il finit par en convenir de mauvaise grâce et se rend dans sa penderie pour trouver un costume plus classique, et parfait sa tenue en mettant son monocle. Ils se rendent ensuite en courant, dans la grande nef où les promis se tiennent prêts à être marier, et où tous les invités sont déjà présents. le seigneur Puddlewart se dit qu'il a changé d'avis, et essaye de convaincre sa promise Elaina Triptych, puis le perfide Voldigan qu'il est peut-être encore temps d'annuler la cérémonie. Otto von Subertan ne veut rien entendre et le décapite d'un ample moulinet, accomplissant ainsi le geste cérémoniel du mariage. Après la cérémonie, les invités s'assoient dans des fauteuils, deux par deux pour papoter, Otto discutant avec Hades. Dans le même temps, le docteur Douglas X-Position explique et commente la scène en s'adressant au lecteur. Otto se plaint de sa présence et explique que tout ça lui a donné faim, et pas que de viande. Hades lui fait observer que tout l'excite, même un simple rayon de lumière, et qu'une madame von Subertan devrait avoir une constitution de fer pour pouvoir résister.

Juste à ce moment-là, l'appariteur annonce l'entrée de la juge pneumatique Grattinia Gravelstein : c'est le coup de foudre pour Otto. Elaina et son mari zombie déambulent juste devant, accompagnés par Voldigan. Grattinia remarque que Otto est déjà passablement excité. Un individu fait irruption dans la salle, déguisé en tyrannosaure : Casanova Quinn. Il se fait rembarrer par Otto qui ne veut pas de crossover dans son récit. Elaina va papoter avec Hades, accompagnée par Bogol Theen, Ils se demandent si le pelvis d'Otto peut supporter une pression de 447.000 psi. Hades répond que bien sûr, tout en se demandant si cette question n'aurait pas un sens caché. Elaina répond que le sens n'est pas si caché que ça et elle va porter l'information à une personne intéressée, pendant que Bogol demande la permission de retourner à ses fourneaux. Otto revient après avoir expulsé Casanova manu militari, et se demande si elle a des nouvelles de la venue de l'hyper pape. Juste devant eux, deux énormes poulpes se battent mollement avec une seringue à l'extrémité de chaque tentacule.

La couverture annonce une histoire de type comique, avec une exagération visuelle de type caricature, et le titre le confirme évoquant une absurdité grandiloquente. Néanmoins, s'il prend le temps de regarder la couverture plus dans le détail, le lecteur se rend compte que certains détails appartiennent au registre de l'humour noir : une pilule évoquant un abus de produits psychotropes, une hache ensanglantée dans la main d'Otto, un globe oculaire volant dans les airs, et le décor en train de s'écrouler. Effectivement, plusieurs éléments inscrivent le récit dans une tonalité adulte : les bijoux de famille d'Otto à l'air dès la première case juste recouverts d'une couche de sang, l'évocation de la vigueur sexuelle d'Otto, la décapitation du pauvre fiancé, une personne surgissant du canal auriculaire d'un zombie en fracassant son crâne au passage, une séance de torture éprouvante, un costume sado-maso très révélateur pour Otto, un passage à tabac qui laisse l'individu édenté, etc. L'entrain des auteurs est très communicatif, et ces moments provoquent un réel impact macabre et morbide.

Il faut un sacré entrain pour parvenir à réaliser un récit loufoque de bout en bout pendant tout un tome ou plus. Il faut parvenir à raconter une histoire assez solide pour qu'elle ne soit pas phagocytée par l'humour, mais en même temps assez souple pour pouvoir encaisser des sorties de route comme briser le quatrième mur, ou se sortir d'une situation périlleuse grâce à un gag. Quelques créateurs parviennent à cet équilibre instable, en privilégiant soit l'aspect intrigue, comme Geoff Darrow avec sa série Shaolin Cowboy , soit en envoyant toute la sauce dans l'humour délirant et absurde comme Ryan Browne dans God Hates Astronauts . Ici, les créateurs essayent de maintenir l'équilibre entre les deux, donc en partie au détriment de la folie furieuse et de l'intrigue, en ajoutant une autre composante dans laquelle ils ont investi énormément de temps : les traditions, les us et coutumes de ce monde absurde. le lecteur en a la preuve avec les pages de texte illustré en fin de chaque épisode, venant présenter des articles d'encyclopédies ou des spécificités culturelles de ce monde. Les entrées sont rédigées avec le même ton humoristique que la bande dessinée, un peu précieux du fait de l'identité du rédacteur, en reprenant des parties de dessin présent dans l'épisode. D'une certaine manière, les auteurs ont absurdement développé ce monde destiné à n'exister que le temps de cette histoire, en cohérence totale avec la motivation principale des habitants de ce monde, c'est-à-dire se comporter de manière absurde.

En découvrant le titre de cette histoire, le lecteur francophone hésite un instant : faut-il plutôt y voir l'adjectif absurde (Ludicrous), ou une référence au jeu ? En fait en anglais, ces deux mots proviennent de la même racine latine renvoyant à la notion de jeu. Les auteurs n'ont pas menti et comblent l'horizon d'attente créé par le titre : ils font preuve d'une inventivité remarquable dans le ridicule et l'absurde, à la fois dans les idées, les situations et les images. le lecteur n'ait pas près d'oublier la formidable matrone Gratty : une chaudière à bois en lieu et place du torse, une fine cheminée effilée sur le dos, et le petit train de grille-pains géant qui lui sert de traîne, mais qui semble bien faire partie de son corps. Par moment, il aimerait bien pouvoir oublier d'avoir vu Otto tout nu, couvert de sang, puis réellement dans le plus simple appareil, après ses ébats avec Gratty. D'ailleurs, en en parlant, ceux-ci sont à la démesure de ces personnages : ça fait des dégâts et ça laisse des traces ! Donc, oui, l'artiste fait preuve de l'implication nécessaire et de l'absence de retenue dans le bon goût pour pouvoir transcrire ces comportements idiots ou impensables, au point d'en être drôle. le lecteur note quand même qu'il fatigue un peu dans le dernier épisode, mettant moins d'énergie à représenter les décors improbables.

De leur côté, les coscénaristes ne sont pas en reste : ils ont donc développé leur monde bien au-delà de ce qui apparaît dans l'histoire, et ils ont dû bien s'amuser en inventant ces éléments loufoques, d'une drôlerie surprenante, irrévérencieux, parfois idiots, bizarres, politiquement incorrects, défiant le bon sens et la logique. Au cas où le lecteur entretienne un doute dans les premières pages, ils ont conçu une cérémonie de mariage dont le coeur n'est pas l'échange des consentements et des alliances, mais la décapitation du promis, qui devient alors un mari zombie. Ils jouent aussi bien sur les situations délirantes, que sur le mode narratif. Contre le sens commun, ils racontent une intrusion à haut risque dans un monstre géant, non pas en temps réel pour jouer sur le suspense, mais sous forme de préparatifs… et ça marche quand même. Ils brisent le quatrième mur avec modération, grâce à un personnage chargé d'exposer les éléments narratifs, en les expliquant au lecteur, ce qui a le don d'énerver les autres personnages qui entendent eux aussi cet hurluberlu pédant. Ils sortent un sauvetage du chapeau, en mettant en scène un jeu de mot sur le terme Exposition, avec une désinvolture aussi élégante qu'absurde, encore une réussite éclatante. Il est évident que scénaristes et artiste ont travaillé en étroite collaboration, pour s'assurer que les gags fonctionnent visuellement, que les éléments visuels nécessaires plusieurs séquences plus loin, même dans un épisode ou deux plus loin, soient bien en place. Ils poussent l'absurdité du raisonnement jusqu'au paradoxe ultime qui est de faire disparaître ce monde, la narration visuelle changeant alors du tout au tout pour rendre compte de ce nouveau paradigme.

Voilà une histoire qui n'est pas pour tous les lecteurs, avec un goût prononcé pour l'absurde et des auteurs qui ne font pas les choses à moitié. le lecteur en a donc pour son argent : une intrigue qui tient la route, une inventivité loufoque convaincante et drôle, une narration visuelle tout aussi débridée. Et puis, ils citent explicitement Casanova de Matt Fraction, Fábio Moon et Gabriel Bá, donc c'est forcément bon.
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